Article original intitulé : « COURTS ARTICLES SUR l’Assemblée ou Église »
Hamilton Smith [ajouts Bibliquest entre crochets]
https://www.stempublishing.com/authors/smith/CHURCHSH.html
[Le mot « Église » de l’article original anglais (church) a été traduit par « assemblée », comme dans la Bible version Darby. Le sens est le même — Le mot Gentil(s) a été conservé partout ; il signifie seulement « non Juif » ; la Bible version Darby utilise plutôt le mot « nations » pour Gentils].
Table des matières abrégée :
1 - L’Assemblée ANNONCÉE prophétiquement — Matthieu 16:1-18 et 18:15-20
2 - L’Assemblée dans son EXISTENCE PRATIQUE — Actes 1 à 9
3 - L’Assemblée DANS LES CONSEILS DE DIEU — Éphésiens 1 et 2:1-10
4 - L’Assemblée DANS LES VOIES DE DIEU — Éphésiens 2:11-22
5 - L’Assemblée telle qu’ADMINISTRÉE PAR PAUL — Éphésiens 3
6 - L’Assemblée comme MAISON DE DIEU selon la pensée de Dieu
7 - L’Assemblée comme MAISON DE DIEU entre les mains des hommes
8 - L’Assemblée comme CORPS DE CHRIST [Éphésiens 1 et Colossiens 1 et 3]
10 - L’Assemblée en un JOUR DE RUINE — 2 Timothée 2
Table des matières détaillée :
1 - L’Assemblée ANNONCÉE prophétiquement — Matthieu 16:1-18 et 18:15-20
1.1 - [Importance du sujet de l’Assemblée]
1.2 - [Quel mot utiliser ? Assemblée ou Église ?]
1.3.1 - [Incrédulité croissante d’Israël jusqu’aux ténèbres complètes]
1.3.2 - [Par grâce des conseils divins plus profonds sont déployés
1.3.4 - [Révélation par le Fils du grand secret de l’assemblée qui va être bâtie]
1.3.5 - [L’Assemblée est celle de Christ et est pour Christ]
1.3.6 - [L’Assemblée est construite en pierres vivantes]
1.3.7 - [L’Assemblée a une stabilité pouvant résister à toute la puissance de la mort]
1.3.9 - [La révélation de l’Assemblée en Matt. 16 est seulement partielle]
1.4.1 - [Comment ôter le mal de l’assemblée]
1.4.2 - [Des demandes sur terre accordées par le Ciel. Des actes ratifiés dans le Ciel]
1.4.3 - [Comment la présence du Seigneur peut être assurée : deux ou trois assemblés à Son Nom]
1.4.4 - [Nature et effet de Sa présence]
2 - L’Assemblée dans son EXISTENCE PRATIQUE — Actes 1 à 9
2.1 - [Formation pratique de l’Assemblée, non pas la doctrine qui s’y rapporte]
2.3.1 - [Ceux qui sont assemblés sont des croyants et sont ajoutés à l’Assemblée]
2.3.2 - [Déjà rassemblé en un, on ne se joint pas à « une » église ni on reste isolé]
2.3.3 - [Assemblés en une unité visible. Les ressources pour continuer]
2.5.3 - [Pas de changement du côté de Dieu, de Christ, du Saint Esprit et du monde]
2.6 - [Actes 9 va plus loin : union intime des saints sur la terre avec Christ dans le Ciel]
3 - L’Assemblée DANS LES CONSEILS DE DIEU — Éphésiens 1 et 2:1-10
3.2 - [Éph.1 — Déploiement du dessein de Dieu]
3.2.1 - [Éph. 1:3-7 — conseils de Dieu pour Ses saints individuellement]
3.2.1.1 - [Éph. 1:3-4a — élus avant la fondation du monde]
3.2.1.2 - [Éph. 1:4b — saints et irréprochables devant Lui en amour]
3.2.1.3 - [Éph. 1:5 — une relation de fils]
3.2.1.4 - [Éph. 1:6-7 — la gloire de Sa grâce… les richesses de Sa grâce]
3.4 - [Éph. 1:10 — La plénitude des temps]
3.4.2 - [Éph. 1:10 — Réunir toutes choses dans le ciel et sur la terre sous Christ]
3.4.3 - [Éph. 1:11-14 — Ce qu’est le grand mystère]
3.5 - [Éph. 1:15-23 — Prière de l’apôtre]
3.5.2 - [Conseils de Dieu pour les personnes et pour l’Assemblée comme ensemble]
3.5.3 - [La figure d’Adam et Ève. Ce que veut dire la plénitude]
4 - L’Assemblée DANS LES VOIES DE DIEU — Éphésiens 2:11-22
4.1 - [Ancienne position privilégiée des Juifs sur la terre, 2:11-12]
4.3 - [Une nouveauté : Juifs et Gentils faits un, 2:14]
4.4 - [Plus qu’un rapprochement d’individus Juifs et Gentils : un seul homme nouveau, 2:15]
4.5 - [Éph. 2:16-18 — Trois grandes vérités]
4.5.1 - [Réconciliation, 2:16]
4.5.2 - [Évangile prêché aux Gentils, 2:17]
4.5.3 - [Accès de tous auprès du Père, 2:18]
4.5.4 - [Mettre la chair de côté pour que l’Esprit soit libre]
4.6 - [Deux autres vérités : l’Assemblée comme temple saint et comme habitation de Dieu, 2:19-22]
4.6.1 - [Un temple saint dans le Seigneur, en croissance, 2:21]
4.6.2 - [Une habitation = une maison complète, 2:22]
5 - L’Assemblée telle qu’ADMINISTRÉE PAR PAUL — Éphésiens 3
5.2 - [La vérité de l’assemblée devenue une source de haine, 3:1-2]
5.4 - [Ce qu’est un MYSTÈRE, 3:3-5]
5.5 - [Ce qu’est le mystère de Christ et de l’Assemblée, 3:6]
5.5.1 - [Un mystère resté longtemps caché]
5.6 - [L’administration du mystère confiée à Paul, 3:7]
5.6.2 - [L’effet de la vérité du mystère sur Paul : se sentir très petit, 3:8a]
5.6.3 - [L’annonce des richesses insondables du Christ faisait partie de son ministère, 3:8b]
5.6.4 - [La prédication de l’évangile servait à mettre en lumière l’administration du mystère, 3:9]
5.9.1 - [Différence entre les prières du ch. 1 et du ch. 3]
5.11 - [Éph. 3:21 — Conclusion par une louange qui éclate]
6 - L’Assemblée comme MAISON DE DIEU selon la pensée de Dieu
6.2 - [Responsabilité de l’homme]
6.3 - [La maison de Dieu, un sujet qui court à travers toute la Parole]
6.5 - [Buts de la maison de Dieu : que Dieu soit connu en bénédiction et qu’Il soit loué]
6.5.3 - [1 Pierre 2, maison de Dieu pour la louange, la prière et le témoignage]
6.6 - [La rédemption est un préalable nécessaire à ce que Dieu ait Son habitation avec les Siens]
7 - L’Assemblée comme MAISON DE DIEU entre les mains des hommes
7.1 - [Faillite de l’homme quant à la maison de Dieu. S’en rendre compte d’après le modèle]
7.1.1 - [Points où l’homme a failli : Porte et stèle de Jacob = prière, louange et témoignage]
7.1.3 - [La Piété qui devrait marquer la vie dans la Maison]
7.1.4 - [Faillite à tous points de vue]
7.2 - [Raisons de la faillite]
7.2.1 - [Ce qu’en dit Ézéchiel (agissements profanes)]
7.2.2 - [Des gens qui ne sont pas de vrais croyants]
7.3 - [Suites de la faillite de l’homme quant à la Maison de Dieu]
7.3.1 - [Le jugement est inéluctable, mais le dessein de Dieu ne change pas]
8 - L’Assemblée comme CORPS DE CHRIST [Éphésiens 1 et Colossiens 1 et 3]
8.3 - [Colossiens : Le Corps comme vase pour la manifestation de Christ dans le temps]
8.3.1 - [Col.1.18: « Christ est Tête du Corps, de l’assemblée » sur la terre]
8.3.4 - [Moyens du diable pour frustrer le but actuel de Dieu dans les saints — Col. 2]
8.4.1 - Nous sommes « accomplis en Lui », 2:10
8.4.2 - Nous sommes identifiés avec Lui, 2:11-13
8.4.3 - Nous sommes de l’ordre qui est le Sien : « le corps est du Christ », 2:17
8.4.4 - Nous tirons toute notre nourriture de la Tête, 2:19
9.2 - [1 Cor. 12:1-6 — Importance du rôle du Saint Esprit. L’oublier a mené à la ruine]
9.2.1 - [1 Cor. 12:2-3 — Le but des manifestations spirituelles est d’exalter Christ]
9.2.2 - [1 Cor. 12:4-6 — Diversité des dons : même Esprit, même Seigneur, même Dieu qui opère]
9.3 - [1 Cor. 12:7-11 — Distribution (répartition) des manifestations spirituelles]
9.3.1 - [Distinguer les manifestations spirituelles d’avec les dons]
9.3.2 - [Quatre vérités importantes sur les manifestations spirituelles. (1) Même Esprit → unité]
9.3.3 - [(2) Distribution à chacun → pas de distinction clergé-laïc]
9.3.4 - [(3) En vue de l’utilité, du bien commun → pas d’exaltation de l’homme, d’un individu]
9.3.5 - [(4) Comme il plait à l’Esprit → pas d’intervention de l’homme]
9.4 - [1 Cor. 12:12-27 — Le Corps comme instrument des manifestations spirituelles]
9.4.3 - [12:14-19 — Diversité dans l’unité]
9.4.4 - [12:20-24 — Unité dans la diversité]
9.4.6 - [12:25-26 — Soins mutuels des divers membres unis par l’Esprit Saint]
9.4.7 - [12:27 — L’Assemblée locale est l’expression locale du seul Corps]
10 - L’Assemblée en un JOUR DE RUINE — 2 Timothée 2
10.1 - [Constat de la situation]
10.2 - [Les questions qui se posent]
10.3 - [Trois faits à réaliser]
10.3.1 - [Notre complète incapacité à trouver par nous-mêmes un chemin]
10.3.2 - [Dieu ne nous a pas laissés à nous-mêmes]
10.3.3 - [Dieu a préparé une riche provision]
10.3.3.1 - [Christ est la Tête du Corps]
10.3.3.2 - [Le Saint Esprit est présent sur la terre]
10.3.3.3 - [L’Écriture enseigne, convainc, corrige, instruit]
10.3.4 - [Or la chrétienté a mis de côté cette riche provision de Christ, l’Esprit et l’Écriture]
10.5 - [Triple séparation du mal]
10.5.2 - [Séparation d’avec les doctrines mauvaises]
10.5.3 - [Séparation d’avec les personnes mauvaises]
10.6 - [Association avec ce qui est selon Dieu : « Poursuivre… avec… »]
10.7 - [Rien à reconstruire, mais marcher à la lumière de ce qui est dès le commencement]
Il n’y a peut-être aucun passage de l’Écriture qui nous donne un sens aussi profond de la valeur de l’Assemblée au cœur du Christ que Éph.5:25 qui nous dit que « le Christ a aimé l’assemblée et s’est livré Lui-même pour elle ». Il n’a pas simplement abandonné Son royaume et Son trône avec tous Ses droits et ses gloires terrestres ; Il s’est donné Lui-même. Si donc Christ a aimé l’Assemblée d’un amour si grand, nous pouvons bien nous donner la peine de chercher à savoir ce qu’est l’Assemblée, qui la compose et pourquoi elle est si précieuse à Ses yeux ? Quels sont ses privilèges, ses responsabilités et son glorieux avenir ?
De plus, l’Assemblée est le principal intérêt de Christ sur la terre — le sujet de toutes les opérations actuelles de Dieu. Pendant la période entre la venue du Saint-Esprit à la Pentecôte et la venue de Christ à l’enlèvement, Dieu ne traite pas directement avec le monde, qu’il soit Juif ou Gentil ; Il tire un peuple hors du monde pour former l’Assemblée pour le ciel (Actes 15:14). Si nous ignorons les pensées de l’Écriture quant à la vérité du grand mystère concernant Christ et l’Assemblée, nous ne sommes pas capables de jouir intelligemment de la communion chrétienne, d’exercer le service du Seigneur, ni même de remplir les devoirs ordinaires de la vie, car lorsque nous examinons les épîtres, nous voyons que, dans le christianisme, le caractère de tout dérive de Christ et de l’Assemblée.
Il est peut être bon de commencer par définir ce que nous entendons par le mot « assemblée ». Le mot « église » est utilisé dans tellement de contextes différents que ce terme est devenu extrêmement ambigu. Pourtant dans l’original, il n’y a pas d’ambiguïté. Le mot grec est utilisé 150 fois dans le Nouveau Testament. Dans la version autorisée anglaise (KJV), il n’est traduit correctement que trois fois par le mot « assemblée », et dans tous les autres cas par le mot malheureux d’« église » (church en anglais). Dans la traduction du Nouveau Testament de Tyndale, qui est à la base de la version autorisée, le mot grec est traduit à juste titre par le mot « congrégation » ; mais dans la version anglaise autorisée de 1611, le roi Jacques a insisté, pour des raisons politiques, que l’on utilise le mot « église » ; la version révisée a malheureusement conservé ce mot. Dans la traduction de J. N. Darby, c’est le mot « assemblée » qui est utilisé, et c’est incontestablement la traduction simple et correcte. Le contexte doit décider qui compose l’assemblée, mais cela n’offre aucune difficulté réelle, car dans le Nouveau Testament, hormis deux passages, le mot renvoie invariablement à l’Assemblée de Dieu. Il peut être bon de mentionner que ces deux exceptions se trouvent dans les Actes des Apôtres. Dans le chapitre 7:38, le mot « assemblée » fait référence à Israël, et il doit être traduit par « assemblée » ; il concerne la congrégation d’Israël dans le désert, et est sans rapport avec l’Assemblée de Dieu du Nouveau Testament. L’autre occurrence se trouve en Actes 19, où le mot « assemblée » est utilisé trois fois en se référant à une assemblée de païens comme le contexte le montre.
En utilisant le mot « assemblée », il faut donc toujours comprendre qu’il s’agit d’une assemblée de personnes, et que l’assemblée dont nous parlons est l’Assemblée de Dieu.
Après ces remarques préliminaires, passons à Matthieu 16.
Dans ce passage important, nous avons la première révélation concernant l’Assemblée. La Personne de Christ est présentée comme le test du système juif sur le point de disparaître, et comme le fondement de la nouvelle structure que Christ allait construire : Son Assemblée, l’Église.
Une grande crise avait éclaté sur le chemin du Seigneur. Un témoignage au Messie tout à fait parfait avait été rendu au milieu d’Israël. Des signes avaient été donnés, des miracles avaient été opérés, et des prophéties avaient été accomplies. La plus haute perfection morale, en parole et en vie, avait été manifestée devant les hommes, accompagnée d’amour, de grâce et de sympathie en abondance pour tous, sans distinction ni limite. Mais tout était en vain. L’incrédulité, le mépris, l’hostilité à mort des conducteurs ne faisaient que croître à chaque nouvelle manifestation de grâce. Enfin, tout est arrivé au point critique par la grande question-test : « Qui disent les hommes que je suis, moi, le fils de l’homme ? Et ils dirent : Les uns disent : Jean le baptiseur ; les autres : Élie ; et d’autres : Jérémie ou l’un des prophètes » (Matt. 16:13, 14).
La réponse montre qu’en dépit d’un témoignage parfait, les hommes n’étaient capables que d’avancer des opinions ou spéculations oiseuses qui les laissaient dans une incertitude sans espoir. Le fait que les hommes se contentaient de spéculer sur Christ et de rester dans l’incertitude, était une preuve solennelle qu’ils n’avaient aucun sentiment de besoin et aucune foi. Un sentiment de besoin leur aurait donné du discernement, et la foi les aurait amenés à des certitudes. De plus, toutes leurs spéculations ne servaient nullement à les faire approcher la vérité. Ceci démontre l’incapacité totale de l’homme, en tant que tel, à discerner la gloire de Christ, même dans les circonstances les plus favorables et en présence du Fils de Dieu Lui-même.
Dans les premiers versets du chapitre, cette incrédulité atteint un sommet. Les pharisiens et les sadducéens, qui se haïssaient volontiers, sont unis dans leur haine encore plus grande contre Christ. Les ritualistes et les rationalistes de l’époque se rejoignaient pour tenter le Fils de Dieu, et tous deux révélaient leur aveuglement total à l’égard de la gloire de Sa Personne en demandant un signe du ciel (Matt. 16:1). Comme quelqu’un a dit : « L’incrédulité est telle qu’elle peut entrer en présence de la pleine manifestation de Dieu, elle peut regarder une lumière plus brillante que le soleil à midi, et malgré tout demander à Dieu de fournir une bougie ». Rien ne pouvait faire ressortir plus clairement leur rejet total de Christ que cette demande d’un signe. Ils avaient rejeté Christ, et maintenant, après une longue patience, ils sont rejetés par Christ. C’est une génération méchante et adultère pour laquelle il n’y avait qu’un seul signe : le signe de Jonas, qui parle de jugement imminent. Le Seigneur dévoile leur caractère, prononce leur destin tragique, les laisse et s’en va (Matt. 16:4). Moment solennel pour Israël ! Le Seigneur de gloire était là ; le Dieu qui a fait le ciel et la terre était au milieu d’eux, plein de grâce et de vérité, mais les ténèbres ne L’ont pas compris (Jean 1:5). Il commença Son ministère d’amour et de grâce en venant habiter dans le pays de Nephtali, de sorte qu’il avait pu être dit : « le peuple assis dans les ténèbres a vu une grande lumière ; et sur ceux qui sont assis dans la région et dans l’ombre de la mort, la lumière s’est levée » (Matt. 4:16). Mais les ténèbres ne pouvaient pas comprendre la lumière ; le mal rejeta Sa bonté, et la haine repoussa Son amour. C’est pourquoi nous lisons ces paroles tristes et solennelles : « Et les laissant, il s’en alla » (16:4). Il les laissa dans les ténèbres et sous l’ombre de la mort.
Mais la méchanceté de l’homme épuise-t-elle la grâce de Dieu ? Jamais ! Au contraire, elle devient l’occasion de déployer les conseils plus profonds de Son cœur et les buts encore plus grands de la grâce. Le rejet d’Israël a fait place à la révélation de l’Assemblée. Le moment était venu de donner la première indication de ce grand secret, jusqu’alors caché en Dieu.
La question qui avait été un test à l’égard de tous les hommes, fut alors posée aux disciples : « Et vous, qui dites-vous que je suis ? » (Matt. 16:15). Aussitôt Simon Pierre répondit : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ». Combien cette réponse était différente des opinions oiseuses des hommes. La foi de Pierre était peut-être faible, car le Seigneur venait de dire « gens de petite foi » (16:8), mais c’était une foi vivante, une foi qui discernait la gloire de la Personne du Christ et le confessait avec la plus grande certitude.
Immédiatement après cette confession, nous avons la révélation de l’Assemblée. Le Seigneur lève le voile qui, à travers les âges, avait caché les conseils éternels de Dieu, et en une courte phrase Il montre que la gloire de Sa Personne comme Fils de Dieu implique des profondeurs bien au-delà d’une domination terrestre, si glorieuse soit-elle.
« Tu es bienheureux », répondit le Seigneur à Simon Barjonas, « car la chair et le sang ne t’ont pas révélé [cela], mais mon Père qui est dans les cieux. Et moi aussi, je te dis que tu es Pierre [ou : une pierre] ; et sur ce roc je bâtirai mon assemblée, et [les] portes du hadès ne prévaudront pas contre elle » (Matt. 16:17, 18). Ici, donc, nous avons une double révélation. D’abord la révélation du Père. La chair et le sang, comme nous l’avons vu, ne pouvaient discerner la gloire du Messie. Ce n’est que par une révélation venant du Père céleste qu’un homme sur la terre pouvait discerner que Christ était le Fils du Dieu vivant — un titre qui implique que le Fils est Celui en qui est la vie et la puissance de donner la vie. On a dit justement que, comme Fils du Dieu vivant, « Il hérite de la puissance de vie en Dieu que rien ne peut vaincre ou détruire ».
Mais il s’ensuit aussitôt une seconde révélation — une révélation par le Fils, car le Seigneur dit : « Et moi aussi, je te dis ». Le Père avait révélé la gloire du Fils à Simon Pierre, et sur la base de la confession qui suivait cette révélation, le Fils révèle aussi à Pierre le grand secret, jamais révélé auparavant à l’homme, que le Seigneur allait bâtir sur ce roc une structure entièrement nouvelle qu’Il appelle « Mon Assemblée ». Ici, donc, nous avons le fondement de l’Assemblée. Elle est dressée sur un fondement solide et divin — la Personne du Fils du Dieu vivant.
Voici en effet des vérités que la chair et le sang ne pouvaient pas révéler. Quand Dieu communiqua la loi, Moïse et les anges furent à la hauteur de la situation ; mais s’agissant de la gloire du Fils, et des conseils de Dieu quant à l’Assemblée, ce n’est que du Père et du Fils que la Révélation doit venir en premier lieu. Nous passons dans un domaine où la chair et le sang, en tant que tels, ne peuvent ni communiquer ni recevoir.
De plus, nous voyons le but de l’Assemblée. Elle est créée pour la gloire et la joie de Christ. Nous apprenons d’abord que l’Assemblée est celle de Christ. Il peut dire que c’est « Mon Assemblée ». La première grande pensée n’est pas que Christ est pour l’Assemblée, mais que l’Assemblée est pour Christ. L’épouse dans le Cantique des Cantiques, pensant d’abord à son propre besoin, s’exclame : « Mon Bien-Aimé est à moi » ; mais finalement elle est amenée à tout voir du point de vue de l’Époux, et alors, avec une grande joie, elle peut dire : « Je suis à mon Bien-Aimé, et son désir se porte vers moi ». Ici aussi, dans cette première grande révélation de l’Assemblée, tout est vu à partir de Christ comme centre. Le Père commence par Sa gloire, et l’Assemblée est vue comme étant pour Lui, Christ — c’est Son Assemblée.
De plus, nous apprenons quelque chose de la structure de l’Assemblée. Elle serait construite en pierres vivantes, et Pierre serait l’une de ces pierres. Au jour riche en événements où André alla et trouva son propre frère Simon et le « mena à Jésus » (Jean 1), le Seigneur annonça que Simon porterait un nouveau nom, et qu’il serait appelé Céphas, ce qui est interprété « une pierre ». Christ, en tant que Fils du Dieu vivant, était le Roc sur lequel l’Assemblée est bâtie ; Pierre était une pierre, tirant sa vie de Christ, et destinée à faire partie de l’édifice de cette structure nouvelle.
Nous sommes ensuite instruits sur la construction de l’Assemblée. Au moment de cette révélation, l’Assemblée était encore future, car le Seigneur dit : « Je bâtirai ». De plus, l’œuvre serait entièrement celle de Christ, et donc tout à fait parfaite, car le Seigneur dit : « Je bâtirai ». Ni bois, ni foin, ni chaume ne seraient introduits dans l’Assemblée de Christ, mais seules des pierres vivantes auraient leur place dans la construction de Christ.
C’est pourquoi le Seigneur peut faire cette grande déclaration concernant Son Assemblée que « les portes du hadès ne prévaudront pas contre elle ».
Cela parle de la stabilité de l’Assemblée. Les portes du hadès signifient le pouvoir de la mort exercé par Satan. Par le péché, l’homme est passé sous la domination de la mort, une puissance terrible qui jette la gloire de l’homme dans la poussière. Mais justement dans le monde où rien n’a résisté au pouvoir de la mort, le Seigneur dit à l’avance qu’Il établira Son Assemblée sur laquelle les portes du hadès n’auront aucun pouvoir ; et cela aura lieu parce qu’elle sera fondée sur le Fils du Dieu vivant. Tout le reste dans ce monde a été basé sur Adam — un homme mortel — et des fils d’hommes mortels. Mais rien ne peut vaincre la puissance de la vie en Dieu, que cette vie soit en Dieu, en Christ ou en ceux auxquels Il communique la vie. L’Assemblée de Christ est composée de pierres vivantes, non pas d’hommes mortels. Elle est bâtie sur Christ, Celui qui hérite d’une vie que rien ne peut détruire, et construite en pierres qui possèdent cette vie et sont donc supérieures à toute la puissance de la mort.
Le Fils du Dieu vivant est le fondement éternel de l’Assemblée. Il ne peut donc y avoir de véritable compréhension de l’Assemblée tant que la gloire du Fils n’est pas vue et confessée, et plus nous comprenons Sa gloire, plus nous apprécierons le caractère unique de l’Assemblée.
Dans ce passage introductif, nous avons la révélation de l’Assemblée ; nous sommes instruits
Il n’est encore rien dit du Corps de Christ ni de l’Épouse de Christ. Rien non plus n’est dit de l’exaltation de Christ ni de la venue de l’Esprit. Toutes ces grandes vérités si vitales pour la formation de l’Assemblée seront dévoilées en temps voulu, mais dans cette première communication, la vie est la grande pensée : la vie dans le Dieu vivant, la vie dans le Fils et la vie communiquée à ceux qui composent l’Assemblée : une vie contre laquelle la puissance de la mort ne peut prévaloir.
En temps voulu, Pierre nous dévoilera d’autres vérités précieuses concernant l’Assemblée de Christ. Il nous dira comment l’édifice grandit, tandis que les pierres vivantes sont jointes à Christ la Pierre Vivante, et à quelle fin grandiose nous sommes édifiés une Maison spirituelle. Jean aussi, de sa prison insulaire, nous transmettra une vision de l’Assemblée lorsque la dernière pierre aura été ajoutée et que l’édifice sera manifesté en gloire comme la Nouvelle Jérusalem. On finira par voir, alors, que, bien que confectionnée dans le temps, l’Assemblée de Christ est destinée à l’éternité, et bien que bâtie sur terre, elle sera manifestée dans le Ciel.
Il y a un autre passage en Matthieu où le Seigneur fait référence à l’Assemblée. Matthieu 18:15-20 nous apprend deux vérités d’immense importance pour l’Assemblée. Premièrement le Seigneur nous enseigne comment le mal peut être exclu de l’Assemblée, et deuxièmement comment Sa présence peut être assurée dans l’Assemblée.
L’Assemblée traverse un monde mauvais, et tant qu’elle est sur la terre, la chair demeure dans ceux qui composent l’Assemblée ; par conséquent, les offenses arrivent sur terre, et même un frère peut pécher contre un frère. Mais le Seigneur nous enseigne comment traiter le coupable. S’il refuse d’écouter l’Assemblée, cela peut même conduire à ce que son péché soit lié sur lui et à ce qu’il soit exclu de la compagnie du peuple du Seigneur sur terre ; et s’il se repent, son péché peut être délié de dessus lui par sa réadmission parmi le peuple du Seigneur. Cette action solennelle sur la terre de lier et de délier — si elle est prise à juste titre — est ratifiée au Ciel. Les Épîtres aux Corinthiens donnent un exemple solennel de ces deux actions.
Or beaucoup de difficultés surgissent pour lesquelles nous n’avons en nous-mêmes ni sagesse ni puissance pour y faire face. Mais nous avons une ressource ; nous pouvons nous tourner vers le Père dans la prière, et le Seigneur nous assure que « si deux d’entre vous sont d’accord sur la terre pour une chose quelconque, quelle que soit la chose qu’ils demanderont, elle sera faite pour eux par mon Père qui est dans les cieux ». Nous avons ici deux déclarations à première vue si surprenantes que nous pouvons nous demander comment ces choses peuvent se faire ? Comment se peut-il que des actes sur la terre soient ratifiés au Ciel, et que des demandes sur terre soient accordées par le Ciel ? Qu’est-ce qui rend de telles choses possibles ? Une seule le peut, la présence du Seigneur au milieu des Siens rassemblés à Son Nom. « Car », dit le Seigneur, « là où deux ou trois sont assemblés à Mon Nom, je suis là au milieu d’eux ». Il est présent pour confirmer leurs actes. Il est présent pour guider et répondre à leurs prières.
Sa présence, cependant, n’est promise qu’à deux ou trois assemblés à Son Nom. Qu’est-ce que cela veut dire ? Tout d’abord, la promesse est donnée à « deux ou trois », des mots qui, bien sûr, s’appliquent au jour le plus brillant de l’histoire de l’Assemblée, mais qui s’adaptent avec tant de bonheur à un jour de faiblesse où le nombre de ceux qui sont assemblés à Son Nom en un lieu donné peut être réduit au minimum.
Les « deux ou trois » ne se retrouvent pas simplement, ils « sont assemblés ». Cela implique une puissance qui assemble. Il y a quelque chose qui les tire ensemble ; qu’est-ce que c’est ? C’est d’avoir saisi la portée de Son Nom, car nous sommes assemblés à Son Nom, non pas « en Son Nom » selon la version autorisée anglaise, ce qui signifierait simplement que nous sommes assemblés par Son autorité. Son nom exprime tout ce qu’Il est, et c’est le fait de L’avoir saisi mutuellement dans la gloire de Sa Personne qui nous assemble. Nous sommes attirés ensemble par ce que nous avons trouvé en Lui. Il est le lien puissant et parfaitement suffisant. Il peut y avoir de grandes différences d’âge, de position sociale, d’éducation, de nationalité, d’intelligence, de croissance spirituelle et de don, mais rien de tout cela ne forme le lien de l’Assemblée. L’Assemblée n’est pas une rencontre de jeunes, ou de vieux croyants, ni de personnes partageant les mêmes idées, mais de gens qui sont attirés ensemble par ce qu’ils ont découvert en Christ comme Son Nom le présente. L’Assemblée n’a pas d’autre lien, refuse tout autre lien, et, étant assemblée ainsi, le Seigneur promet d’être au milieu, même si seulement deux ou trois sont ainsi réunis.
Nous ne sommes pas assemblés à Lui-même, mais à Son Nom. Le passage distingue entre Lui-même et Son Nom. Être assemblés à Son nom suppose Son absence, mais assure Sa présence. Dans un tel rassemblement, Il est vraiment présent, non pas physiquement, mais en esprit. Lorsqu’Il était sur terre, Il pouvait parler de Lui-même comme du Fils de l’Homme qui est dans le ciel, physiquement sur la terre, mais en esprit dans le ciel. Maintenant, il est le Fils de l’homme dans le ciel, mais en esprit sur la terre au milieu des Siens lorsqu’ils sont assemblés à Son Nom. Il est présent pour entériner le processus de discipline et pour donner efficace aux prières des Siens.
En poursuivant la trace des pensées de Dieu quant à l’Assemblée telles que présentées dans Sa Parole, nous trouvons que les premiers chapitres du livre des Actes nous font passer une étape plus loin que Matthieu 16. En Matthieu 16 l’Assemblée était annoncée prophétiquement. Dans les Actes ch. 1 à 9, elle est formée et vue dans son existence effective. Il ne s’agit pas encore de la doctrine enseignée par l’Esprit, car le moment pour cela n’était pas encore venu, et l’homme qui devait être le vase choisi pour déployer le mystère de Christ et de l’Assemblée [Paul] n’avait pas encore été appelé.
La mort de Christ est la base de toute bénédiction pour les hommes, que ce soit pour les saints de l’Ancien Testament, ou pour ceux qui composent l’Assemblée ou pour Israël restauré dans les temps à venir. Mais la formation de l’Assemblée était suspendue à deux autres événements d’une immense importance. Christ ressuscité devait monter comme Homme dans la gloire, et le Saint-Esprit — Personne Divine — devait venir sur la terre. L’Homme dans la gloire et le Saint-Esprit demeurant sur la terre sont les deux grands faits distinctifs de la période chrétienne. Ils n’avaient pas eu lieu dans les âges passés, et ils ne marqueront pas les âges à venir ; ils donnent le plein caractère du temps présent.
En Actes 1, nous voyons l’accomplissement du premier de ces grands événements. Les disciples reçoivent les dernières instructions du Seigneur ressuscité, et « il fut élevé de la terre, comme ils regardaient, et une nuée le reçut et l’emporta de devant leurs yeux ». Christ en tant qu’Homme a été reçu dans la gloire. Bien sûr, en parlant ainsi, nous n’oublions jamais qu’Il est une Personne Divine, « sur toutes choses Dieu béni éternellement » [Rom. 9:5]. Mais c’est comme Homme qu’Il est monté au ciel [Actes1], et comme Fils de l’homme, qu’Il a été vu au ciel par Étienne martyr [Actes 7].
En Actes 2, nous avons l’accomplissement du deuxième de ces grands événements. Le Saint-Esprit a été reçu sur la terre selon la parole de Jean 7:39, qui relie la venue du Saint Esprit à la glorification de Christ. Les disciples étaient « tous ensemble dans un même lieu », attendant, selon la parole du Seigneur, le baptême de l’Esprit Saint. Tandis qu’ils attendaient, le Saint-Esprit vint « du ciel » et remplit toute la maison où ils étaient assis ; et non seulement cela, mais chacun individuellement fut rempli du Saint-Esprit. Ainsi, par un seul Esprit, ils furent « tous baptisés pour être un seul corps » (1 Cor. 12:13). Ici donc, le « seul Corps » est devenu un fait réel : ce Corps dont Christ est la Tête dans le ciel, et les croyants, les membres sur la terre. Le fait n’était pas encore révélé, et ne pouvait guère l’être, car le Corps est composé de croyants Juifs et de croyants Gentils, et la révélation de la vérité du Corps n’a donc été donnée que lorsque les croyants Gentils ont été baptisés dans le corps de Christ par le Saint Esprit (voir Actes 10 et 11:16).
À la suite du baptême de l’Esprit, un grand nombre de Juifs et de prosélytes furent convaincus, crurent en Christ, furent baptisés, et reçurent le pardon des péchés et le don du Saint Esprit. Nous lisons en outre qu’en « ce jour-là furent ajoutées environ trois mille âmes » (Actes 2:41). Puis le dernier verset du chapitre nous dit qui les ajouta et à quoi ils furent ajoutés. C’est le Seigneur Lui-même qui les ajoutait, et c’est à l’Assemblée qu’ils furent ajoutés (2:47). Pour la première fois, il nous est permis de voir le Seigneur former Son Assemblée selon Son annonce prophétique de Matthieu 16 : « Je bâtirai mon assemblée ». La fin du verset, « ceux qui devaient être sauvés », n’implique pas qu’ils étaient incrédules ou qu’ils ont été ajoutés en vue d’être sauvés. La nation, ayant rejeté Christ, allait vers le jugement, mais ceux qui croyaient et qui étaient baptisés seraient sauvés de ce jugement, et c’est eux que le Seigneur ajoutait à l’Assemblée. Ils étaient ajoutés au Seigneur (11:24) avant d’être ajoutés à l’Assemblée (2:47). Insister là-dessus est de toute importance du fait que le catholicisme et ses adeptes attachent le salut au fait d’appartenir à l’Église, au lieu de faire de l’Église, l’Assemblée de ceux qui sont sauvés. Au début du chapitre, ce sont seulement des croyants qui ont été constitués en Assemblée par le baptême du Saint-Esprit, et à la fin du chapitre ce sont seulement des croyants qui ont été ajoutés à l’Assemblée par le Seigneur.
Ici donc, l’Assemblée est vue dans son existence effective. « Et tous les croyants étaient en un même lieu » (Actes 2:44). Nous voyons donc l’accomplissement de la parole prononcée par Caïphe au sujet de Christ lorsqu’il dit que Jésus allait mourir pour « rassembler en un les enfants de Dieu dispersés ». Il y avait des enfants de Dieu avant ce moment-là, mais ils étaient dispersés et isolés. Christ, par sa mort allait les rassembler, non seulement pour les sauver, afin qu’ils soient ensemble au Ciel (du fait qu’ils étaient déjà enfants de Dieu, c’était déjà fait), mais « Il devait les rassembler en un
». C’était quelque chose d’entièrement nouveau sur la terre. Ce n’était pas nouveau que des enfants de Dieu existent sur la terre. Ce n’était pas une chose nouvelle que des enfants de Dieu soient en route pour le Ciel. Cela avait eu lieu au temps d’Hénoc et au temps de Job, et tout au long des jours d’autrefois, même si l’on n’en savait pas grand-chose. Mais le fait que les enfants de Dieu soient rassemblés en un
était une chose entièrement nouvelle. Et voilà la vérité que les enfants de Dieu sont encore si lents à saisir. Nous nous voyons comme des saints isolés, comme si nous vivions avant la croix. Étant sauvés, nous sommes portés à penser qu’il nous appartient, dans la mesure de nos capacités, de choisir à quelle « église » nous allons nous joindre ou si même nous allons nous joindre à quelqu’une. Mais en raisonnant de cette manière, nous ne voyons pas qu’Il nous a déjà ajoutés à l’Assemblée (si nous sommes venus au Seigneur), et qu’il ne peut donc pas être question de rester dans l’isolement, ni non plus de nous joindre à « une » église. L’idée même de se joindre à « une » église trahit l’ignorance de la vérité de « l »’Assemblée ».
De plus, non seulement les saints ont été assemblés en un, mais étant rassemblés ensemble, Dieu donne amplement les ressources pour qu’ils puissent continuer ensemble dans une unité visible.
Premièrement, nous avons l’enseignement des apôtres, par lequel les saints ont été conduits dans toute la vérité de Dieu et instruits dans la pensée de Dieu quant à leur chemin sur la terre. Cette instruction, donnée oralement au début, a été ensuite fixée pour les saints de tous les temps dans les épîtres inspirées.
Deuxièmement, nous avons la communion des apôtres qui découle de la doctrine (ou : enseignement) des apôtres (Actes 2:42). Cette communion, comme nous le savons, est la communion à laquelle tous les chrétiens sont appelés — la communion du Fils de Dieu, Jésus Christ notre Seigneur (1 Cor. 1:9). Le Fils de Dieu est le centre et l’objet de cette communion.
Troisièmement, la communion des apôtres conduit à la fraction du pain, l’expression formelle et suprême de la communion, celle qui appelle à se souvenir de la mort de Christ, par laquelle les enfants de Dieu ont été entièrement séparés du monde et rassemblés en un.
Enfin, la prière, par laquelle, en tant que saints, nous sommes maintenus dans une attitude de dépendance vis-à-vis de Dieu, reconnaissant que Sa grâce est disponible pour nous, et que nous avons constamment besoin de venir en pleine liberté au trône de la grâce pour recevoir miséricorde et trouver grâce pour avoir du secours au moment opportun (Héb. 4:16).
Malheureusement, ces ressources divines ont été presque entièrement négligées, d’où la division et l’éparpillement du peuple de Dieu. La chrétienté a largement remplacé la doctrine des apôtres par sa propre tradition ; elle a formé des « communions » autour d’hommes doués, ou de vues particulières, au lieu du Fils de Dieu ; elle a perverti la fraction du pain en transformant un repas de souvenir en un moyen de grâce cérémoniel ; elle a transformé la prière en une simple formalité. Cependant, dans les premiers temps des Actes, les croyants « persévéraient » dans la doctrine des apôtres, la communion, la fraction du pain et la prière ; et tant qu’ils continuèrent ainsi, ils restèrent ensemble dans une unité visible.
Nous avons ainsi vu en Actes 2 comment le Seigneur Lui-même bâtit Son Assemblée avec des pierres vivantes sur le Roc. Mais tout cela se passe sur la terre ; il n’y a encore aucune trace du caractère céleste de l’Assemblée ou de sa glorieuse destinée dans les conseils de Dieu. Il n’y a pas un mot jusqu’ici de l’union du Corps sur la terre avec la Tête au Ciel. Cette « union » était encore un secret restant à dévoiler en temps voulu, mais ce qui est manifesté dans ces premiers chapitres des Actes, c’est « l’unité ». Pas nécessairement une unité matérielle, mais une unité morale, marquée par la joie et l’unicité de cœur. Il restait un événement à accomplir avant que le plein caractère céleste et l’appel de l’Assemblée puissent être révélés. La coupe de culpabilité d’Israël devait être remplie à son comble. Déjà la nation avait rejeté et crucifié leur Messie ; mais maintenant l’Esprit Saint était venu, avec la dernière offre à la nation coupable. Allaient-ils résister à l’Esprit comme ils avaient déjà rejeté le Messie ?
Quand le Seigneur est monté au ciel selon Actes 1, les disciples « regardaient fixement vers le ciel, tandis qu’il s’en allait ». Aussitôt deux anges se tinrent près d’eux, et dirent : « pourquoi vous tenez-vous ici, regardant vers le ciel ? Ce Jésus, qui a été élevé d’avec vous dans le ciel, viendra de la même manière que vous l’avez vu s’en allant au ciel ». Les anges détournent leurs regards du ciel, de là où Jésus était parti, et les tournent vers la terre vers laquelle Il reviendrait. À première vue, on peut s’étonner : n’était-ce pas une bonne chose de lever les yeux vers le ciel où se trouve Christ ? Oui, en son temps, ce sera bien, mais le moment n’était pas encore venu de lever les yeux. Et lorsque nous écoutons Pierre prêcher à la nation, nous pouvons comprendre pourquoi les pensées des disciples devaient encore un peu s’attarder sur la terre. Car Pierre dit à la nation coupable : « Repentez-vous donc et vous convertissez, pour que vos péchés soient effacés, en sorte que viennent des temps de rafraîchissement de devant la face du Seigneur, et qu’il envoie Jésus Christ, qui vous a été préordonné » (Actes 3:19-20). C’était le dernier message de grâce à la nation coupable, proclamé par le Saint-Esprit descendu ici-bas et envoyé par Christ monté au ciel. S’ils se repentaient, Jésus reviendrait sur la terre. En fait, ils refusèrent catégoriquement ce témoignage du Saint-Esprit. Ils avaient été traîtres et meurtriers de leur propre Messie. Ils ne pouvaient pas mettre à mort le Saint-Esprit (qui n’avait pas pris un corps), mais ils pouvaient mettre à mort l’homme rempli du Saint-Esprit, et c’est ce qu’ils firent en lapidant le témoin Étienne.
Le rejet par la nation de cette dernière offre de grâce entraîna un changement complet de dispensation. Dorénavant, tout était fini avec eux, et le centre de toutes les opérations de Dieu passait de la terre au ciel. En accord avec ce changement, Étienne, rempli du Saint-Esprit, regarda fixement vers le ciel, et aucun ange ne se tint là pour lui demander pourquoi il levait les yeux. Le temps de Dieu était venu pour Son peuple de détourner les regards de la terre vers le ciel. Et non seulement il leva les yeux, mais son esprit bienheureux fut reçu. Le premier de la longue lignée des martyrs est reçu au Ciel. Maintenant le peuple de Dieu n’appartient plus à la terre d’où Christ a été rejeté, mais au Ciel où Christ a été reçu. Le ciel est leur chez soi, et Christ est là pour les recevoir dans cette demeure. Si le monde ne veut pas de Christ, ce n’est pas un lieu pour les Siens, et si le Ciel a reçu Christ, alors un nouveau lieu est ouvert pour les Siens, et c’est dans ce nouveau lieu qu’Il les reçoit.
Actes 7 est un grand tournant dans les voies de Dieu. À partir du moment où le témoignage d’Étienne est rejeté, les grandes caractéristiques de la dispensation sont mises en évidence. Dans la scène finale de ce chapitre, tout et tous sont révélés selon le vrai caractère de la dispensation chrétienne :
homme sur la terreest soutenu par l’
Homme dans la gloire, Celui-ci, l’
Homme dans la gloire, est représenté par un
homme sur la terre. Après avoir combattu et achevé son combat, l’esprit bienheureux d’Étienne part pour être avec Christ, tandis que son pauvre corps meurtri s’endort dans l’attente d’une glorieuse résurrection.
Depuis la lapidation d’Étienne, le monde a toujours été fidèle à son caractère. Il avait rejeté Christ ; il a alors persécuté les saints ; il l’a toujours fait depuis, à des mesures et des degrés différents. Il peut être religieux — il l’était à l’époque et il l’est encore aujourd’hui — mais la religion ne change pas son caractère. En effet, plus la profession religieuse du monde est grande, plus sa haine est intense et plus sa persécution des saints est acharnée. L’histoire témoigne de son hostilité immuable contre Christ et les Siens.
Le Ciel n’a pas non plus changé d’attitude envers les enfants de Dieu. Il leur était alors ouvert ; il leur est encore ouvert ; et par cette porte ouverte, nous pouvons encore regarder dans la gloire où est Jésus, et d’où l’amour de Christ continue à affluer sur Ses saints.
Alors en vérité, il n’y a pas de changement du côté de Christ. Nous pouvons lever les yeux et dire : « tu demeures » et « tu es le même ». Toute la grâce, la puissance et la sagesse de l’Homme dans la gloire sont encore autant disponibles pour soutenir les Siens que lorsqu’Étienne fut si heureusement soutenu dans son martyre.
Du côté du Saint-Esprit aussi, il n’y a pas de changement. Il est venu de Christ dans la gloire pour nous conduire jusqu’à Christ dans la gloire. Et c’est toujours ainsi Sa manière de faire.
Mais combien les croyants ont changé ! Combien nous de sommes guère restés fidèles à notre caractère de saints. Combien nous avons attristé l’Esprit, et ainsi, au lieu de regarder fixement vers le Ciel, nous avons regardé vers la terre. Nous sommes devenus terrestres, si ce n’est mondains. Par conséquent, il n’a pas été beaucoup reçu de soutien du Seigneur et la puissance de l’Esprit n’a guère été manifestée, de sorte que nous n’avons été que de pauvres représentants de l’Homme dans la gloire.
Mais malgré tous les manquements, le tableau d’Actes 7 reste dans toute sa beauté pour rappeler à nos cœurs le vrai caractère de la dispensation. Or il fait davantage ; il prépare la voie pour le ministère de Paul avec son riche déploiement de l’Assemblée un seul Corps avec Christ, la Tête ressuscitée dans le ciel.
Dans l’histoire d’Étienne, nous apprenons bien sûr que les disciples de Christ ressuscité appartiennent au Ciel. Mais dans l’histoire de la conversion de Paul en Actes 9, nous apprenons, non seulement que les saints appartiennent au Ciel, mais que les saints sur la terre sont unis à Christ dans le Ciel. Dans son voyage vers Damas, Saul qui « respirait menaces et meurtre contre les disciples du Seigneur », fut frappé à terre par une lumière du Ciel et il entendit la voix de Christ de la gloire lui disant « Saul, Saul, pourquoi ME persécutes-tu ? » La voix n’a pas dit « les miens », ni même « nous », mais « me (moi) ». « Les miens » impliquerait une compagnie de gens qui appartiennent à Christ, ce qui est vrai en effet, mais qui n’est pas toute la vérité. « Nous » impliquerait une compagnie de personnes associées à Christ, ce qui est vrai en effet, mais qui n’est pas la pleine vérité. « ME » implique une compagnie de personnes unies à Christ, et d’une manière si intime que les toucher, c’est toucher Christ.
Le martyre d’Étienne et la persécution qui s’ensuivit présentent le monde dans son vrai caractère de persécuteur des saints ; mais à la conversion de Saul, nous apprenons la vérité supplémentaire qu’en persécutant les saints, le monde persécute Christ. L’Assemblée ne fait qu’un avec Christ dans le ciel, et Il est persécuté dans Ses membres. Comme on l’a dit, ceci est « l’expression la plus forte de notre union avec Lui — le fait qu’Il considère le membre le plus faible de Son Corps comme faisant partie de Lui-même ». En Actes 2 et 4, les saints assemblés étaient « un seul cœur » et « une seule âme », ce qui présente une belle expression d’unité ; mais ici est révélée la vérité plus profonde de leur union intime avec Christ, leur Tête exaltée dans le Ciel, et entre eux comme membres de Son Corps sur la terre.
Israël, après avoir crucifié le Messie, rejeté Christ dans la gloire et résisté à l’Esprit Saint sur la terre, est entièrement mis de côté pour le moment, tandis que l’Assemblée, formée sur la terre mais destinée à la gloire, devient le témoin de Dieu dans le monde. Paul a été le vase choisi pour déployer, par l’enseignement divin dans ses épîtres, les grandes vérités concernant Christ et l’Assemblée.
En Matthieu 16, nous avons eu l’annonce prophétique de l’Assemblée par le Seigneur Lui-même ; dans les Actes, nous avons le récit historique de la formation de l’Assemblée par le ministère des apôtres ; et dans les Épîtres, l’enseignement divin quant à l’Assemblée par l’Esprit Saint. L’Épître aux Éphésiens présente cet enseignement, cette doctrine, dans toute sa plénitude.
Le ch. 1 présente les conseils de Dieu à l’égard de Christ et l’Assemblée. Nous sommes ramenés avant la fondation du monde pour trouver la source de toutes nos bénédictions dans le dessein éternel de Dieu ; nous sommes transportés jusqu’à la plénitude des temps pour y voir l’héritage de la gloire quand tous les conseils de Dieu seront accomplis. En Éphésiens 2:1-10, nous avons l’œuvre de Dieu en nous, en vue de Ses conseils pour nous ; dans cette œuvre Il vivifie les âmes mortes, Il les ressuscite avec Christ, et les fait asseoir en Christ dans les lieux célestes.
En Éphésiens 2:11-22, nous avons les voies de Dieu à notre égard, dans le temps, pour exécuter Ses conseils pour nous dans l’éternité. Il y a ce que Dieu s’est proposé pour
nous, ce qu’Il opéré en
nous, et ce qu’Il fait de
nous. Il agit en
nous pour que nous soyons vivifiés ensemble avec Christ ; Il opère avec
nous pour que nous soyons amenés ensemble à être un seul corps, bien ajustés ensemble pour être un temple saint dans le Seigneur, et édifiés ensemble pour être une habitation de Dieu par l’Esprit.
Cependant, on comprend facilement que l’Épître devait nécessairement commencer par le déploiement du dessein de Dieu ; car si nous ne connaissons pas Ses desseins pour l’éternité, nous ne comprenons pas Ses voies dans le temps. On peut bien être perplexe devant la façon dont un parent élève son enfant tant qu’on ne connaît pas son but ultime pour l’enfant. Si l’on s’en tient au début de l’épître (1:1-10), on voit l’Assemblée présentée en relation avec les conseils et l’œuvre de Dieu. L’œuvre de l’homme et ses responsabilités n’ont aucune place dans ce passage. Tout est conçu par Dieu, et tout est accompli par Dieu ; et, étant de Dieu, tout est parfait.
Les versets 3-7 développent les conseils de Dieu pour Ses saints individuellement — ceux qui composent l’Assemblée. Dans ce grand passage, nous voyons le caractère de nos bénédictions, la source de nos bénédictions, la fin que Dieu a en vue et les moyens mis en œuvre pour atteindre ce but. Quant au caractère de nos bénédictions, il est important de se rappeler qu’elles sont spirituelles, et célestes, et en Christ, car nous sommes tellement enclins à chercher des bénédictions matérielles, terrestres et en relation avec Adam. La réalisation du véritable caractère de nos bénédictions doit avoir un immense effet sur notre témoignage. Quel est le but de la grande masse de ce qu’on appelle aujourd’hui le ministère ? N’est-ce pas principalement de rendre les croyants moraux plutôt que spirituels, d’améliorer leur position terrestre plutôt que de les appeler hors du monde pour le ciel, et d’améliorer le premier homme plutôt que de les conduire dans la nouvelle position en Christ ? Dieu forme notre caractère et notre témoignage en nous instruisant du vrai caractère de nos bénédictions et en nous conduisant à en jouir.
Quant à la source de toutes nos bénédictions, nous lisons : « le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ… nous a élus en Lui avant la fondation du monde » (1:3-4a). Toutes nos bénédictions ont leur source dans les conseils du cœur du Père. Nous découvrons que Son cœur s’est attaché à nous avant la fondation du monde. Et Il se réjouit que nous le sachions ; et aimant le Père, nous considérons comme l’un de nos privilèges les plus excellents qu’Il nous ait révélé les secrets de Son cœur. Être élus en Lui avant la fondation du monde implique qu’il y a eu un choix indépendant de la scène de la création. Par conséquent, le dessein de Dieu pour nous ne peut dépendre de rien que nous ayons fait ou puissions faire. Nous nous trouvons dans un monde de tristesses et d’épreuves, d’opposition et de persécution, mais le dessein de Dieu ne peut être altéré par rien de ce que nous sommes appelés à traverser dans le temps. Le diable tentera d’utiliser les difficultés du chemin pour faire monter dans nos cœurs de la défiance à l’égard de Dieu et pour nous faire douter de la réalité de Son amour. Mais ici, nous sommes admis à voir que l’amour du Père est derrière tout, et qu’avant la fondation du monde, Son amour s’est attaché à nous en vue de notre bénédiction éternelle quand le monde ne sera plus. Combien cela affermit l’âme dans son chemin à travers le monde, car rien de ce qui arrive selon les voies de Dieu dans le temps ne peut toucher les conseils d’amour qui ont été établis dans l’éternité et pour l’éternité.
De plus (1:4b), non seulement nous sommes ramenés avant la fondation du monde pour trouver la source de toute notre bénédiction dans le cœur de Dieu, mais nous sommes portés en esprit pour voir la fin de tous les conseils de Dieu dans la gloire. Ainsi nous apprenons que Dieu s’est proposé d’avoir les saints devant Lui dans une condition qui Lui soit convenable : « saints et irréprochables devant Lui en amour » — saints en caractère, irréprochables dans la conduite, et en amour quant à la nature. Rien moins ne peut convenir au cœur de Dieu ; car si Dieu doit avoir des personnes devant Lui dans une condition qui Lui soit convenable, elles doivent être dans une condition semblable à Lui. Seul ce qui est comme Dieu est convenable pour Dieu. Dieu est saint en caractère, irréprochable dans toutes Ses voies, et amour dans Sa nature. Et c’est dans cette condition qu’Il s’est proposé de nous avoir de sorte qu’Il puisse avoir Ses délices en nous et que nous puissions avoir nos délices en Lui. Rien moins ne serait convenable pour Son cœur, et rien moins ne nous rendrait heureux en Sa présence. Aucune question de caractère, de conduite ou de nature ne sera jamais soulevée dans cette scène pour entacher notre joie en Dieu ou Sa satisfaction en nous. Et ce qui sera accompli alors en plénitude, est opéré maintenant dans nos âmes par l’Esprit, si, dans la puissance de l’Esprit, nous cherchons à répondre ici-bas à ce que nous serons en perfection là-haut.
De plus (1:5), non seulement nous sommes choisis pour être dans une condition convenable pour Dieu, mais nous sommes prédestinés à jouir de la relation de fils devant le Père. Les anges, sans doute, seront devant Dieu dans une condition convenable pour Dieu, mais ils y sont dans la position de serviteurs. Nous, nous sommes amenés dans la relation de fils. C’est le privilège spécial auquel nous sommes prédestinés selon le bon plaisir de Sa volonté, à la louange de la gloire de Sa grâce.
De plus, en vue de l’accomplissement du dessein de Dieu, nous devions être rachetés et obtenir le pardon des péchés par le sang de Christ, selon les richesses de Sa grâce. L’apôtre a lié (1:5-6a) la prédestination à « la gloire de Sa grâce », maintenant il relie (1:7) la rédemption aux « richesses de Sa grâce ». Notre grand besoin est comblé par les richesses de Sa grâce, mais la gloire de Sa grâce fait davantage ; elle nous rend agréables (1:6) et nous donne la place de fils (1:5). Répondre aux besoins du fils prodigue (Luc 15) montre combien étaient riches les ressources de la grâce dans la maison du Père ; mais lui donner la place de fils faisait voir la gloire de la grâce dans le cœur du Père. Dans l’épître aux Romains, la mort de Christ est pleinement développée comme répondant à tout ce dont nous étions responsables, et c’est ainsi que l’apôtre s’exclame : « Ô profondeur des richesses et de la sagesse et de la connaissance de Dieu ! » (Rom. 11:33). Dans les Éphésiens, l’apôtre va au-delà de nos responsabilités et déploie nos privilèges ; nous avons donc non seulement les richesses de Sa grâce (1:7), mais la gloire de Sa grâce (1:6a).
Après avoir déployé les conseils du cœur du Père concernant les Siens dans les sept premiers versets, l’apôtre passe à de nouvelles merveilles. Il nous révèle la volonté secrète du Père concernant Christ (1:9-10 et suiv.). Il a satisfait nos cœurs en déployant les desseins de l’amour (1:3-6), Il a donné le repos de la conscience (1:7) par l’œuvre de la rédemption, — et ainsi libérés, nous sommes capables d’entrer dans les pensées de Dieu concernant Christ et l’Assemblée.
Dieu voudrait que nous connaissions le mystère de Sa volonté, selon Son bon plaisir qu’Il s’est proposé en Lui-même pour l’administration de la plénitude des temps (1:9-10a). Que signifie ce mot « mystère » ? Est-ce quelque chose que nous ne pouvons pas comprendre, ou qui est mystérieux ou déroutant ? Loin de là. Dans l’Écriture, un mystère est un secret qui ne peut pas être connu avant d’être révélé par Dieu, et quand il est révélé, il ne peut être connu que par les initiés. Ce mystère est selon Son bon plaisir ; c’est un secret qui réjouit Son cœur, car il concerne Christ. Allons-nous dire que nous ne sommes pas intéressés par les mystères, que nous laissons ces choses profondes aux autres ? Certainement pas, car cela signifierait que nous nous contenterions de savoir ce que Dieu a dans Son cœur pour nous, sans nous soucier de ce que Dieu a dans Son cœur pour Christ.
Ici, le mystère fait référence à la « plénitude des temps » — quand Dieu aura toutes choses administrées selon Sa pensée : quand tout ce que Dieu a institué en d’autres temps, et qui a si complètement failli dans les mains des hommes, sera administré sous Christ dans toute sa plénitude. Le gouvernement, la sacrificature et la royauté ont été institués par Dieu en d’autres temps, mais ils n’ont abouti qu’à l’effondrement parce qu’ils avaient été confiés à la responsabilité de l’homme. Mais le temps viendra où ils seront tous vus en perfection et en plénitude. Ceci sera réalisé en mettant Christ à la tête de toutes choses, à la fois les choses qui sont dans les cieux et celles qui sont sur la terre. Actuellement, Christ est caché ; mais quand Il s’avancera en gloire, toute la confusion, la douleur et le désordre de ce monde seront passés. Le règne de Satan prendra fin, le temps de l’aveuglement d’Israël sera fini, le règne impie des nations des Gentils sera clos, le gémissement de la création (Rom. 8:22) s’éteindra, et la malédiction sera enlevée. Tout sera réalisé, non pas par la diffusion de l’Évangile, comme certains l’imaginent vainement, ni par tout ce que l’homme peut accomplir, mais par Christ seul. Quand Il établira Son trône — quand Il régnera — tout sera administré pour le bon plaisir de Dieu.
L’Ancien Testament prédit abondamment « les souffrances de Christ et les gloires qui suivraient » (1 Pierre 1:11), et ces gloires, même si elles atteindront les bouts de la terre, resteront terrestres et non célestes. Ce n’est pas un secret ou un mystère ; au contraire, les prophètes sont pleins de descriptions brillantes du Royaume terrestre. Cependant, lorsque nous arrivons au Nouveau Testament, Dieu nous révèle le grand secret que la domination de Christ aura une étendue immense au-delà des limites de la terre, de sorte qu’en tant qu’homme, Christ dominera non seulement « d’une mer à l’autre et depuis le fleuve jusqu’aux bouts de la terre » (Ps. 72:8 ; Zach. 9:10), mais sur tout le vaste univers de Dieu jusqu’aux limites les plus extrêmes de la création ; et Christ doit être placé bien au-dessus de toute principauté, et autorité, et puissance, et domination et de tout nom qui se nomme (1:21), non seulement dans ce monde, mais aussi dans le monde à venir ; et toutes choses dans les cieux et sur la terre seront unies sous Christ comme Tête.
Dieu a abondé envers nous en toute sagesse et intelligence (1:8) faisant ainsi connaître non seulement Son dessein pour les Siens, mais les secrets de Son cœur pour Christ ; non seulement Son dessein pour la terre, mais Ses secrets concernant tout l’univers. Les cieux sont maintenant séparés de la terre, mais il n’en sera pas toujours ainsi. Dieu a décidé d’unir ciel et terre sous Christ comme Homme. C’est le mystère de Sa volonté, mais ce n’est pas le mystère tout entier. Car le mystère concerne « Christ et l’assemblée » (Éph. 5:32) — ni Christ seul, ni l’assemblée seule, mais Christ et
l’assemblée. Cela nous conduit à la partie la plus étonnante du mystère, à savoir qu’au jour de Sa domination universelle, Christ aura une vaste compagnie de personnes sauvées du naufrage et de la ruine de ce monde déchu, faites à Sa ressemblance comme résultat de Sa propre œuvre, unies à Lui par l’Esprit Saint, pour partager avec Lui la gloire de son pouvoir universel comme Son Corps et Son Épouse.
Le reste de ce chapitre place cette autre vérité devant nous. L’apôtre continue : « en qui nous avons aussi été faits héritiers » (1:11). Dans les v. 11 et 12, il parle des croyants Juifs, dans le v. 13, des croyants Gentils, et dans le verset 14, en parlant de « notre héritage », il fait référence aux croyants Juifs et Gentils ensemble.
Ainsi ce grand mystère est « Christ et l’Assemblée unis dans la bénédiction céleste et la domination sur tout ce que Dieu a fait ».
Christ régnera sur Israël, sur les Gentils, sur tout l’univers, mais jamais il n’est dit qu’il régnera sur l’Assemblée. Christ, en effet, sera toujours suprême ; mais étant à la louange de Sa gloire, l’Assemblée régnera avec Lui.
La prière de l’apôtre, qui clôt le chapitre, rend cela beaucoup plus clair. Ayant déployé l’espérance de l’appel dans les v. 3-7, et l’héritage dans les v. 8-14, l’apôtre prie maintenant pour que nous puissions connaître ces choses, et en outre pour que nous puissions connaître la grandeur de la puissance envers nous (1:19) qui fera porter leurs fruits à ces glorieuses vérités. Cette puissance a été exercée en ressuscitant Christ d’entre les morts (1:20), en Le plaçant « au-dessus de tout » (1:21) et en mettant « toutes choses sous Ses pieds » (1:22). Mais tandis qu’il est donné à Christ comme homme, d’être chef (Tête) sur tout, il est Tête (chef) à l’Assemblée (1:22) qui est Son Corps, la plénitude de celui qui remplit toutes choses (1:23). Ici, l’Assemblée est vue comme le Corps de Christ, non pas dans les voies de Dieu sur la terre, mais selon les conseils de Dieu en gloire.
Au début du chapitre, nous avons le déploiement des conseils de Dieu pour les personnes qui composent l’Assemblée ; et à la fin du chapitre, nous avons les conseils de Dieu pour l’Assemblée dans son ensemble, sous la figure d’un corps. Nous sommes emmenés à un temps où le Corps, complet en gloire, sera uni à la Tête dans Sa domination sur toutes choses.
Adam et Ève fournissent un type de Christ et de l’assemblée. Ève n’a pas été placée directement en domination sur ce monde inférieur, mais Adam l’a été. Il est vrai que Dieu leur a dit « Fructifiez… et dominez » (Gen. 1:28), mais en réalité Adam a été placé en domination avant qu’Ève ne soit formée. La création animale a été amenée à Adam pour recevoir des noms ; il était en relation avec tout en tant que chef (tête) sur tout ; et par association avec Adam, Ève a partagé sa domination.
Ainsi, l’Assemblée, par association avec Christ, participera à la domination universelle sur toute la création. Et de même qu’il est dit qu’Ève était l’aide qui correspondait à Adam — sa contrepartie — de même il est dit que l’Assemblée est la plénitude de Celui qui remplit tout en tout. En dehors de l’Assemblée, Christ ne serait pas complet. Comme on l’a dit : « En tant que Fils de Dieu, Il n’a besoin de rien pour que Sa gloire soit complète, mais comme Homme, Il a besoin de quelque chose. Sans l’Assemblée Il ne serait pas plus complet dans Sa gloire en résurrection, qu’Adam ne l’aurait été sans Ève ».
Dans la première partie de l’épître aux Éphésiens (Éph. 1 et Éph. 2:1-10), l’Assemblée est présentée en rapport avec Christ dans la gloire, selon les conseils de Dieu. Cela ouvre la voie à une vision très différente de l’Assemblée, — sa formation et son témoignage sur la terre selon les voies de Dieu.
Il y a une grande différence entre les conseils de Dieu pour la gloire et les voies de Dieu sur la terre. Comprenant cette distinction, nous verrons que non seulement l’Assemblée a une destinée glorieuse en tant qu’unie à Christ dans les cieux, selon le dessein éternel de Dieu, mais qu’elle a aussi une existence sur la terre, et une grande place dans les voies de Dieu ici-bas. C’est cet aspect de l’Assemblée qui nous est présenté en Éph. 2:11-22.
Pour que nous puissions comprendre cet aspect très important de l’Assemblée, l’apôtre nous rappelle la position particulière qu’occupait Israël à l’époque précédant la croix. À cette époque, il existait une distinction très nette entre Juifs et Gentils. Dans les voies de Dieu sur la terre, les Juifs jouissaient d’une place privilégiée où les Gentils étaient entièrement étrangers. Israël formait une communauté terrestre ayant des promesses terrestres et des espérances terrestres. Ils étaient extérieurement en relation avec Dieu. Leur culte religieux, leur organisation politique, leurs activités quotidiennes, leurs affaires domestiques, tout, de l’acte de culte le plus élevé au moindre détail de la vie, était réglementé par les ordonnances de Dieu. C’était un immense privilège auquel les Gentils, en tant que tels, n’avaient aucune part. Ce n’était pas que les Juifs fussent meilleurs que les Gentils, car, aux yeux de Dieu, la grande masse des Juifs était aussi mauvaise que les Gentils, et même pire pour certains ; d’autre part, il y avait des Gentils qui étaient individuellement des hommes vraiment convertis, comme Job par exemple. Mais dans Ses voies sur la terre, Dieu séparait Israël d’avec les Gentils et leur donnait une place spéciale de privilège extérieur ; même s’ils étaient inconvertis (comme c’était le cas pour la masse), c’était un immense privilège d’avoir toutes leurs affaires réglées selon la sagesse parfaite de Dieu. Les Gentils n’avaient pas une telle position dans le monde. Ils ne jouissaient d’aucune reconnaissance publique de la part de Dieu. Leurs affaires n’étaient pas régies par les ordonnances de Dieu. Et les ordonnances qui régissaient la vie des Juifs, étaient justement celles qui séparaient strictement les Juifs et les Gentils.
Ainsi, les Juifs avaient sur la terre une place de proximité extérieure de Dieu, tandis que les Gentils étaient extérieurement loin, sans connexion reconnue avec Dieu dans le monde.
Mais Israël a entièrement failli à répondre à leurs privilèges. Ils se sont détournés de l’Éternel pour des idoles. Les commandements et les ordonnances de Dieu, qui leur avaient donné leur position unique, étaient entièrement mis de côté. Finalement, ils crucifièrent leur Messie et résistèrent à l’Esprit Saint. En conséquence, ils ont perdu pour le moment leur place privilégiée sur la terre, et ont été dépossédés de leurs terres et ont été dispersés parmi les nations.
Cette mise à l’écart d’Israël a ouvert la voie au merveilleux changement qui a eu lieu dans les voies de Dieu sur la terre. Le coup d’œil saisissant sur le passé donné par l’Esprit de Dieu dans les versets 11 et 12 ne fait qu’accentuer le contraste, car à la suite du rejet d’Israël, Dieu a poursuivi Ses voies en mettant en lumière l’Assemblée et a ainsi mis en place un tout nouveau cercle de bénédiction, entièrement extérieur aux cercles Juifs et Gentils.
Ce nouveau départ a donné l’occasion à la grâce de Dieu de se répandre d’une manière très spéciale envers les Gentils. L’appel s’adresse aux Gentils, sans que les Juifs soient exclus de ce nouveau cercle de bénédiction, car, comme nous le verrons, l’Assemblée est composée de croyants à la fois d’entre les Juifs et d’entre les Gentils.
Mais si les Gentils doivent être amenés dans les privilèges et les bénédictions inestimables du nouveau cercle — si les Gentils doivent avoir part à l’Assemblée — il faut que ce soit sur un terrain de justice. C’est pourquoi la croix est aussitôt introduite (2:13). La croix a déjà été évoquée en Éph. 1 en rapport avec l’accomplissement des conseils de Dieu. Ici, en Éph. 2, la croix est évoquée en rapport avec les voies de Dieu sur la terre. Par le sang de Christ, les pécheurs d’entre les Gentils sont approchés de Dieu, étant tirés de l’éloignement où le péché les avait mis pour passer à une place de proximité. Il ne s’agit pas d’une simple proximité extérieure, faite d’ordonnances et de cérémonies, mais d’une proximité vitale qui ne s’exprime pleinement qu’en Christ Lui-même, ressuscité d’entre les morts et paraissant pour nous devant la face de Dieu. Ainsi il est dit : « Mais maintenant, dans le Christ Jésus… vous avez été approchés par le sang de Christ » (2:13). Si nos péchés nous éloignent, le sang précieux non seulement nous lave de nos péchés, mais il fait infiniment plus : il nous fait approcher. Le sang de Christ fait éclater l’énormité du péché qui a nécessité un tel prix ; il proclame la sainteté de Dieu qui ne pouvait se satisfaire d’un prix moindre, et il révèle l’amour infini qui a pu payer ce prix.
Mais ceci, si nécessaire que ce fût à la formation de l’Assemblée, ne constitue pourtant pas, en soi, l’Assemblée. L’Assemblée n’est pas simplement un nombre d’individus « approchés », ce qui sera le cas de tous les saints de tous les temps. Il fallait davantage ; non seulement les individus doivent être « approchés », mais les croyants Juifs et Gentils doivent être « faits un » (2:14). Cela aussi, la croix de Christ l’a accompli. C’est là que Christ a détruit la barrière entre Juifs et Gentils. L’inimitié entre Juifs et Gentils provenait des ordonnances qui excluaient les Gentils d’y avoir part. Par ces ordonnances, les Juifs pouvaient s’approcher de Dieu d’une manière extérieure alors que les Gentils ne le pouvaient pas. Mais par la croix, Christ a complètement aboli la loi des ordonnances (2:15) comme moyen de s’approcher de Dieu, et Il a ouvert une nouvelle voie pour s’approcher par Son sang. Les Juifs qui s’approchent de Dieu sur la base du sang en ont fini avec les ordonnances juives. Les Gentils sortent de leur éloignement de Dieu, les Juifs de leur proximité dispensationnelle, et tous deux sont fait un dans la jouissance d’une bénédiction commune devant Dieu, laquelle n’avait jamais été possédée auparavant ni par les uns ni par les autres. Les croyants Gentils ne sont pas élevés au niveau des privilèges Juifs. Les Juifs ne sont pas dégradés au niveau des Gentils. Les deux sont amenés sur un terrain entièrement nouveau à un niveau immensément plus élevé.
Mais même ceci n’exprime pas toute la vérité de l’Assemblée. Si l’apôtre s’était arrêté ici, nous aurions bien vu les croyants approchés par le sang et ne faisant qu’un par le fait que toute inimitié était ôtée, et nous aurions été laissés seulement avec la pensée que nous sommes faits un seul cercle dans une heureuse unité. Or ceci est bien vrai, mais est bien loin de la vérité complète sur l’Assemblée. L’apôtre va donc plus loin et nous dit que nous ne sommes pas seulement « approchés », pas seulement « faits un », mais que nous sommes faits « un seul homme nouveau » (2:15), « un seul corps » (2:16), que nous sommes habités par « un seul Esprit » par qui nous avons accès auprès du Père (2:18). Ceci, en effet, présente la pleine vérité de l’Assemblée — le Corps de Christ — qui, dans les voies de Dieu, est formée sur la terre.
Dieu ne sauve pas seulement des âmes d’entre les Juifs et les Gentils sur la base du sang ; Il ne les rassemble pas seulement en unité, mais Il les forme pour être un seul Homme Nouveau dont Christ est la Tête glorieuse ; les membres du Corps sont des croyants, et le Saint Esprit est la puissance qui unit. C’est beaucoup plus que de l’unité, c’est une union. L’Assemblée n’est pas simplement une compagnie de croyants en heureuse unité, mais une compagnie de personnes qui sont membres de Christ et membres l’un de l’autre en union intime. Et l’Homme Nouveau n’est pas seulement nouveau à un moment donné, mais il est d’un ordre entièrement nouveau. Avant la croix, comme nous l’avons vu, il y avait deux hommes, le Juif et le Gentil, se haïssant l’un l’autre et ennemis de Dieu. Or maintenant, dans les merveilleuses voies de Dieu, « Un seul Homme Nouveau » est venu à l’existence — un Homme Nouveau qui embrasse tous les saints sur la terre unis par un seul Esprit à Christ, la Tête ressuscitée et exaltée.
En rapport avec la formation de l’Assemblée de Dieu sur la terre, l’apôtre fait référence à trois grandes vérités : la réconciliation avec Dieu, l’annonce de la paix aux pécheurs et l’accès auprès du Père pour les saints.
Premièrement, les Juifs et les Gentils sont réconciliés avec Dieu en un seul corps (2:16). Dieu ne voulait pas que les Gentils restent à distance de Lui ou que les Juifs soient dans une position de simple proximité extérieure, mais à une distance effective aussi grande que celle des Gentils. Dieu ne voulait pas non plus que les Juifs et les Gentils restent à distance les uns des autres. C’est pourquoi, à la croix, Il a si merveilleusement opéré de sorte que tous les deux soient approchés de Lui, et que tous les deux soient rapprochés l’un de l’autre, formés en un seul Corps, sur lequel Dieu peut porter les yeux avec plaisir. La croix a tué l’inimitié entre croyants Juifs et Gentils, ainsi que celle qu’il y avait autrefois entre eux et Dieu. Rien ne peut exprimer plus parfaitement l’élimination complète de l’inimitié que le fait que les croyants Juifs et Gentils soient formés en « un seul corps ». Il n’est pas dit dans ce verset « un seul homme nouveau », parce que cela inclut Christ la Tête, et qu’aucune pensée de réconciliation ne peut se rattacher à Christ. Ce sont ceux qui composent le Corps qui ont besoin de réconciliation, non pas Celui qui est la Tête.
La seconde grande vérité est que l’évangile de la paix est annoncé (prêché) aux Gentils qui étaient loin et aux Juifs qui étaient près du point de vue dispensationnel. Nous comprenons bien l’introduction de la prédication dans un passage qui montre comment l’Assemblée est formée sur la terre. Sans la croix, il n’y aurait pas de prédication, et sans la prédication il n’y aurait pas d’Assemblée. Ici Christ est considéré comme le prédicateur (Celui qui annonce), bien que l’évangile qu’Il prêche (annonce) soit proclamé par d’autres qui agissent comme des instruments. Nous lisons à propos des disciples qu’« étant partis, ils prêchèrent partout, le Seigneur coopérant avec eux » (Marc 16:20).
Une troisième vérité constitue une grande bénédiction. Par un seul Esprit, nous avons tous, les uns et les autres (Juifs et Gentils), accès auprès du Père. La distance n’est pas seulement supprimée du côté de Dieu, mais elle l’est aussi de notre côté. Par l’œuvre de Christ à la croix, Dieu peut s’approcher de nous, annonçant la paix ; et par l’œuvre de l’Esprit en nous, nous pouvons nous approcher du Père. La croix nous donne le droit de nous approcher ; l’Esprit nous rendre capable de faire usage de notre droit et de nous approcher pratiquement du Père. Mais si l’accès est par l’Esprit, alors il est évident qu’il n’y a pas place pour la chair. L’Esprit exclut la chair sous toutes ses formes. Nous n’accédons pas au Père par des édifices, des rituels, des orgues, des chœurs ou une classe spéciale d’hommes. Tous ces moyens charnels qui impressionnent tant l’homme naturel, sont en réalité des obstacles puissants contre tout accès auprès du Père. C’est par l’Esprit, mais plus encore, c’est par « un seul Esprit » ; en conséquence, en présence du Père, tout est dans un accord complet. Comme le dit justement un cantique : « Il n’y aura pas là de son discordant ».
Les réunions d’assemblée fades et de bas niveau ne viennent-elles pas du fait solennel que nous avons osé amener la chair non jugée dans la présence du Seigneur ? Ou encore, des réunions autrement heureuses sont soudain troublées par un cantique inadapté ou par un ministère hors de saison : c’est parce que nous ne sommes pas tous conduits par un seul Esprit. Je ne parle pas pour remplir qui que ce soit d’une peur maladive d’introduire quelque chose qui éteindrait l’Esprit et réduirait au silence. Au contraire, que ceux-là se souviennent que leur silence peut être autant une intrusion de la chair que la précipitation des autres. Que tous se jugent eux-mêmes, et viennent ainsi en présence du Seigneur. Alors l’Esprit sera effectivement libre de donner accès auprès du Père.
4.6 - [Deux autres vérités : l’Assemblée comme temple saint et comme habitation de Dieu, 2:19-22]
Jusqu’à présent, nous avons considéré l’Assemblée comme le Corps de Christ ; mais dans les voies de Dieu sur la terre, l’Assemblée est considérée sous d’autres aspects, dont deux nous sont présentés dans les derniers versets du chapitre (2:19-22). Premièrement, l’Assemblée est considérée comme croissant pour être « un Temple saint dans le Seigneur » ; deuxièmement, comme « une Habitation de Dieu ».
Sous le premier aspect, l’Assemblée est comparée à un édifice qui croit progressivement pour devenir un temple saint dans le Seigneur. Les apôtres et les prophètes forment le fondement, Christ lui-même est la pierre angulaire principale [maitresse pierre du coin]. Durant toute la dispensation chrétienne, des croyants sont ajoutés pierre par pierre jusqu’à ce que le dernier croyant soit inséré dans l’édifice, et que cet édifice étant achevé, il soit manifesté en gloire. C’est l’édifice dont le Seigneur dit en Matthieu 16 : « Je bâtirai mon assemblée, et les portes du hadès ne prévaudront pas contre elle ». Christ est le bâtisseur, non pas l’homme. C’est pourquoi tout est parfait, et il n’y a que des pierres vivantes dans cette sainte structure. Pierre nous donne la signification spirituelle de cet édifice lorsqu’il nous dit que les pierres vivantes sont édifiées une Maison spirituelle « pour offrir des sacrifices spirituels à Dieu », d’une part, et pour « annoncer les vertus » de Dieu, d’autre part (1 Pierre 2:5, 9). En Apoc. 21, Jean voit une vision de l’édifice achevé descendant du ciel d’auprès de Dieu et rayonnant de la gloire de Dieu. En effet c’est de ce glorieux édifice que des sacrifices continuels de louange s’élèveront alors vers Dieu, et qu’un témoignage parfait des vertus excellentes de Dieu jaillira vers l’homme.
Puis l’apôtre, continuant avec la figure d’un édifice, présente un autre aspect de l’Assemblée (2:22). Il ne considère plus les saints comme édifiés en un Temple en croissance, mais qu’ils forment une Maison déjà complète pour être une Habitation de Dieu par l’Esprit. Tous les croyants sur la terre à un moment donné sont considérés comme formant l’Habitation de Dieu. Mais l’apôtre ne se contente pas de dire « vous êtes une Habitation », mais « vous êtes édifiés ensemble pour être une Habitation ». C’est-à-dire que l’Habitation est formée de croyants Juifs et Gentils « édifiés ensemble ». La demeure de Dieu est marquée par la lumière et l’amour ; c’est pourquoi, quand l’apôtre arrive à la partie pratique de l’épître, il nous exhorte comme de chers enfants à « marcher dans l’amour » et à « marcher comme des enfants de lumière » (Éph 5:2, 8). La Maison de Dieu est donc un lieu de bénédiction et de témoignage : un lieu où les saints sont bénis de la faveur et de l’amour de Dieu ; et ainsi bénis, ils deviennent un témoignage pour le monde qui les entoure. Dans les Éphésiens, l’Habitation de Dieu est présentée selon les pensées de Dieu, en conséquence de quoi seul ce qui est réellement de Dieu est envisagé. D’autres passages de l’Écriture montrent comment l’Habitation s’est malheureusement corrompue entre nos mains, jusqu’à ce que, finalement, nous lisions que le jugement doit commencer par la Maison de Dieu (1 Pierre 4:17).
Ainsi, dans ce chapitre, nous avons une triple présentation de l’Assemblée. L’Assemblée est considérée comme le Corps de Christ, composé de croyants Juifs et Gentils unis à Christ dans la gloire, formant ainsi un seul Homme Nouveau pour le déploiement de tout ce que Christ est comme Homme ressuscité, Tête sur toutes choses. Car rappelons-nous que l’Assemblée n’est pas seulement « un seul Corps », mais elle est « Son Corps », comme nous lisons : « l’assemblée qui est Son Corps » (Éph. 1:23). Et en tant que Son corps, elle est Sa « plénitude ». Elle est remplie de tout ce qu’Il est pour exprimer tout ce qu’Il est. L’Assemblée — Son Corps — doit être l’expression de Sa pensée, tout comme notre corps fournit l’expression de ce qui est dans nos pensées.
Ensuite l’Assemblée est un Temple en croissance composé de tous les saints de toute la période chrétienne dans laquelle les sacrifices de louange s’élèvent vers Dieu et les vertus excellentes de Dieu sont manifestées aux hommes.
Enfin, l’Assemblée est considérée comme un édifice complet sur la terre, composé de tous les saints à un moment donné, formant l’Habitation de Dieu pour bénir Son peuple et témoigner au monde.
Nous avons vu l’Assemblée selon les conseils de Dieu dans la première partie de l’épître aux Éphésiens (ch. 1 et 2:1-10). Nous avons aussi vu l’Assemblée dans les voies de Dieu sur la terre en Éph. 2:11-22. Arrivés au ch. 3, l’Assemblée est présentée en relation avec l’administration de Paul. Le chapitre entier est une parenthèse. Éph. 2 présente la doctrine de l’Assemblée ; Éph. 4 donne les exhortations pratiques basées sur la doctrine. Entre la doctrine et les exhortations, il y a cette importante digression du ch. 3 dans laquelle l’Esprit Saint présente l’administration spéciale, ou service confié à Paul en relation avec la vérité de l’Assemblée.
En rapport avec ce service, nous apprenons que c’est l’insistance sur la vérité de l’Assemblée qui a amené l’apôtre dans les murs d’une prison. Cette grande vérité a suscité la haine et l’hostilité particulières des Juifs dans la mesure où non seulement elle considérait les Juifs et les Gentils dans la même position devant Dieu — morts dans leurs fautes et dans leurs péchés — mais elle refusait complètement d’élever les Juifs dans une position de bénédiction supérieure à celle des Gentils.
Il nous est dit alors par quel moyen l’apôtre a acquis sa connaissance de la vérité du mystère. Ce n’a pas été par des communications des hommes, mais par une révélation directe de Dieu : « comment, par révélation, le mystère m’a été donné à connaître ». Ceci répond à une grande difficulté en rapport avec la vérité du mystère. Quand Paul prêchait l’Évangile dans les synagogues juives, il faisait invariablement appel aux Écritures (voir Actes 13:27, 29, 32, 35, 47 ; Actes 17:2), et les Juifs de Bérée sont expressément recommandés du fait qu’ils sondaient les Écritures pour voir si la parole prêchée par Paul leur était conformes (Actes 17:11). Mais quand l’apôtre développait la vérité de l’Assemblée, il ne pouvait plus faire appel à l’Ancien Testament comme confirmation. Il aurait été inutile pour ses auditeurs de chercher dans les Écritures pour voir si les choses étaient ainsi. L’incrédulité des Juifs leur rendait difficile d’accepter bien des vérités pourtant présentes dans leurs Écritures ; un exemple en est Nicodème qui ne parvenait pas à saisir la vérité de la nouvelle naissance (Jean 3). Mais accepter quelque chose qui n’y était pas, quelque chose qui mettait de côté tout le système Juif qui s’y trouvait, et qui avait existé avec l’approbation de Dieu pendant des siècles, — voilà qui était une difficulté insurmontable pour les Juifs comme tels.
Beaucoup de chrétiens n’arrivent guère à apprécier cette difficulté dans la mesure où la vérité de l’Assemblée est largement obscurcie dans leur esprit, voire totalement perdue. Considérant l’Assemblée comme l’ensemble de tous les croyants de tous les temps, ils n’ont aucune difficulté à trouver dans l’Ancien Testament ce qu’ils croient être l’Assemblée. Cela a été la pensée d’hommes pieux comme le prouvent les titres qu’ils ont donnés à de nombreux chapitres de l’Ancien Testament dans la Version Autorisée anglaise (KJV). Acceptons cependant la vérité de l’Assemblée, telle qu’elle est développée dans l’épître aux Éphésiens, et nous nous rendrons tout de suite compte que cette difficulté ne peut être surmontée qu’en reconnaissant le fait que la vérité de l’Assemblée est une révélation entièrement nouvelle.
Cette grande vérité que Paul avait reçue par révélation est qualifiée de « mystère », et elle est désignée au v. 4 (3:4) comme « le mystère du Christ ». En utilisant le terme mystère, Paul ne cherche pas à donner l’idée de quelque chose de mystérieux, dans le sens purement humain du mot. Dans l’Écriture, un mystère est quelque chose qui a été gardé secret auparavant, qui ne pouvait être connu que par la révélation, et qui, une fois révélé, ne peut être saisi que par la foi. L’apôtre explique ensuite que ce mystère n’a pas été donné à connaître aux fils des hommes dans l’Ancien Testament, mais qu’il est maintenant donné à connaître par révélation aux « saints apôtres et prophètes par l’Esprit » (2:5). Les prophètes dont il parle ne sont manifestement pas des prophètes de l’Ancien Testament, pas plus que ceux d’Éph. 2:20. Dans les deux cas, l’ordre est « apôtres et prophètes », non pas « prophètes et apôtres », comme on pourrait s’y attendre s’il était fait référence aux prophètes de l’Ancien Testament. De plus, l’apôtre parle de ce qui est révélé « maintenant », contrairement à ce qui était révélé auparavant.
Quel est donc ce mystère ? Ce n’est certainement pas l’Évangile, car il n’était pas caché dans les siècles précédents. L’Ancien Testament est plein d’allusions à la grâce de Dieu et au Sauveur à venir, quoique ces révélations n’étaient guère comprises. Il nous est dit clairement au v. 6 que cette nouvelle révélation est que « les nations seraient cohéritières et d’un même corps et coparticipantes de sa promesse dans le christ Jésus, par l’évangile ». Les Gentils sont faits cohéritiers avec les Juifs, non pas dans le royaume terrestre de Christ, mais dans cet héritage beaucoup plus grand décrit en Éph. 1 qui inclut à la fois les choses du ciel et celles de la terre. Et plus encore, les croyants Gentils sont formés avec les croyants Juifs en un même corps dont Christ est la Tête dans le Ciel. De plus, ils participent ensemble à la promesse de Dieu dans le Christ Jésus. Les Gentils ne sont pas élevés au niveau des Juifs sur la terre, ni les Juifs abaissés au niveau des Gentils. Tous deux sont retirés de leur ancienne position et élevés à un niveau immensément plus élevé, unis l’un à l’autre sur une base entièrement nouvelle et céleste en Christ. Et tout cela est rendu possible par l’Évangile qui s’adresse à la fois aux deux sur un niveau commun de culpabilité et de ruine totale. Les trois grands faits mentionnés dans ce v. 6 sont développés en Éph. 1. La promesse en Christ inclut toutes les bénédictions déployées dans les sept premiers versets de ce ch. 1 ; l’héritage est ouvert devant nous dans les v. 8-21, et le « même [seul] corps » dans les v. 22 et 23.
Le mystère peut ainsi être énoncé brièvement dans le cadre d’un seul verset (3:6), mais pour s’emparer de la grandeur de la vérité et de tout ce qu’elle implique, il faut un très profond exercice spirituel. Quelqu’un a dit : « Il est merveilleux (étonnant) que les chrétiens soient si lents à comprendre l’ampleur des conseils de Dieu… En général, nous sommes obligés d’être beaucoup plus occupés des détails de la vie chrétienne que des grands principes de cette vie ». Dans la contemplation du mystère, nous sommes ramenés avant la fondation du monde pour trouver sa source dans le cœur du Père. Là, tout a été conçu selon Son bon plaisir. Là aussi, ce grand mystère est resté caché en Dieu tout au long des âges, jusqu’à ce que, dans les voies de Dieu, les choses aient mûri pour que le moment soit venu de le révéler. Avant que ce moment ne soit atteint, de grands événements devaient se produire : le monde devait être testé et démontré comme étant un monde complètement ruiné ; Christ devait être manifesté en chair et Son œuvre de rédemption accomplie ; Il devait ressusciter d’entre les morts et s’asseoir dans la gloire ; enfin, le Saint Esprit devait venir sur la terre.
La présence de Christ sur la terre a été la dernière et la plus grande épreuve de l’homme. Demeurant parmi les hommes, plein de grâce et de vérité, Il « allait de lieu en lieu faisant du bien » (Actes 10:38). De toutes parts, Il manifestait une puissance capable de soulager l’homme de tous les maux possibles, qu’il s’agisse du péché, de la maladie, de la mort ou du diable. De plus, avec un cœur rempli de compassion, Il manifestait une grâce qui utilisait Sa puissance en faveur des hommes pécheurs. Par conséquent, toute cette manifestation de la bonté divine n’a fait que mettre en lumière la haine absolue de l’homme pour la bonté parfaite de Dieu. Ce fut la démonstration finale de la ruine complète de l’homme, Juif ou Gentil. Les Juifs, rejetant catégoriquement le Messie promis dès longtemps, scellèrent leur sort en disant : « Nous n’avons d’autre roi que César » (Jean 19:15). C’était l’apostasie. Les Gentils ont prouvé leur ruine totale en utilisant le gouvernement que Dieu avait mis entre leurs mains pour condamner le Fils de Dieu après l’avoir judiciairement déclaré innocent. La croix était la réponse de l’homme à l’amour de Dieu — la preuve finale que non seulement l’homme est pécheur, mais qu’il est un pécheur ruiné sans aucun espoir de guérison en lui-même. Qu’arriva-t-il ? Christ que le monde a rejeté est monté dans la gloire, et le monde est tombé sous le jugement. La lumière du monde a été ôtée et le monde a été laissé dans les ténèbres. Le Prince de la vie a été mis à mort, et le monde a été laissé dans la mort. La mort et les ténèbres couvrent toute la scène ; Juifs et Gentils sont pareillement morts dans leurs fautes et leurs péchés vis-à-vis de Dieu.
N’y a-t-il donc plus d’espoir pour un monde en ruine ? Le monde doit-il courir vers le jugement avec son vaste chargement d’âmes ruinées ? L’homme a-t-il été vaincu par le péché et la mort ? Le diable a-t-il déjoué les desseins de Dieu, englobé l’homme dans une ruine sans espoir et triomphé de tout ? En ce qui concerne l’homme, il n’y a qu’une seule réponse : Tout est ruiné, irrémédiablement ruiné. La croix prouve qu’il ne s’agit pas d’un monde mourant, mais d’un monde mort, car « nous avons jugé ceci, que si un est mort pour tous, tous donc sont morts » (2 Cor. 5:14). Mais dans cette crise suprême, quand la fin du monde est atteinte et que son histoire terrible de péché se clôt par la mort, alors Dieu revient à Ses conseils éternels, agit selon Son bon plaisir, et au temps voulu révèle les secrets de Son cœur. Si le monde est mort, Dieu vit, et le Dieu vivant agit selon Ses conseils. Le monde avait mis le Christ de Dieu sur une croix de honte : Dieu ressuscite Christ d’entre les morts et Le place sur un trône de gloire ; au temps voulu, le grand jour de la Pentecôte, l’Esprit de Dieu est venu dans le monde d’auprès de Christ glorifié. Il était prodigieux le temps où la terre était désolation et vide, où les ténèbres étaient sur la face de l’abîme et où l’Esprit de Dieu planait sur la face des eaux (Gen. 1) ; mais bien plus merveilleux a été le jour où l’Esprit de Dieu est venu dans un monde qui s’était ruiné en chassant la lumière du monde et en mettant à mort le Prince de la vie. Ne pouvons-nous pas dire qu’une fois de plus « les ténèbres étaient sur la face de l’abîme », et qu’une fois de plus « l’Esprit de Dieu planait sur la face des eaux » ? Dieu a commencé une nouvelle œuvre de création basée, non pas sur un homme mourant, mais sur « Christ, le Fils du Dieu vivant » — le commencement de la Création de Dieu (Apoc. 3:14).
Au milieu d’un monde de Juifs apostats et de Gentils impies, Dieu appelle une grande compagnie d’âmes vivifiées, rachetées par le sang et pardonnées selon les richesses de Sa grâce ; et non seulement Il les appelle hors d’un monde ruiné, mais Il les unit en un seul Corps avec Christ leur Tête dans le ciel. Ils ne sont pas du monde d’où Christ a été rejeté, comme Il n’est pas du monde (Jean 17:16), mais ils appartiennent au Ciel où Christ est assis, leur Tête ressuscitée et exaltée. De plus, ils seront associés à Christ dans Son glorieux héritage quand Il aura la domination sur tout l’univers créé de Dieu, qu’il s’agisse des choses dans les cieux ou sur la terre.
Tel est donc ce grand mystère qui, en d’autres temps, n’avait pas été révélé aux fils des hommes, mais qui a été maintenant révélé à Ses saints apôtres et prophètes par l’Esprit, et qui nous a été communiqué par le ministère de l’apôtre Paul. Car l’apôtre nous dit qu’il a été fait serviteur (ou ministre, administrateur) de cette grande vérité (3:7). Ce n’est pas qu’elle n’ait pas été révélée aux autres apôtres — Paul nous dit qu’elle l’a été — mais c’est à lui qu’a été confié le service spécial d’administrer cette vérité aux saints. C’est pourquoi ce n’est que dans les épîtres de Paul que nous trouvons un déploiement de ce mystère. La grâce de Dieu a donné ce ministère à l’apôtre (3:7b), et la puissance de Dieu lui a donné la capacité de faire usage de ce don de grâce (3:7c). Les dons de Dieu ne peuvent être utilisés que dans la puissance de Dieu.
De plus, l’apôtre nous dit l’effet que cette grande vérité a eu sur lui-même (3:8). En présence de la grandeur de la grâce de Dieu, il voit qu’il est le premier des pécheurs (1 Tim. 1.15) ; en présence de l’immense panorama des bénédictions déployées par le mystère, il sent qu’il est moins que le moindre de tous les saints (3:8). Plus les gloires qui s’ouvrent à notre vision sont grandes, plus nous devenons petits à nos propres yeux. L’homme qui a eu la plus grande compréhension de ce grand mystère dans toute son étendue, était l’homme qui reconnaissait qu’il était moins que le moindre de tous les saints.
Pour accomplir son ministère, l’apôtre prêchait parmi les nations les richesses insondables de Christ (3:8). Paul n’a pas seulement proclamé la ruine irrémédiable de l’homme, mais aussi les richesses insondables de Christ, des richesses au-delà de toute supputation humaine, et qui comportent des bénédictions sans aucune limite. Si nous pouvions sonder jusqu’à la fin Ses richesses, nous n’atteindrions pas la limite des bénédictions que ces richesses nous accordent.
La prédication de l’Évangile [3:8b] était cependant en vue de la seconde partie du service de Paul : mettre en lumière devant tous quelle est « l’administration du mystère » (3:9). Non pas simplement mettre en lumière devant tous la vérité du mystère, mais la manière dont il est administré : montrer à tous les hommes comment le conseil de Dieu d’éternité en éternité est réalisé dans le temps par la formation de l’Assemblée sur la terre, et ainsi mettre en lumière en public ce qui a été jusqu’alors caché en Dieu depuis le commencement du monde.
Mais il y a plus encore. Non seulement Dieu voudrait que tous les hommes soient éclairés sur la formation de l’Assemblée sur la terre, mais Il a l’intention que maintenant tous les êtres célestes apprennent la sagesse si diverse de Dieu par le moyen de l’Assemblée. Ces êtres célestes avaient vu la création sortir toute nouvelle des mains de Dieu ; et voyant Sa sagesse dans la création, ils chantaient de joie (Job 38:7). Maintenant dans la formation de l’Assemblée, ils voient « la sagesse si diverse de Dieu » (3:10). La création était l’expression la plus parfaite de la sagesse créatrice ; mais dans la formation de l’Assemblée, la sagesse de Dieu se manifeste sous toutes ses formes. Avant que l’Assemblée soit formée, il fallait que la gloire de Dieu soit revendiquée, que les besoins de l’homme soient satisfaits, que le péché soit ôté, que la mort soit abolie, et la puissance de Satan annulée. Il fallait encore que la barrière entre Juifs et Gentils (nations) soit ôtée, que le ciel soit ouvert, que Christ soit assis comme Homme dans la gloire, que le Saint Esprit vienne sur la terre et que l’Évangile soit prêché. Tout cela, et plus encore, est impliqué dans la formation de l’Assemblée, et ces divers objectifs ne pouvaient être atteints que par le déploiement de la sagesse si diverse de Dieu, non seulement dans une direction, mais dans toutes les directions. Ainsi, l’Assemblée sur la terre est devenue le livre de leçons des êtres célestes et angéliques. La faillite de l’Assemblée dans ses responsabilités n’a pas modifié le fait que, dans l’Assemblée, les anges apprennent cette leçon. Au contraire, elle ne fait que manifester davantage la merveilleuse sagesse qui, s’élevant au-dessus de tous les manquements de l’homme, surmontant tous les obstacles, arrive finalement à conduire l’Assemblée dans la gloire « selon le propos des siècles (ou : éternel), lequel Il a établi dans le christ Jésus notre Seigneur » (3:11).
Dans les versets suivants (12 et 13), l’apôtre se détourne du déploiement du mystère pour donner un bref aperçu de son effet pratique. Ces merveilles ne sont pas déployées à notre vue simplement pour être admirées, aussi admirables soient-elles, car comme l’a dit David de la Maison de Dieu, elle est « très grande en renom et en beauté » (1 Chr. 22:5). Il est tout aussi vrai que le mystère a un caractère extrêmement pratique, et ces deux versets font voir l’effet du mystère lorsqu’on le comprend correctement et qu’on agit en s’y conformant. C’est une vérité qui nous fera nous sentir comme chez nous dans le monde de Dieu, mais qui nous mettra dehors quant au monde de l’homme. De même qu’une fois chassé par le monde religieux, l’aveugle de Jean 9 s’est trouvé en présence du Fils de Dieu, ainsi Paul a eu accès au palais du Ciel (3:12), mais sur la terre il s’est trouvé en prison (3:1,13). Le Christ Jésus, Celui par qui tous ces desseins éternels seront accomplis, est Celui par qui nous avons accès par la foi auprès du Père. Si en Christ nous allons être placés devant Dieu saints et irréprochables en amour, alors nous avons en Christ déjà maintenant accès auprès du Père en pleine liberté et confiance. Cette grande vérité nous fait nous sentir comme chez nous en présence du Père. Mais dans le monde, cela conduit à de la tribulation. C’est ce que Paul a éprouvé, mais il dit : « je [vous] prie de ne pas perdre courage à cause de mes afflictions pour vous » (3:13). Accepter la vérité du mystère, marcher à sa lumière, nous mettra immédiatement hors du train de ce monde et, surtout, hors du monde religieux. Agissons selon cette vérité et nous rencontrerons aussitôt l’opposition du monde religieux. Ce sera pour nous, comme ce fut pour Paul, une lutte continuelle, et surtout avec tous ceux qui judaïsent.
Et cela est inévitable, car ces grandes vérités sapent complètement la constitution mondaine de tout système religieux créé par l’homme. La vérité du mystère, avec la connaissance dont Paul a cherché à éclairer tous les hommes, est-elle proclamée dans les chaires de la chrétienté, dans les conférences de sainteté ou dans les tribunes évangéliques ? La vérité du mystère impliquant la ruine totale de l’homme, le rejet total de Christ par le monde, le fait que Christ siège dans la gloire et la présence du Saint-Esprit sur la terre, la séparation du croyant d’avec le monde et l’appel des saints au ciel — toute cette grande vérité du mystère est-elle proclamée ou s’y conforme-t-on dans les églises nationales et les dénominations religieuses de la chrétienté ? Non, elle n’a pas sa place dans leurs credo, leurs prières ou leur enseignement. Pis que cela, elle est niée par leurs constitutions mêmes, leurs enseignements et leurs pratiques.
Mais si c’est le cas, nous avons une ressource. Nous pouvons prier, et ces deux versets (12 et 13) conduisent donc tout naturellement à la prière de l’apôtre qui termine le chapitre. Si nous avons pleine liberté et accès en confiance, alors nous pouvons
prier. Si nous sommes confrontés à des tribulations, alors nous devons
prier. De sorte qu’en présence du service spécial confié à Paul pour l’administration de la vérité, et en face de la tribulation que ce service implique, il n’y a qu’une seule ressource, celle de ployer les genoux devant le Père de notre Seigneur Jésus Christ.
La prière d’Éph. 1 était adressée au « Dieu de notre seigneur Jésus-Christ ». Christ y est vu comme un Homme en relation avec Dieu ; et en partant de Christ établi sur toutes choses, nos regards descendent vers l’héritage déployé dans toute sa vaste étendue de gloire.
Ici au ch. 3, la prière s’adresse au « Père de notre seigneur Jésus-Christ », et Christ est vu comme le Fils en relation avec le Père, et au lieu de regarder d’en haut vers l’héritage en bas
, nos regards vont d’en bas vers les Personnes divines
.
La demande de la prière du ch.1 est que nous connaissions
Mais la prière du ch. 3
Car l’apôtre prie ici au ch. 3,
Afin que ces demandes soient exaucées, l’apôtre prie pour qu’il y ait une œuvre spéciale de l’Esprit Saint dans l’homme intérieur (3:16). Dans la première prière, la puissance est envers nous (1:19) ; ici la puissance opère en nous (3:16). Là, c’était l’illumination des yeux pour voir l’héritage (1:18) ; ici, c’est une œuvre dans le cœur pour comprendre l’amour (3:18,19). Pour entrer dans les choses profondes de Dieu, nous devons être enracinés et fondés dans l’amour (3:18). Être enracinés et fondés dans la connaissance des écoles ne sert à rien pour apprendre les mystères de Dieu. Nous touchons ici à un domaine qui dépasse l’esprit de l’homme. Nous sommes en contact avec des choses que l’œil n’a pas vues, que l’oreille n’a pas entendues, qui ne sont pas montées au cœur de l’homme (1 Cor. 2:9-10), des choses que Dieu seul peut enseigner par nos affections. Ainsi, lorsque le Christ habite par la foi dans nos cœurs (3:17), et que nous sommes enracinés et fondés dans l’amour (3:18), alors nous sommes capables de comprendre avec tous les saints quelle est la largeur, la longueur, la profondeur et la hauteur (3:18). L’apôtre ne dit pas exactement à quoi se réfèrent ces termes, mais n’a-t-il pas en vue les conseils infinis de Dieu, longtemps cachés, mais maintenant enfin révélés dans le mystère ? Ce sont des choses qu’on peut comprendre, mais il y a ce qui surpasse toute connaissance : l’amour de Christ (3:19). On peut en jouir parfaitement, mais nous n’en atteindrons jamais le bout et nous n’en sonderons jamais les profondeurs.
Ici, nous sommes lancés sur une mer sans rivage dont la profondeur n’a jamais été sondée. Dans la connaissance de cet amour, nous serons remplis de toute la plénitude de Dieu. La « plénitude de Dieu » est ce dont Dieu est rempli. Christ est la plénitude de Dieu, comme nous lisons : « en Lui habite toute la plénitude de la Déité corporellement » (Col. 2:9). L’Assemblée est la plénitude de Christ — « la plénitude de Celui qui remplit tout en tous » (Éph.1:23). Seul Dieu peut conduire nos cœurs dans la connaissance de l’amour de Christ et ainsi nous remplir de Sa plénitude. Car Il est capable de faire infiniment plus que tout ce que nous demandons ou pensons, selon la puissance qui opère en nous (3:20). Ce n’est pas faire des choses pour
nous, aussi vrai que cela puisse être, mais ici il s’agit de faire une œuvre en
nous. L’apôtre ne parle pas de nos circonstances et de nos besoins quotidiens ni de tout ce que Sa miséricorde peut faire pour nous ; il parle de ce vaste univers de bénédiction dans lequel Il peut conduire nos âmes par une œuvre en nous.
L’apôtre ne dit pas non plus : « plus que tout ce que nous pouvons
demander ou penser », selon que le verset est parfois cité incorrectement. Quelqu’un a dit : « Il y a une grande différence entre ce que nous demandons et pensons, et ce que nous pouvons
demander et penser. Il n’y a pas de limite à ce que nous avons le droit de demander ». Nous ne pouvons pas non plus limiter ce que Dieu peut faire dans les saints pour leur bénédiction et Sa gloire.
Cela conduit l’apôtre à terminer par un éclat de louange : « à lui gloire dans l’assemblée dans le Christ Jésus, pour toutes les générations du siècle des siècles ! Amen ». C’était le grand privilège de Paul d’administrer le mystère dans le temps, mais, dit Paul, qu’il soit à la gloire de Dieu durant toute l’éternité. Conçu dans l’éternité avant la fondation du monde, le mystère existera à la gloire de Dieu durant toute l’éternité, quand le monde ne sera plus.
Il y a deux aspects principaux sous lesquels l’Assemblée est considérée dans le Nouveau Testament : l’un comme le Corps de Christ, l’autre comme la Maison de Dieu.
Lorsque l’Assemblée est considérée sous le premier aspect, elle est composée de tous les croyants sur la terre formés en un seul Corps et unis à une (seule) Tête dans le Ciel par le baptême du Saint-Esprit (1 Cor. 12:12-13 ; Col. 1:18). — Quand l’Assemblée est considérée comme la Maison de Dieu selon la pensée de Dieu, elle est composée de croyants Juifs et Gentils édifiés ensemble pour être une habitation de Dieu par l’Esprit (Éph. 2:22).
Le seul Corps présente l’aspect céleste de l’Assemblée. Les croyants sont constitués en un peuple céleste en raison de leur union avec Christ au Ciel en tant que Tête du Corps. La Maison de Dieu, par contre, présente toujours l’Assemblée en relation avec la terre.
La formation et le maintien du seul Corps ne relèvent pas de la responsabilité de l’homme, et donc ce qui n’a pas de réalité (comme vrais membres du Corps) n’a pas de part dans le seul Corps. Il est vrai que tous les croyants sont responsables de maintenir la vérité du seul Corps et de marcher selon sa lumière, et en cela nous avons gravement failli ; mais le seul Corps lui-même est formé seulement de vrais croyants et par le Saint-Esprit.
La Maison de Dieu, de son côté, a été placée sous la responsabilité de l’homme et, comme toujours, l’homme est défaillant ; c’est ainsi que des matériaux sans valeur ont été apportés dans la Maison de Dieu, ce qui a conduit l’apôtre Pierre à déclarer solennellement que « le jugement doit commencer par la Maison de Dieu » (1 Pierre 4:17).
Cependant avant de nous faire une idée juste de nos responsabilités en rapport avec la Maison de Dieu ou d’évaluer l’étendue de notre faillite dans l’exercice de ces responsabilités, il est essentiel d’avoir clairement à l’esprit la Maison de Dieu selon le dessein originel de Dieu. Pour cela, il faut se tourner vers la Parole de Dieu. L’état de corruption de la chrétienté ne permet pas d’apprendre à partir de celle-ci le dessein original de l’Architecte Divin d’avoir une Maison sur la terre.
Quand on se tourne vers l’Écriture, on est tout de suite confronté au fait que la Maison de Dieu occupe une très grande place à la fois dans l’Ancien et dans le Nouveau Testament. La première mention de ce sujet se trouve en Genèse 28, la dernière en Apocalypse 21. Du premier au dernier livre, de la création actuelle dans le temps jusqu’au nouveau ciel et à la nouvelle terre dans l’éternité, la Maison de Dieu est un des grands objets immuables dans la pensée de Dieu.
Il est vrai que la composition de la Maison varie beaucoup selon l’époque. Dans l’Ancien Testament, elle était formée de planches et de rideaux, et plus tard de pierres matérielles. Aujourd’hui, dans le dessein de Dieu, la Maison est composée de « pierres vivantes ». Mais bien que sa composition varie, le but de la Maison demeure le même. Quelle que soit sa forme, le but est toujours de constituer une demeure pour Dieu. Salomon exprime cette pensée lorsqu’il dit : « Mais moi j’ai bâti une maison d’habitation pour toi, un lieu fixe pour que tu y demeures à toujours » (2 Chr. 6:2). Dieu, pour la satisfaction de Son propre cœur, a déterminé d’habiter avec les hommes.
Il est cependant évident que la Maison de Dieu doit avoir certaines caractéristiques. Quelle que soit sa forme, elle doit nécessairement être convenable pour Dieu. La première Épître à Timothée a été spécialement écrite pour donner des instructions quant au comportement qui convient à la Maison de Dieu (1 Tim. 3:15). Mais pour avoir un bon comportement, il est essentiel que nous sachions les caractéristiques de la Maison de Dieu.
La sainteté est la première grande caractéristique, comme nous lisons dans le Psaume 93:5: « La sainteté sied à ta maison, ô Éternel ! pour de longs jours ». Nous lisons aussi en Ézéchiel 43:12: « C’est ici la loi de la maison : sur la cime de la montagne, toutes ses limites tout à l’entour sont un lieu très-saint. Voici, telle est la loi de la maison ». La sainteté est donc la première loi de la Maison. En accord avec cela, Timothée devait enjoindre à ceux qui formaient la Maison de Dieu de maintenir « l’amour qui procède d’un cœur pur et d’une bonne conscience et d’une foi sincère » et, en outre, de refuser toute conduite contraire au sain enseignement (1 Tim. 1:5-10).
De plus, la Maison de Dieu doit être marquée par la dépendance vis-à-vis de Dieu. La prière y occupe donc une grande place, car la prière est l’expression de la dépendance à l’égard de Dieu. C’est pourquoi nous lisons : « Je veux que les hommes prient en tout lieu, élevant des mains saintes » (1 Tim. 2.8). Tous ceux qui sont dans la Maison de Dieu doivent dépendre du Dieu qui y habite.
De plus, une autre grande caractéristique est la soumission à l’autorité. Dans la Maison de Dieu, la femme doit apprendre dans la soumission et non usurper l’autorité sur l’homme (1 Tim. 2:11, 12).
Enfin, la maison est marquée par la surveillance et les soins. La surveillance est pour le bien-être spirituel des âmes (1 Tim. 3:1-7), et les soins sont vis à vis des besoins temporels des corps des hommes (1 Tim. 3:8-13).
Le monde est marqué par l’impureté, l’indépendance, la révolte contre toute autorité, l’absence de surveillance spirituelle et de soins appropriés pour les corps des hommes ; mais dans la Maison de Dieu, des conditions totalement opposées doivent prévaloir. Là, selon la pensée de Dieu, la sainteté doit être maintenue ; tout et tous doivent y être dans la dépendance de Dieu ; tout et tous doivent y être dans la soumission à l’autorité que Dieu a ordonnée ; et là les âmes sont nourries et les corps sont soignés.
Voilà donc quelques-unes des principales caractéristiques : sainteté, dépendance, soumission, surveillance et soins. De plus, ces caractéristiques sont nécessaires pour que le dessein de Dieu dans Sa Maison soit dûment accompli.
Quel est donc le grand dessein que Dieu a à cœur dans Son habitation parmi les hommes ? Premièrement, si Dieu a une demeure parmi les hommes, c’est pour y être connu en bénédiction pour les hommes. Deuxièmement, si l’homme est béni, c’est pour que Dieu soit loué. Voilà les deux grands buts visés en rapport avec la Maison de Dieu : Dieu donné à connaître à l’homme en bénédiction afin que l’homme se tourne vers Dieu en louange.
Sachant quel est le dessein de Dieu, il devient très clair que le privilège et la responsabilité de ceux qui ont part à la Maison de Dieu, c’est d’être une expression de ce qu’est Dieu et de Le louer. Ces principes directeurs sont très bien présentés dans le premier passage de l’Écriture qui parle de la Maison de Dieu, à savoir Gen. 28:10-22. C’est là que Jacob, le vagabond sans domicile, a une vision de la Maison de Dieu, et tout de suite nous voyons défiler le dessein de Dieu et la responsabilité de l’homme par rapport à la Maison de Dieu.
Dieu se révèle à Jacob comme Celui qui est déterminé à bénir l’homme en grâce souveraine. Dieu dit : « toutes les familles de la terre seront bénies en toi et en ta semence ». De plus, ce que Dieu a promis, Il l’accomplira. Il est fidèle à Sa parole. « Car je ne t’abandonnerai pas jusqu’à ce que j’aie fait ce que je t’ai dit ».
Alors, de notre côté, nous avons la double responsabilité de l’homme. Jacob dit : « Ce n’est autre chose que la maison de Dieu, et c’est ici la porte des cieux ». Il dressa alors une « stèle, et versa de l’huile sur son sommet ».
La porte présente la pensée de l’accès au Ciel. Par la porte, nous pouvons entrer en contact avec le Ciel pour la louange et la prière. Il est clair que cette porte n’est pas dans un lieu lointain au-delà des bouts de la terre. La porte du Ciel est toujours sur la terre, et nous avons à nous servir de cette porte tant que nous sommes ici sur la terre.
La stèle, comme nous le savons par l’histoire de la séparation de Jacob d’avec Laban, porte en elle la pensée du témoignage (Gen. 31:52). Nous avons donc notre double responsabilité à l’égard de la Maison. D’une part, s’approcher de Dieu dans la prière et la louange, d’autre part, s’approcher de l’homme comme témoins de Dieu — un témoignage qui ne peut s’accomplir que dans la puissance de l’Esprit, comme l’indique la stèle avec l’huile versée dessus.
Passant à 2 Chroniques 6, nous voyons de nouveau la présentation du dessein de Dieu et de la responsabilité de l’homme ; l’occasion en est la dédicace de la maison construite par le roi Salomon. Nous y voyons d’abord le lieu où Dieu se présente en bénédiction pour l’homme. Le roi, représentant l’attitude de Dieu envers l’homme, « tourna sa face, et bénit toute la congrégation d’Israël » (6:3). De plus, le roi rend témoignage à la fidélité de Dieu à Sa parole : « l’Éternel a accompli sa parole, qu’il a prononcée » (6:10, et aussi 6:4, 15).
Ensuite, du côté de la responsabilité et du privilège de l’homme, nous voyons que le temple de Salomon devient la porte du Ciel. Neuf fois le roi demande que la prière vers ce lieu puisse être entendue dans le ciel. La Maison devient la porte d’accès au Ciel (6:21-40).
Enfin, la maison que Salomon construisit devait, comme la stèle de Jacob, être un témoignage rendu à Dieu parmi toutes les nations de la terre, comme il le dit, « afin que tous les peuples de la terre connaissent ton nom, et te craignent, comme ton peuple Israël, et qu’ils sachent que cette maison que j’ai bâtie est appelée de ton nom » (6:33).
Passons au Nouveau Testament, et nous voyons dans la première épître de Pierre que, même si la forme de la Maison de Dieu a changé, le dessein de Dieu et les responsabilités de l’homme en rapport avec la Maison, restent les mêmes. Il ne s’agit plus d’une Maison matérielle en pierres mortes, mais d’une Maison spirituelle faite de pierres vivantes. « Vous-mêmes aussi », dit l’apôtre, « comme des pierres vivantes, êtes édifiés une maison spirituelle » (1 Pierre 2:5).
Au ch. 1 de l’épître, nous apprenons que ceux qui forment cette Maison sont les sujets de la bénédiction souveraine de Dieu, comme nous lisons : « Béni soit le Dieu et Père de notre seigneur Jésus Christ, qui, selon sa grande miséricorde, nous a régénérés pour une espérance vivante par la résurrection de Jésus Christ d’entre les morts, pour un héritage incorruptible, sans souillure, inflétrissable, conservé dans les cieux pour vous » (1:3-4). Puis nous apprenons que cette bénédiction est assurée par « la Parole du Seigneur », qui « demeure éternellement » (1:23-25).
Au ch. 2 nous trouvons la présentation de nos privilèges et de nos responsabilités en rapport avec la Maison.
D’une part, nous sommes édifiés ensemble « pour offrir des sacrifices spirituels, agréables à Dieu par Jésus Christ » (2:5).
D’autre part, devant les hommes, nous avons à « annoncer les vertus de celui qui vous a appelés des ténèbres à Sa merveilleuse lumière » (2:9). Ici, donc, nous avons de nouveau « la porte du Ciel » et « la stèle » avec l’huile d’onction. Nous nous approchons de Dieu pour offrir la louange et la prière ; nous nous approchons des hommes comme témoins des vertus excellentes de Dieu.
On peut enfin demander : quand la Maison de Dieu, dans sa forme actuelle, a-t-elle vu le jour ? L’Écriture répond très précisément : pas avant que la rédemption n’ait été accomplie. Si Dieu devait venir au milieu d’un peuple qui Le loue, Christ devait d’abord passer par les ténèbres et l’abandon de la croix. Là, nous entendons ce cri : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Ps. 22:1). Et seul Celui qui a poussé le cri pouvait donner la réponse : « Et toi, tu es saint, toi qui habites [au milieu des] louanges d’Israël » (Ps. 22:3). Si le Dieu saint devait demeurer au milieu d’un peuple qui loue, Christ devait d’abord racheter ce peuple en allant dans la mort.
Jacob, comme nous l’avons vu, peut parler de la Maison de Dieu ; mais ce n’est que lorsque la rédemption fut accomplie que Dieu parla de demeurer ou habiter parmi les enfants d’Israël (voir Exode 15:17 et 29:45-46). Dieu ne pouvait demeurer ni avec Adam innocent, ni avec Abraham fidèle. Il pouvait marcher dans le jardin, et accorder une visite de passage à Abraham, mais ni l’innocence ni la fidélité n’assuraient une habitation à Dieu. La simple innocence ne convenait pas à la Maison de Dieu ; la fidélité de l’homme n’assurait pas cette demeure, une fois l’innocence perdue.
La demeure de Dieu parmi les hommes est le fruit de la rédemption, car c’est elle qui rend le croyant propre à la présence de Dieu, et c’est elle qui fait connaître le Dieu saint à l’homme. Il est clair que « la Maison de Dieu qui est l’Assemblée du Dieu vivant » n’avait pas d’existence avant que la rédemption ne soit accomplie. Puis, le jour de la Pentecôte, les disciples étant réunis en un même lieu à Jérusalem, le Saint-Esprit descendit et « remplit toute la maison où ils étaient assis » et « ils furent tous remplis du Saint-Esprit ». Le peuple de Dieu qui avait jusqu’alors été dispersé, fut alors formé en Habitation pour Dieu, et Dieu prit sa demeure dans la maison.
Dans le chapitre précédent, nous avons cherché à apprendre de l’Écriture la vérité de la Maison de Dieu vue selon la pensée de Dieu. Nous avons vu le dessein de Dieu de demeurer parmi les hommes et les responsabilités des hommes en relation avec la demeure de Dieu.
Nous devons maintenant nous demander : l’homme a-t-il fait face à ses responsabilités ? Malheureusement, l’histoire de toutes les époques a prouvé que l’homme placé en position de responsabilité a toujours failli ; plus le privilège est élevé et plus la responsabilité est grande, plus la faillite est grande. Ainsi, la faillite de l’homme n’a jamais été aussi complète qu’en ce qui concerne l’Assemblée vue comme la Maison de Dieu sur la terre.
Pour évaluer correctement l’ampleur de la faillite, il est essentiel d’avoir une vision claire de la Maison de Dieu selon le plan originel de Dieu. Au temps où les enfants d’Israël étaient en captivité à cause de leur incapacité à maintenir la sainteté de la maison de Dieu, il est dit au prophète Ézéchiel de « montrer à la maison d’Israël la maison, afin qu’ils soient confus à cause de leurs iniquités ; et qu’ils en mesurent la disposition » (Éz. 43:10). Ce n’est qu’ainsi qu’ils se rendraient compte à quel point ils s’étaient éloignés du modèle.
Comme nous l’avons vu dans l’histoire de Jacob, la responsabilité de l’homme à l’égard de la Maison était représentée par « la porte » et « la stèle » : la porte du Ciel est vers Dieu et exprime notre privilège et notre responsabilité de nous approcher de Dieu dans la prière et la louange ; la stèle, avec l’huile dessus, est vers l’homme et présente notre responsabilité de maintenir un vrai témoignage pour Dieu devant les hommes. Nous avons failli dans les deux directions ; nous n’avons pas utilisé convenablement la porte du Ciel, et par conséquent nous n’avons pas dressé notre stèle. Nous avons failli dans la prière et la dépendance envers Dieu, et nous avons donc manqué au témoignage devant les hommes.
De plus, il faut admettre que pour que la Maison de Dieu soit une vraie manifestation de Dieu, il faut que soient maintenues les marques caractéristiques de la Maison. Car toutes les caractéristiques de la Maison de Dieu ont en vue une vraie expression de Dieu Lui-même. C’est pourquoi la sainteté doit être maintenue dans la Maison pour qu’il y ait une véritable expression de Dieu. Alors aussi, la prière doit être faite pour « tous les hommes », parce que cela exprime le désir de Dieu que tous les hommes soient sauvés. Les femmes doivent être marquées par la modestie et les « bonnes œuvres », car dans les bonnes œuvres il y a la manifestation de la bonté de Dieu envers l’homme. De même, la Maison doit être marquée par le soin des âmes et des corps, car on voit ainsi que Dieu a à cœur le bien des hommes.
Enfin, la Maison de Dieu doit être marquée par la « piété » (1 Tim. 3:14-16). Il est évident que rien d’autre qu’un comportement pieux ne convient à la Maison de Dieu. Quand nous voyons que le grand but de la Maison de Dieu est d’exprimer Dieu, il deviendra clair que la piété consiste en une vie qui rend Dieu manifeste. Ce n’est donc pas des manières hypocrites de petits saints (cagoterie), ni simplement une vie aimable et bienveillante telle que l’homme naturel peut en faire preuve. La vie pieuse est une vie vécue dans la crainte de Dieu et donc une vie qui exprime Dieu. Le secret de cette vie réside dans le fait d’avoir devant nos âmes le modèle parfait de piété tel qu’exposé en Christ. Ainsi, dans les derniers versets de 1 Tim. 3 (v.16), l’apôtre donne un résumé remarquable de la vie de Christ, de l’incarnation à l’ascension, où l’Esprit de Dieu a réuni certains grands faits de cette vie qui expriment Dieu : Dieu manifesté en chair, vu des anges, prêché parmi les nations, cru dans le monde, reçu dans la gloire, — voilà tous des faits qui font connaître le cœur de Dieu à l’homme. Ainsi nous apprenons en Christ le secret de la piété ou la vie qui manifeste Dieu.
Quelle merveilleuse expression de Dieu il y aurait eu aux yeux du monde si l’Assemblée, en tant que Maison du Dieu vivant, était restée fidèle aux principes de la Maison de Dieu. Le monde aurait vu une compagnie de personnes marquée par la sainteté, la dépendance envers Dieu, la soumission à l’autorité, les bonnes œuvres et le soin des corps et des âmes. Ils auraient vu la présentation de principes tout à fait opposés à ceux qui prévalent dans le monde déchu, et surtout, ils auraient appris l’attitude de Dieu envers l’homme. Malheureusement, il est évident qu’à tous points de vue, ceux qui composent la Maison de Dieu ont complètement failli. Nous n’avons pas réussi à maintenir les grands principes de la Maison de Dieu et n’avons donc pas réussi à donner une véritable expression de Dieu devant le monde.
Comment cet échec a-t-il été provoqué ? L’histoire d’Israël, et sa faillite en ce qui concerne la Maison de Dieu de leur temps, peut nous révéler le secret de notre propre échec. Il est dit au prophète Ézéchiel de dire à la maison « rebelle » d’Israël : « C’en est assez de toutes vos abominations, maison d’Israël, que vous ayez amené les fils de l’étranger, incirconcis de cœur et incirconcis de chair, pour qu’ils fussent dans mon sanctuaire, — ma maison, — pour le profaner … Et vous n’avez pas vaqué au service de mes choses saintes, mais vous avez établi pour vous [des étrangers] pour vaquer à mon service dans mon sanctuaire » (Ézéch. 44:6-8). Nous avons ici trois accusations précises :
N’est-ce pas là la triste histoire de la Maison de Dieu dans la dispensation présente ? Au jour de la Pentecôte, ceux qui ont formé la Maison de Dieu par la descente de l’Esprit Saint n’étaient pas des « étrangers » ; ils étaient tous de vrais enfants de Dieu. Il n’y avait pas des « incirconcis de cœur » parmi les trois mille personnes ajoutées à l’Assemblée par le Seigneur. Chacun était un vrai croyant. Mais combien vite « l’étranger » [c’est-à-dire sans la vie de Dieu] a été introduit ! Par le baptême de Simon le Magicien, quelqu’un fut introduit dans la compagnie où habitait l’Esprit de Dieu, alors qu’il « n’avait ni portion ni part dans cette affaire » (Actes 8:21) ; d’autres suivirent bientôt, de sorte que déjà au temps des apôtres, la Maison de Dieu a été comparée à une grande maison où « il n’y a pas seulement des vases d’or et d’argent, mais aussi de bois et de terre ; et les uns à honneur, les autres à déshonneur » (2 Tim. 2:20). Ainsi, comme pour Israël autrefois, la sainteté de la Maison n’a pas été maintenue et des hommes se sont servi de la Maison de Dieu à leurs propres fins, « enseignant ce qui ne convient pas, pour un gain honteux » (Tite 1:11). Les maux des jours des apôtres ont augmenté à travers les âges, jusqu’à ce que, dans ces derniers jours, il y ait une vaste masse de profession sans vie dans la Maison de Dieu, celle-ci étant désormais marquée par la forme de la piété mais sans la puissance (2 Tim. 3:1-5).
Quel est donc le résultat de l’échec de l’homme dans sa responsabilité ? Comme dans le cas d’Israël, le mal qui a été introduit dans la Maison de Dieu appelle le jugement. « Car le temps [est venu] de commencer le jugement par la maison de Dieu » (1 Pierre 4:17).
Aux jours d’Israël, le temps vint où le Seigneur refusa de reconnaître le temple comme la Maison de Dieu. Il dut dire : « Voici, votre maison vous est laissée déserte » (Matt. 23:38). Tous les vrais enfants de Dieu en relation avec le temple furent ajoutés à l’Assemblée, et la maison abandonnée alla vers le jugement. Encore une fois, l’Assemblée en tant que Maison de Dieu s’est corrompue, et très bientôt tout ce qui est de Dieu sera enlevé pour rencontrer le Seigneur en l’air ; et la vaste masse de profession impie, qui n’est plus reconnue comme la Maison de Dieu, ira vers le jugement.
Le dessein de Dieu de demeurer parmi les hommes a-t-il donc été contrecarré par l’échec de l’homme quant à sa responsabilité ? Certainement pas. Aucune durée de temps, aucun changement de dispensation, aucune faillite du peuple de Dieu, aucune opposition de l’ennemi, aucune puissance de mort ne peut pour un instant faire dévier le cœur de Dieu de son dessein déterminé d’avoir Sa Maison sur la terre et de demeurer parmi les hommes.
Dès l’instant où un peuple racheté est mis en sécurité, Dieu révèle le désir de Son cœur d’habiter au milieu d’eux (voir Ex 15:13, 17 ; Ex 29:45). Le tabernacle dans le désert et le temple dans le pays rendent témoignage à la pensée chérie de Dieu. Et même si le peuple fait défaut et néglige la Maison, même si le temple est détruit et que le peuple s’en va en captivité, Dieu n’abandonne pas un seul instant Son dessein de demeurer au milieu de Son peuple. Il ramène un résidu pour reconstruire Sa Maison ; eux aussi manquent entièrement et, à leur tour, ils sont dispersés parmi les nations, et une fois de plus la Maison est laissée sans pierre sur pierre.
Néanmoins, Dieu poursuit Ses voies glorieuses. S’élevant au-dessus de toutes les défaillances des hommes, Il révèle de nouveaux secrets de Son cœur et met en lumière « la Maison de Dieu qui est l’Assemblée du Dieu vivant, la colonne et le soutien de la vérité ». Mais encore une fois, l’homme responsable fait faillite ; la Maison de Dieu devient une ruine. Au lieu d’être marquée par la sainteté, elle est comparée à la grande maison d’un homme ordinaire dans laquelle il y a des vases à honneur et à déshonneur. Un petit résidu peut en effet se séparer des vases à déshonneur, et chercher à revenir aux caractères moraux de la Maison de Dieu et à marcher selon les principes qui gouvernent la Maison de Dieu, mais eux aussi font faillite, et la responsabilité de l’homme se termine par le jugement qui commence par la Maison de Dieu.
Cependant, même si tout s’écroule entre les mains des hommes, que ce soit Israël autrefois ou l’Assemblée aujourd’hui, Dieu demeure fidèle à Son dessein, et la vision d’une autre Maison s’élève devant nous, pour le jour millénaire, et « la dernière gloire de cette Maison sera plus grande que la première » (Aggée 2).
Pourtant, même ainsi, cette Maison passera, car la glorieuse ère millénaire s’achèvera dans l’obscurité et le jugement. Mais Dieu n’abandonnera pas Son dessein, car au-delà du jugement des nations, et au-delà du jugement du grand trône blanc, se déploie devant nous « un nouveau ciel et une nouvelle terre » et, dans cette belle scène, nous voyons « la sainte cité, la nouvelle Jérusalem, descendant du ciel d’auprès de Dieu, préparée comme une épouse ornée pour son mari », et nous entendons « une grande voix venant du ciel, disant : Voici, l’habitation de Dieu est avec les hommes, et il habitera avec eux ; et ils seront son peuple, et Dieu lui-même sera avec eux, leur Dieu ». Nous sommes transportés au-delà des limites du temps avec tous ses changements et ses responsabilités brisées. Nous avons atteint l’éternité avec son nouveau ciel et sa nouvelle terre ; nous sommes entrés dans une scène où toutes les larmes sont essuyées, où « il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni peine, car les premières choses sont passées ». Et là nous voyons le grand dessein de Dieu à travers les âges enfin accompli, et il ne sera plus jamais terni par la puissance de l’ennemi ou la faillite des saints.
Dans les chapitres précédents, après une vision générale de la vérité concernant l’Assemblée, nous en avons considéré un aspect particulier : la Maison de Dieu. Il y a cependant un autre aspect important sous lequel l’Assemblée est présentée dans l’Écriture, à savoir le Corps de Christ. On peut le considérer brièvement.
Quand il se réfère à cet aspect de l’Assemblée, le langage biblique est très précis. Nous lisons en Col. 1:18, que Christ « est le chef [la tête] du corps, de l’assemblée » ; et en 1 Cor. 12:12, 13, « de même que le corps est un et qu’il a plusieurs membres, mais que tous les membres du corps, quoiqu’ils soient plusieurs, sont un seul corps, ainsi aussi est le Christ. Car aussi nous avons tous été baptisés d’un seul Esprit pour être un seul corps, soit Juifs, soit Grecs, soit esclaves, soit hommes libres ; et nous avons tous été abreuvés pour [l’unité d’]un seul Esprit ». D’après ces passages de l’Écriture, il est clair que tous les croyants sont formés en un seul corps par le Saint-Esprit sur la terre, avec une seule Tête au ciel.
Nous avons vu que de simples hommes [naturels, n’ayant pas la vie de Dieu,] ont été introduits par le baptême d’eau dans la profession chrétienne qui forme la Maison de Dieu sur la terre. Il est clair qu’un baptême d’eau ne peut pas amener à faire partie du corps de Christ. Cela ne peut se faire que par le baptême du Saint-Esprit, de sorte qu’il n’y a place dans le corps de Christ que pour ceux qui en sont réellement membres. En pensant au Corps de Christ, nous ne devons considérer les chrétiens qu’à la lumière de l’œuvre de Dieu en eux.
Il est vrai que la chair est encore en nous, mais Dieu l’a condamnée ; Il nous considère en dehors d’elle (Rom. 8:9) ; Il nous voit « en Christ » et « dans l’Esprit ». En d’autres termes, Dieu voit toujours les Siens en relation avec Christ et avec l’Esprit, et nous avons le privilège de nous voir nous-mêmes de la même manière. Quelqu’un a dit : « C’est dans cette seule lumière que nous pouvons parler d’être membres du Corps ; rien n’a sa place en aucune manière dans le Corps de Christ, sinon ce qui est de Christ — de Dieu. Dans le Corps de Christ, on ne peut imaginer qu’il y ait des manquements ou de la chair ». Ceux qui composent le Corps, ayant la chair en eux, peuvent certes manquer à marcher en accord avec la vérité, mais dans le Corps lui-même tout est de Christ. C’est Son Corps.
Trois portions de l’Écriture présentent spécialement cette grande vérité : Éphésiens 1 et 2 ; Colossiens 1 et 3 ; et 1 Corinthiens 12 et 14.
Les manifestations de l’Esprit par le moyen du Corps ont en vue la manifestation de Christ dans le Corps dans le temps ; et la manifestation de Christ maintenant n’est que le prélude à la manifestation de Christ en plénitude dans les siècles à venir, selon les conseils du Père.
Commençons par considérer la vérité du Corps selon les conseils du Père. En Éph. 1, le grand sujet est le dessein du Père pour la gloire de Christ. Le chapitre dévoile « le mystère de Sa volonté selon Son bon plaisir, qu’il s’est proposé en Lui-même pour l’administration de la plénitude des temps, [savoir] de réunir en un toutes choses sous (ou : dans) le Christ » (1:9,10). De plus, dans ces conseils, l’Assemblée a une place de très haut privilège en relation avec la gloire de Christ, ce qui nous fait aussi apprendre la destinée future de l’Assemblée comme Corps de Christ. Ici, l’Assemblée est vue non pas en rapport avec le temps présent, mais en rapport avec la « plénitude des temps ». Nous sommes autorisés à regarder au-delà du moment présent, avec toute sa faillite, et à voir la gloire future de l’Assemblée comme le Corps de Christ. En ce jour-là, « l’assemblée qui est son Corps » sera « la plénitude de Celui qui remplit tout en tous » (1:22, 23).
Selon le conseil de Dieu, le jour vient où Christ remplira toutes choses. Tout l’univers sera rempli de bénédiction par Christ, mais, en ce jour-là, l’assemblée aura le privilège spécial d’exprimer « la plénitude de Celui qui remplit tout en tous ». Même si tous seront bénis à travers Christ, et seront à la gloire de Christ, tous n’exprimeront pourtant pas Sa plénitude. Ce sera réservé à l’Assemblée. Un saint individuellement peut montrer quelque trait de Christ ; toutes les choses dans le monde à venir montreront Christ dans une mesure encore plus vaste ; mais ce n’est que dans l’assemblée en tant que Corps de Christ qu’il y aura la manifestation parfaite de Christ dans toute Sa plénitude. La plénitude donne la pensée d’un être complet. Ainsi, non seulement Christ sera manifesté, mais Il sera manifesté en perfection. C’est-à-dire qu’on verra non seulement toutes les vertus excellentes de Christ, mais tout sera vu dans une juste proportion. Aucun trait ne prédominera ; tous seront manifestés en parfaite proportion et en relation les uns avec les autres de la même manière que les membres d’un corps humain normal sont tous en proportion et présentent la pensée de la tête. Or ce qui sera réellement vrai alors, devrait l’être moralement maintenant.
Cela conduit à la vérité du Corps comme vase pour la manifestation de Christ dans le temps. Pour cet aspect de l’Assemblée comme Corps de Christ, nous devons nous tourner vers l’épître aux Colossiens. Le grand objectif de cette épître est de déployer les gloires de Christ comme la Tête. Nous lisons en Col. 1:18 : « Il est le chef [la tête] du Corps, de l’Assemblée ». C’est de plus le désir de Dieu que les gloires morales de la Tête dans le Ciel aient une manifestation présente dans le Corps sur la terre. Ainsi l’apôtre, ayant parlé du ministère de l’Évangile, se met à parler d’un second ministère en relation avec le Corps de Christ « qui est l’assemblée » (1:24). Il parle de cette vérité comme du « mystère qui avait été caché dès les siècles et dès les générations, mais qui a été maintenant manifesté à Ses saints » (1:26). De plus, il parle de la gloire de ce mystère comme « Christ en vous, l’espérance de la gloire » (1:27).
L’apôtre insiste particulièrement sur ces deux grands faits. D’abord, le moment particulier où le mystère a été révélé ; et ensuite, la gloire spéciale de ce mystère dans le temps présent. Ces deux grands faits ont une incidence directe l’un sur l’autre. Pourquoi, pouvons-nous nous demander, le mystère est-il donné à connaître « maintenant », et pas avant ? Parce que trois grands événements devaient arriver, sans lesquels l’Assemblée ne pouvait exister comme un fait ni être donnée à connaître comme une vérité :
Les deux premiers événements étaient absolument nécessaires avant que l’Assemblée puisse être formée. Il devait y avoir la Tête dans le Ciel avant qu’il puisse y avoir le Corps sur la terre, et le Saint-Esprit devait venir habiter dans les membres et ainsi les former en un seul Corps sur la terre avec une Tête dans le ciel. Mais le Corps existait en fait avant que la vérité soit donnée à connaître.
Pour ceci, le troisième grand événement était nécessaire. Si la vérité selon laquelle les Juifs et les nations étaient formés en un seul corps, avait été révélée avant que Christ ne soit rejeté, cela aurait contredit toutes les promesses expresses de Dieu aux Juifs sous la première alliance. Mais une fois que les Juifs eurent définitivement rejeté Christ, la première alliance est définitivement terminée, et la voie était ouverte pour déployer la vérité de l’Assemblée comme Corps de Christ.
Le rejet fut définitif et complet quand Étienne fut lapidé. Par la croix, l’homme avait rejeté Christ sur la terre, — par le martyre d’Étienne, ils rejetèrent Christ dans les cieux. Ils lapidèrent l’homme qui témoignait du fait que Christ est au Ciel. Le moment était donc venu de révéler le grand secret que, bien que Christ Lui-même fût rejeté, Son Corps était sur la terre.
Notons que le mystère n’est pas que les pécheurs sauvés par grâce seront au Ciel : cela est l’Évangile et il n’y a aucun mystère à ce sujet ; le brigand mourant le savait. Le mystère (le secret) révélé maintenant était que Christ a l’assemblée, Son Corps, dans le lieu de Son rejet et pendant le temps de Son rejet. La première indication de cette grande vérité est donnée en rapport avec la conversion de l’homme (Paul) qui est devenu le ministre de cette vérité. Le Seigneur dit à Saul : « Saul, Saul, pourquoi ME persécutes-tu ? » Il ne dit pas « Pourquoi persécutes-tu MES disciples », ni « les MIENS », ni « ceux qui font partie de MOI », mais « Pourquoi ME persécutes-tu ? » Comme quelqu’un a dit, « Dans ce petit mot est transmis le fait que Christ est ici ».
dansles saints, manifesté maintenant
parles saints dans le Corps (l’assemblée)]
De plus, si Christ est ici en ceux qui forment son Corps, c’est que Christ peut être manifesté par son Corps. Et Christ manifesté maintenant dans l’assemblée est « l’espérance de la gloire » (Col. 1:27). Dans la gloire, comme nous l’avons vu dans l’épître aux Éphésiens, Christ sera manifesté dans Sa plénitude. Mais l’espérance de la gloire doit avoir un accomplissement présent. C’est pourquoi l’apôtre se met (Col. 1:28) à montrer comment Christ dans les saints
(1:27) doit se traduire dans la manifestation de Christ par les saints
(1:28). Ainsi, la pensée actuelle de Dieu pour le Corps — composé de tous les saints à un moment donné
(quelconque) sur la terre — est qu’il y ait la représentation de Christ moralement, et donc que le Corps sur la terre corresponde à la Tête dans le ciel.
En Col. 2, l’apôtre montre comment Dieu a opéré pour que cette manifestation de Christ par les saints
se réalise, et il nous avertit des différentes ruses par lesquelles le diable cherche à frustrer le but actuel de Dieu dans les saints
. Nous sommes d’abord mis en garde contre les opinions illusoires des hommes, présentées de manière très attrayante par des discours persuasifs (spécieux ; Col. 2:4) ; puis contre la philosophie, ou l’amour de la sagesse humaine tirée des traditions des hommes et des éléments du monde (Col. 2:8) ; nous sommes ensuite mis en garde contre la chair religieuse, liée à l’abstinence de certains aliments et l’observation de certains jours (2:16, 20-22) ; enfin, nous sommes mis en garde contre la superstition, comme le culte des anges (2:18).
Si nous voulons montrer les beautés morales de Christ, nous devons connaître Christ. Nous devons connaître Celui dont nous devons manifester le caractère. Les opinions des hommes, la philosophie de l’homme, la religion de la chair et les superstitions des hommes ne nous enseigneront rien sur le caractère de Christ et ne nous permettront pas de manifester ce caractère comme quand on le connaît.
Après avoir été avertis des pièges de l’ennemi, nous sommes instruits des dispositions que Dieu a prises afin que les perfections morales de la Tête puissent être manifestées dans le Corps. À cet égard, quatre grandes vérités sont énoncées [Col. 2] :
1. Nous sommes « accomplis (ou complets) en Lui » (2:10).
2. Nous sommes identifiés avec lui (2:11-13 ; cf. Rom. 6:5).
3. Nous sommes de Lui : « le corps est de Christ » (2:17).
4. Nous tirons de lui toute nourriture spirituelle (2:19).
En Lui habite toute la plénitude de la Déité ; par conséquent, tout ce dont nous pouvons avoir besoin pour connaître Christ et Le manifester se trouve en Lui — nous sommes accomplis en Lui. Nous sommes entièrement indépendants de l’homme en tant qu’homme. Ses opinions, sa philosophie et sa religion ne peuvent pas nous amener à Christ, ne peuvent pas nous révéler Son caractère, ni nous permettre de manifester Ses beautés morales.
À la croix, dans l’ensevelissement, dans la résurrection et dans la vie, Dieu a identifié le croyant avec Christ.
Or, ce qui est vrai de Christ est vrai des saints aux yeux de Dieu, car Dieu nous identifie « avec Lui », et la foi voit comme Dieu voit. Nous savons que notre vieil homme a été dépouillé dans la mort de Christ ; et non seulement dépouillé, mais mis hors de vue, car nous sommes « ensevelis avec Lui par le baptême ». De plus, en esprit, nous sommes ressuscités avec Lui, de sorte que la mort a perdu son pouvoir sur nous. Et bien que nos corps mortels ne soient pas encore vivifiés, quant à nos âmes nous vivons pour Dieu dans cette vie céleste présentée en Christ.
Les ordonnances de la loi n’étaient que des ombres et ont été données au premier homme qui était de la terre, terrestre. Mais les choses à venir, dont les ordonnances n’étaient que l’ombre, sont de Christ, l’Homme céleste. Et si Christ est céleste, le Corps qui est de Christ est aussi céleste. « Tel qu’est le céleste, tels aussi sont les célestes » (1 Cor. 15:48). Pour le moment nous sommes sur la terre, mais nous sommes de l’Homme céleste, et nous appartenons donc au Ciel.
Si l’Assemblée est céleste, elle ne peut être nourrie qu’à partir du Ciel. Il n’y a rien de la terre qui puisse être administré à l’homme du Ciel. Il n’y a rien de l’homme en tant que tel qui puisse servir de nourriture au Corps, lier les membres ensemble, ou conduire à une croissance spirituelle. Tout doit venir de la Tête dans le Ciel, être administré au Corps par les jointures et les liens du Corps. De même que la Tête dans le Ciel est pour l’alimentation du Corps sur la terre, de même le Corps sur la terre est pour la manifestation de la Tête dans le Ciel. En ne tenant pas ferme le chef (la Tête), nous pouvons manquer à manifester la Tête, mais Christ — la Tête — ne manquera jamais à nourrir Son Corps ; Il prend soin du Corps et de chaque membre du Corps.
Ces quatre grands faits — que nous sommes « accomplis en Lui », que nous sommes identifiés « avec Lui », que nous sommes de Lui et que nous tirons toute nourriture de Lui — conduisent tous à l’accomplissement du dessein actuel de Dieu pour le Corps, à savoir la manifestation du caractère de la Tête dans le corps. C’est ce que montrent concrètement les exhortations qui suivent.
Sur la base de la doctrine de l’assemblée dans les deux premiers chapitres de Colossiens, nous sommes exhortés : « Revêtez-vous donc, comme des élus de Dieu, saints et bien-aimés, d’entrailles de miséricorde, de bonté, d’humilité, de douceur, de longanimité, vous supportant l’un l’autre et vous pardonnant les uns aux autres, si l’un a un sujet de plainte contre un autre ; comme aussi le Christ vous a pardonné, vous aussi [faites] de même. Et par-dessus toutes ces choses, [revêtez-vous] de l’amour, qui est le lien de la perfection. Et que la paix de Christ, à laquelle aussi vous avez été appelés en un seul corps, préside dans vos cœurs ; et soyez reconnaissants » (Col. 3:12-15). C’est le beau caractère de Christ, marqué par la grâce avec un pardon illimité, par l’amour qui unit toutes les autres perfections et par la paix qui préside dans le cœur. Les saints, dans l’unité du « seul corps », sont appelés à manifester ce caractère de Christ tandis qu’ils sont encore dans la scène de l’absence de Christ, et attendant le jour de Son apparition.
Quelle belle manifestation de Christ il y aurait là si les saints, comme « un seul Corps », étaient marqués par la grâce, l’amour et la paix. Bien qu’en un jour de ruine notre pratique soit loin d’être à la hauteur de ce beau tableau, n’abaissons pas le niveau. Quelqu’un a dit justement : « Même si la pratique n’y parvient pas, et même s’il est impossible de ramener les saints à la vraie norme, ayons la notion de ce qui est juste. C’est une grande chose d’arriver à avoir la notion de ce qui est juste ; et si nous l’obtenons, attendons que le Seigneur donne la grâce de marcher selon cette notion de ce qui est juste, dans la vérité de celle-ci, même si vous ne vous attendez pas à voir les choses revenir à ce qu’elles étaient au début quand elles ont été établies ».
Nous avons vu que l’assemblée, en tant que Corps de Christ, est considérée dans les Écritures d’une triple manière :
Dans le chapitre précédent, nous avons examiné le Corps sous ses deux premiers aspects. Il reste à regarder brièvement le Corps en relation avec les manifestations de l’Esprit qui nous sont présentées en 1 Cor. 12. Cependant, le sujet de ce chapitre n’est pas le Corps, mais l’Esprit. Le Corps est présenté comme l’instrument que l’Esprit utilise pour la manifestation de Christ.
La ruine de la chrétienté a été causée en grande partie par la perte de tout sentiment de la présence et de la puissance de l’Esprit Saint. Le clergé, l’organisation humaine et l’adoption de méthodes charnelles ont mis de côté l’Esprit Saint. D’où la grande importance de ce chapitre, qui maintient les droits du Saint-Esprit dans l’Assemblée et donne des instructions sur le caractère véritable des manifestations spirituelles.
En regardant rapidement le chapitre, nous remarquons d’abord dans les versets 2 et 3 le but des manifestations spirituelles. Exalter Christ est toujours le grand objectif que l’Esprit Saint a en vue, quelle que soit la forme que prennent les manifestations. Il conduit toujours à confesser Jésus comme Seigneur. En admettant cela, nous sommes tout de suite capables de tester l’esprit par lequel les hommes parlent. Il ne s’agit pas de distinguer entre croyants et non-croyants, mais de tester l’esprit par lequel les hommes parlent. Est-ce par un mauvais esprit, ou est-ce par l’Esprit de Dieu ? Si quelqu’un parle par un mauvais esprit, — quel que soit son niveau d’instruction, quelle que soit l’éloquence de son discours, quelle que soit la moralité apparente du ton, — d’une manière ou d’une autre Christ sera rabaissé. Si quelqu’un parle par le Saint-Esprit, — quels que soient la simplicité du discours ou le manque d’instruction de l’orateur, — Christ sera exalté. Appliquez ce test aux unitariens, à la haute critique ou aux modernistes, — les voilà tous découverts immédiatement, car de différentes manières tous s’unissent pour dérober à Christ Sa gloire.
Or même si tous ceux qui parlent par le Saint-Esprit exaltent Christ, il ne s’ensuit pas que tous aient le même don. Cela conduit l’apôtre, aux versets 4 à 6, à parler de la diversité des dons spirituels. L’apôtre nous dit là qu’il existe une diversité de dons ; en même temps, il nous rappelle que la diversité des dons ne sacrifie pas l’unité de but. Car la diversité des dons est contrôlée par le même Esprit, et tous conduisent ainsi à l’exaltation et à la manifestation de Christ (1 Cor. 12:4).
De plus, les différents dons utilisés par l’Esprit ont en vue différentes formes de service sous le contrôle d’un seul Seigneur qui dirige le service (1 Cor. 12:5).
De plus, l’utilisation des dons dans différents services produira des effets différents dans les opérations sur les âmes, mais c’est le même Dieu qui opère tout ce qui est opéré en tous (1 Cor. 12:6).
Ces versets (1 Cor. 12:4-6) réprimandent, et en même temps corrigent, une grande partie du grave désordre de la chrétienté. Pour exercer un don dans la chrétienté, on exige aujourd’hui, comme préalables nécessaires, une capacité humaine, une sagesse humaine et une formation théologique. Non, dit l’apôtre, vous avez besoin de ce qu’aucune école des hommes ne peut donner et qu’aucun niveau d’éducation ne peut fournir — vous avez besoin de la puissance et de l’énergie du Saint Esprit
(12:4).
Le monde religieux exige que vous ayez reçu une ordination par les hommes et que vous ayez l’autorité de l’homme avant d’exercer un service, un ministère pour les autres. Non, dit l’apôtre, le service selon Dieu exige l’autorité et la direction du Seigneur
et ne supportera aucune autorité rivale (12:5).
Encore une fois, nous sommes portés à penser que l’éloquence et les appels émouvants feront impression sur les âmes des hommes. Non, dit l’apôtre, c’est « Dieu qui opère tout en tous ». Dieu opère tout ce qui est divin en tous ceux chez qui il y a une œuvre vitale (12:6).
Ayant parlé de la diversité de dons, l’apôtre, aux versets 7 à 11, parle de la distribution des manifestations spirituelles. Il est important de noter que ce ne sont pas simplement les dons que l’on dit être donnés, mais les manifestations de ces dons. C’est-à-dire que l’apôtre parle en premier lieu de l’utilisation des dons. Il ne parle donc pas simplement de « sagesse », mais de « parole de sagesse » ; non seulement de « connaissance », mais de « parole de connaissance » ; non pas simplement de « miracles », mais d’« opérations de miracles ».
Il est insisté sur quatre vérités importantes. Tout d’abord, quel que soit le caractère des manifestations et quelle que soit la manière dont elles sont distribuées, toutes découlent du même Esprit (1 Cor. 12:8, 9, 10). Ainsi, l’unité est maintenue.
Deuxièmement, l’Esprit distribue les manifestations des dons à « chacun » (1 Cor. 12:7, 11). Il refuse totalement de concentrer toutes Ses manifestations sur un seul homme ou sur une classe particulière d’hommes. Cela réprimande le plus grand de tous les désordres de la chrétienté — la mise à part d’une classe spéciale d’hommes pour le ministère, divisant ainsi le peuple professant de Dieu en clergé et laïcs. L’Écriture ne permet aucune distinction de ce genre. Dans sa pratique la chrétienté contredit l’ordre de Dieu et dit que les manifestations de l’Esprit sont données à un seul homme qui préside l’Assemblée. Non, dit l’apôtre, c’est à chacun dans l’Assemblée.
Troisièmement, la manifestation de l’Esprit est donnée à tout homme « en vue de l’utilité » (12:7). Elle est donnée en vue du bien commun. Elle n’est pas donnée pour l’exaltation ou la proéminence de l’individu, pour obtenir une influence ou un gain personnel, ou comme moyen de subsistance. Elle est donnée pour l’utilité — l’utilité spirituelle.
Quatrièmement, l’Esprit distribue (ou : répartit) la manifestation à chacun individuellement « comme il Lui plait » (1 Cor. 12:11). Cela exclut la volonté de l’homme. Nous devons alors laisser la place à l’Esprit pour qu’Il opère selon Sa volonté. Si nous nommons le ministre ou arrangeons le ministère, nous imposerons des restrictions sur Sa volonté par l’emploi de nos volontés, et ainsi nous empêcherons le Saint-Esprit d’utiliser qui Il veut.
Après avoir parlé de la distribution (ou : répartition) des dons et montré que « l’opération » (ou : l’exercice) des dons se fait par l’Esprit, l’apôtre parle, aux versets 12 à 27, de l’instrument des manifestations spirituelles. Ceci introduit le Corps de Christ. Il est bon de noter que le Corps (de Christ) n’est effectivement mentionné que dans les versets 13 et 27. Dans tous les autres versets, l’apôtre parle du corps humain comme d’une illustration. En dehors de cette grande vérité du Corps de Christ, il ne peut y avoir d’usage intelligent des dons. Car, selon l’ordre de Dieu, l’Esprit ne se sert pas de nous comme des individus isolés, mais comme membres du Corps de Christ, et pour le bien de tout le Corps.
En utilisant le corps humain comme illustration, l’apôtre montre que comme le corps humain est un, et pourtant est composé de nombreux membres, chacun ayant une place et une fonction particulières dans le corps, « ainsi aussi est le Christ » (12:12). C’est une façon frappante de présenter la vérité. Le sujet est le seul Corps, mais l’apôtre ne dit pas : « Il en est de même pour le Corps de Christ », mais « ainsi aussi est le Christ
», parce que le seul Corps est vu aux yeux de Dieu comme l’expression de Christ. Ce seul Corps a été formé par le baptême du Saint-Esprit, et il a été dit avec justesse que le baptême de l’Esprit n’était pas destiné à nous conduire au Ciel, mais destiné à ce qu’il y ait sur la terre un Corps qui soit moralement une reproduction de Christ.
Pour entrer dans la vraie signification du seul Corps, nous devons nous rappeler deux faits : (1) Premièrement, que Christ est personnellement absent du monde ; (2) deuxièmement, que l’Esprit Saint est présent dans le monde. Pendant l’absence de Christ, les croyants Juifs et Gentils ont été formés en un seul Corps, par le Saint-Esprit, afin que Christ soit reproduit de manière caractéristique dans Son corps, à savoir que tout ce qu’Il faisait en perfection dans Son corps lorsqu’Il était ici-bas — être berger, enseigner, prêcher et bénir — soit poursuivi dans Son Corps spirituel maintenant qu’Il est parti.
Ce baptême du Saint-Esprit a eu lieu en relation avec des croyants Juifs à la Pentecôte (voir Actes 1:5 ; 2:1-4) — et quant aux croyants des Gentils, à l’appel de Corneille et de ses amis (Actes 10:44 ; 11:15-17). Le baptême de l’Esprit implique la mise de côté de tout ce qui est selon la chair. Les distinctions naturelles, comme Juifs ou Gentils, et les positions sociales, comme esclaves ou hommes libres, n’ont pas leur place dans le seul Corps. Nous ne pouvons pas nous considérer comme Juifs ou Gentils, ou selon toute autre distinction selon la chair, car « aussi nous avons tous été baptisés d’un seul Esprit pour être un seul corps ». Tous ceux qui forment le seul Corps ont été « abreuvés d’un seul Esprit ». Nous jouissons des mêmes bénédictions et privilèges, car cette jouissance provient d’une seule source : l’Esprit Saint.
À partir de là, l’apôtre reprend le corps humain pour insister sur certaines vérités pratiques en rapport avec les manifestations spirituelles dans le seul Corps. Tout d’abord, il insiste sur le fait que, dans le Corps, il y a diversité dans l’unité (1 Cor. 12:14-19). « Car aussi le corps n’est pas un seul membre, mais plusieurs », c’est-à-dire qu’il n’y a qu’un seul corps, mais plusieurs membres. Or cette diversité serait complètement perdue, et le désordre le plus grave s’ensuivrait, si chaque membre négligeait sa propre fonction par jalousie vis-à-vis de membres ayant une fonction peut-être supérieure. Si le pied commençait à se plaindre de ne pas être une main et que l’oreille se plaignait de ne pas être un œil, le fonctionnement du corps cesserait, car les membres en train de se plaindre cesseraient leur fonction effective pour le bien du corps. Comment prévenir le désordre parmi les nombreux membres ? En reconnaissant que c’est Dieu qui « a placé les membres, — chacun d’eux, — dans le Corps, comme Il l’a voulu » (12:18). Ainsi, dans le Corps de Christ, c’est Dieu qui a donné à chacun sa place et sa fonction, de sorte qu’aucun membre n’est prééminent. La prééminence d’un membre ferait complètement disparaitre le Corps. « Or, si tous étaient un seul membre, où serait le corps ? »
Ensuite l’apôtre insiste sur l’autre côté de la vérité. Il y a unité dans la diversité (1 Cor. 12:20-24). S’il y a plusieurs membres, nous devons nous rappeler qu’il n’y a qu’un seul Corps, mais l’unité du Corps serait mise en péril si les membres supérieurs regardaient avec mépris les membres inférieurs. Nous avons vu que la jalousie des uns vis-à-vis des autres briserait la diversité ; maintenant nous apprenons que le mépris briserait l’unité. Si l’œil traite la main avec mépris, et que la tête se moque des pieds, toute l’unité du corps disparaît. Qu’est-ce qui remédie à ce danger ? Encore une fois la reconnaissance de l’œuvre de Dieu. Dieu a composé le Corps de telle manière qu’aucun membre ne peut se passer de l’autre. Le membre le plus grand a besoin du moindre — ou bien plutôt, les membres du Corps qui semblent être les plus faibles sont nécessaires (12:22). Il ne s’agit pas simplement que tous travaillent pour le bien commun, mais qu’aucun membre ne peut exercer correctement sa fonction sans les autres membres — en un mot, chaque membre est indispensable.
Il y a donc deux graves dangers susceptibles d’apporter du désordre dans le Corps. D’une part, le mécontentement des membres les moins en vue en rapport avec la place qui leur est attribuée ; d’autre part, le mépris des membres les plus en vue vis-à-vis de ceux qui semblent plus faibles. L’un brise la diversité, l’autre détruit l’unité ; les deux détruisent les fonctions propres du Corps. Introduisons Dieu, et dans chaque cas, le désordre est corrigé. C’est Dieu qui a donné à chaque membre sa fonction spéciale, et Dieu a composé ensemble les membres du Corps de sorte qu’aucun membre ne soit prééminent et que chaque membre soit indispensable.
Le résultat de l’œuvre et de la sagesse de Dieu est que les membres du corps humain ont « un égal soin les uns des autres » (1 Cor. 12:25). Non pas simplement qu’ils « prennent soin les uns des autres », mais qu’ils ont un intérêt mutuel les uns dans les autres, de sorte que « si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui ; si un membre est glorifié, tous les membres se réjouissent avec lui » (12:26).
L’apôtre ne dit pas qu’il devrait en être ainsi, mais qu’il en est ainsi. Dans l’application au Corps de Christ, l’expression de cette vérité est grandement entravée par le sectarisme et les barrières de dénominations érigées par l’homme ; mais la vérité demeure que ce qui affecte un membre affecte tous les membres parce que les membres sont unis les uns aux autres par l’Esprit Saint, et ce qui dépend de l’Esprit demeure, quoi qu’il en soit du degré d’entrave à l’expression de cette vérité provenant de notre faillite. La ruine du peuple de Dieu a abaissé notre sensibilité spirituelle ; mais plus nous serons contrôlés par l’Esprit, plus nous réaliserons profondément cette vérité. Comme quelqu’un a dit : « Nous souffrons ou nous nous réjouissons consciemment dans la mesure de notre puissance spirituelle ».
L’apôtre a parlé du corps humain comme exemple du Corps de Christ. Maintenant, il donne à ces vérités une application locale. Il dit aux saints à Corinthe : « Or vous êtes corps de Christ, et ses membres chacun en particulier ». Le texte original grec dit précisément « vous êtes corps de Christ » et non pas « vous êtes le
corps de Christ », comme le disent la plupart des versions : en effet l’Assemblée à Corinthe n’était pas « tout le Corps de Christ », mais elle était simplement l’expression locale du seul Corps. Voilà le privilège et la responsabilité de l’Assemblée locale : être « Corps de Christ » de façon représentative et non pas de façon autonome ou indépendante, ce qui nierait la vérité d’un seul Corps.
Nous avons la responsabilité de refuser de poursuivre avec ce qui nie cette grande vérité du seul Corps de Christ et nous avons le privilège de marcher à la lumière de cette vérité.
Dans un chapitre précédent, nous avons cherché à présenter la pensée de Dieu concernant Sa Maison. Nous avons également vu que, par la faillite de l’homme quant à sa responsabilité, des doctrines mauvaises et des personnes mauvaises ont été introduites dans la maison de Dieu, réduisant la maison à une ruine et l’exposant au jugement.
Il a été souligné que, si la première Épître à Timothée présente la Maison de Dieu en ordre selon la pensée de Dieu, la deuxième Épître présente la Maison devenue une ruine par la faillite de l’homme et, dans sa ruine, elle y est comparée à « une grande maison » où « il n’y a pas seulement des vases d’or et d’argent, mais aussi de bois et de terre ; et les uns à honneur, les autres à déshonneur » (2 Tim. 2:20). Le croyant qui a vu une fois la vérité de l’Assemblée comme Maison de Dieu telle qu’elle est développée dans l’Écriture, peut bien dire : « Je ne vois rien sur la terre qui réponde à la vérité ». Combien cela est tristement vrai ! En un jour de ruine, la vérité de la Maison de Dieu ne peut être connue que de manière abstraite, car il n’y a plus d’expression concrète de la vérité. Tout ce que l’on peut effectivement voir dans la chrétienté, c’est « une grande maison » contenant des vases à honneur et à déshonneur.
Ce constat soulève des questions dans l’esprit du croyant qui désire marcher dans l’obéissance à Dieu : La Parole de Dieu donne-t-elle des directives aux enfants de Dieu pour un jour de ruine ? Y a-t-il quelque lumière sur la façon dont nous avons à marcher, et avec qui nous avons à marcher dans un jour où la chrétienté est devenue corrompue ? Quelle que soit l’ampleur des difficultés et de l’obscurité du jour, il n’est pas possible de penser que Dieu laisse les Siens sans lumière suffisante pour leur cheminement à travers ce monde. Par manque de spiritualité, nous pouvons ne pas discerner la lumière ; par manque de dévouement, nous pouvons manquer à marcher selon la lumière, ou par pure apathie, nous pouvons y être totalement indifférents ; néanmoins, nous pouvons être certains que la Parole de Dieu fournit une pleine lumière pour notre chemin.
Trois faits de première importance sont à réaliser dans nos âmes, si nous désirons marcher à travers ce monde selon la pensée de Dieu.
Tout d’abord, nous devons apprendre que, quelle que soit la grandeur de notre intelligence naturelle et de notre connaissance de l’Écriture, quelle que soit les hautes pensées que nous avons, quelle que soit la sincérité de nos désirs, — nous ne pouvons, en nous confiant à nos propres pensées, trouver le chemin de Dieu pour les Siens au milieu de la confusion de la chrétienté. Nous ne sommes pas compétents pour trouver notre voie à travers les difficultés croissantes du chemin, ni pour faire face à l’opposition continuelle à la vérité, ni pour résoudre les diverses questions qui se posent constamment.
Mais, deuxièmement, ayant découvert notre complète incapacité, nous sommes très soulagés d’apprendre que nous ne sommes pas laissés à trouver le chemin du mieux que nous pouvons, et que Dieu n’a jamais pensé que nous devrions avoir en nous-mêmes la sagesse et la capacité pour marcher selon Sa pensée. Le Seigneur pouvait dire : « Séparés de moi, vous ne pouvez rien faire » (Jean 15:5).
Troisièmement, c’est un très grand jour celui où nous découvrons la riche provision que Dieu a faite pour que nous puissions avoir l’intelligence de Ses pensées :
Tout d’abord, nous avons une Tête au Ciel — Christ dans la gloire est la Tête de Son Corps, l’Assemblée — et toute la sagesse est dans la Tête, de sorte que même si nous n’avons pas de sagesse en nous, nous avons une pleine sagesse en Christ. Quelqu’un a dit avec justesse : « Christ nous a été fait sagesse, c’est-à-dire intelligence. Lui seul peut guider les hommes à travers les perplexités de ce monde de confusion morale, là où il n’y a pas de chemin ». Il est alors de première importance d’abandonner ce que nous nous sommes mis « en tête », et de regarder Christ comme « la Tête » pour nous guider. Si nous faisons confiance à nos propres imaginations, nous ne « tenons pas ferme le chef (ou la Tête) » (Col. 2:19).
Deuxièmement, le Saint-Esprit — une personne divine — est sur la terre. Le Seigneur savait bien que les Siens ne pourraient pas subvenir à leurs besoins dans un monde dont il est absent ; aussi, avant Son départ, Il a pu dire : « et moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Consolateur, pour être avec vous éternellement, l’Esprit de vérité » (Jean 14:16-17). La préservation et le maintien de la vérité ne dépendent pas des saints, mais de la présence constante de l’Esprit de Vérité.
Troisièmement, nous avons les Saintes Écritures données par l’inspiration de Dieu et utiles pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l’homme de Dieu soit accompli et parfaitement accompli pour toute bonne œuvre (2 Tim. 3:16-17).
Nous lisons que « la Maison de Dieu qui est l’Assemblée du Dieu vivant » est « la colonne et le soutien de la vérité » ; mais, lorsque la Maison de Dieu est devenue une ruine et que nous n’avons plus la vérité vivante établie dans l’Assemblée, l’homme de Dieu a encore l’autorité infaillible de l’Écriture pour éprouver toutes choses.
Or il doit être manifeste qu’aucune ruine dans la chrétienté ne peut un seul instant altérer Christ, ou l’Esprit, ou les Écritures. Christ demeure la Tête dans le ciel, avec des réserves illimitées de sagesse pour que les Siens s’y approvisionne, tant dans ces derniers jours qu’aux premiers jours du christianisme. Le Saint-Esprit demeure avec une puissance non diminuée pour guider et contrôler. Les Saintes Écritures demeurent avec une autorité absolue.
Pourtant, la chrétienté a largement mis de côté Christ, l’Esprit, les Écritures.
Si donc nous désirons
que devons-nous faire ?
L’Écriture répond très précisément que nous devons maintenir deux grands principes et agir en conséquence :
séparationd’avec tout ce qui est contraire à la vérité de Dieu — tout ce qui est un déni de la vérité de l’Assemblée, de Christ comme Tête de Son Assemblée, du Saint-Esprit comme notre guide parfaitement suffisant, et des Écritures comme notre autorité absolue.
associationavec tout ce qui est selon Dieu. En un mot, nous devons appliquer « cesser de mal faire, apprendre à bien faire » (És. 1:16).
Cherchons d’abord à savoir ce que l’Écriture a à nous dire sur la séparation d’avec le mal. Tous admettraient, même si nous ne sommes pas à la hauteur dans la pratique, que la séparation d’avec ce monde mauvais a toujours incombé aux enfants de Dieu ; mais à une époque où le christianisme s’est corrompu, nous avons des instructions spéciales pour une triple séparation.
Premièrement, la séparation de tout système religieux qui, par sa constitution, est un déni de la vérité de Christ et l’Assemblée.
La parole d’Hébreux 13:13 est très claire : « sortons vers lui hors du camp, portant son opprobre ». Le camp était le système religieux Juif : établi par Dieu à l’origine, il faisait appel à l’homme naturel. La question de la nouvelle naissance n’y était pas abordée ; tout dépendait de la naissance naturelle. Il était composé de gens extérieurement en relation avec Dieu, avec un ordre terrestre de sacrificateurs (ou : prêtres) qui étaient des intermédiaires entre le peuple et Dieu. Il avait un sanctuaire terrestre et un rituel ordonné (Héb. 9:1-10).
Il n’est que trop manifeste que les systèmes religieux de la chrétienté se sont formés selon le modèle du camp. Ils sont en grande partie composés de gens inconvertis ; eux aussi font appel à l’homme naturel ; eux aussi ont leurs sanctuaires terrestres, leurs rituels et leurs prêtres ordonnés humainement qui sont intermédiaires entre le peuple et Dieu. Mais en imitant le camp, les chrétiens, comme nous l’avons vu, ont mis de côté
Si donc nous voulons donner à Christ Sa vraie place, nous devons, dans l’obéissance à la Parole, « sortir vers lui hors du camp, portant son opprobre ».
Mais, deuxièmement, il ne suffit pas de se séparer de cet ordre de choses, le camp, qu’on voit dans ces systèmes religieux. L’Écriture prescrit aussi clairement la séparation d’avec les doctrines mauvaises. En 2 Tim. 2:19, nous lisons : « Qu’il se retire de l’iniquité, quiconque prononce le nom du Seigneur ». Quiconque confesse le nom du Seigneur est, par sa profession, identifié avec le Seigneur et est responsable de se retirer de l’iniquité. L’iniquité peut prendre beaucoup de formes, mais les versets précédents (de 2 Tim. 2) montrent clairement que les doctrines mauvaises sont particulièrement en vue. Nous ne devons pas lier l’iniquité au nom du Seigneur. Nous séparer de l’iniquité peut nous coûter beaucoup dans le temps, mais lier le nom du Seigneur à l’iniquité nous coûtera beaucoup plus cher dans l’éternité.
Troisièmement, le même passage de l’Écriture exige la séparation d’avec les personnes mauvaises. Le verset 20 (2 Tim. 2) parle de vases à honneur et à déshonneur, et dans le verset suivant il nous est enjoint de nous purifier des vases à déshonneur afin d’être sanctifiés et utiles au Maître. Ici, il est clair que des personnes sont en vue, pas simplement des doctrines. Quelqu’un a remarqué avec justesse : « C’est toujours en proportion de votre séparation de ces vases — les personnes, et non pas simplement leurs doctrines, — que vous serez sanctifiés et utiles au Maitre… Peu nombreux ont une idée combien on souffre d’une compagnie profane. Il ne suffit pas de ne pas tenir leurs doctrines, mais leur compagnie contamine. Vous êtes pollués par la compagnie la plus basse que vous continuez à fréquenter. Tous les efforts ont été tentés dans la chrétienté pour affaiblir la force de ce passage ; tout chrétien est grand en proportion de sa séparation ».
Il est donc clair que les Écritures enjoignent clairement la séparation
Mais cela ne suffit pas. La séparation, si nécessaire soit-elle, n’est que négative ; il doit y avoir aussi ce qui est positif. Cela nous amène au second grand principe, l’association avec le bien. De même que la séparation doit être d’avec les choses
mauvaises aussi bien que d’avec les personnes
mauvaises, de même l’association doit être avec les choses
justes et bonnes aussi bien qu’avec les personnes
qui sont droites avec le Seigneur. Nous devons « poursuivre la justice, la foi, l’amour, la paix, avec ceux qui invoquent le Seigneur d’un cœur pur » (2 Tim. 2:22).
Si nous poursuivons ces belles qualités, nous trouverons d’autres personnes qui font de même — ceux qui invoquent le Seigneur d’un cœur pur — et avec qui nous avons à nous associer. Le fait qu’ils invoquent le Seigneur d’un cœur pur se voit clairement par leur vie pratique, dans la mesure où l’on peut voir qu’ils se sont « retirés de l’iniquité », qu’ils se sont purifiés des vases à déshonneur et qu’ils poursuivent « la justice, la foi, l’amour, la paix ». Il est donc clair que le chemin de séparation n’est pas un chemin d’isolement. L’Écriture montre qu’il y aura toujours de ceux avec lesquels nous pouvons nous associer.
Cependant, ceux qui, au milieu de la corruption de la chrétienté, empruntent ce chemin de séparation du mal et d’association avec le bien, verront que des « questions folles et insensées » leur sont opposées par ceux qui refusent un chemin qu’ils n’ont pas de foi pour le suivre. Pour y répondre, il faudra cultiver un esprit de « douceur », de « patience » et de « support ». Ce n’est qu’en portant ce caractère qu’il sera possible d’éviter les querelles tout en cherchant à instruire (2 Tim. 2:23-26).
On remarquera que dans ces Écritures qui donnent des instructions si précises pour les enfants de Dieu en un jour de ruine, il n’est jamais suggéré de sortir de la Maison de Dieu. En effet, il est impossible de le faire sans sortir de la chrétienté, ce qui impliquerait de quitter complètement le monde. Mais même si nous ne pouvons pas sortir de la Maison, nous avons la responsabilité de nous séparer du mal dans la Maison.
Il ne nous est pas dit de reconstruire quoi que ce soit. Il ne nous est pas dit de rebâtir la Maison. Nous ne sommes pas appelés à former une assemblée modèle ni à recommencer quelque chose de nouveau. Nous avons simplement à marcher à la lumière de ce qui était au commencement et qui existe encore aux yeux de Dieu, malgré toute la faillite de l’homme dans sa responsabilité. Autrement dit, c’est toujours notre privilège et notre responsabilité
de marcher dans la vérité de l’Assemblée,
dans la reconnaissance de Christ comme Tête,
sous le contrôle et la direction du Saint-Esprit, et
selon les instructions des Écritures.