Hamilton Smith
Hamilton Smith, 1935 - traduit de Scripture Truth Publications 2008
Le mot « Gentil » a été généralement traduit par « non-Juif »
Table des matières abrégée :
1 - Division 1. La justice de Dieu (Romains 1 à 5:11)
1.1 - Introduction (Romains 1:1-17)
1.2 - Le procès de l’homme et son état dévoilé (Romains 1:18 à 3:20)
1.3 - La justice de Dieu dans Son pardon (Romains 3:21-31)
1.4 - La puissance de Dieu en justification (Romains 4)
1.5 - L’amour de Dieu administrant la bénédiction par notre Seigneur Jésus Christ (Romains 5:1-11)
2.2 - Christ le chef (tête) d’une nouvelle race (Romains 5:12-21)
2.3 - La délivrance du péché (Romains 6)
2.4 - La délivrance de la loi (Romains 7)
2.5 - La position du croyant en Christ (Romains 8)
3 - Division 3 — Les voies dispensationnelles de Dieu (Romains 9-11)
3.2 - Romains 9 — La grâce, seule base de bénédiction pour tous
3.3 - Romains 10 — La grâce bénissant les nations suite à la chute d’Israël
3.4 - Romains 11 — La grâce restaurant Israël après la chute des nations
4 - Division 4 — Les exhortations pratiques (Romains 12 à 15:13)
4.2 - Romains 12 — Conduite dans la relation de l’un avec l’autre dans le cercle chrétien
4.3 - Romains 13 — Conduite par rapport au monde
4.4 - Romains 14 à 15:13 — Conduite en relation avec le royaume du Seigneur
5 - Division 5 — Appels et salutations personnels (Romains 15:14 à 16:27)
5.1 - Romains 15:14-24 — Le ministère de l’apôtre dans les choses spirituelles
5.2 - Romains 15:25-29 — Le ministère de l’apôtre dans les choses temporelles
5.3 - Romains 15:30-33 — Le désir de l’apôtre à l’égard des prières des saints
5.4 - Romains 16 — Recommandations et salutations
Table des matières détaillée :
1 - Division 1. La justice de Dieu (Romains 1 à 5:11)
1.1 - Introduction (Romains 1:1-17)
1.2 - Le procès de l’homme et son état dévoilé (Romains 1:18 à 3:20)
1.2.3 - Rom. 1:19-20 —
Le témoignage de la création
1.2.4 - Rom. 1:21-23 — La lumière de la connaissance de Dieu.
1.2.7 - Rom. 1:32
— Le témoignage de la conscience
1.2.8.2 - Rom. 2:2-11 — Quatre principes divins profondément importants à l’égard du jugement du mal
1.2.8.2.1 - Rom. 2:2-3 — le jugement de Dieu est selon la vérité
1.2.8.2.2 - Rom. 2:4-5
—
il y a toujours place pour la repentance avant l’exécution du jugement
1.2.8.2.3 - Rom. 2:6-10 — Dieu rendra à chacun selon ses œuvres
1.2.8.2.4 - Rom. 2:11 — il n’y a pas d’acception de personnes auprès de Dieu
1.2.9 - L’homme religieux (2:17 à 3:8)
1.2.10 - Tout le monde coupable (3:9-20)
1.2.10.1 - Rom. 3:9-12 (citation du Psaume 14 ou 53)
1.2.10.2 - Rom. 3:13-18 (autres citations)
1.2.10.3 - Récapitulé de 3:9-18
1.3 - La justice de Dieu dans Son pardon (Romains 3:21-31)
1.4 - La puissance de Dieu en justification (Romains 4)
1.4.1 - La justice de la foi illustrée (Rom. 4:1-5)
1.4.2 - La description de la justice de la foi (Rom. 4:6-8)
1.4.3 - La justice de la foi sépare du monde (Rom. 4:9-12)
1.4.4 - La justice de la foi en vue du monde à venir (Rom. 4:13-16)
1.4.5 - La puissance de Dieu accomplit ce que Dieu a promis (Rom. 4:17-25)
1.5 - L’amour de Dieu administrant la bénédiction par notre Seigneur Jésus Christ (Romains 5:1-11)
1.5.1 - La position et la part du croyant devant Dieu (Rom. 5:1-2)
1.5.2 - Bénédictions et expériences du croyant à travers le monde présent (Rom. 5:3-11)
2.2 - Christ le chef (tête) d’une nouvelle race (Romains 5:12-21)
2.3 - La délivrance du péché (Romains 6)
2.3.1 - Mort au péché (Rom. 6:1-2)
2.3.2 - Le baptême, une illustration de la mort au péché (Rom. 6:3-5)
2.3.3 - Mort avec Christ (Rom. 6:6-10)
2.3.4 - Se tenir (ou : se compter) pour mort au péché (Rom. 6:11)
2.3.5 - Le résultat pratique du fait de se tenir pour mort au péché (Rom. 6:12-23)
2.4 - La délivrance de la loi (Romains 7)
2.4.3 - L’effet de l’action de la loi sur l’homme dans la chair (Rom. 7:7-13)
2.5 - La position du croyant en Christ (Romains 8)
2.5.1 - (a) La nouvelle position en Christ (Rom. 8:1-3)
2.5.2 - (b). La nouvelle vie vécue dans la puissance de l’Esprit (Rom. 8:4-13)
2.5.3 - (c). Le Saint Esprit, comme une Personne distincte, agissant dans le croyant (Rom. 8:14-27)
2.5.4 - (d). Dieu pour nous dans Ses opérations extérieures (Rom. 8:28-39)
3 - Division 3 — Les voies dispensationnelles de Dieu (Romains 9-11)
3.2 - Romains 9 — La grâce, seule base de bénédiction pour tous
3.3 - Romains 10 — La grâce bénissant les nations suite à la chute d’Israël
3.4 - Romains 11 — La grâce restaurant Israël après la chute des nations
3.4.3 - Romains 11:11-15 — La chute d’Israël ouvre la porte de la bénédiction aux nations
3.4.4 - Romains 11:16-29 — La faillite des nations ouvre la voie à la restauration d’Israël
3.4.6 - Romains 11:33-36 — Doxologie qui célèbre les ressources et la sagesse de Dieu
4 - Division 4 — Les exhortations pratiques (Romains 12 à 15:13)
4.2 - Romains 12 — Conduite dans la relation de l’un avec l’autre dans le cercle chrétien
4.2.1 - Romains 12:1-5 — Nos relations avec Dieu et les uns avec les autres
4.2.2 - Romains 12:6-8 — Différentes formes de service
4.2.3 - Romains 12:9-21 — Les caractéristiques morales qui devraient marquer les croyants
4.3 - Romains 13 — Conduite par rapport au monde
4.3.1 - Romains 13: 1-7 — L’attitude du chrétien à l’égard des autorités
4.3.2 - Romains 13:8-10 — La conduite des croyants envers tous les hommes
4.3.3 - Romains 13:11-14 — La marche qui convient aux enfants de lumière dans un monde de ténèbres
4.4 - Romains 14 à 15:13 — Conduite en relation avec le royaume du Seigneur
5 - Division 5 — Appels et salutations personnels (Romains 15:14 à 16:27)
5.1 - Romains 15:14-24 — Le ministère de l’apôtre dans les choses spirituelles
5.2 - Romains 15:25-29 — Le ministère de l’apôtre dans les choses temporelles
5.3 - Romains 15:30-33 — Le désir de l’apôtre à l’égard des prières des saints
5.4 - Romains 16 — Recommandations et salutations
1 Paul, esclave de Jésus Christ, apôtre appelé*, mis à part pour l’évangile** de Dieu
— v. 1*, 7 : c’est-à-dire
: tel(s) par l’appel de Dieu. — v. 1** : ou
: la bonne nouvelle.
Les sept premiers versets de l’épître donnent les titres de créance de l’apôtre, le grand sujet de l’épître, et les salutations apostoliques aux saints à Rome. Non seulement Paul était esclave de Jésus-Christ comme beaucoup d’autres, mais il avait été établi apôtre par un appel spécial. Son service, ou ministère, avait donc le caractère apostolique, celui de quelqu’un envoyé spécialement pour annoncer la bonne nouvelle, ou évangile.
Le grand sujet de cette épître est l’évangile de Dieu touchant Son Fils. C’est une caractéristique de cette épître que chaque vérité remonte à Dieu et est considérée en rapport avec Dieu. Ainsi, dans ce chapitre, nous avons « l’évangile de Dieu », « la puissance de Dieu », « la justice de Dieu », « la colère de Dieu », « la vérité de Dieu », et « le jugement de Dieu ». Plus loin on trouve « la bonté de Dieu », « les oracles de Dieu », « la gloire de Dieu », « la patience de Dieu », et « l’amour de Dieu ».
Le fait que Dieu s’approche d’un monde coupable avec une bonne nouvelle (‘évangile’ signifie ‘bonne nouvelle’) montre la disposition de Dieu envers Ses créatures déchues. Cela prouve, en effet, que Dieu est amour, qu’Il est un Dieu Sauveur qui veut que tous les hommes soient sauvés et viennent à la connaissance de la vérité.
2 (lequel il avait auparavant promis par ses prophètes dans de saintes écritures),
L’évangile annoncé par Paul est confirmé par les Saintes Écritures. Promis par les prophètes de Dieu d’autrefois, il est maintenant proclamé par les serviteurs de Dieu en ce jour de grâce. Lorsqu’il est proclamé, il a l’autorité de la promesse des Saintes Écritures, que par ailleurs il confirme. C’est pourquoi l’apôtre fait constamment appel à l’Écriture dans la prédication de l’évangile (voir Actes 13:27, 47 ; 17:2, 11, etc.).
3 touchant son Fils (né de la semence de David, selon la chair, 4 déterminé Fils de Dieu, en puissance, selon [l’]Esprit* de sainteté, par [la] résurrection des morts), Jésus Christ, notre Seigneur,
— v. 4* : Esprit, et esprit, c’est-à-dire
le Saint Esprit lui-même aussi bien que l’état de l’âme caractérisé par sa présence et sa puissance.
L’apôtre présente ensuite de manière très bénie le grand sujet de l’évangile. L’évangile de Dieu est « touchant son Fils ». Ce n’est pas nous qui en sommes le sujet. Il ne peut pas y avoir de bonnes nouvelles concernant l’homme déchu comme tel. Les bonnes nouvelles sont certes pour
les hommes, mais elles sont au sujet du Fils de Dieu.
L’apôtre présente ensuite un beau tableau des quadruples gloires de Christ. Il est important de noter l’ordre dans lequel ces gloires sont présentées — un ordre qui est plutôt obscurci par la version autorisée anglaise (dite du Roi Jacques), dans laquelle « Jésus Christ notre Seigneur » est placé en second après « son Fils » au v.3, alors que ces mots doivent venir à la fin du verset 4.
notre Seigneur». Ceux qui croient le témoignage de Dieu à Son sujet se mettent avec grand plaisir sous Sa domination en Le reconnaissant comme leur Seigneur et Maître.
5 par lequel nous avons reçu grâce et apostolat, pour [l’]obéissance de [la] foi parmi toutes les nations, pour son nom,
Voilà donc Christ, la glorieuse Personne que Paul venait présenter. Christ avait quitté le monde, mais Paul était envoyé comme apôtre pour représenter Christ. Il venait « pour Son nom ». Afin d’être un bon représentant, il avait reçu de Christ « grâce et apostolat ». Non seulement l’apostolat, mais aussi la grâce nécessaire pour exercer l’apostolat. Il n’a pas reçu sa mission de la part de l’homme, ni par une formation humaine, ni par ordination. En outre, s’il venait en représentant de Christ, « pour Son nom », c’était afin d’amener les hommes à se soumettre à Christ, de les amener sous la domination de Christ, pour qu’ils Lui obéissent. Seuls ceux qui croient se soumettraient ; c’est pourquoi il est parlé de « l’obéissance de la foi ». Cet apostolat devait être exercé « parmi toutes les nations ». Ainsi, si l’évangile est au sujet de Son Fils Jésus Christ, il est pour « toutes les nations ». Il n’est plus question d’une nation favorisée, les Juifs. La bénédiction de l’évangile est pour tous.
6 parmi lesquelles vous aussi, vous êtes des appelés de Jésus Christ, 7 — à tous les bien-aimés de Dieu qui sont à Rome, saints appelés* : Grâce et paix à vous, de la part de Dieu notre Père et du seigneur Jésus Christ !
— v. 1*, 7 : c’est-à-dire
: tel(s) par l’appel de Dieu.
Parmi les nations les Romains avaient une place prééminente, et d’entre cette nation il y avait les appelés de Jésus Christ. À tous ceux qui étaient tels à Rome Paul envoie cette épître avec ses salutations. Il leur rappelle qu’ils sont les appelés
de Jésus Christ, bien-aimés
de Dieu ; et, par le fait de leur appel, ils étaient constitués saints.
8 Premièrement, je rends grâces à mon Dieu, par Jésus Christ, pour vous tous, de ce que votre foi est publiée dans le monde entier. 9 Car Dieu, que je sers dans mon esprit dans l’évangile de son Fils, m’est témoin que sans cesse je fais mention de vous, 10 demandant toujours dans mes prières, si en quelque manière, maintenant une fois, il me sera accordé par la volonté de Dieu d’aller vers vous. 11 Car je désire ardemment de vous voir, afin de vous faire part de quelque don de grâce spirituel, pour que vous soyez affermis, 12 c’est-à-dire pour que nous soyons consolés ensemble au milieu de vous, vous et moi, chacun par la foi qui est dans l’autre. 13 Or je ne veux pas que vous ignoriez, frères, que je me suis souvent proposé d’aller vers vous (et que j’en ai été empêché jusqu’à présent), afin de recueillir quelque fruit parmi vous aussi, comme parmi les autres nations.
N’ayant encore jamais vu les saints à Rome, il était nécessaire qu’il commence par parler de lui-même avec plus de détails que d’habitude dans ses épîtres. Ayant pleinement présenté ce qui l’accréditait, ses pensées se tournent vers ceux à qui il écrivait, l’amenant à parler de son affection fraternelle pour tous les saints. Il y avait dans son service spécial et dans sa position apostolique, ce qui le poussait à écrire aux saints à Rome ; mais il y avait aussi chez les saints eux-mêmes, ce qui attirait ses affections vers eux. Ce qu’on lui avait rapporté de leur foi avait touché l’apôtre en faisant monter la louange de son cœur à Dieu. En outre, non seulement il louait Dieu à cause de leur foi, mais il priait aussi Dieu sans cesse en raison de leurs besoins ; comme quelqu’un l’a dit, « la foi la plus sincère n’a jamais dépassé le besoin de secours ». D’ailleurs ceux pour lesquels nous pouvons à la fois louer et prier, sont ceux que nous désirons voir. Ainsi l’apôtre dit : « Je désire ardemment de vous voir » (1:11). Le motif de son désir est de pouvoir leur communiquer quelque don spirituel, afin qu’ils soient bien affermis. Ceci amène devant nous le grand but de l’épître aux Romains : l’affermissement du croyant dans ses relations personnelles avec Dieu
.
Son but en leur écrivant, et son désir de les voir, n’étaient pas seulement de remplir sa mission apostolique, ou d’exercer son autorité apostolique, mais c’était d’épancher son affection fraternelle qui soupirait après eux, et qui comptait en recevoir de la consolation, tout en leur communiquant de la bénédiction spirituelle.
L’apôtre s’était souvent proposé de les visiter, mais il en avait été empêché. N’était-ce pas la grâce et la sagesse de Dieu de permettre un obstacle dont l’effet a été de lui faire écrire une épître pour la bénédiction du peuple de Dieu dans tous les âges ? Il est bon pour nous de voir la main de Dieu dans ce qu’Il empêche comme dans ce qu’Il permet, et d’accepter avec soumission les portes qu’Il ferme, comme aussi de franchir celles qu’Il ouvre.
14 Je suis débiteur* et envers les Grecs et envers les barbares**, et envers les sages et envers les inintelligents : 15 ainsi, pour autant qu’il dépend de moi, je suis tout prêt à vous annoncer l’évangile, à vous aussi qui êtes à Rome. 16 Car je n’ai pas honte de l’évangile,
— v. 14* : c’est-à-dire
: J’ai un devoir à remplir ; voir
Actes 9:15 ; 22:15. — v. 14** : les barbares : les étrangers à la civilisation grecque
.
Dans les versets suivants l’apôtre parle du devoir qu’il a de prêcher, et dont il est prêt à s’acquitter. Non seulement l’apôtre était désireux de voir ces frères et de leur communiquer quelque don spirituel, mais il se sentait comme ayant une dette à payer. Très heureusement, il peut dire : « Je suis débiteur » envers les non-Juifs (= Gentils) ; « je suis tout prêt » à prêcher ; et « je n’ai pas honte » de l’évangile. « Je suis débiteur » est le langage de quelque qui a trouvé dans l’évangile ce qui répond à ses propres besoins, et qui ressent le devoir d’annoncer l’évangile à d’autres qui sont dans le besoin, que ce soit des Grecs cultivés ou des Barbares inintelligents. « Je suis prêt » est le langage de quelqu’un qui est dans le bon état moral pour prêcher. « Je n’ai pas honte » est le langage de quelqu’un qui, réalisant la grandeur de l’évangile, est hardi pour le proclamer.
Ces choses étaient vraies de l’apôtre dans un sens spécial, comme envoyé aux nations ; mais elles devraient être aussi vraies, dans une mesure, de tout croyant. La joie de l’évangile devrait nous rendre débiteurs
pour proclamer l’évangile ; un bon état moral d’âme devrait nous rendre prêts
à prêcher ; et le sentiment de la grandeur de l’évangile devrait nous garder d’avoir honte
de parler à d’autres de l’évangile.
16 Car je n’ai pas honte de l’évangile, car il est [la] puissance de Dieu en salut à quiconque croit, et au Juif premièrement, et au Grec. 17 Car [la] justice de Dieu y est révélée sur le principe de la foi pour la foi, selon qu’il est écrit : « Or le juste vivra de foi » [Habakuk 2:4]
.
L’apôtre termine l’introduction de l’épître par un beau condensé de l’évangile, montrant ainsi pourquoi il n’en a pas honte.
Premièrement il « est la puissance de Dieu en salut
». Dieu en est la source. Ce n’est pas l’homme qui vient à Dieu avec ses œuvres, mais Dieu qui s’approche de l’homme avec le salut. Nous pouvons comprendre la puissance de Dieu pour juger un pécheur coupable, mais la merveille de l’évangile est qu’il révèle la puissance de Dieu pour sauver un pécheur qui mérite d’être jugé.
Deuxièmement, il est la puissance de Dieu en salut à « quiconque
» croit
, au Juif premièrement, et au non-Juif. L’homme vient à la bénédiction de l’évangile par la foi, et « y avoir part par la foi était précisément le moyen d’y avoir part sans y ajouter quoi que ce soit, — le moyen de le laisser être tout entier le salut de Dieu » (JND).
Troisièmement, il est la puissance de Dieu en salut à quiconque croit parce que « la justice de Dieu y est révélée
». S’il n’y avait aucun moyen pour l’homme d’être sauvé en respectant la justice, il ne pourrait y avoir aucun salut pour lui. Il est évident que tout ce que Dieu fait doit être avec justice. Dans l’évangile, Dieu se révèle comme agissant avec justice, et par conséquent avec puissance pour sauver. Il est vrai que, dans l’évangile, nous voyons la révélation de l’amour, et de la grâce, et de la miséricorde de Dieu : mais l’apôtre ne parle pas de ces qualités bénies dans ce passage, mais seulement de la justice de Dieu. C’est ce qui va être le grand sujet de la première partie de l’épître. Le but de l’apôtre en écrivant l’épître était de bien affermir le croyant, comme nous l’avons vu ; c’est la raison pour laquelle l’apôtre insiste sur la justice de Dieu. Le pécheur ne craint pas l’amour ni la grâce ni la miséricorde de Dieu, mais il craint que la justice de Dieu soit contre lui. Le pécheur coupable sent que si Dieu connaît tous ses péchés et agit en justice à son égard, selon ce que ses péchés méritent, il doit être puni. Mais s’il peut être dit au pécheur que la qualité de Dieu qu’il redoute le plus, à savoir Sa justice, est justement la qualité qui est en sa faveur, et non pas contre lui, cela va vraiment être une bonne nouvelle pour lui, et un grand pas en avant aura été fait pour gagner le pécheur et affermir le croyant.
Quatrièmement, la manière dont la justice de Dieu est révélée est « sur le principe de la foi ». Elle n’est pas révélée de manière à être visible, ni en raison d’aucune œuvre faite par les hommes. Si la justice est révélée sur le principe de la foi, ce ne peut être qu’à ceux qui ont la foi. L’Écriture rend témoignage de cette vérité par le prophète Habakuk lorsqu’il dit : « or le juste vivra de foi » (Habakuk 2:4).
Les versets d’introduction nous ont appris que le grand but de l’épître est de bien affermir les croyants dans leurs relations personnelles avec Dieu, — « pour que vous soyez affermis » dit l’apôtre (1:11). Pour y parvenir, l’apôtre montre que l’évangile est la puissance de Dieu en salut parce que la justice de Dieu y est révélée. Rien n’affermira autant le croyant que la découverte que Dieu ne sauve pas seulement le pécheur qui croit en Jésus, mais qu’Il le fait avec justice, c’est-à-dire en cohérence avec Sa propre nature sainte.
Cependant avant de commencer à montrer comment Dieu peut justifier avec justice le pécheur qui croit en Jésus, il était nécessaire de faire ressortir le besoin de cette justice, en montrant que l’homme n’a aucune justice propre. L’apôtre le fait en démontrant que l’homme s’est ruiné lui-même, et qu’il ne peut rien faire pour se sauver de son état de ruine. Pour que quelqu’un soit sauvé, cela doit donc entièrement dépendre de ce que Dieu fait pour l’homme, et non pas de ce que l’homme fait pour Dieu. Ce que Dieu fait, doit être avec justice : c’est pourquoi le salut de l’homme dépend entièrement de Dieu agissant avec justice à l’égard de l’homme.
Ainsi le grand but de cette section importante de l’épître est de démontrer que l’homme n’a aucune justice devant Dieu. Pour le démontrer, l’apôtre survole l’histoire de l’homme, et montre que l’homme a été testé dans toutes les conditions imaginables, avec comme résultat qu’à chaque test l’homme a complètement failli. Lorsque celui-ci a été mis en position de responsabilité, il a entièrement manqué à s’acquitter de ses responsabilités. Il n’a pas agi justement envers Dieu ni envers son prochain. Il s’est avéré impie et injuste.
18 Car [la] colère de Dieu est révélée du ciel contre toute impiété et toute iniquité* des hommes qui possèdent la vérité [tout en vivant] dans l’iniquité* :
— v. 18 : ailleurs
: injustice.
Le verset 18 est une déclaration générale qui s’applique à l’ensemble de la section. C’est un acte d’accusation contre tous les hommes, et dont les preuves sont fournies en détail du v. 19 jusqu’au ch.3 v.20. Les hommes sont démontrés impies et injustes. L’impiété est le mépris avec lequel les hommes traitent les témoignages que Dieu a donnés de Lui-même. L’iniquité se réfère à leurs pratiques mauvaises. En outre, il est prouvé que les hommes possèdent la vérité tout en vivant dans l’iniquité. Les païens, les moralistes et les Juifs, tous ont eu quelque mesure de vérité, mais ils s’en sont servi à de mauvaises fins. Les païens ont tourné la lumière de la création en une occasion d’idolâtrie. Les Juifs se sont servi de la loi pour se glorifier. Hélas ! le même principe est à l’œuvre dans la chrétienté. L’amour de Dieu est utilisé pour nier la sainteté de Dieu. La vérité est alléguée pour maintenir l’erreur.
La colère de Dieu est alors révélée contre tout ce mal que les mises à l’épreuve de l’homme ont révélé. Si la croix démontre la justice de Dieu pour sauver le pécheur qui croit, elle démontre aussi la colère de Dieu contre le péché. C’est ‘la colère de Dieu révélée du ciel’, et elle l’est contre toute
impiété et toute
iniquité. Aux jours de l’Ancien Testament la colère de Dieu était révélée dans des jugements gouvernementaux infligés à certains individus ou certaines nations, à cause de péchés commis à l’encontre de la lumière partielle qu’ils possédaient. Maintenant la colère ne s’exprime plus de manière limitée, en rapport avec ce qu’est l’homme sur la terre, mais elle est révélée selon la sainte nature de Dieu dans le ciel, et contre tout péché, où qu’il se trouve.
Si, dans l’évangile, il y a une pleine manifestation de la justice de Dieu qui peut sauver, il y a en même temps la révélation de la colère de Dieu contre le péché. La justice de Dieu en salut ne met nullement de côté la colère de Dieu contre le péché. Au contraire, la révélation de la puissance de Dieu qui peut sauver le plus grand pécheur en restant juste, devient l’occasion de déclarer pleinement la colère de Dieu contre tout péché. De notre côté, nous pouvons supporter la pleine révélation de la colère de Dieu contre les péchés, dans la mesure où nous savons que le pardon des péchés est accordé en justice vis-à-vis de Dieu. La colère n’est pas encore exécutée
, car Dieu agit en grâce, mais elle est révélée
.
Après cet acte d’accusation général, l’apôtre passe à la démonstration de sa véracité en passant successivement en revue d’abord l’histoire des païens (1:19-32), puis les voies des moralistes (2:1-16.) ; et enfin l’histoire des Juifs (2:17 à 3:18). Cette section de l’épître s’achève finalement par un résumé solennel de la condition de l’homme, qui prouve que le monde entier est sous le péché et exposé au jugement de Dieu (3:19-20).
Passant de l’accusation générale de l’homme aux détails de son histoire, l’apôtre aborde d’abord les païens qui n’avaient pas de révélation directe de la part de Dieu. Ils n’avaient cependant pas été laissés sans témoignage de la part de Dieu. Leur responsabilité avait un triple caractère :
—Le témoignage de la création
19 parce que ce qui se peut connaître de Dieu est manifeste parmi eux ; car Dieu le leur a manifesté ; 20 car, depuis la fondation du monde, ce qui ne se peut voir de lui, [savoir] et sa puissance éternelle et sa divinité*, se discerne par le moyen de l’intelligence, par les choses qui sont faites, de manière à les** rendre inexcusables :
— v. 20* : divinité ici
, — non pas
déité, comme
Colossiens 2:9. — v. 20** : c’est-à-dire
les [hommes].
« Depuis la fondation du monde, ce qui ne se peut voir de lui, [savoir] et sa puissance éternelle et sa divinité, se discerne par le moyen de l’intelligence, par les choses qui sont faites, de manière à les rendre inexcusables » (1:20). Ayant la pleine lumière de la révélation qui rejette dans l’ombre tout autre témoignage, nous sommes en danger d’oublier combien grand est le témoignage rendu à Dieu par le moyen de la création. Hélas, les hommes montrent leur impiété en jetant du mépris sur tout témoignage rendu à Dieu. Par l’évolution, ils cherchent à expliquer la création par ce qu’ils considèrent comme des lois naturelles, et ils voudraient ainsi éliminer tout témoignage rendu à Dieu par la création. L’homme moderne voudrait nous dérober toute connaissance de Dieu, en nous laissant sans révélation de la part de Dieu.
Malgré l’incrédulité du cœur de l’homme qui se trahit tant dans l’évolution que dans d’autres idées « modernes », la création demeure, et le psalmiste déclare que « les cieux racontent la gloire de Dieu, et l’étendue annonce l’ouvrage de ses mains » (Ps. 19:1). Tandis que la création dans toutes ses parties manifeste la puissance éternelle et la divinité de Dieu, il est hautement significatif que l’écrivain inspiré du Psaume 19 parle de parties de la création que l’homme n’est pas en mesure de toucher ou de corrompre. Il parle de la succession permanente du jour et de la nuit, et du circuit perpétuel du soleil. Selon l’estimation de Dieu, c’est là un témoignage si puissant et si convaincant rendu à Sa puissance et à Sa divinité, qu’il laisse l’homme sans excuse.
Il n’est pas suggéré que la création rende témoignage à l’évangile, ni qu’elle révèle Dieu selon Sa nature ; mais elle rend témoignage au Créateur, et l’homme s’est détourné du
Créateur, au lieu de se tourner vers
le Créateur à partir de ce témoin. Les hommes ont donc clairement montré n’avoir aucun désir de Dieu, et c’est le cas des scientifiques incrédules d’aujourd’hui. Évidemment, si l’homme ne veut pas de Dieu, il ne voudra pas non plus de l’évangile de Dieu. Le rejet du témoignage de la création laisse l’homme sans excuse, même s’il n’a pas entendu l’évangile.
21 — parce que, ayant connu Dieu, ils ne le glorifièrent point comme Dieu, ni ne lui rendirent grâces ; mais ils devinrent vains dans leurs raisonnements, et leur cœur destitué d’intelligence fut rempli de ténèbres : 22 se disant sages, ils sont devenus fous, 23 et ils ont changé la gloire du Dieu incorruptible en la ressemblance de l’image d’un homme corruptible et d’oiseaux et de quadrupèdes et de reptiles.
En plus du témoignage de la création, les hommes ont eu dès le début de l’histoire une certaine connaissance de Dieu. C’est ce à quoi l’apôtre fait référence quand il dit « ayant connu Dieu ». Le monde d’avant le déluge a commencé avec une connaissance de Dieu, et c’est à ce monde qu’Enoch a prophétisé et que Noé a prêché, de sorte qu’il n’a pas été laissé sans témoignage de la part de Dieu. Cependant, comme l’apôtre fait référence à l’idolâtrie, il est probable qu’il a surtout en vue le monde actuel issu de Noé et de sa famille. Le premier acte de ce monde actuel a été de bâtir un autel à l’Éternel, ce qui montre clairement que ce monde actuel a commencé avec une certaine connaissance de Dieu. Ils venaient juste d’apprendre par le jugement solennel du déluge que Dieu n’était pas indifférent aux voies de l’homme, et qu’Il ne voudrait pas poursuivre indéfiniment avec la violence et la corruption. Ils savaient ainsi qu’ils avaient à faire à un Dieu vis-à-vis duquel l’homme est responsable.
Cette connaissance de Dieu aurait dû conduire les hommes à glorifier Dieu pour toute Sa puissance et Sa sagesse dans la création, et à lui rendre grâces pour toutes ses riches dispositions pour la bénédiction de l’homme. Cependant l’homme déchu a peur de Dieu et Le hait, que ce soit avant ou après le déluge. Les hommes peuvent en effet être contraints d’admettre l’existence d’une grande Cause Première, car ils savent que toutes leurs belles théories n’expliqueront jamais l’origine ultime de la création. Mais, dans leur folle envie d’oublier Dieu, ils s’efforcent, comme on l’a dit, de cacher Dieu derrière Ses œuvres, plutôt que de Le découvrir en elles.
Ne glorifiant pas Dieu dans Ses œuvres, ni ne Lui rendant grâces pour Ses miséricordes temporelles, ils ont perdu la connaissance de Dieu qu’ils possédaient. Refusant le témoignage de la création, ils sont retombés, comme les hommes d’aujourd’hui, sur leur propre imagination. Ainsi leur cœur destitué d’intelligence a été rempli de ténèbres, c’est-à-dire qu’ils ont perdu la connaissance de Dieu. Les ténèbres morales sont toujours, dans l’Écriture, l’ignorance de Dieu, tandis que la lumière est la connaissance de Dieu. Plus ils sont devenus fous, plus ils ont professé être sages ; et plus ils ont professé être sages, plus leur folie s’est encore accrue.
Cependant l’homme ne se suffit pas à lui-même. Il lui faut quelqu’un sur qui s’appuyer, quelqu’un à qui regarder dans sa misère et sa faiblesse. Ayant donc rejeté le vrai Dieu, et étant devenu fou, il s’est mis à façonner des faux dieux à sa guise. Les goûts des hommes étant variés, les hommes ont inventé des dieux en grand nombre pour satisfaire tous leurs penchants. Ils ont commencé par représenter Dieu sous l’image d’hommes corruptibles ; puis sombrant plus bas dans leurs idées sur Dieu, ils L’ont imaginé semblable à des oiseaux ou des quadrupèdes, jusqu’à atteindre les plus bas fonds de la dégradation en représentant Dieu sous forme de reptiles, de serpents. Le culte du serpent a prouvé à quel point l’homme avait entièrement déchu de Dieu au diable.
24 C’est pourquoi Dieu les a aussi livrés, dans les convoitises de leurs cœurs, à l’impureté, en sorte que leurs corps soient déshonorés entre eux-mêmes : 25 eux qui ont changé la vérité de Dieu en mensonge, et ont honoré et servi la créature plutôt que celui qui l’a créée, qui est béni éternellement. Amen ! 26 C’est pourquoi Dieu les a livrés à des passions infâmes, car leurs femmes ont changé l’usage naturel en celui qui est contre nature ; 27 et les hommes aussi pareillement, laissant l’usage naturel de la femme, se sont embrasés dans leur convoitise l’un envers l’autre, commettant l’infamie, mâles avec mâles, et recevant en eux-mêmes la due récompense de leur égarement.
Le résultat épouvantable nous est présenté dans les versets qui suivent. L’homme ayant abandonné Dieu, il est maintenant répété trois fois « Dieu les a livrés » (v.24, 26, 28). Il est selon le gouvernement de Dieu que ce qu’un homme sème, cela il le moissonne. Leurs convoitises les avaient détournés du vrai Dieu ; maintenant les faux dieux qu’ils avaient établis à leurs goûts, ont cautionné et encouragé leurs convoitises. Dieu les livrant à leurs convoitises, ils se sont mis immédiatement à déshonorer leur propre corps, comme aussi ils avaient déjà déshonoré Dieu.
Ayant changé la vérité de Dieu en mensonge, et mis la créature à la place du Créateur en tant qu’objet de culte, il a été permis qu’ils tombent en dessous des créatures qu’ils adoraient. Les hommes ont sombré en dessous des bêtes. On a dit à juste titre qu’une bête n’est pas une créature morale, elle est amorale
, mais un homme dégradé au niveau d’une bête devient immoral
: ses affections deviennent corrompues et perverties, laissant leur cours naturel pour suivre ce qui est contre nature.
28 Et comme ils n’ont pas eu de sens moral pour garder la connaissance de Dieu*, Dieu les a livrés à un esprit réprouvé**, pour pratiquer des choses qui ne conviennent pas, 29 étant remplis de toute injustice, de méchanceté, de cupidité, de malice, — pleins d’envie, de meurtres, de querelles, de fraude, de mauvaises mœurs, — délateurs, 30 médisants, haïssables pour Dieu*, outrageux, hautains, vantards, inventeurs de mauvaises choses, désobéissants à leurs parents, 31 sans intelligence, ne tenant pas ce qu’ils ont promis, sans affection naturelle, sans miséricorde,
— v. 28** : ou
, selon quelques-uns
: dépourvu de sens moral.
Les versets qui suivent décrivent la condition du monde païen avec un tableau terrible de ses abominations. La situation décrite par cette liste de crimes remonte à une seule et même racine. Quand les hommes avaient une certaine connaissance de Dieu, « ils n’ont pas eu de sens moral pour garder la connaissance de Dieu ». Puis les hommes ayant délibérément abandonné la lumière que Dieu avait donnée de Lui-même, il en est résulté que l’homme a été livré à un esprit réprouvé et a été abandonné à ses pensées dépravées. L’effet terrible du péché est de laisser les hommes avec des corps
souillés (1:24), des affections
dégradées (1:26), et des esprits
dépravés (1:28). L’homme est déchu corps, âme et esprit.
L’Écriture montre aussi clairement que l’état final de la chrétienté sera tel qu’il ne peut être décrit qu’en des termes presque similaires à ceux de cette liste de vices de Rom.1. Dans 2 Timothée 3:1-5, l’apôtre montre que l’état de la chrétienté sombrera au niveau du paganisme ; et la même racine produisant les mêmes fruits, l’apôtre dit en 2 Timothée 4:4 au sujet des chrétiens professant de ces derniers jours fâcheux : « ils détourneront leurs oreilles de la vérité, et se tourneront vers les fables ».
Dans les premiers jours de l’histoire du monde, les hommes avaient une certaine mesure de la connaissance de Dieu, suffisante pour les laisser sans excuse. Ils abandonnèrent délibérément cette connaissance de Dieu : « Ils n’ont pas eu de sens moral pour garder la connaissance de Dieu » ; alors ils sombrèrent en-dessous des bêtes.
De nos jours, nous avons la pleine connaissance de Dieu : Il habitait autrefois dans l’obscurité, mais Il est maintenant venu en pleine lumière. Dans la personne du Fils, Dieu a été pleinement révélé. Nous constatons de nouveau que les hommes détournent leurs oreilles de la vérité, et se tournent vers les fables. La chrétienté, comme les hommes d’autrefois, ne juge pas bon d’avoir la connaissance de Dieu. Il y a cependant cette différence solennelle que, dans les jours d’autrefois, les hommes se sont détournés d’une connaissance partielle de Dieu, tandis qu’aujourd’hui les hommes se détournent de la pleine connaissance de Dieu dans le christianisme. Le résultat sera d’autant plus épouvantable. Notre seule sécurité est de veiller à garder la connaissance de Dieu selon la lumière dans laquelle Il s’est révélé Lui-même en Christ.
— Le témoignage de la conscience
32 [et] qui, ayant connu la juste sentence de Dieu, que ceux qui commettent de telles choses sont dignes de mort, non seulement les pratiquent, mais encore trouvent leur plaisir en ceux qui les commettent.
Nous apprenons finalement que l’homme a eu dès le commencement le témoignage de la conscience en lui. Il a su et sait encore que les péchés qu’il aime et qu’il commet sont mal, et qu’un châtiment s’ensuivra. Il a refusé et refuse encore le témoignage de la création ; il n’a pas jugé bon de garder la connaissance de Dieu ; pareillement il a négligé et néglige la voix de la conscience.
Ainsi le monde païen s’est avéré être un monde en ruine, sans aucune excuse pour sa méchanceté, et sans justice devant Dieu.
1 C’est pourquoi tu es inexcusable, ô homme, qui que tu sois qui juges ; car en ce que tu juges autrui, tu te condamnes toi-même, puisque toi qui juges, tu commets les mêmes choses.
L’apôtre a présenté une image vivante de la terrible dégradation du paganisme. Toutefois malgré sa corruption effrayante, l’homme garde la capacité de juger et condamner le mal chez ses semblables. Cette capacité est déjà en elle-même une preuve que nous sommes des créatures déchues : car la connaissance du bien et du mal n’a été acquise que par la chute. Au milieu du paganisme, il a surgi une classe d’hommes appelés philosophes qui, en cultivant leurs facultés intellectuelles, ont développé à un très haut degré cette capacité de juger le mal.
Dans la première partie du second chapitre (2:1-16), l’apôtre dénonce ces moralistes philosophes où qu’ils se trouvent, parmi les païens, parmi les Juifs ou dans la chrétienté. Il a déjà montré que le témoignage de la création rend ces hommes inexcusables ; il va maintenant montrer que leur aptitude à condamner le mal rend aussi les hommes sans excuse, pour la simple raison que l’aptitude à condamner le mal ne donne aucune puissance pour résister au mal. Ainsi, tout en condamnant le mal, les hommes commettent justement les choses mauvaises qu’ils condamnent.
La question se pose donc : l’aptitude de l’homme à condamner le mal lui permettra-t-elle d’échapper au juste jugement de Dieu, s’il commet le mal qu’il condamne ? Une seule réponse à cette question est possible : aucun n’échappera au jugement de Dieu pour ce motif.
Cela conduit l’apôtre à dévoiler quatre principes divins profondément importants à l’égard de Son jugement du mal et des méchants : chacun de ces principes condamne entièrement le moraliste et l’expose au jugement de Dieu.
2 Or nous savons que le jugement de Dieu est selon la vérité contre ceux qui commettent de telles choses. 3 Et penses-tu, ô homme qui juges ceux qui commettent de telles choses et qui les pratiques, que tu échapperas au jugement de Dieu ?
Le premier grand principe du jugement de Dieu sur le mal est « que le jugement de Dieu est selon la vérité
». La norme par laquelle Dieu mesure le mal n’est pas la norme de la philosophie, mais la « vérité » quant à Dieu révélée dans le christianisme. Tout ce que Dieu est, a été donné à connaître en Christ. « La grâce et la vérité
vinrent par Jésus Christ » (Jean 1:17). Maintenant qu’a été révélée la pleine vérité de tout ce que Dieu est dans Sa nature sainte, cette vérité devient la norme par laquelle Dieu juge tout mal. Les hommes mesurent le mal par des normes qu’ils s’établissent. Les philosophes mesurent le mal par leurs propres systèmes de philosophie ; les musulmans par le Coran, et d’autres faux systèmes par leurs livres sacrés. Le jugement de Dieu sur le mal est selon la vérité de tout ce qu’Il est dans Sa nature sainte tel que révélé en Christ.
Le verset 2 présente le jugement moral
de Dieu à l’égard du mal. Le verset 3 et les versets suivants considèrent l’exécution du jugement
au jour du jugement. Si Dieu juge selon la vérité de Sa sainte nature, il est bien certain que ceux qui pratiquent ce qu’ils condamnent chez les autres n’échapperont pas à l’exécution du jugement de Dieu, sauf s’ils se repentent.
—
il y a toujours place pour la repentance avant l’exécution du jugement
4 Ou méprises-tu les richesses de sa bonté, et de sa patience, et de sa longue attente, ne connaissant pas que la bonté de Dieu te pousse à la repentance ? 5 Mais, selon ta dureté et selon ton cœur sans repentance, tu amasses pour toi-même la colère dans le jour de la colère et de la révélation du juste jugement de Dieu,
Cela conduit à l’affirmation du deuxième grand principe de Dieu à l’égard du jugement, à savoir que Dieu laisse toujours du temps pour se repentir
avant d’exécuter le jugement
. L’exécution du jugement de Dieu est inéluctable, même si elle peut être longtemps différée. Dans Sa bonté, Dieu sursoit au jugement et patiente longtemps à l’égard du mal. Ce fut le cas aux jours de Noé, quand Dieu tarda 120 ans à exécuter le jugement du déluge : il en fut aussi ainsi dans l’histoire d’Israël, dont Dieu a longtemps supporté les mauvaises voies avant de détruire Jérusalem et de disperser la nation. Il en est ainsi aussi aujourd’hui où Dieu patiente en grâce vis-à-vis de ce monde déjà condamné. Mais comment l’homme traite-t-il cette patience de Dieu ? Hélas, les hommes méprisent les richesses de Sa bonté. À cause de ce sursis, les hommes pensent que Dieu ne jugera pas ; à cause de cette « patience », ils pensent que Dieu est indifférent au mal. Ainsi, les hommes méprisent la bonté de Dieu, ne voyant pas que la raison pour laquelle Dieu « sursoit » et « patiente » est qu’Il donne aux hommes le temps de se repentir. La bonté de Dieu manifeste donc l’endurcissement et l’impénitence du cœur de l’homme. Dieu agit en bonté, et les hommes méprisent « les richesses de Sa bonté ». Dieu laisse du temps pour se repentir, et les hommes restent impénitents. Les hommes se condamnent réciproquement au sujet du mal qu’ils font, mais ils refusent de se repentir de leur propre mal. Le fait que Dieu donne du temps pour se repentir, montre que la repentance est une nécessité pour chacun pour être en règle avec Dieu, et échapper à Son jugement.
Paul résume son évangile en disant qu’il prêchait « la repentance envers Dieu et la foi en notre Seigneur Jésus Christ » (Actes 20:21). La repentance est la confession à Dieu de notre condition perdue et ruinée. La foi est l’acceptation de la bonne nouvelle au sujet de Christ. Quelqu’un a dit : « la repentance et la foi sont inséparables chez ceux où il y a de la réalité ; … Car il n’y a pas de repentance authentique sans foi, et il n’y a pas la foi des élus de Dieu sans repentance » (WK). La repentance est plus que le regret d’avoir mal fait, ou que la honte que peut éprouver la simple conscience naturelle. La repentance est le changement de pensée à l’égard de soi-même, produit par la connaissance de la grâce de Dieu. C’est la conscience et la confession de ma véritable condition devant Dieu. La repentance envers Dieu est l’acceptation de ce que Dieu dit à mon sujet. La foi en notre seigneur Jésus Christ est l’acceptation de ce que Dieu dit au sujet de Christ. Pierre s’est repenti quand il a dit en présence du Seigneur : « je suis un homme pécheur » (Luc 5:8). Le publicain s’est repenti quand il a dit : « ô Dieu, sois apaisé envers moi, pécheur » ; le fils prodigue s’est repenti quand il a dit en présence de son père : « j’ai péché contre le ciel et devant toi » ; le brigand s’est repenti quand il a dit : « nous recevons ce que méritent les choses que nous avons commises ». Il peut y avoir différents degrés de repentance, aussi bien que différentes mesures de foi. Chez certains, la repentance peut être plus profonde, et la foi plus précise et plus simple que chez d’autres ; mais on trouve les deux quand il y a un travail de Dieu dans l’âme.
La repentance et la foi ne doivent pas être non plus considérées comme des choses faites une fois pour toutes. Plus nous avons à faire avec Dieu, plus la repentance s’approfondit, et plus la foi en notre seigneur Jésus-Christ augmente. Au sujet de la repentance, on a dit à juste titre que « dans un sens, elle s’approfondit toute la vie, à mesure que la connaissance de Dieu croît » ; et au sujet de la foi, le même serviteur de Dieu a dit : « bien que la foi en l’œuvre
de Christ soit nécessaire pour posséder la paix, cependant c’est Sa personne
qui demeure toujours l’objet du cœur — le Christ Qui nous a aimés, Qui est maintenant glorifié à la droite de Dieu, après avoir porté nos péchés, et s’être livré à la mort et à la malédiction pour nous, mais Qui est toujours vivant pour nous maintenant » (JND).
Refusant de se repentir, l’homme amasse la colère pour le jour de la colère. L’homme attire la colère sur lui non seulement par son mal, mais aussi par son mépris de la bonté de Dieu qui voudrait résoudre la question du mal. Tout cela sera mis sous les yeux de l’impénitent au jour de la colère. Par la bonté de Dieu, ce jour peut être longuement différé, néanmoins il ne manquera pas d’arriver — un jour vrai au cours duquel sera révélé et exécuté le jugement de Dieu
, non pas celui de l’homme.
6 qui rendra à chacun selon ses œuvres : 7 à ceux qui, en persévérant dans les bonnes œuvres, cherchent la gloire et l’honneur et l’incorruptibilité, — la vie éternelle ; 8 mais à ceux qui sont disputeurs et qui désobéissent à la vérité, et obéissent à l’iniquité*, — la colère et l’indignation ; 9 tribulation et angoisse sur toute âme d’homme qui fait le mal, et du Juif premièrement, et du Grec ; 10 mais gloire et honneur et paix à tout [homme] qui fait le bien, et au Juif premièrement, et au Grec ;
— v. 8 : ailleurs
: injustice.
Le troisième grand principe du jugement de Dieu est que, dans ce jugement
, « Dieu rendra à chacun selon ses œuvres
». Il n’est pas déclaré ici quand Dieu le fera à l’égard des « bonnes œuvres » ; mais à l’égard des mauvaises œuvres, ce sera au « jour de la colère ». L’apôtre ne dit pas non plus que Dieu jugera tous les hommes, car seuls ceux qui font le mal viendront en jugement au « jour de la colère ». Mais Dieu « rendra
» à chacun selon ses œuvres.
D’un côté, il y a ceux qui, en persévérant dans les bonnes œuvres, cherchent la gloire, l’honneur et l’incorruptibilité. À ceux-là Dieu donnera la vie éternelle. D’un autre côté, il y les disputeurs, les désobéissants à la vérité du christianisme, qui obéissent à l’iniquité et dont les œuvres sont mauvaises. Ceux-là tomberont sous l’indignation et la colère de Dieu ; et non seulement cela, mais ils devront endurer « la tribulation et l’angoisse ». « La colère et l’indignation » décrivent l’attitude de Dieu envers ceux qui font le mal ; « la tribulation et l’angoisse » décrivent la part qui les attend. En contraste avec eux, la part de ceux qui font le bien sera « gloire et honneur et paix », et l’attitude de Dieu envers eux sera manifestée dans la sphère de la « vie éternelle ».
Dans ces versets, il n’est pas question de savoir comment un homme entre dans la voie des « bonnes œuvres », ni par quelle puissance il persévère dans cette voie, mais ce dont Dieu tient compte est la réalité de la marche, et non la simple profession ou les privilèges dont pouvaient se glorifier les Juifs ou les philosophes éclairés. Notons qu’au sujet de ceux qui font le bien, Dieu n’en parle pas comme de « ceux qui obéissent à la vérité », car cela pourrait paraître comme une mise de côté de la marche. Ceux qui font le mal, Dieu n’en parle pas simplement comme de « ceux qui obéissent à l’iniquité », car cela laisserait de côté la vérité. Dans le jugement, Dieu ne s’occupera pas seulement des mauvaises actions des hommes, mais aussi de la façon dont ils ont méprisé la vérité.
En outre, il convient de noter que dans l’exécution du jugement comme dans l’octroi de la bénédiction, Dieu maintient la première place donnée aux Juifs parmi les nations, ainsi qu’il est dit « au Juif premièrement, et au Grec » à la fois dans le jugement (2:9) et dans la bénédiction (2:10).
Cela conduit au quatrième grand principe du jugement de Dieu, à savoir que dans le jugement « il n’y a pas d’acception de personnes auprès de Dieu
».
11 car il n’y a pas d’acception de personnes auprès de Dieu.
Dieu maintient la place donné aux Juifs, mais Il ne fait pas acception de personnes, de sorte que le Juif n’échappera pas du fait qu’il est un Juif privilégié, pas plus que le non-Juif ne pourra plaider qu’il est un pauvre Gentil ignorant.
12 Car tous ceux qui ont péché sans loi, périront aussi sans loi ; et tous ceux qui ont péché sous [la] loi, seront jugés par [la] loi
Le fait de ne pas avoir la loi n’est pas une excuse pour le non-Juif qui a péché sans loi ; et le fait d’avoir la loi ne met pas le Juif à l’abri qui a péché sous la loi. Ceux qui ont péché sans loi, périront sans loi ; ceux qui ont péché sous la loi, seront jugés par elle. Ceci fait ressortir le principe important suivant : en rendant à chacun selon ses œuvres, Dieu tient compte de la mesure de lumière que l’homme a eue. Nous avons déjà vu que, quand il est question de péché, Dieu le mesure en fonction de la vérité de ce qu’Il est ; mais quand il est question de mesurer la rétribution au pécheur, Dieu prend en compte les privilèges qu’il a pu avoir en vertu de la loi, ou autrement. Cela sera manifesté au jour où Dieu jugera les secrets des hommes.
13 (car ce ne sont pas les auditeurs de la loi qui sont justes devant Dieu ; mais ce sont ceux qui accomplissent la loi qui seront justifiés ; 14 car quand les nations* qui n’ont point de loi, font naturellement les choses de la loi, n’ayant pas de loi, elles sont loi à elles-mêmes, 15 et elles montrent l’œuvre de la loi, écrite* dans leurs cœurs, leur conscience rendant en même temps témoignage, et leurs pensées s’accusant entre elles, ou aussi s’excusant), 16 [seront jugés, dis-je,] au jour où Dieu jugera par Jésus Christ les secrets des hommes, selon mon évangile.
— v. 14 : ceux qui ne sont pas juifs
. — v. 15 : c’est l’œuvre qui est écrite, non pas la loi.
Les versets 13-15 forment une parenthèse montrant, premièrement, qu’il serait inutile pour les moralistes juifs de plaider qu’ils ont entendu la loi ; la question est : mettent-ils la loi en pratique ? « Entendre » ne justifie pas, c’est « faire » qui compte ; et aucun d’eux n’a gardé la loi. Deuxièmement, il serait inutile pour les moralistes des nations de plaider qu’ils n’ont pas eu la loi, car, en fait, le non-Juif n’a pas besoin de loi pour lui dire de ne pas tuer, ni voler, ni rendre de faux témoignage. Sa propre nature lui dit que ces choses sont mauvaises, et il est donc une loi à lui-même. Le fait de savoir que ces choses sont mal, montre clairement que les « œuvres » exigées par la loi sont écrites dans nos cœurs. C’est la connaissance du bien et du mal acquise à la chute, et tous les hommes la possèdent. Cette connaissance peut varier, mais tous les hommes possèdent une certaine mesure de lumière quant au bien et au mal.
En outre, non seulement tous les hommes ont une mesure de lumière, mais ils ont aussi une conscience qui témoigne selon la mesure de lumière qu’ils possèdent. La conscience n’est pas la lumière, et elle n’est donc pas un guide. La boussole ne guide pas le navire ; seul le gouvernail guide sous le contrôle du patron du bateau. Mais la boussole dit directement au patron s’il a dévié de sa route ; de même la conscience rend directement témoignage si nous cessons de marcher selon la lumière que nous avons. Ensuite l’esprit agit soit en écoutant la conscience soit en l’étouffant — s’accusant ou s’excusant, selon les termes du v.15.
Il nous est ainsi présenté les quatre grands principes des voies de Dieu en jugement.
16 [seront jugés, dis-je,] au jour où Dieu jugera par Jésus Christ les secrets des hommes, selon mon évangile.
Ceux qui méprisent la bonté de Dieu et refusent de se repentir se trouveront finalement jugés selon ces principes au jour fixé par Dieu pour le jugement — un jugement qui sera exercé par Jésus Christ, Lui qui a été établi Juge des secrets des hommes. Voilà le sombre arrière-plan de l’évangile tel que révélé. La grâce de Dieu est présentée à l’homme dans l’évangile ; si les hommes la refusent, ils sont avertis qu’ils devront affronter le jugement de Dieu, et son exécution précisément par Celui par qui la grâce est présentée, c’est à dire Jésus Christ.
À partir du verset 17 du ch. 2, l’apôtre aborde le cas des Juifs — celui des hommes religieux. Il a démontré que les païens et les philosophes n’ont pas de justice, et sont sous le jugement devant Dieu ; mais qu’en est-il du Juif avec tous ses avantages religieux ? Est-il, lui aussi, sous le jugement, et a-t-il besoin d’un Sauveur ?
Pour répondre à ces questions l’apôtre donne une description détaillée de l’homme religieux et de ses avantages (2:17-20). Puis il montre comment le Juif a entièrement manqué dans l’exercice des responsabilités que de tels avantages entrainaient (2:21-29).
17 Or si toi, tu portes le nom de Juif, et que tu te reposes entièrement sur la loi, et que tu te glorifies en Dieu, 18 et que tu connaisses la volonté, et que tu saches discerner les choses excellentes, étant instruit par la loi, 19 et que tu croies que tu es conducteur d’aveugles, lumière de ceux qui sont dans les ténèbres, 20 instructeur des hommes dépourvus d’intelligence, maître* de petits enfants, ayant la formule de la connaissance et de la vérité dans la loi ;
— v. 20 : maître qui enseigne, ailleurs
: docteur.
Pour montrer les responsabilités du Juif religieux, l’apôtre décrit en détail les avantages qui appartiennent au Juif, et dont il se vante. Le Juif s’appuie sur le fait qu’il est un Juif privilégié, séparé des nations ; ensuite, il se repose sur le fait qu’il a une loi donnée de Dieu ; ensuite il se vante d’avoir la connaissance du vrai Dieu ; en plus, il se vante de connaître la volonté de Dieu, et d’être en mesure de discerner les choses excellentes d’après l’instruction reçue de la loi. Étant Juif, et ayant la loi, il prétend guider les aveugles, donner de la lumière à ceux qui sont dans les ténèbres, instruire les insensés et enseigner les ignorants. En outre, il a la formule de la connaissance et de la vérité, concrétisée par la loi. Il ne dépend pas, pour la lumière qu’il a, d’une simple tradition transmise oralement.
Il suffit de lire ces versets pour voir à quel point ils décrivent exactement l’homme religieux, tant Juif que chrétien professant. Remplaçons le mot de ‘Juif’ par celui de ‘chrétien’, la ‘loi’ par la ‘Bible’, et nous avons une description exacte de la profession chrétienne. Le chrétien professant se vante d’être appelé chrétien, et de ne pas être un païen ; d’avoir la Bible et la connaissance du vrai Dieu ; d’être instruit par la Bible sur ce qui est juste, et d’être donc en mesure d’envoyer des missionnaires pour instruire les païens.
L’un quelconque, ou l’ensemble de ces avantages indéniables sera-t-il capable d’assurer le salut de son âme, ou de lui donner une position de justice devant Dieu ? Servira-t-il à quelque chose devant Dieu d’être appelé
chrétien, et de posséder la Bible, et d’être donc en mesure d’approuver ce qui est juste ?
21 toi donc qui enseignes les autres, ne t’enseignes-tu pas toi-même ? Toi qui prêches qu’on ne doit pas dérober, dérobes-tu ? 22 Toi qui dis qu’on ne doit pas commettre adultère, commets-tu adultère ? Toi qui as en abomination les idoles, commets-tu des sacrilèges* ? 23 Toi qui te glorifies en [la] loi, déshonores-tu Dieu par la transgression de la loi ?
— v. 22 * sacrilège = profanation de ce qui est sacré.
Pour répondre à ces questions, l’apôtre teste, dans ces versets, les prétentions de l’homme religieux en posant quelques questions qui le sondent. Il lui demande, pour ainsi dire :
(1) Qu’en est-il de toi-même
? Tu te vantes d’enseigner les autres : t’enseignes-tu toi-même ?
(2) Qu’en est-il de ta pratique
? Tu prêches à d’autres de ne pas voler : est-ce que toi, tu voles ?
(3) En rapport avec le monde
? Tu professes approuver les choses excellentes : formes-tu des alliances profanes avec le monde ? Commets-tu adultère ?
(4) En rapport avec les païens
? Tu prétends avoir les idoles en horreur : commets-tu des sacrilèges ?
(5) En rapport avec la loi
et la Bible
? Tu te vantes de la loi : lui obéis-tu ?
(6) En rapport avec Dieu
? Tu te vantes de ta connaissance de Dieu : L’honores-tu ?
Ces questions pénétrantes dévoilent complètement l’homme religieux. Sa pratique dément sa profession. Il a en effet une forme de piété, mais sans la puissance. Sa profession est bien au-dessus des nations, mais sa pratique n’est pas meilleure.
24 Car le nom de Dieu est blasphémé à cause de vous parmi les nations, comme il est écrit*.
— v. 24 : comparer
Ésaïe 52:5 et Ézéchiel 36:20-23.
Le résultat se résume en une constatation solennelle. Le nom de Dieu est blasphémé parmi les nations à cause de l’homme religieux. L’apôtre parle des Juifs ; mais ce qu’il dit est tout aussi vrai des chrétiens professants. Les blasphèmes des incrédules ont été principalement provoqués par les corruptions et les pratiques dégradées de la chrétienté professante. Il ne suffirait pas que la pratique des chrétiens soit cohérente avec ce qu’ils professent pour que les gens veuillent devenir chrétiens, mais au moins, s’il y avait cette cohérence de la pratique avec la profession, les gens n’auraient pas d’occasion de blasphémer Dieu.
25 Car en effet [la] circoncision est profitable si tu accomplis [la] loi ; mais si tu es transgresseur de [la] loi, ta circoncision est devenue incirconcision. 26 Si donc l’incirconcision garde les exigences de la loi, son incirconcision ne sera-t-elle pas comptée pour circoncision ; 27 et l’incirconcision qui l’est par nature, en accomplissant la loi, ne te jugera-t-elle pas, toi qui, dans la lettre et la circoncision*, es transgresseur de [la] loi ? 28 Car celui-là n’est pas Juif qui l’est au dehors, et celle-là n’est pas la circoncision qui l’est au dehors dans la chair ; 29 mais celui-là est Juif qui l’est au dedans, et la circoncision est du cœur, en esprit, non pas dans la lettre ; et la louange de ce [Juif] ne vient pas des hommes, mais de Dieu.
— v. 27 : proprement
: avec lettre et circoncision.
L’apôtre a montré que la pratique de l’homme religieux est bien en dessous de ce qu’il professe. Dans les versets qui suivent, il montre la raison de cette faillite. La racine de l’échec réside dans la profession de privilèges extérieurs sans travail intérieur de la grâce dans le cœur
. La position extérieure de privilège, dont la circoncision est le signe, n’est en effet profitable que si la loi est gardée. Une position extérieure parmi le peuple de Dieu a ses avantages ; mais si la pratique n’est pas en accord avec la position, celle-ci n’a aucune valeur spirituelle
. Si le non-Juif, qui n’a pas de position, garde la justice de la loi, il obtiendra la bénédiction de la classe privilégiée, sans même en avoir la position. Par conséquent ce qui est intérieur est beaucoup plus important que ce qui est extérieur. Le vrai Juif est celui en qui il y a un travail intérieur dans le cœur, et qui sert Dieu en esprit et non selon la lettre, et qui vit devant Dieu et non pas seulement devant les hommes.
L’apôtre a ainsi démontré que le professant religieux est dépourvu de justice devant Dieu et est sous le jugement, tout comme le païen et le moraliste. Toutefois les arguments dont il se sert à l’égard de l’homme religieux, peuvent soulever trois questions qu’il reprend et auxquelles il répond dans les huit premiers versets du ch. 3.
1 Quel est donc l’avantage du Juif, ou quel est le profit de la circoncision ? 2 — Grand de toute manière, et d’abord en ce que les oracles de Dieu leur ont été confiés.
Premièrement, on peut soulever la question suivante : Y a-t-il un quelconque avantage à avoir une position extérieure ? Cette question se pose du fait que l’apôtre vient juste de montrer que la position de l’homme religieux, avec tous ses avantages, ne donne aucun rang particulier devant Dieu
, si elle n’est pas accompagnée d’un travail intérieur dans le cœur. D’où la question : quel est l’avantage d’avoir des privilèges religieux extérieurs tels que ceux des Juifs ? Ou, quel profit y a-t-il à être circoncis — c’est-à-dire à être passé par le rite qui introduit dans cette position extérieure ?
Dans sa réponse, l’apôtre affirme expressément qu’il y a des avantages à une position extérieure. Il dit, en effet, que l’avantage est « grand de toute manière ». Le principal avantage est que le Juif a eu les oracles de Dieu. Avoir les Écritures était un grand gain, alors comme maintenant. Même si certains n’acceptent pas l’évangile, c’est un immense avantage d’être dans un pays où la lumière de la Parole de Dieu est apportée pour influencer les hommes, même si cela ne touche que leur vie extérieure.
3 Quoi donc ? Si quelques-uns n’ont pas cru, leur incrédulité annulera-t-elle la fidélité de Dieu ? 4 Qu’ainsi n’advienne ! mais que Dieu soit vrai et tout homme menteur, selon ce qui est écrit : « En sorte que tu sois justifié dans tes paroles, et que tu aies gain de cause quand tu es jugé » [Psaume 51:4]
.
La réponse de l’apôtre à la première question soulève une deuxième question. Il a déclaré qu’avoir les oracles de Dieu est un net avantage ; mais qu’en est-il si certains ne croient pas ? Leur incrédulité rendra-t-elle la parole de Dieu inopérante pour ceux qui ont « la foi de Dieu » ? Ou l’incrédulité de l’homme affectera-t-elle la vérité de ce que Dieu a dit ?
En réponse à cette question l’apôtre dit : « qu’ainsi n’advienne ». Puis il cite le Psaume 51 pour montrer que, quoi que les hommes puissent croire ou faire, Dieu sera justifié dans tout ce qu’Il dit. Dans ce Psaume de repentance, David reconnait que dans le jugement qui l’a frappé à cause de son grand péché, Dieu a démontré que tout ce qu’Il avait dit quant au jugement frappant le pécheur était vrai. Dieu a justifié Ses propres paroles dans sa manière d’agir envers David.
C’est un avertissement solennel pour tous, tant croyants que non-croyants. Si nous n’apprenons pas dans la présence de Dieu que ce que Dieu dit est vrai au sujet du mal de nos cœurs et des conséquences de pécher, il nous faudra l’apprendre en tombant sous le jugement gouvernemental, ou sous le jugement éternel dans le cas des non-croyants.
Ces chapitres placent devant nous la vérité solennelle de ce qu’il en est de nous. Pour nous croyants, il est bon de laisser la Parole nous sonder personnellement et d’apprendre ainsi que ce que Dieu dit de nous est vrai, plutôt que d’avoir à apprendre la vérité par une chute terrible comme celle de David. D’une manière ou d’une autre, nous avons à apprendre que ce que Dieu dit au sujet de la chair est vrai, et que tout ce que l’homme peut dire en sens contraire est mensonge, qui que soit l’homme qui le dit. Qu’il soit un grand génie ou un grand philosophe, c’est un menteur s’il contredit ce que Dieu a dit du péché et de la chair.
5 Mais si notre injustice constate la justice de Dieu, que dirons-nous ? Dieu est-il injuste quand il donne cours à la colère ? — Je parle selon l’homme. 6 — Qu’ainsi n’advienne ! puisqu’[alors], comment Dieu jugera-t-il le monde ? 7 Car si la vérité de Dieu dans mon mensonge a abondé pour sa gloire, pourquoi moi aussi suis-je encore jugé comme pécheur ? 8 Et non, comme nous sommes calomnieusement accusés et que quelques-uns prétendent que nous disons : Faisons du mal, afin qu’arrive le bien ? — desquels le jugement est juste*.
— v. 8 : c’est-à-dire
: lesquels méritent d’être condamnés
.
Nous avons vu que l’injustice de David est devenue l’occasion de montrer que Dieu avait raison dans tout ce qu’Il avait dit. Ainsi notre injustice constate la justice de Dieu. Cela soulève une troisième question pour l’esprit naturel : comment Dieu peut-il punir pour avoir fait quelque chose qui tourne à la gloire de Dieu, même si c’est mal ?
En parlant ainsi l’apôtre prend soin de dire qu’il ne fait que dire tout haut ce que l’homme pense tout bas. Il sait bien, quant à lui, que l’argument est faux, car il y répond immédiatement : « qu’ainsi n’advienne ». Un tel argument, s’il était vrai, rendrait impossible tout jugement du monde de la part de Dieu.
L’homme tentera alors d’argumenter en disant que la vérité de Dieu s’est trouvé renforcée par son refus, et que ce refus a dès lors contribué à la gloire à Dieu ; pourquoi est-il alors jugé comme pécheur au lieu d’être félicité d’avoir fait du mal afin qu’arrive le bien ? On prétendait apparemment et par calomnie que c’était là le résultat de l’enseignement chrétien selon lequel « là où le péché abonde, la grâce surabonde ».
La réponse de Paul à ce genre d’argument est brève. Il dit simplement que les gens qui le tiennent méritent le jugement : « desquels le jugement est juste ». Le fait que le péché de l’homme tourne à la gloire de Dieu ne décharge pas l’homme de sa responsabilité, ni ne l’exempte du jugement de Dieu.
L’apôtre a démontré que les païens, les moralistes et l’homme religieux n’ont aucune justice pour Dieu. Pour résumer maintenant cette section de l’épître qui prouve la ruine complète de l’homme, il cite des Écritures qui montrent clairement que tout le monde est coupable devant Dieu.
9 Quoi donc ? Sommes-nous plus excellents* ? Nullement. Car nous avons ci-devant accusé et Juifs et Grecs d’être tous sous [le] péché, 10 selon qu’il est écrit : « Il n’y a point de juste, non pas même un seul ; 11 il n’y a personne qui ait de l’intelligence, il n’y a personne qui recherche Dieu ; 12 ils se sont tous détournés, ils se sont tous ensemble rendus inutiles ; il n’y en a aucun qui exerce la bonté, il n’y en a pas même un seul » [Psaume 14:1-3 et 53:1-3]
;
— v. 9 : ou
: Nous défendons-nous ?
Il vient de montrer que la position de privilège extérieur est un avantage certain pour l’homme religieux. Faut-il en déduire que le Juif est moralement meilleur que le non-Juif ? L’apôtre demande : sommes-nous, nous les Juifs, plus excellents que les non-Juifs ? En réponse, l’apôtre affirme d’abord qu’il a déjà prouvé que Juifs et non-Juifs sont « tous sous le péché ». Il poursuit ensuite en montrant la ruine complète de tous les hommes en citant sept passages de l’Ancien Testament qui donnent une description solennelle de l’homme selon la chair. Ces Écritures s’appliquent à la fois aux Juifs et aux non-Juifs, prouvant que tous sont sous le péché, et que les Juifs ne sont pas meilleurs que les non-Juifs.
La première citation est tirée des Psaumes 14 ou 53, où elle se rattache à l’affirmation selon laquelle « l’Éternel a regardé des cieux sur les fils des hommes, pour voir s’il y a quelqu’un qui soit intelligent, qui recherche Dieu » (Ps.14:2). Les déclarations qui suivent donnent le résultat de cette recherche selon le regard pénétrant de Dieu. La vérité présentée n’est donc pas une description de la façon dont nous apparaissons les uns aux autres, mais de celle dont nous paraissons devant Dieu, comme enfants d’Adam déchus — comme étant dans la chair. Dans les citations tirées de ce Psaume, Dieu nous dépouille de tout ce dont nous pourrions nous vanter comme hommes naturels, c’est-à-dire des choses par lesquelles nous cherchons naturellement à nous justifier devant Dieu :
Ainsi la Parole de Dieu dépouille la chair de toutes les couvertures par lesquelles l’homme cherche à cacher son véritable état à la fois à lui-même, à ses semblables et à Dieu. La propre justice, les efforts intellectuels, la chair religieuse, la volonté de la chair, les efforts et les bienfaits sociaux, ne sont que des vêtements de feuilles de figuier par lesquelles les hommes cherchent à cacher leur nudité, et à prétendre être devant les autres ce qu’ils ne sont pas.
Dépouillé de ces feuilles de figuier, l’homme déchu se trouve manifesté sous son vrai caractère tel que Dieu le voit. Dans le passage de l’Écriture qui suit, le gosier, la langue, les lèvres, la bouche et les pieds, servent à montrer les diverses qualités mauvaises de la chair.
13 « c’est un sépulcre ouvert que leur gosier ; ils ont frauduleusement usé de leurs langues » [Psaume 5:9]
; « il y a du venin d’aspic sous leurs lèvres » [Psaume 140:3]
; 14 « et leur bouche est pleine de malédiction et d’amertume » [Psaume 10:7]
; 15 « leurs pieds sont rapides pour verser le sang [Prov. 1:16 et Ésaïe 59:7]
; 16 la destruction et la misère sont dans leurs voies, 17 et ils n’ont point connu la voie de la paix » [Ésaïe 59:7-8]
; 18 « il n’y a point de crainte de Dieu devant leurs yeux » [Psaume 36:1]
.
La seconde citation est tirée du Psaume 5 v.9, où nous lisons : « c’est un sépulcre ouvert que leur gosier ; ils ont frauduleusement usé de leurs langues ». Le gosier décrit la corruption totale de la chair — c’est un sépulcre ouvert. Cette corruption se manifeste par des lèvres menteuses.
La troisième citation est tirée du Psaume 140 v.3 : « il y a du venin d’aspic sous leurs lèvres ». La corruption de la chair conduit au mensonge ; et le mensonge conduit au poison de la calomnie ; car la chair qui peut vous mentir en face, vous calomniera par derrière.
La quatrième citation est tirée du Psaume 10 v.7 ; « leur bouche est pleine de malédiction et d’amertume ». Le mensonge mène à la calomnie, et la calomnie conduit à maudire ; car l’homme calomnié ripostera en maudissant avec amertume.
La cinquième citation est tirée de Proverbes 1 v.16 [identique à És. 59 v.7] ; « leurs pieds sont rapides pour verser le sang ». De « la malédiction et de l’amertume », il n’y a qu’un pas vers le meurtre.
La sixième citation est tirée d’Ésaïe 59 v.7-8 ; « la destruction et la misère sont dans leurs voies, et ils n’ont point connu la voie de la paix ». Le meurtre laisse la ruine et la misère dans son sillage.
La septième citation est tirée du Psaume 36 v.1 : « Il n’y a point de crainte de Dieu devant leurs yeux ». La ruine et la misère dérobent la paix aux hommes. Quand la paix est partie, les hommes, peuvent tout craindre l’un de l’autre, mais il n’y a pas de crainte de Dieu devant leurs yeux.
Ainsi, l’homme déchu, après avoir d’abord été dépouillé de toute couverture, est manifesté comme corrompu, menteur, calomniateur, maudisseur et meurtrier, laissant ruine et misère à sa suite, et suivant un chemin où il n’y a ni paix ni crainte de Dieu. Voilà le tableau solennel de l’homme déchu aux yeux de Dieu. Cela ne veut pas dire que chacun de ces traits se retrouve chez tous, car beaucoup de barrières s’opposent à la manifestation de la chair dans la plénitude du mal. Dans le cours ordinaire de la vie, il y a des contraintes d’éducation, de civilisation et des formes extérieures de religion qui empêchent la chair de se montrer dans toute sa méchanceté. Toutefois, quand cela s’y prête, la chair fait sauter tous les freins, et se manifeste dans toute sa laideur.
La croix, qui est la plus grande expression de l’amour de Dieu, a été la plus grande occasion pour l’homme de manifester le mal de son cœur. Nous y voyons la corruption totale de la chair : Pilate parle de Christ comme d’un « juste », il reconnait n’avoir « trouvé aucune faute en Lui » ; il admet qu’Il n’a « rien fait qui soit digne de mort », et pourtant il Le livre délibérément pour être crucifié. Peut-on trouver une plus grande expression de la corruption de la chair ?
Notons ensuite la langue menteuse. La corruption de la chair chez Judas se traduit dans la langue qui use de tromperie. Il a commis et prononcé un mensonge quand, lors de sa trahison, il a dit : « Je te salue, Rabbi », et il Le baisa avec empressement (Matt.26:49).
Puis on voit le venin d’aspic chez les Juifs quand, avec de faux témoins et de fausses paroles, ils calomnient le Seigneur et cherchent à insuffler le venin dans l’esprit de Pilate contre Lui, disant : « Nous avons trouvé cet homme pervertissant notre nation et défendant de donner le tribut à César » (Luc 23:2).
De la calomnie ils passent à la malédiction amère, car nous lisons : « Et les principaux sacrificateurs et les scribes se tinrent là, l’accusant avec véhémence » (Luc 23:18). Il n’y a ensuite qu’un pas de la colère au meurtre, car ils dirent : « Qu’il soit crucifié ». La ruine et la misère ont suivi dans ce sillage du plus terrible de tous les meurtres, selon ce qu’avaient prédit les propres paroles du Seigneur : « voici, des jours viennent, dans lesquels on dira : Bienheureuses les stériles, et les ventres qui n’ont pas enfanté, et les mamelles qui n’ont pas nourri. Alors ils se mettront à dire aux montagnes : Tombez sur nous ; et aux coteaux : Couvrez-nous » (Luc 23:29-30).
En outre, le meurtre qui a amené la ruine, a aussi enlevé la paix à l’homme, car à la croix nous lisons : « Toutes les foules qui s’étaient assemblées à ce spectacle, ayant vu les choses qui étaient arrivées, s’en retournaient, frappant leurs poitrines » (Luc 23:48). Il n’y avait pas de paix dans ces poitrines. Tout cela fut fait sans aucune crainte de Dieu, car tous dirent : « Que son sang soit sur nous et sur nos enfants » (Matt. 27:25).
Voilà donc la vérité solennelle concernant l’homme déchu. Sa ruine et sa méchanceté absolue, consignées dans l’Écriture et démontrées à la croix, s’avèrent complètes. Il est bon que nous justifions Dieu dans Ses paroles, non seulement en admettant la vérité de ce qu’Il a dit sur les hommes en général, mais que c’est aussi la vérité quant à chacun de nous individuellement — et que c’est bien là le véritable caractère de la chair, même si elle a été beaucoup tenue en bride par des circonstances particulières.
19 Or nous savons que tout ce que la loi dit, elle le dit à ceux qui sont sous la loi, afin que toute bouche soit fermée, et que tout le monde soit coupable devant Dieu.
Voilà donc le témoignage de la loi auquel ni Juif ni non-Juif ne peut échapper. Le Juif, qui détient une position extérieurement avantageuse en ayant la loi, est entièrement condamné par elle, car il est évident que la loi parle à ceux qui sont sous la loi. Le Juif, par conséquent, n’a aucune supériorité morale sur le non-Juif. La conclusion solennelle de l’ensemble de l’acte d’accusation est que Juifs et non-Juifs sont au même niveau devant Dieu. Toute bouche est fermée, et tout le monde est sous le jugement devant Dieu.
20 C’est pourquoi nulle chair ne sera justifiée devant lui par des œuvres de loi, car par [la] loi est la connaissance du péché.
Or, la loi qui place tout le monde sous le jugement de Dieu, n’offre à l’homme aucune possibilité de se soustraire au jugement par des efforts de sa part. « Nulle chair ne sera justifiée devant Lui par des œuvres de loi ». La loi, en effet, convainc de péché, car « par la loi est la connaissance du péché », mais elle ne peut pas ôter les péchés, ni délivrer de la puissance du péché. La loi est comme un fil à plomb montrant les irrégularités d’un mur. Il serait aussi insensé de penser qu’un mur tordu puisse être redressé en tenant un fil à plomb à côté de lui, que de penser qu’un pécheur coupable puisse être justifié par la loi. Ainsi, la loi nous convainc non seulement que nous sommes pécheurs devant Dieu, mais aussi que nous sommes des pécheurs sans ressources. Notre ruine est totale et irrémédiable, pour ce qui nous concerne. Non seulement l’homme est une créature déchue chassée du Paradis, mais il ne peut pas trouver le chemin de retour. La loi qui a été donné pour la vie si un homme la garde, est devenue un ministère de mort et de condamnation.
Dans la section précédente de l’épître (1:18 à 3:20) l’apôtre a examiné l’état du monde devant Dieu. Le résultat est, comme l’Écriture le prouve, que toute bouche est fermée et que tout le monde est sous le jugement de Dieu. De toute évidence, alors, tout en est fini avec l’homme de son côté. Pour que quelqu’un soit sauvé du jugement, tout doit dépendre de Dieu. Du coup, il y a ici un tournant dans l’épître, et l’on passe de l’examen de ce qu’est l’homme devant Dieu, à l’initiation de ce que Dieu est pour l’homme coupable. Ce qui est devant nos âmes n’est plus l’homme dans sa ruine, mais Dieu dans Sa gloire.
21 Mais maintenant, sans loi, [la] justice de Dieu est manifestée, témoignage lui étant rendu par la loi et [par] les prophètes,
Cependant, si Dieu agit en faveur de l’homme, ce doit être en justice. Aussi l’apôtre reprend ici le grand sujet de « la justice de Dieu », déjà évoqué dans l’introduction (1:17). La justice de Dieu est cette qualité en Dieu qui Le conduit à toujours agir selon Ses droits, ou, en d’autres termes, à agir à l’égard des autres en parfaite cohérence avec Lui-même.
Il est naturel qu’un pécheur condamné redoute la justice de Dieu : Il réfléchit, se disant que si un Dieu saint s’occupe avec justice d’un pécheur coupable, cela ne peut qu’aboutir à son jugement à cause de ses péchés. Il ne vient jamais à l’idée du pécheur que Dieu puisse pardonner ses péchés avec justice. Cependant lorsque nous sommes instruits dans la justice de Dieu, nous découvrons que la qualité de Dieu que nous estimons être en notre défaveur, est justement celle qui, plus que toute autre, est en notre faveur comme pécheurs ; et que c’est elle qui est le fondement solide de notre paix comme croyants.
Cette justice de Dieu se manifeste dans l’évangile, entièrement en dehors de la loi. La loi exigeait de la part de l’homme une justice qu’il était incapable de produire. L’évangile déclare la justice de Dieu envers l’homme, sans rien lui demander. La loi rendait témoignage de la justice de Dieu. Les sacrifices sous la loi, et les oracles des prophètes, annonçaient la manière dont Dieu peut maintenant bénir en justice le pécheur qui croit, mais la loi et les prophètes n’étaient que les témoins des bienfaits à venir. La justice de Dieu est maintenant manifestée
. Désormais il est manifeste que c’est en justice que Dieu proclame le pardon des péchés au pécheur, et qu’Il justifie les impies qui croient en Jésus.
22 [la] justice, dis-je, de Dieu par [la] foi en* Jésus Christ envers tous, et sur tous ceux qui croient ; car il n’y a pas de différence, 23 car tous ont péché et n’atteignent pas à la gloire de Dieu,
— v. 22 : litt
. : de, voir
Galates 2:20.
Cette justice de Dieu est « envers » nous en bénédiction, non pas contre nous en jugement selon ce que le cœur naturel attendrait. En outre, elle est « envers tous », en direction de tous. Elle ne se limite pas aux Juifs, elle n’est pas non plus simplement envers les croyants, ou envers les élus, mais elle est envers tous.
Cependant, seuls ceux qui ont la foi — la « foi en Jésus-Christ [ou : de Jésus-Christ] » — reçoivent la bénédiction que la justice de Dieu apporte. Si donc la justice de Dieu est « envers
tous », elle est seulement « sur
tous ceux qui croient ». La justice de Dieu ne prend effet, ou n’agit que sur
ceux-ci. Dieu Lui-même, indépendamment de nos expériences, agit avec justice en justifiant celui qui croit de tous les sujets d’accusation.
Quelle est donc cette « foi en [Jésus-Christ ou : de] Jésus-Christ » ou ce « croire en Jésus Christ » dont parle ce verset ? Dieu nous présente Christ comme une personne vivante, comme un objet pour la foi des hommes. Comme quelqu’un l’a dit : « Jésus-Christ est une Réalité divine ; et la ‘foi en [ou : de] Jésus Christ’ est simplement qu’Il est devenu une Réalité pour le cœur du croyant ». Dans l’évangile, Christ est présenté dans toute la gloire de Sa personne — Sa dignité morale, Son adéquation à la condition du pécheur, Sa disponibilité pour tous, et Son accessibilité à toute âme dans le besoin. Il est présenté en rapport avec la gloire de Son œuvre comme mourant sur la croix, « s’offrant lui-même à Dieu sans tache » (Héb. 9:14). Il est présenté comme ressuscité, monté au ciel et dans la gloire de Dieu, accepté par Dieu à Son entière satisfaction. Pour celui qui croit, Jésus — une Personne vivante dans la gloire — est tout, et a fait tout le nécessaire pour satisfaire la nature sainte de Dieu, afin que Dieu puisse proclamer avec justice le pardon envers tous, et déclarer que celui qui croit est justifié. Ainsi l’apôtre prêchait « que par lui vous est annoncée la rémission des péchés, et que de tout ce dont vous n’avez pu être justifiés par la loi de Moïse, quiconque croit est justifié par lui » (Actes 13:38-39). Si donc la proclamation du pardon se propage en justice vers tous, c’est parce que tous en ont besoin. Quelles que soient les différences pouvant exister entre les hommes, il n’y en a aucune sur le fait que « tous ont péché et n’atteignent pas à la gloire de Dieu ».
24 — étant justifiés gratuitement par sa grâce, par* la rédemption qui est dans le Christ Jésus,
— v. 24 : par le moyen de.
Si tous ont failli, c’est ceux qui croient qui sont « justifiés gratuitement par sa grâce, par la rédemption qui est dans le Christ Jésus ». Il a été souligné que le mot traduit par « gratuitement » est traduit en Jean 15:25 par « sans cause ». Les hommes ont haï Christ ‘sans cause’ quant à Lui ; et Dieu justifie celui qui croit en Jésus ‘sans cause’ quant à ce qui concerne le croyant. C’est à la fois un acte accompli en cohérence absolue avec la nature de Dieu, et un acte de pure grâce envers le croyant. Le croyant est justifié justement et gratuitement.
Être justifié signifie que le croyant est complètement disculpé de toute accusation devant Dieu. Et étant disculpé par Dieu Lui-même, il en résulte que Dieu ne soulèvera plus jamais aucune question au sujet des péchés du croyant. Si Dieu a été juste en justifiant le croyant de ses péchés, il s’ensuit que Dieu ne pourrait pas en justice re-soulever la question de ses péchés. La justice même qui s’est occupé des péchés du croyant, empêche que la question de ses péchés soit de nouveau soulevée.
Si, en revanche, Dieu est capable de justifier le croyant en agissant à la fois en justice et en grâce, il faut qu’il y ait une base adéquate pour le faire. C’est ce qui est placé maintenant devant nous : c’est « par la rédemption qui est dans le Christ Jésus ». La rédemption est l’acte qui, par le paiement d’un prix, libère le pécheur de toutes les dettes sous lesquelles il croule
. La rédemption fait beaucoup plus que de nous libérer de nos péchés ; elle comprend aussi la délivrance du corps de la mort et de la maladie, ce qui implique un corps de gloire comme celui de Christ. La rédemption, dans sa plénitude, libère de la culpabilité, du jugement, de la mort et de la puissance de l’ennemi, et elle nous ramène à Dieu en gloire, avec Christ et comme Christ. Dans cette gloire, lorsque l’œuvre de la rédemption sera complète, les multitudes assemblées diront à Christ : « Tu es digne… Car tu nous as rachetés
pour Dieu par ton sang » (Apoc. 5:9).
La rédemption est introduite dans ce passage pour montrer que la justification fait partie de cette grande œuvre de la rédemption qui nous placera finalement avec Christ et comme Christ dans la gloire. La justification est incluse dans la rédemption, mais la rédemption va bien au-delà de la justification. La rédemption libère le croyant de la moindre chose fournissant à Satan un motif de réclamation contre nous, ou une emprise sur nous. Les Israélites ont été non seulement mis à l’abri de l’ange exterminateur par le sang sur les poteaux des portes en Égypte, mais ils ont aussi été sortis d’Égypte par le passage de la mer Rouge, et donc entièrement délivrés de la puissance du Pharaon. La justification est la première partie de cette grande rédemption. En tant que croyants, nous ne sommes pas seulement pardonnés, mais nous sommes justifiés — nous sommes libérés de tout droit que Satan peut avoir contre nous en raison de nos péchés.
Cette rédemption est « dans le Christ Jésus ». Notre justification est montrée en Lui. Nous avons le privilège de nous voir disculpés de toute accusation, comme Lui est innocent de tout ; mais il y plus à voir : tout ce que nous serons, comme résultat de la rédemption dans sa plénitude, nous le voyons déployé dans le Christ Jésus dans la gloire.
25 lequel Dieu a présenté pour propitiatoire, par la foi en son sang, afin de montrer sa justice à cause* du support des péchés précédents dans la patience de Dieu, 26 afin de montrer, [dis-je], sa justice dans le temps présent, en sorte qu’il soit juste et justifiant celui qui est de la foi de Jésus.
— v. 25 : ou
: à l’égard.
En outre, si Dieu rachète Son peuple, il est évident que Lui a le droit de rachat (ou : rédemption). Satan a été autorisé à entrer dans le jardin, et l’homme est tombé des mains de Dieu dans celles du diable. Cependant Dieu n’a jamais renoncé à Son droit souverain de racheter l’homme de la puissance du diable. Néanmoins, le droit de rachat ne peut être exercé qu’avec le paiement d’un prix. Pour la paix de nos âmes, Dieu a clairement annoncé la base sur laquelle Il exerce Son droit de rachat. Ainsi nos yeux sont dirigés sur le Christ Jésus et sur Son œuvre, Lui que « Dieu a présenté pour propitiatoire, par la foi en son sang ». Il est bon de bien tenir compte de cette grande déclaration, car elle présente la mort de Christ, dans toute son efficacité immuable aux yeux de Dieu, comme étant la base sûre de notre justification et de notre rédemption. C’est la grande vérité centrale du chapitre, qui est la base de toute bénédiction.
Trois passages de l’Ancien Testament nous donnent les vérités principales concernant le propitiatoire. Premièrement Exode 25:17 nous dit que le propitiatoire était d’« or pur
». Cela nous parle de la gloire de la personne de Christ. C’est une personne divine, Dieu manifesté en chair. Deuxièmement Exode 26:34 nous dit que le propitiatoire était sur l’arche « dans le lieu très saint
». Le lieu très saint était une image du ciel même (Héb. 9:24). Il parle du lieu où Christ est aujourd’hui dans la présence de Dieu. Troisièmement Lévitique 16:14-15 nous dit que le sang du sacrifice était porté à l’intérieur du voile (dans le lieu très saint) et était aspergé « sur le propitiatoire
». Cela témoigne non seulement de l’œuvre de Christ, mais de l’acceptation de cette œuvre par Dieu. Ainsi selon ces trois passages, le propitiatoire présente devant nous la gloire de la Personne de Christ, la gloire du lieu où Il se trouve, et la gloire de l’œuvre qu’Il a accomplie. Nous apprenons qui Il est, où Il est, et ce qu’Il a fait pour la satisfaction de Dieu.
Ainsi le Christ Jésus « présenté pour propitiatoire, par la foi en Son sang » signifie que la foi voit que Christ est toujours devant Dieu dans la gloire de Sa personne et dans la valeur précieuse de Son œuvre. Aucune créature ne connaitra jamais la gloire infinie de Sa personne, ou la valeur infinie de Son sang, mais la foi se repose sur l’appréciation que Dieu fait de Sa personne et de Son œuvre. La base de toute paix dans l’âme est de savoir que Christ est toujours devant Dieu, dans la gloire de Sa personne et l’efficacité de Son œuvre, et qu’Il est pleinement accepté par Dieu
. La foi ne regarde pas à l’intérieur d’elle-même pour essayer de trouver quelque repos dans notre
appréciation de Christ et de Son œuvre. La foi regarde à l’extérieur vers Christ dans la gloire, et se repose sur l’appréciation que Dieu a de Sa valeur et de Son sang précieux.
Pour avoir le vrai repos et la paix, nous devons nous reposer sur quelque chose que le diable ne peut pas remettre en cause, et qui est donc en dehors de nous-mêmes et de nos sentiments versatiles et de nos expériences fluctuantes. Ce lieu de repos pour l’âme ne se trouve qu’en Christ dans la gloire et dans la satisfaction éternelle de Dieu quant à Son sang précieux. On a dit à juste titre : « La foi en l’œuvre de Christ n’est pas que nous l’acceptons, si heureux que cela soit, mais que nous croyons que Dieu l’a acceptée » (JND).
Quand la foi voit l’acceptation du sang par Dieu, elle voit clairement combien Dieu a été juste de supporter les saints de l’Ancien Testament quand ils péchaient. C’est Sa patience qu’on voyait à l’époque : Sa justice dans la patience n’est révélée que maintenant. C’est aussi maintenant que Dieu est vu comme étant juste quand Il justifie celui qui croit en Jésus. Ce n’est pas que Dieu soit juste en dépit de
ce qu’Il justifie celui qui croit en Jésus ; mais Dieu est juste dans le fait qu
’Il justifie. Dieu justifie en justice.
Ainsi sur la base du sang précieux de Christ qui est toujours devant Dieu dans toute sa valeur, la justice de Dieu est envers
tous, proclamant à tous le pardon des péchés ; et la justice de Dieu prend effet sur
tous ceux qui croient en les déchargeant de tous leurs péchés.
27 Où donc est la vanterie ? — Elle a été exclue. — Par quelle loi ? — celle des œuvres ? — Non, mais par la loi de la foi ; 28 car nous concluons que l’homme est justifié par [la] foi, sans œuvres de loi.
Toute vanterie de notre part est exclue. Si notre bénédiction dépend entièrement de l’œuvre d’autrui, dont nous avons entendu et reçu le récit par la foi, il est évident que nous n’avons rien de quoi nous vanter, comme si nous avions acquis la bénédiction par nos œuvres. C’est pourquoi avec l’apôtre, nous arrivons à la conclusion « que l’homme est justifié par la foi, sans œuvres de la loi ».
29 [Dieu] est-il seulement le Dieu des Juifs ? ne l’est-il pas aussi des nations ? — Certes, aussi des nations ; 30 puisque c’est un seul Dieu qui justifiera la circoncision sur le principe de [la] foi et l’incirconcision par la foi.
En outre il est clair que la justification ne se limite pas aux Juifs. Étant donné qu’il y a « un seul Dieu » qui justifie à la fois le Juif circoncis sur le principe de la foi et le non-Juif incirconcis par la foi, il est évident que Dieu agit envers tous en justice et en grâce.
31 Annulons-nous donc [la] loi par la foi ? Qu’ainsi n’advienne ! au contraire, nous établissons [la] loi.
La justification par la foi, qui exclut la loi comme moyen de bénédiction, annule-t-elle la loi ? Au contraire la justification du croyant sur la base du sang précieux établit la loi. Le véritable objectif pour lequel la loi avait été donnée était de convaincre les hommes de péché ; et à cet effet, la loi reste efficace. Dans ce chapitre, l’apôtre s’est servi de la loi pour convaincre tout le monde de sa culpabilité, et ainsi il a établi la vérité de la loi.
Au ch. 3, nous avons vu la justice de Dieu
présentée de deux manières, d’abord la justice qui proclame le pardon à tous ; ensuite la justice qui justifie le pécheur qui croit en Jésus et en Son sang. Au ch. 4, nous voyons la puissance de Dieu
qui place le croyant devant Lui au-delà du jugement et de la mort, et donc au-delà de la puissance de Satan, — en livrant Christ pour nos fautes et en Le ressuscitant d’entre les morts.
Le sang de Christ est devant nous au ch. 3, la résurrection de Christ au ch. 4. Le premier rend témoignage à la justice de Dieu, le second rend témoignage à la puissance de Dieu.
De manière très heureuse, le ch. 4 présente la condition juste dans laquelle Dieu compte le croyant devant Lui. Au ch. 6, il sera question de ce que nous
nous comptons, autrement dit de pour quoi nous
nous tenons (6:11) ; en ce ch. 4, nous avons ce que Dieu compte, autrement dit pour quoi Dieu
nous tient. Cela est de la première importance, car nous avons par-dessus tout besoin de connaitre comment Dieu voit celui qui croit en Jésus. On notera que ce mot « compter » (ou « tenir pour ») revient onze fois dans le ch. 4 (v. 3, 4, 5, 6, 8, 9, 10, 11, 22, 23, 24). Dans la langue originale, c’est le même mot chaque fois. Les versets 6, 8 et 24, montrent clairement que, dans ce ch. 4, c’est Dieu qui compte. Il nous est utile de voir qu’il n’est pas question de comment les hommes comptent le croyant, ni même de comment le croyant se compte lui-même, mais il n’est question que de ce que Dieu compte quant au croyant. Ce qui donne une paix solide est de voir que Dieu compte le croyant devant Lui comme étant dans une condition juste, échappant à la mort et au jugement et à la puissance de Satan, comme la condition de Christ ressuscité. Notre privilège à nous croyants est alors de nous compter comme Dieu nous compte, de nous tenir pour ce pour quoi Dieu nous tient.
De plus, il est important de distinguer entre la justice telle que le ch. 3 la présente et la justice dont parle le ch. 4. Le ch. 3 parle de « la justice de Dieu », le ch. 4 de « la justice de la foi », une expression qui revient aux versets 11 et 13. La justice de Dieu est, comme nous l’avons vu, la propre justice de Dieu, ou Dieu agissant de manière juste en proclamant le pardon à tous, et en justifiant le croyant. Dans ce ch.4 l’apôtre dévoile devant nous le résultat de ce que Dieu a justifié ceux qui croient en Jésus et en Son sang : Dieu les voit dans une « condition juste ». Ainsi « la justice de la foi » est cette condition juste dans laquelle le croyant est vu devant Dieu. Ce n’est pas seulement que Dieu a agi en justice en justifiant le croyant, mais que le croyant justifié par Dieu est dans une condition juste comme disculpé de toute accusation. Ainsi, si le ch. 3 présente la manière juste dont Dieu agit, le ch. 4 présente la condition juste dans laquelle Dieu voit le croyant.
1 Que dirons-nous donc que, selon la chair, Abraham notre père a trouvé ? 2 Car si Abraham a été justifié sur le principe des œuvres, il a de quoi se glorifier, mais non pas relativement à Dieu ; 3 car que dit l’écriture ? « Et Abraham crut Dieu, et cela lui fut compté à justice » [Genèse 15:6]
. 4 Or à celui qui fait des œuvres, le salaire n’est pas compté à titre de grâce, mais à titre de chose due ; 5 mais à celui qui ne fait pas des œuvres, mais qui croit en celui qui justifie l’impie, sa foi [lui] est comptée à justice ;
L’apôtre se tourne vers l’histoire d’Abraham pour illustrer la condition juste dans laquelle Dieu voit le croyant. Tout Juif se glorifiait en Abraham comme celui dont il descendait par naissance naturelle. S’il pouvait être prouvé qu’il y avait justification par la foi dans le cas d’Abraham, cela devrait naturellement retenir l’attention des Juifs comme étant un argument de grand poids. Or l’Écriture déclare expressément qu’Abraham a été justifié. Comment alors le fut-il ? Était-ce par les œuvres ? Si oui, dit l’apôtre, il a de quoi se glorifier, mais non pas relativement à Dieu. L’apôtre fait alors appel à l’Écriture pour montrer comment Abraham a été justifié. Il questionne : « que dit l’Écriture ? ». La réponse donnée par l’Écriture est qu’« Abraham crut Dieu, et cela lui fut compté à justice ».
L’Écriture à laquelle il est fait référence est la grande scène de Genèse 15, quand l’Éternel apparut à Abraham dans une vision. Il dit à Abraham : « Regarde vers les cieux, et compte les étoiles, si tu peux les compter ». Et tandis qu’il regardait, il entendit Dieu dire : « Ainsi sera ta semence ». Il regarda, écouta et crut ; et Dieu lui compta cela à justice, selon que nous lisons : « Et il crut l’Éternel ; et il lui compta cela à justice » (Genèse 15:6). En dehors de toute œuvre, simplement en croyant, Dieu l’a compté comme juste, comme étant dans une condition juste.
De la même manière aujourd’hui, le regard du pécheur est dirigé vers les cieux, et vers Christ dans la gloire ; et tandis qu’il regarde, il entend Dieu exprimer Son délice et Sa satisfaction en Christ et en Son œuvre. Il entend Dieu lui dire que le sang est sur le propitiatoire, toujours devant Ses yeux ; ou autrement dit, que l’efficacité de l’œuvre de Christ qui est toujours devant Dieu est telle qu’Il peut justifier celui qui croit. Le pécheur qui croit est justifié, et donc tenu pour juste, autrement dit compté comme étant dans une condition juste devant Dieu. En outre cette condition juste est celle de Christ dans la gloire. Comme pécheur mon regard est dirigé vers Christ dans la gloire pour voir la satisfaction que le sang donne à Dieu ; comme croyant mon regard est dirigé vers Christ dans la gloire pour voir en Lui la condition juste dans laquelle je suis placé devant Dieu.
Si Abraham avait été justifié par ses œuvres, sa justification lui aurait été due, à lui, à cause de ce qu’il aurait fait, tout comme le salaire est dû au travailleur. Il n’aurait été question ni de grâce du côté de Dieu ni de foi du côté d’Abraham. Mais quand c’est Dieu qui justifie, Il agit en grâce pure ; en effet, le croyant quant à lui-même est un « impie ». Ainsi la condition juste dans laquelle Dieu voit le croyant, est le résultat de la grâce pure qui ne cherche pas à trouver aucun mérite chez la personne justifiée. Voilà une vérité très bénie pour le croyant, une source d’affermissement. D’un côté elle présente Dieu comme agissant dans tout l’amour et la grâce de Son cœur, sur la base de ce que Christ a fait ; d’un autre côté elle délivre le croyant de toute pensée qui le troublerait et selon laquelle, après tout, cette condition juste provient de quelque chose qu’il a fait ou peut faire.
6 ainsi que David aussi exprime la béatitude de l’homme à qui Dieu compte la justice sans œuvres : 7 « Bienheureux ceux dont les iniquités* ont été pardonnées et dont les péchés ont été couverts ; 8 bienheureux l’homme à qui le *Seigneur ne compte point le péché* » [Psaume 32:1-2]
.
— v. 7 : marche sans loi, sans frein, comme
en Matthieu 7:23. — v. 8 : c’est-à-dire
que le Seigneur tient pour n’avoir point de péché.
La condition juste dans laquelle le croyant est vu est donc illustrée par le cas d’Abraham, tandis que la béatitude de cette condition est décrite par David, car il déclare bienheureux l’homme à qui Dieu compte la justice sans œuvres. Le Psaume 32, v.1 et 2, est cité pour décrire cette béatitude. David ne dit rien directement au sujet du fait que le croyant est compté comme étant dans une condition juste, mais il dit simplement : « Bienheureux ceux dont les iniquités ont été pardonnées et dont les péchés ont été couverts ; bienheureux l’homme à qui le Seigneur ne compte point le péché ». Il est clair que ne pas avoir de péché mis en compte, c’est, en d’autres termes, être compté comme étant dans une condition juste. Dieu voudrait que tout croyant en connaisse la béatitude dans son âme.
9 Cette béatitude donc [vient-elle] sur la circoncision ou aussi sur l’incirconcision ? Car nous disons que la foi fut comptée à Abraham à justice. 10 Comment donc lui fut-elle comptée ? quand il était dans la circoncision, ou dans l’incirconcision ? — Non pas dans la circoncision, mais dans l’incirconcision. 11 Et il reçut le signe de la circoncision, comme sceau de la justice de la foi qu’[il avait] dans l’incirconcision, pour qu’il fût le père de tous ceux qui croient étant dans l’incirconcision, pour que la justice leur fût aussi comptée, 12 et qu’il fût père de circoncision*, non seulement pour ceux qui sont de la circoncision, mais aussi pour ceux qui marchent sur les traces de la foi qu’a eue notre père Abraham, dans l’incirconcision.
— v. 12 : c’est-à-dire
celui en qui, le premier, la vraie séparation à Dieu, et pour Dieu, a été publiquement établie.
Abraham est une illustration
de la façon dont le croyant acquiert la justice de la foi ; David en décrit la béatitude
. Toutefois Abraham et David appartenaient tous les deux à la circoncision. Cette béatitude de la justice de la foi est-elle donc confinée à Israël, à la circoncision ? Pour répondre à cette question, l’apôtre en appelle de nouveau à l’histoire d’Abraham. Le signe de la circoncision était la grande marque distinguant Israël d’avec les nations. Quand Abraham a-t-il été compté juste ? Était-ce quand il était un homme incirconcis comme le reste des nations, ou était-ce une bénédiction qu’il a reçue après avoir été séparé des nations par le rite de la circoncision ? C’est clairement quand il était incirconcis (Gen.15 avant Gen.17) ; la bénédiction est donc ouverte aujourd’hui aux non-Juifs incirconcis aussi bien qu’aux Juifs circoncis.
De plus la circoncision a été donnée comme « sceau de la justice de la foi qu’il avait dans l’incirconcision [= étant incirconcis] ». Ceci indique de façon sûre que celui qui est compté comme étant dans une condition juste devant Dieu, doit dorénavant refuser les activités de la chair. S’il est dans une condition juste devant Dieu, il doit marcher d’une manière juste devant les hommes. La justice de la foi devant Dieu mettra un « sceau » ou une marque sur l’homme, et cela s’exprime par une vie devant les hommes qui refuse la chair et son mal. Ce refus de la chair, nous le savons, ne peut avoir lieu que dans la puissance de l’Esprit qui est donné à ceux qui croient. La séparation du monde et une marche dans la justice pratique sont ce que produit le fait d’être dans une condition juste devant Dieu.
Abraham est ainsi appelé « le père de tous ceux qui croient », et « le père de circoncision » vis-à-vis de tous les croyants « qui marchent sur les traces » d’Abraham. Comme « père de tous ceux qui croient », il concrétise la condition juste dans laquelle Dieu voit le croyant. Comme « père de circoncision », il concrétise la marche sainte et séparée qui convient à ceux qui sont comptés comme justes.
13 Car ce n’est pas par [la] loi que la promesse d’être héritier du monde [a été faite] à Abraham ou à sa semence, mais par [la] justice de [la] foi.
En relation avec la « justice de la foi », il est maintenant ouvert la perspective d’un héritage dans le monde à venir. Celui qui est compté comme étant dans une condition juste, est non seulement séparé de la chair et du monde, selon le signe de la circoncision, mais il s’ouvre aussi devant lui un héritage glorieux. La circoncision d’Abraham enseigne au croyant qu’il n’est pas justifié en vue d’avoir une place dans ce monde, tandis qu’à l’inverse « la promesse » faite à Abraham nous dit que nous sommes justifiés en vue d’un héritage de gloire dans le monde à venir.
Pour établir cette grande vérité, l’apôtre se tourne à nouveau vers l’histoire d’Abraham et se met à parler de la promesse de l’héritage. Cette promesse a été faite, ou a été renouvelée à Abraham le jour même où il a été compté comme juste, selon ce que nous lisons en Genèse 15:18 : « En ce jour-là, l’Éternel fit une alliance avec Abram, disant : Je donne ce pays à ta semence ». Cette promesse d’un héritage a été donnée bien avant la loi, et ne dépendait nullement d’œuvres de loi.
14 Car si ceux qui sont du principe de [la] loi sont héritiers, la foi est rendue vaine et la promesse annulée ; 15 car [la] loi produit la colère, mais là où il n’y a pas de loi, il n’y a pas non plus de transgression.
Si les bénédictions de la promesse ne pouvaient être obtenues qu’en gardant la loi, deux résultats s’en suivraient :
Premièrement
, la foi serait rendue vaine, et secondement
, la promesse serait annulée, car il est évident que personne n’a gardé la loi. Du fait que tous ont transgressé la loi, celle-ci n’apporte pas la bénédiction, mais produit la colère, car elle condamne le transgresseur. S’il n’y avait pas eu de loi, il n’y aurait pas eu de transgression
, mais le texte ne dit pas qu’il n’y aurait pas eu de péché
. La transgression est la désobéissance à une loi connue, elle manifeste la présence du péché, dont le principe est l’iniquité, c’est-à-dire le fait de faire sa propre volonté en dépit de toute contrainte légale.
16 Pour cette raison, [c’est] sur le principe de [la] foi, afin que [ce soit] selon [la] grâce, pour que la promesse soit assurée à toute la semence, non seulement à celle qui est de la loi, mais aussi à celle qui est de la foi d’Abraham, lequel est père de nous tous
La vérité cependant est que la bénédiction de l’héritage est obtenue sur le principe de la foi, afin que l’héritage soit donné entièrement par grâce. Cela rend l’héritage sûr pour tous ceux qui sont dans la lignée de la foi dont Abraham est le père, qu’ils soient Israélites ou non-Juifs par naissance naturelle.
Abraham est donc considéré comme
17 (selon qu’il est écrit : « Je t’ai établi père de plusieurs nations » [Genèse 17:5]
), devant Dieu qu’il a cru, — qui fait vivre les morts et appelle les choses qui ne sont point comme si elles étaient, 18 — qui, contre espérance, crut avec espérance, pour devenir père de plusieurs nations, selon ce qui a été dit : « Ainsi sera ta semence » [Genèse 15:5]
. 19 Et n’étant pas faible dans la foi, il n’eut pas égard à son propre corps déjà amorti*, âgé qu’il était d’environ cent ans, ni à l’état de mort du sein de Sara ; 20 et il ne forma point de doute sur la promesse de Dieu par incrédulité, mais il fut fortifié dans* la foi, donnant gloire à Dieu, 21 et étant pleinement persuadé que ce qu’il a promis, il est puissant aussi pour l’accomplir. 22 C’est pourquoi aussi cela lui a été compté à justice. 23 Or ce n’est pas pour lui seul qu’il a été écrit que cela lui a été compté, 24 mais aussi pour nous, à qui il sera compté, à nous qui croyons en celui qui a ressuscité d’entre les morts Jésus notre Seigneur, 25 lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification.
— v. 19 : déjà comme mort. — v. 20 : ou
: par.
L’ouverture de l’héritage glorieux à ceux qui sont justifiés nécessite la puissance de Dieu pour amener les croyants dans l’héritage. Cette grande puissance se voit dans la résurrection qui présente la puissance de Dieu par-dessus la mort — non pas simplement une puissance qui empêche de mourir, mais la puissance beaucoup plus grande qui ressuscite quelqu’un déjà mort.
Encore une fois l’apôtre se tourne vers l’histoire d’Abraham pour illustrer à la fois la puissance de Dieu en résurrection, et la foi du croyant en la puissance de Dieu. Dieu avait justifié Abraham, l’avait séparé du monde, et lui avait donné la promesse d’un héritage glorieux ; mais en fait la mort se dressait entre Abraham justifié et l’héritage de gloire : Son corps était mort (amorti), et celui de Sara était également mort quant à la possibilité d’enfanter. Tous deux étaient en état de mort, mais la foi d’Abraham crut en la puissance de Dieu par-dessus la mort. Il crut que Dieu était capable d’accomplir ce qu’Il a promis grâce à la puissance de la résurrection.
Abraham a été appelé à croire en la puissance de Dieu capable de ressusciter
les morts. Le croyant aujourd’hui est appelé à croire en la puissance de Dieu qui a ressuscité
des morts, car cette grande puissance s’est montrée dans la résurrection de Jésus notre Seigneur. Nous avons déjà vu
la justice de Dieuenvers tous les impies,
la grâce de Dieuqui justifie de manière juste les impies qui croient ;
la puissance de Dieuqui introduira les justifiés dans l’héritage glorieux.
Cette puissance a été déployée dans le Christ Jésus, notre Seigneur, qui a été livré à la mort et au jugement pour nos fautes, et a été ressuscité d’entre les morts pour notre justification. Dans cet Homme Ressuscité, nous voyons manifestée
la condition justedans laquelle nous sommes devant Dieu ;
la gloiredans laquelle nous serons introduits ; et
la puissancequi nous amènera dans la gloire.
Quand nous regardons à Christ ressuscité, nous voyons Quelqu’un qui est absolument exempt de toutes les fautes qu’Il a portées sur la croix — Quelqu’un qui est devant Dieu, dans la pureté absolue, plus blanc que neige, — Quelqu’un contre qui personne ne peut porter la moindre accusation. Sa condition fait voir la condition juste dans laquelle Dieu voit le croyant — la justice de la foi. Dans la manière de compter de Dieu, le croyant est devant Lui comme Christ est.
Le ch. 3 des Romains expose la grande œuvre propitiatoire de Christ, sur la base de laquelle Dieu peut proclamer le pardon des péchés pour tous, tout en restant juste. Ce chapitre présente l’œuvre de substitution de Christ par laquelle Il s’est occupé de tous les péchés des croyants. La question de nos péchés a été réglée par Dieu
, par l’œuvre de Christ, et par conséquent à l’entière satisfaction de Dieu. C’est Dieu qui a livré Christ ; c’est pour nos péchés qu’Il L’a livré ; c’est pour le jugement qu’Il L’a livré. Une fois les péchés portés et le jugement épuisé, c’est Dieu qui a ressuscité Christ d’entre les morts pour manifester, en Christ ressuscité, à quel point le croyant est entièrement déchargé des péchés, du jugement et de la condamnation à la mort.
Hésitons-nous à croire ce que Dieu dit à cause de ce que nous trouvons en nous, ou à cause de la grandeur de la bénédiction ? Alors apprenons de la foi simple d’Abraham, spécialement les trois choses indiquées :
Il en va de même avec le croyant. Il peut dire : « Je vois que Christ est tout, et a fait tout ce que Dieu exige, afin que la grâce de Dieu puisse me proclamer le pardon des péchés, et je sais que Dieu Lui-même m’a justifié, me comptant devant Lui comme étant dans la condition juste où se trouve Christ, par-delà le jugement, par-delà la mort et par-delà la puissance de Satan ». Détournons-nous de nous-mêmes et de tout ce que nous sommes, regardons à Christ ressuscité, et écoutons ce que Dieu dit de Christ, et nous pourrons alors nous aussi être « pleinement persuadés ».
Les premiers versets du chapitre 5 présentent un condensé des vérités développées depuis le début de l’épître. L’apôtre a placé devant nous
la justice de Dieuproclamant le pardon offert à tous, et justifiant le croyant (3:22, 25, 26) ;
la grâce de Dieubénissant les impies (3:23-24 ; 4:4, 16) ; et
la puissance de Dieuressuscitant les morts et plaçant le croyant devant Lui-même, déchargé de tout péché et du jugement, comme Christ ressuscité.
Nous apprenons maintenant que l’amour de Dieu
est derrière toutes Ses voies en justice, en grâce et en puissance. En outre, toutes les bénédictions que l’amour de Dieu a assurées aux croyants leur parviennent « par » ou « à travers » notre Seigneur Jésus Christ. C’est « par » Lui que nous avons la paix avec Dieu (5:1) ; c’est « par » Lui que nous avons accès à Sa faveur (5:2) ; c’est « par » Son sang que nous sommes justifiés (5:9), et « par » Lui que nous serons sauvés de la colère (5:9) ; nous sommes réconciliés avec Dieu « par » la mort de Son Fils (5:10) ; et nous serons sauvés du mal présent « par » Sa vie (5:10) ; et c’est « par » notre Seigneur Jésus Christ qu’aussi nous nous glorifions en notre Dieu (5:11), « par » Lequel nous avons maintenant reçu la réconciliation (5:11).
Deux sujets principaux passent devant nous dans ce sommaire de la bénédiction chrétienne :
1 Ayant donc été justifiés sur le principe de la foi, nous avons la paix avec* Dieu par notre seigneur Jésus Christ, 2 par lequel nous avons trouvé* aussi accès, par la foi, à cette faveur dans laquelle nous sommes, et nous nous glorifions dans l’espérance de la gloire de Dieu.
— v. 1 : litt
. : envers, quant à. — v. 2 : c’est-à-dire
avons obtenu et possédons.
La dernière partie du ch. 4 (Rom. 4:17-25) affirmait la grande vérité que les croyants sont justifiés afin d’être rendus propres à avoir part à une scène de gloire par-delà la puissance de la mort. Notre adéquation à cette gloire à venir est exposée en Jésus ressuscité d’entre les morts. Si notre Seigneur Jésus Christ « s’est donné Lui-même pour nos péchés », ce n’est pas pour qu’étant déchargés du fardeau du péché, nous profitions de la scène présente, mais « afin qu’Il nous retirât de ce présent siècle mauvais » (Gal.1:4). Nous sommes justifiés en vue d’avoir part à ce que l’Écriture appelle « le monde à venir » (Héb. 2:5). Ce « monde à venir », ou âge millénaire, sera introduit par la venue du Seigneur Jésus, qui mettra fin à toute iniquité et introduira un règne de bénédiction marqué par la justice, la paix et la joie (Rom. 14:17). Le Psaume 72 place devant nous de manière très heureuse ce règne à venir de Christ. Nous y apprenons qu’au jour de Son règne, Christ jugera le peuple « en justice
». Le résultat sera que « les montagnes porteront la paix
au peuple », et qu’« il y aura abondance de paix
», tant que durera la lune. La justice et la paix mèneront à la joie
, car nous lisons qu’« on Le bénira tout le jour », et « toutes les nations Le diront bienheureux ».
Celui qui va introduire le royaume est ressuscité et assis sur le trône dans la gloire. Les croyants, reconnaissant la seigneurie de Christ, se mettent sous Sa domination dès maintenant, et anticipent ainsi dans leur esprit les bénédictions du Royaume à venir, marqué par la justice, la paix et la joie dans l’Esprit Saint. Ces premiers versets placent devant nous ces bénédictions qui appartiennent aux justifiés qui se placent sous la domination actuelle de notre Seigneur Jésus Christ. « Ayant donc été justifiés sur le principe de la foi, nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus Christ, par lequel nous avons trouvé aussi accès, par la foi, à cette faveur dans laquelle nous sommes, et nous nous glorifions dans l’espérance de la gloire de Dieu » (Rom. 5:1-2). Nous avons donc ici la justice, la paix et la joie qui marqueront le Royaume à venir, présentées comme la part présente du croyant. Ce qui sera connu extérieurement dans le Royaume est connu et goûté dans le cœur du croyant aujourd’hui.
Toutes ces bénédictions sont « par [à travers] notre Seigneur Jésus-Christ » (5:1). Détournant les regards de soi pour les tourner vers Christ, nous voyons en Lui Celui qui est absolument exempt de toutes nos fautes et du jugement qu’elles entraînaient. Nous voyons qu’il n’y a rien entre Dieu et Christ, et par conséquent il n’y a rien entre Dieu et le croyant. Cela donne la paix avec Dieu. La paix à l’intérieur est le résultat du fait de voir la paix faite à l’extérieur. Celui qui est entré dans la tempête du Calvaire est maintenant dans le calme de la gloire. À la croix, Christ a affronté tous les ennemis à la place du croyant ; et tous les ennemis qu’Il a affrontés, Il les a vaincus, car Il est ressuscité et dans la gloire : le résultat est la paix avec Dieu.
Portant de nouveau nos regards vers Jésus, nous voyons qu’Il est dans toute la faveur de Dieu, une faveur sans nuage, et c’est à cette faveur que le croyant a accès. Ensuite, nous voyons de nouveau en Lui Celui qui est parfaitement propre pour la gloire de Dieu, et nous Le voyons dans la gloire ; or Il a rendu le croyant propre pour cette gloire : « nous nous glorifions dans l’espérance de la gloire de Dieu ».
Ainsi, en Christ, nous voyons présentée la position bénie dans laquelle le croyant se tient devant Dieu :
3 Et non seulement [cela], mais aussi nous nous glorifions dans les tribulations, sachant que la tribulation produit la patience,
Tandis que l’espérance regarde à la gloire à venir, dans les faits le croyant est encore dans un monde de péché, de douleur et de mort. Les versets qui suivent présentent les expériences et les bénédictions des croyants au cours de leur passage à travers un tel monde. Si la justification nous rend propres pour le monde à venir où la gloire de Dieu sera manifestée, elle nous sépare aussi de ce présent siècle mauvais où l’homme cherche sa propre gloire sans se soucier aucunement de la volonté de Dieu.
En traversant ce monde le croyant rencontre inévitablement la tribulation qui fait appel à la patience, conduit à l’expérience et ravive l’espérance. Voyant que le monde avait manifesté son hostilité envers Dieu, le Seigneur Jésus a averti Ses disciples qu’ils auraient de la tribulation dans le monde (Jean 16:33). À son tour l’apôtre avertissait les jeunes convertis « que c’est par beaucoup d’afflictions qu’il nous faut entrer dans le royaume de Dieu » (Actes 14:22). La tribulation prendra sans doute des formes variées selon le temps et selon les cas, mais tous les vrais croyants auront à faire face à des épreuves.
Dieu veut néanmoins que les tribulations par lesquelles nous passons tournent pour notre bénédiction spirituelle. C’est pourquoi l’apôtre ajoute : « nous nous glorifions dans les tribulations, sachant que la tribulation produit la patience ». Il ne suggère pas de nous glorifier dans les tribulations en tant que telles, mais du fait qu’elles opèrent pour notre bien spirituel. Les tribulations mènent à la patience. À la lumière de ce qui est à venir, nous apprenons à supporter ce qui est présent. Notre Seigneur a été avant nous dans ce chemin. Marchant à la lumière de la gloire qui était devant Lui, Il a enduré les épreuves qu’Il a dû rencontrer ; nous lisons : « lequel, à cause de la joie qui était devant lui, a enduré
la croix, ayant méprisé la honte » ; et encore, nous lisons : Il a « enduré une telle contradiction de la part des pécheurs contre lui-même ». En vérité, dans Son cas, l’épreuve a fait ressortir
la perfection de Sa patience, tandis que dans notre cas, elle nous fait apprendre
la patience. Nous glorifiant dans l’espérance de la gloire, nous serons aussi capables de supporter les tribulations. Si nous perdons de vue la gloire, nous sommes en danger, en présence de l’épreuve, d’abandonner plutôt que d’endurer.
4 et la patience l’expérience, et l’expérience l’espérance ;
Le résultat de la patience dans les tribulations est d’acquérir de l’expérience (*). La patience conduit à une preuve concrète de la réalité des soins et de l’intérêt de Dieu qui préserve et garde l’âme dans la tribulation. Ainsi, dans la tribulation, nous acquérons une connaissance expérimentale de Dieu ; nous éprouvons pratiquement la grâce, la tendre sympathie, et la miséricorde de notre Dieu.
(*) Le mot expérience signifie « preuve pratique ». Il est utilisé dans cinq autres passages. En 2 Cor. 2:9 ; 8:2 et Phil. 2:22 il est traduit par « épreuve » ; en 2 Cor. 9:13 par « expérience » ; en 2 Cor. 13:3 par « preuve ». Le contexte dans tous ces passages montre que le mot signifie « apprendre par une épreuve pratique ».
En outre, l’expérience de la bonté de Dieu au milieu des épreuves fortifie « l’espérance » dans l’âme. Nous regardons au-dehors et par-delà ce monde d’épreuves vers le repos qui reste dans le monde à venir, même si, à l’heure actuelle, nous ne possédons cette demeure de gloire qu’en espérance. Mais l’espérance fait de la gloire future une réalité présente.
5 et l’espérance ne rend point honteux, parce que l’amour de Dieu est versé dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné.
En outre, l’espérance chrétienne ne rend point honteux. L’échec des espérances terrestres dans lesquelles les hommes se vantent, les rend souvent honteux de leur espérance. L’espérance du chrétien est sûre parce qu’elle est liée à l’amour de Dieu versé dans nos cœurs. La foi réalise que notre espérance est certaine du fait que la gloire que nous espérons est assurée par un amour qui ne faillira jamais. L’apôtre a déjà placé devant nous la justice de Dieu et la grâce de Dieu au ch. 3 ; la puissance de Dieu en résurrection au ch. 4 ; maintenant nous avons l’amour de Dieu rendu effectif dans nos cœurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné. « Le Fils unique qui est dans le sein du Père, lui l’a fait connaitre » (Jean 1:18). Seule une personne divine est assez grande pour révéler le cœur du Père ; et une fois ce cœur révélé, seule une autre Personne Divine — l’Esprit Saint — est assez grande pour faire que l’amour soit une réalité dans nos cœurs.
6 Car Christ, alors que nous étions encore sans force, au temps convenable, est mort pour des impies.
En même temps l’Esprit Saint tourne nos pensées vers la croix comme expression de cet amour. L’amour est rendu sensible dans nos cœurs ; mais nous ne sommes pas réduits à examiner l’intérieur de nos cœurs pour trouver une expression de cet amour. Cette mort qui est le témoignage de la justice de Dieu au ch. 3, et de la puissance de Dieu au ch. 4, est présentée maintenant comme le témoignage de l’amour de Dieu au ch. 5.
7 Car à peine, pour un juste, quelqu’un mourra-t-il, (car pour l’homme de bien, peut-être, quelqu’un se résoudrait* même à mourir) ; 8 mais Dieu constate* son amour à lui envers nous, en ce que, lorsque nous étions encore pécheurs, Christ est mort pour nous.
— v. 7 : ou
: aurait le courage. — v. 8 : ou
: prouve.
Pour souligner la grandeur de cet amour, il nous est rappelé que Christ est mort pour nous lorsque nous étions « sans force » et « impies ». C’est quand nous étions totalement sans ressources, impies, incapables de rien faire pour Dieu et y répugnant, que cet amour a fait le grand sacrifice de mourir pour nous.
Aux jours d’autrefois, le prophète rappelait l’amour de Dieu par écrit à Israël. Il compare Israël à un nouveau-né, sans ressource, « jeté sur la face des champs », laissé en train de périr sans qu’aucun œil n’ait pitié ni qu’aucun cœur n’en ait compassion. Alors l’Éternel dit : « ton âge était l’âge de l’amour ». Le temps du besoin pressant chez l’homme était le temps de l’amour de Dieu (Éz. 16:1-14). Ainsi aussi notre temps d’absence de ressource et d’impiété a été le temps de l’amour de Dieu.
Pour mettre en relief cet amour, il est souligné le contraste entre la manière dont les hommes agissent et celle adoptée par l’amour de Dieu. Parmi les hommes, on ne trouverait guère quelqu’un qui accepterait de mourir pour un homme juste
, bien qu’il soit possible que quelqu’un, animé d’un empressement téméraire, puisse risquer la mort pour un homme de bien
. Mais où y a-t-il parmi les hommes un amour qui conduirait à mourir pour un pécheur
? En contraste avec tout ce qu’on voit parmi les hommes, « Dieu constate Son amour, en ce que lorsque nous étions encore pécheurs, Christ est mort pour nous ».
9 Beaucoup plutôt donc, ayant été maintenant justifiés par son sang, serons-nous sauvés de la colère par lui. 10 Car si, étant ennemis, nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils, beaucoup plutôt, ayant été réconciliés, serons-nous sauvés par sa vie.
Le salut est une autre grande bénédiction qui suit le fait d’être justifié. Il y a une colère qui vient sur les impies, mais les croyants peuvent dire : « nous serons sauvés de la colère par Lui ». Le Seigneur Jésus est celui « qui nous délivre de la colère qui vient » (1 Thess. 1:10). Il nous retirera de la scène du jugement avant que ce dernier s’abatte.
En outre, l’homme justifié est aussi réconcilié. Non seulement nous aimions les péchés et les convoitises, mais nous haïssions Dieu positivement. Nos mauvaises œuvres nous avaient rendus étrangers vis-à-vis de Dieu (Col. 1:21). La justification fait disparaître notre culpabilité ; la réconciliation enlève l’inimitié de nos cœurs, et nous rend tellement propres vis-à-vis de Dieu qu’Il peut nous regarder avec une satisfaction divine. La mort de Christ qui fait connaître la justice de Dieu par laquelle nous sommes justifiés, fait aussi connaître l’amour de Dieu par lequel nous sommes réconciliés ; la connaissance de l’amour de Dieu enlève l’inimitié contre Dieu.
« Beaucoup plutôt, ayant été réconciliés, serons-nous sauvés par sa vie » : voilà encore une autre bénédiction. Il s’agit ici de l’aspect présent du salut. Non seulement nous sommes sauvés de la colère qui vient, mais nous sommes sauvés par Sa vie des maux et dangers de ce présent siècle. Comme nous lisons dans un autre passage, « il peut sauver entièrement ceux qui s’approchent de Dieu par lui, étant toujours vivant pour intercéder pour eux » (Hébreux 7:25).
11 Et non seulement [cela], mais aussi nous nous glorifions en Dieu par notre Seigneur Jésus Christ, par lequel nous avons maintenant reçu la réconciliation.
Le résultat béni est que le croyant est amené à « se glorifier en Dieu par notre Seigneur Jésus Christ, par lequel nous avons maintenant reçu la réconciliation ». Par le Seigneur Jésus Christ, — à la fois tout ce qu’Il est, tout ce qu’Il a fait, et tout ce qui a été manifesté en Lui — nous réalisons que c’est les délices de Dieu de nous avoir devant Lui en parfaite concordance avec Lui-même.
Ainsi, dans ce grand résumé de la première partie de l’épître, le croyant en route vers la gloire à travers le monde actuel, est considéré comme :
(1) faisant des progrès spirituels à travers les tribulations ;
(2) ayant l’amour de Dieu versé dans son cœur par le Saint-Esprit ;
(3) justifié par le sang de Christ ;
(4) sachant qu’il sera sauvé de la colère qui vient ;
(5) réconcilié avec Dieu par la mort de Son Fils ;
(6) sauvé de toute l’opposition du mal par le moyen de Celui qui est toujours vivant pour nous ;
(7) se glorifiant en Dieu par notre Seigneur Jésus Christ.
La première division de l’épître présente les bénédictions qui ont été assurées au croyant par le moyen
de Christ. La seconde division développe les bénédictions qui appartiennent au croyant en
Christ. Elle présente notre nouvelle position en Christ, en contraste avec notre ancienne position en Adam. Comme hommes naturels nous sommes reliés à Adam et sommes impliqués dans la chute et dans ses conséquences. Comme croyants nous sommes reliés à Christ, et avons part aux bénédictions qui appartiennent à Sa lignée.
La première partie de l’épître traite de la question de nos péchés et de notre culpabilité ; la seconde s’occupe de la question de notre état. L’apôtre ne parle plus de ce que nous avons fait
, mais de ce que nous sommes
, — non pas du mauvais fruit, mais du mauvais arbre qui produit le fruit.
Les premiers exercices d’une âme éveillée portent généralement sur les péchés commis et le jugement qu’ils impliquent. Une fois ces questions réglées, une autre difficulté se met à troubler l’âme, alors qu’on ne l’attendait guère, voire pas du tout, à l’aube de la carrière chrétienne. Nous découvrons que, bien qu’ayant une nouvelle nature, avec de nouveaux désirs envers Christ et les choses de Dieu, il y a encore en nous la vieille nature dominée par un principe mauvais que Dieu appelle ‘le péché’. En outre, nous trouvons que cette vieille nature cherche à s’imposer par ses convoitises opposées à la volonté de Dieu. En plus, nous trouvons que cette vieille nature avec ses convoitises est trop forte pour nous. Dans cette nouvelle portion de l’épître nous est dévoilée la manière d’être délivrés pratiquement de la domination du péché et de tout ce que le péché entraîne, pour nous faire jouir, dans la puissance du Saint Esprit, des bénédictions de l’âme délivrée.
La vérité est présentée dans l’ordre suivant :
Étant donné que cette nouvelle division de l’épître traite de la position et de la bénédiction appartenant au croyant comme étant devant Dieu « en Christ », elle commence naturellement par placer devant nous Christ comme chef (tête) d’une nouvelle race. Voici ce que nous apprenons de ce passage : de même que nous étions identifiés avec Adam et les tristes conséquences qui suivirent chez tous ceux de sa lignée, de même, en tant que croyants, nous sommes identifiés avec Christ et participants aux bénédictions qui appartiennent à ceux de Sa lignée.
Nous allons voir que nous avons été identifiés avec Christ
dans Sa mortpour couper nos liens avec Adam et sa race, et,
en résurrectionpour avoir part à toutes les bénédictions qui appartiennent à Sa race.
12 C’est pourquoi, comme par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort, et qu’ainsi la mort a passé à tous les hommes, en ce que tous ont péché…
Le passage commence en retraçant toutes les misères qui sont entrées dans ce monde par un seul homme — Adam. Par l’acte de désobéissance d’Adam, le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort, et ainsi la mort a passé à toute la race d’Adam. L’effet du « péché » est inévitablement de produire des « péchés », mais c’est surtout du « péché » que l’apôtre parle dans cette partie de l’épître. Dans les ch. 1 à 5:11, le mot péché (au singulier) n’apparait que deux fois ; dans cette division, de ch. 5:12 à ch.8, il apparait 34 fois. « Le péché » est le principe mauvais de « l’iniquité » [« marche sans loi, sans frein »], la créature faisant sa propre volonté. Ce principe mauvais est entré dans le monde par une action de désobéissance d’Adam. La mort a suivi, comme châtiment du péché. Les péchés peuvent être pardonnés ; mais quant au « péché », le principe mauvais qui conduit aux péchés, il ne peut y être remédié que par la mort qui met fin à la vie gouvernée par le péché. C’est pourquoi le châtiment du péché est la mort. Ainsi, le châtiment de mort a passé à toute la race d’Adam. Le fait que tous aient été affectés par le principe mauvais du péché est prouvé par le fait que tous ont péché. Le mauvais fruit montre le caractère de l’arbre. L’apôtre dit donc : « la mort a passé à tous les hommes, en ce que tous ont péché ».
Au v. 18, l’apôtre continue son enseignement en montrant les bénédictions qui parviennent à ceux de la lignée de Christ. Mais d’abord dans les v. 13 à 17, qui forment une parenthèse, il souligne trois vérités :
13 (car jusqu’à [la] loi [le] péché était dans le monde ; mais [le] péché n’est pas mis en compte quand il n’y a pas de loi ; 14 mais la mort régna depuis Adam jusqu’à Moïse, même sur ceux qui ne péchèrent pas selon la ressemblance* de la transgression d’Adam, qui est la figure de celui qui devait venir.
— v. 14 : comparer Osée 6:7.
Premièrement, concernant la loi. Il est évident qu’Adam a été mis sous une loi, une loi très simple dans son cas : il lui était interdit de manger d’un certain arbre. 2500 ans plus tard, la loi a été donnée à Israël par Moïse. Mais entre Adam et Moïse, il n’y avait pas de loi spécifique interdisant ceci ou cela. Dès lors la question suivante se posait : l’homme peut-il être condamné pour avoir fait ce qui n’est pas interdit ? La réponse est que le péché n’est pas mis en compte sur l’homme comme transgression effective d’une loi connue lorsqu’il n’y a pas de loi. Néanmoins, bien que l’homme ne soit pas alors incriminé de transgression puisqu’il n’y a pas de loi, il est évident qu’il fait sa propre volonté, et qu’en conséquence il subit le châtiment de la mort. Ceci est prouvé par le fait que la mort a régné depuis Adam jusqu’à Moïse. Il est donc prouvé que la race d’Adam est sous le péché et sous sentence de mort, en dehors de toute loi et de toute transgression de loi.
Deuxièmement, dans cette parenthèse, nous apprenons qu’il y a une autre race avec un autre chef dont Adam n’était que « la figure ». Christ est présenté comme le chef (tête) d’une nouvelle race. La considération de tout ce qui est survenu par Adam nous aide à comprendre la bénédiction qui est survenue par Christ.
15 Mais n’en est-il pas du don de grâce comme de la faute ? car si, par la faute d’un seul, plusieurs* sont morts, beaucoup plutôt la grâce de Dieu et le don ont abondé envers plusieurs*, par la grâce qui est d’un seul homme, Jésus Christ.
16 Et n’en est-il pas du don comme [de ce qui est arrivé] par un seul qui a péché ? car le jugement vient** d’un seul en condamnation, — mais le don de grâce, de plusieurs fautes, en justification***.
17 Car si, par la faute d’un seul, la mort a régné par un seul, beaucoup plutôt ceux qui reçoivent l’abondance de la grâce et du don de la justice, régneront-ils en vie par un seul, Jésus Christ) ;
— v. 15* : les plusieurs, c’est-à-dire la masse en contraste avec la personne en question. — v. 16** : c’est-à-dire était fondé sur une seule chose ou un seul acte, ou en découlait. — v. 16*** : justification, ici : justice judiciaire.
Troisièmement, l’effet de la grâce par le moyen de Christ surpasse de loin l’effet du péché par Adam. Le caractère surabondant de cette grâce est démontré de trois manières :
avec Christ; maintenant la grâce rend possible au saint de régner en vie
par Christ. La pensée de Dieu est que, par Christ, nous soyons rendus complètement supérieurs à la puissance du péché, de l’iniquité et de la volonté propre ; et que, dans la puissance d’une vie soutenue par Christ, nous surmontions tout mal, qu’il soit dans la chair ou dans le monde.
Quelle vie victorieuse s’ouvre par-là aux croyants ! Au lieu d’être constamment surmonté par ce principe mauvais, le péché, de sorte que le péché règne sur nous, il est mis devant nous la possibilité bénie que le croyant soit victorieux par Jésus Christ. Les ch. 6, 7 et 8 indiquent comment cela peut être pratiquement réalisé, en ce qu’ils développent la manière de Dieu de délivrer du péché, de la loi et de la chair. Mais avant d’entrer dans l’expérience et dans la vérité qui mènent à la délivrance, Dieu place devant nous l’aboutissement béni à laquelle celle-ci conduit. Dans l’avenir les croyants régneront dans un monde de bénédiction avec Christ
; aujourd’hui, dans un monde de péché et de mort, il leur est possible de régner en vie par Christ
, de sorte qu’au lieu d’être vaincu par le péché, le croyant devient un vainqueur.
18 ainsi donc, comme par une seule faute [les conséquences de cette faute furent] envers tous les hommes en condamnation, ainsi aussi par une seule justice* [les conséquences de cette justice furent] envers tous les hommes en justification de vie.
— v. 18 : ici, il s’agit de la justice qui subsiste, qui est accomplie, et qui répond à la seule faute.
Ayant, dans cette parenthèse, introduit Christ comme le chef (tête) de Sa race, l’apôtre poursuit son argumentation commencée au verset 12. Là, il avait montré que, par un seul homme, le péché était entré dans le monde, et qu’ainsi la mort a passé à tous les hommes. Maintenant, il montre que la portée de l’acte unique de justice de Christ est aussi vaste que celle du seul acte de désobéissance d’Adam. Si l’effet de l’acte d’Adam a été envers tous les hommes en condamnation, de même l’acte de Christ a été envers tous les hommes en justification de vie. L’incrédulité peut, hélas, empêcher ce grand acte d’avoir son effet sur tous ; néanmoins, la bénédiction que cet acte apporte est pour tous. La justification de vie est en contraste avec la condamnation de mort. Le croyant, au lieu d’être sous la condamnation de mort comme résultat du péché, est au bénéfice de la justification d’une vie qui est entièrement exempte du péché. Au lieu de vivre une vie dominée par le péché et sous la condamnation de mort, il vit une vie qui est justifiée, ou débarrassée, de la puissance du péché et du châtiment de mort.
19 Car comme par la désobéissance d’un seul homme plusieurs ont été constitués pécheurs, ainsi aussi par l’obéissance d’un seul, plusieurs* seront constitués justes.
Si le verset précédent montre que la portée de l’acte de Christ est envers tous, ce verset montre que son application effective est limitée à ceux qui sont en relation avec Christ. Par l’acte de désobéissance d’Adam, les plusieurs [beaucoup] qui sont en relation avec lui (à savoir, tous les hommes) sont constitués pécheurs. Par l’obéissance de Christ à la croix, les plusieurs qui sont en relation avec Lui (c’est à dire tous les croyants) sont constitués justes.
20 Or [la] loi est intervenue afin que la faute abondât ; mais là où le péché abondait, la grâce a surabondé, 21 afin que, comme le péché a régné par la mort, ainsi aussi la grâce régnât par [la] justice pour [la] vie éternelle par Jésus Christ notre Seigneur.
En outre, la loi a fait abonder la faute. En interdisant le péché, elle excitait le péché ; et de plus, elle a accru le caractère mauvais du péché en en faisant une transgression. Mais même ainsi, là où le péché a abondé, la grâce a surabondé. Le péché, par son règne d’iniquité, conduit à la mort ; la grâce, régnant par la justice, faisant la volonté de Dieu, conduit à la vie éternelle. Ici, la vie éternelle est considérée dans sa plénitude en gloire, comme l’aboutissement d’une marche de justice, en contraste avec la mort qui est l’aboutissement d’une marche de péché ou d’iniquité.
L’apôtre a montré que Christ est le chef (tête) d’une nouvelle race, et que par Son acte unique d’obéissance, la grâce apporte la justification et la vie à ceux de Sa lignée, de sorte qu’ils sont capables de régner dans une vie qui est victorieuse du péché. Pour vivre cette vie, il est nécessaire d’être délivré de la domination du péché. Voilà donc le grand sujet de Romains 6, la délivrance pratique du croyant de la puissance du péché par le fait d’être « mort au péché ».
Ce sujet est soulevé par la question de savoir si le croyant continue sous la puissance du péché dans son chemin à travers ce monde ? L’apôtre répond catégoriquement « non » car, dit-il, « Le péché ne dominera pas sur vous » (Rom. 6:14). En outre, non seulement il répond à la question, mais il montre aussi comment le croyant est délivré de la domination du péché.
Avant d’examiner le chapitre en détail, il est bon de s’interroger sur ce qu’est le péché ? Et, qu’est-ce que cela implique de demeurer dans le péché, ou sous la puissance du péché ? Le péché est défini pour nous dans la Parole de Dieu comme « l’iniquité », une marche sans loi sans frein (1 Jean 3:4). C’est le principe mauvais de faire sa propre volonté sans tenir compte de Dieu, ou en d’autres termes, c’est l’insoumission à Dieu. Ce principe mauvais est entré dans le monde par Adam, par un seul homme ; il en est résulté un système — appelé le monde — qui s’est développé sous l’entière domination du péché, de la volonté de l’homme. Le résultat de l’homme faisant sa propre volonté est dépeint en Romains 3:9-19. Cela a rempli le monde de misère et de douleur et a mis l’homme sous la mort et le jugement. En outre, ce qui est vrai du monde dans son ensemble est aussi vrai de chaque individu. La misère de chaque vie individuelle provient de ce qu’on fait sa propre volonté sans s’occuper de la volonté de Dieu.
Laissons Adam pour nous tourner vers Christ : nous voyons alors un homme béni et parfait, qui, dans ce monde, était entièrement exempt de la domination du péché. Le monde dans lequel Il est venu, était gouverné par le péché, par la volonté propre ; Christ était gouverné par un principe entièrement contraire, celui de l’obéissance et de la soumission à la volonté de Dieu. En venant dans le monde, Il avait devant Lui la volonté de Dieu, car Il pouvait dire : « Voici, je viens, ô Dieu, pour faire ta volonté ». En traversant le monde, Il pouvait dire : « je ne cherche pas ma volonté, mais la volonté du Père qui m’a envoyé », et encore, « Je fais toujours les choses qui lui plaisent » (Jean 5:30 et 8:29). En outre, sur le point de quitter ce monde, Il a dit : « Non pas ma volonté mais la tienne qui soit faite » (Luc 22:42). Ainsi, en Christ, nous voyons Celui qui, du commencement à la fin de Son chemin, a entièrement vécu pour [à] Dieu
(Rom. 6:10-11).
Quand nous voyons cette vie déployée en Christ — la vie vécue pour [à] Dieu — elle est là dans toute sa beauté et sa perfection ; vue ainsi, elle devient très attrayante pour le croyant. Les effets extérieurs
de cette vie figurent dans les évangiles où on voit le Seigneur au contact du monde, objet de l’opposition de la chair et du diable. La béatitude intérieure
de cette vie, vécue pour [à]
Dieu, est placée devant nous dans le Psaume 16 qui décrit « le chemin de la vie ». On y trouve une vie vécue entièrement pour [à] Dieu, présentée dans toute sa beauté en Christ. Nous apprenons ce qu’est une vie de dépendance de la puissance de Dieu, de confiance en l’amour de Dieu, et de sujétion à la volonté de Dieu (Ps.16:1-2) ; une vie d’humilité qui trouve ses délices dans les excellents de la terre (Ps.16:3) ; une marche dans la séparation du mal (Ps.16:4) ; une vie qui connait la satisfaction (Ps.16:5-6), les directions (Ps.16:7), le soutien (Ps.16:8) et la joie (Ps.16:9-11). Il n’y a jamais eu un pas à rectifier dans cette vie, jamais un acte à regretter, jamais une pensée à juger ni un mot à retirer.
Voilà alors une question : Une fois le croyant attiré par la beauté et la béatitude de cette vie manifestée en Christ, comment peut-il être délivré de la domination du péché, afin de pouvoir vivre pour [à] Dieu dans cette nouvelle vie ?
En bref la réponse est la suivante : le croyant ne peut être délivré de la puissance du péché que par la mort appliquée à l’homme qui est sous le péché, et il ne peut vivre pour [à] Dieu dans cette nouvelle vie que par le soutien de Christ, l’homme vivant et ressuscité qui est mort au péché et qui vit à [pour] Dieu. Au début de Romains 7, la figure du mariage est utilisée pour présenter ce soutien.
1 Que dirons-nous donc ? Demeurerions-nous dans le péché afin que la grâce abonde ? 2 — Qu’ainsi n’advienne ! Nous qui sommes morts au péché, comment vivrons-nous encore dans le péché ?
Le sujet de la mort au péché est soulevé à la suite de la déclaration de l’apôtre en fin de Rom. 5 : « là où le péché abondait, la grâce a surabondé ». Cette déclaration conduit tout de suite l’esprit charnel à poser la question folle, pour ne pas dire méchante : « Demeurerons-nous dans le péché afin que la grâce abonde ? » L’apôtre rejette entièrement cette suggestion profane : Le croyant fidèle à la position dans laquelle Dieu a placé le chrétien, ne peut pas avoir la permission de continuer à vivre dans le péché.
Au cours de ce ch. 6, l’apôtre va montrer comment le croyant est mort au péché ; mais, dès le début, il tient pour établi que la seule attitude possible pour le croyant par rapport au péché est de se tenir pour « mort au péché ». Ceci étant, il demande « comment, nous qui sommes morts au péché, vivrons-nous encore dans le péché ? » Sa question ne suggère pas que nous ne devons
pas vivre dans le péché, mais qu’étant morts au péché, nous ne pouvons
pas y vivre. Le principe qui sous-tend sa déclaration est clair et évident, à savoir que nous ne pouvons pas mourir à quelque chose, et en même temps y vivre dedans.
Après avoir présenté dans les deux premiers versets le grand sujet du chapitre — la délivrance du croyant de la puissance du péché par la mort au péché — l’apôtre se sert du baptême aux v. 3 à 5 pour illustrer la position du croyant comme mort au péché.
3 — Ignorez-vous que nous tous qui avons été baptisés pour le Christ Jésus, nous avons été baptisés pour sa mort ?
Ceux d’entre nous qui ont été baptisés du baptême chrétien, c’est à dire baptisés pour le Christ Jésus, ont été baptisés pour Sa mort. Dans la figure du baptême, nous avons été identifiés avec la mort de Christ afin d’avoir part ici-bas à la position dans laquelle Sa mort nous place par rapport au péché et au monde. Le baptême est une figure de la mort et de l’ensevelissement. Il est évident qu’un homme mort
en a fini avec la vie de propre volonté dans laquelle il vivait autrefois, et un homme enseveli a disparu aux yeux du monde où il vivait autrefois.
Cependant c’est une chose de disparaître aux yeux du monde, et c’en est une toute autre de disparaitre à nos propres yeux, autrement dit de ne voir plus personne sinon Jésus seul. La chose la plus difficile est de ne plus se voir soi-même, de ne plus voir l’homme que j’étais, l’homme qui ne vivait que pour lui-même. Quand Christ était ici-bas, il n’y avait rien de commun entre Sa vie et la vie du monde. Sa vie était entièrement une vie d’obéissance à la volonté du Père, et d’abnégation pour servir les autres en amour. La vie du monde est une vie de propre volonté et d’exaltation de soi. Par Sa mort Christ a laissé la vie à laquelle, chez nous, le péché est attaché ; et par Son ensevelissement Il a disparu aux yeux du monde.
Par le baptême pour la mort nous professons en avoir fini avec la vie du vieil homme à laquelle le péché est attaché, et par l’ensevelissement nous professons être disparu des yeux d’un monde dominé par le péché.
4 Nous avons donc été ensevelis avec lui par le baptême, pour la mort, afin que comme Christ a été ressuscité d’entre les morts par la gloire du Père, ainsi nous aussi nous marchions en nouveauté de vie.
Voici cependant un moyen pour aboutir à une fin. La délivrance d’une vie de propre volonté a pour but de pouvoir vivre une vie d’obéissance à Dieu, c’est-à-dire de marcher en nouveauté de vie à la gloire du Père. Cette vie est présentée en Christ ressuscité. Si Christ est mort à ce monde, Il a également été ressuscité par la gloire du Père. « La gloire » manifeste ce qu’une personne est. La gloire du Père présente tout ce qu’est le Père. Le Seigneur Jésus dans Sa vie et à la croix, a pleinement fait connaitre le Père dans tout Son amour, Sa sainteté, Sa justice et Sa puissance : comme Il avait pleinement maintenu la gloire du Père, il est devenu nécessaire à la gloire du Père de ressusciter Christ d’entre les morts. Tout ce que le Père est, exigeait que Celui qui avait maintenu Sa gloire soit ressuscité d’entre les morts.
En outre, être ressuscité d’entre les morts par la gloire du Père exprime la grande vérité que Christ est sorti d’entre les morts dans une vie parfaitement appropriée à tout ce qu’est le Père. En Christ ressuscité, nous voyons un Homme qui vit pour [à] Dieu dans une vie qui est à la satisfaction infinie du cœur du Père.
Cependant lorsqu’il est dit que cette nouvelle vie est manifesté en Christ ressuscité, on peut poser la question suivante : Christ n’a-t-il pas toujours vécu pour [à] Dieu ?
Réponse : Personnellement Il l’a fait, cela est tout à fait certain, et nous l’avons vu présenté en perfection au Psaume 16. Il a parfaitement vécu pour [à] Dieu dans Sa vie sur terre, et Il vit parfaitement pour [à] Dieu en résurrection. Il y a cependant la différence suivante, qu’en résurrection Il vit à [pour] Dieu comme étant mort au péché
, de sorte que nous pouvons aussi vivre à [pour] Dieu, ayant été délivrés par Sa mort. En résurrection, Il vit à [pour] Dieu dans une position que le croyant peut partager avec Lui.
5 Car si nous avons été identifiés avec lui dans la ressemblance de sa mort, nous le serons donc aussi [dans la ressemblance] de [sa] résurrection ;
Cette vie nouvelle que nous vivons ici-bas est conforme au modèle de la vie de Christ ressuscité. Si nous avons été identifiés avec Christ dans la ressemblance de Sa mort, nous le serons aussi dans celle de Sa résurrection. Nous sommes identifiés avec Sa mort pour mourir à tout ce à quoi Il est mort, et nous sommes identifiés avec Sa vie de résurrection pour vivre pour le plaisir de Dieu. L’apôtre ne dit pas qu’à l’heure actuelle nous sommes effectivement en ressemblance de Sa résurrection, mais que « nous [le] serons ». La ressemblance complète de Sa résurrection implique d’avoir des corps de gloire semblables à Son corps glorieux. Mais avant d’avoir de nouveaux corps, nous avons la vie nouvelle qui s’exprime dans une marche nouvelle. La « nouveauté » de vie est vue dans une marche entièrement nouvelle pour ce monde — une marche dans l’obéissance et la soumission à la volonté de Dieu.
6 sachant ceci, que notre vieil homme a été crucifié avec lui, afin que le corps du péché soit annulé, pour que nous ne servions* plus le péché.
— v. 6 : servir, ici : être esclave, servir comme tel.
L’apôtre a fait référence au baptême pour illustrer la vérité que nous sommes morts avec Christ. Maintenant il en vient au grand fait fondamental dont le baptême n’est qu’un symbole. Il dit : « Notre vieil homme a été crucifié avec Lui ». C’est un fait que la foi accepte sur l’autorité de la parole de Dieu ; c’est pourquoi l’apôtre peut dire « sachant ceci, que… ». C’est un fait que les croyants savent par la foi.
L’usage ordinaire que nous faisons des mots peut nous aider à comprendre l’expression « notre vieil homme ». Nous parlons de « l’homme blanc », de « l’homme noir » ; mais, dans l’utilisation de ces expressions, nous ne faisons référence à aucun individu particulier. Nous nous référons à une race de gens ayant certaines caractéristiques ; et au vu de ce que tous ceux qui composent la race ont des caractéristiques similaires, la race peut être décrite par une expression individuelle. L’expression « vieil homme » ne fait donc référence à aucune personne en particulier, mais elle décrit un genre d’homme avec certaines caractéristiques. Ce genre d’homme, nous le savons, est la race déchue d’Adam, dont la caractéristique distinctive est la propre volonté. « Notre vieil homme » est alors une expression qui décrit tout ce que nous étions moralement comme hommes déchus vivant une vie de propre volonté. En disant « notre vieil homme », nous reconnaissons que le vieil homme est « notre » ancien moi, « notre » ancienne vie.
Cet homme qui vit une vie de propre volonté, sans se soucier de Dieu, ne veut pas agir pour Dieu. Pour nous convaincre du caractère désespéré de cet homme, Dieu a complètement testé le « vieil homme » par tous les tests possibles. Il l’a fait sans loi, sous la loi, sous la sacrificature, sous la royauté, et enfin par la présence de Christ en grâce. L’homme a échoué à tous les tests, prouvant ainsi que le vieil homme est entièrement mauvais, et que tout espoir d’amélioration ou de réforme du « vieil homme » est vain. Dieu n’a qu’une seule façon de traiter un homme qui s’est avéré être irrémédiablement mauvais : c’est en mettant fin à la vie de l’homme par le jugement de mort. Les péchés peuvent être pardonnés ; mais il ne peut y avoir de pardon pour une nature mauvaise, elle ne peut qu’être condamnée et avoir sa fin. Ainsi, dès le moment où le péché est entré dans le monde, Dieu a prononcé la sentence de mort sur l’homme qui était sous le péché. Pour le croyant, ce jugement a été exécuté à la croix en sorte que nous pouvons dire : « notre vieil homme a été crucifié avec Lui ». À la croix, Dieu a agi avec le vieil homme selon ce qu’il méritait, et selon les propres justes exigences de Dieu. À la croix, Christ a représenté « notre vieil homme » devant Dieu par procuration, de sorte que quand Il a été crucifié, nous avons été crucifiés avec Lui. Non seulement Christ a porté nos péchés, mais Il a été fait péché — Il a été fait ce que nous sommes. Ainsi notre vieil homme a comparu devant Dieu, et a pris fin judiciairement à Ses yeux dans le jugement de mort. Il devient donc évident que dans cette partie de l’épître, il n’est plus question de la mort de Christ pour
nous, mais de notre mort avec
Christ.
En outre notre mort avec Christ répond non seulement aux saintes exigences de Dieu, mais elle a aussi en vue notre marche pratique. C’était « afin que le corps du péché soit annulé, pour que nous ne servions plus le péché ». Ici l’expression « corps du péché » fait référence au péché comme un tout
, en contraste avec une quelconque manifestation particulière du péché. Nous avons tendance à penser au péché en rapport avec quelque faute particulière à laquelle nous sommes spécialement enclins, et qui nous fait davantage ressentir la domination du péché. Peut-être serions-nous très contents d’être délivrés de la domination du péché sous cette forme particulière. Dieu, cependant, voudrait nous délivrer de la domination du péché globalement, non pas en partie seulement. Cette liberté ne peut être obtenue que sur la base de ce que notre vieil homme, qui est sous le péché, a été crucifié avec Christ. Le péché, en effet, existe toujours, mais il n’a aucune puissance sur un cadavre. La mort annule sa puissance. L’effet final pratique est qu’étant morts au péché, nous ne devrions plus le servir.
7 Car celui qui est mort est justifié du péché*.
— v. 7 : justifié du péché, ici, non pas des péchés.
Nous sommes délivrés de l’esclavage du péché par la mort. Il est clair que celui qui est mort est justifié du péché. Un homme mort n’a plus de volonté personnelle active. Il ne peut plus être accusé de volonté propre.
8 Or si nous sommes morts avec Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui,
Mais ce n’est pas tout. La mort pour le croyant est le chemin d’entrée dans la vie. Après donc avoir parlé de mort, l’apôtre se met à parler de vie. Il dit : « si nous sommes morts avec Christ, nous croyons que nous vivrons
aussi avec Lui ». Au verset 9, il parle de Christ « ressuscité
d’entre les morts », et au verset 10, il dit « en ce qu’il vit
, il vit
à Dieu ». Il est donc évident que la vie est le sujet de ces versets. En regardant à l’avenir, l’apôtre nous présente le résultat plein et glorieux d’être mort avec Christ : « si », dit-il, « nous sommes morts avec Christ, nous croyons que nous vivrons
aussi avec lui
». Qui peut saisir la béatitude qui se cache derrière ces mots « vivre avec Lui » ? Nous connaissons la grâce de notre Seigneur Jésus Christ, en ce qu’Il est devenu pauvre et a vécu avec nous
, plein de grâce et de vérité. Ce n’était toutefois qu’un moyen pour arriver à une fin ; la fin glorieuse est que nous vivions avec Lui
.
9 sachant que Christ, ayant été ressuscité d’entre les morts, ne meurt plus ; la mort ne domine plus sur lui.
Ceci non plus n’est pas tout : nous ne vivrons pas seulement avec Lui, mais nous vivrons là où Il vit dans la sphère de la résurrection. C’est une région où la mort n’a plus aucun pouvoir.
10 Car en ce qu’il est mort, il est mort une fois pour toutes au péché ; mais en ce qu’il vit, il vit à Dieu.
En outre, nous allons non seulement « vivre avec Lui » et vivre là où Il vit, mais nous vivrons comme Il vit
. Le verset 10 nous dit comment Il vit. Étant mort au péché, « Il vit à Dieu ». La sphère de la résurrection est une scène où Dieu est tout en tous (1 Cor. 15:28). Dieu est tout, comme étant Celui qui comble la vue, et Dieu est tout, en tant que source et origine de toute pensée et de toute affection qui s’épanchent vers Dieu en louange et adoration. Voilà, en effet, ce que sera ‘vivre à [pour] Dieu’. Il est vrai que Christ a toujours ‘vécu à [pour] Dieu’ personnellement dans Son chemin à travers ce monde. Mais tandis qu’Il était ici-bas, Il avait à faire au péché de tout côté, et Il a finalement souffert à cause du péché à la croix. Dans la sphère de résurrection, Il n’a plus rien à faire avec le péché.
Combien est donc bénie la perspective de la vie — la vraie vie — qui nous est ouverte dans ces versets. Vivre avec
Christ, Celui qui nous aime ; vivre là où
Il vit, dans la demeure éternelle de la vie ; et vivre comme
Il vit, entièrement pour le plaisir de Dieu.
11 De même vous aussi, tenez-vous vous-mêmes pour morts au péché, mais pour vivants à Dieu dans le Christ Jésus.
La perspective de bénédiction qui s’ouvre à nous par la mort de Christ doit avoir un effet très pratique dès le temps présent. Regardant en arrière, la foi sait ce qui a été accompli sur la croix (Rom. 6:6) ; regardant en avant, la foi sait quel sera le résultat en gloire (Rom. 6:8-10). Entre temps, tant que nous sommes encore sur la terre entre la croix et la gloire, le croyant se voit comme mort au principe d’iniquité (vie sans loi, sans frein). Sachant que notre vieil homme a été crucifié avec Christ, et que Christ est ressuscité d’entre les morts et vit à Dieu, nous avons à nous tenir (ou : à nous compter) pour morts au péché, et pour vivants à Dieu dans le Christ Jésus. Nous nous considérons comme morts au principe de faire notre propre volonté, — principe qui gouverne le monde autour de nous, et que nous retrouvons en nous, et nous nous tenons nous-mêmes comme vivants pour faire la volonté de Dieu, et comme liés avec Christ devant Dieu.
Si nous étions effectivement morts, il n’y aurait pas besoin de nous tenir pour morts au péché. Si nous étions effectivement dans la gloire, il n’y aurait pas besoin de nous tenir comme vivants à Dieu. C’est justement parce que nous sommes encore dans un monde de péché, et que nous ne sommes pas effectivement dans une scène échappant à la domination du péché, que nous sommes appelés à nous tenir (ou : à nous compter) pour morts au péché et pour vivants à Dieu.
L’histoire de Mephibosheth a été utilisée pour faire ressortir la position du croyant dans un monde qui a rejeté Christ. Elle est probablement la plus parfaite illustration dans l’Écriture de ce fait de « se tenir pour quelque chose », car elle permet non seulement de clarifier le sens de « se tenir » (ou : se compter), mais elle fait ressortir également la puissance nécessaire pour « se tenir pour quelque chose ».
On se souvient que David avait montré une bonté de Dieu à Mephibosheth à cause de Jonathan, et c’était là une image de la grâce de Dieu qui nous est parvenue à cause de Christ (2 Sam. 9). Puis dans l’histoire du roi David vint un jour où il fut rejeté par Jérusalem (2 Sam. 15-18). Pendant ce temps-là, le roi David quitta Jérusalem et se trouva « dans une maison éloignée » (2 Sam. 15:17 ; sens de Beth-Merkhak, note). Mephibosheth, l’homme qui avait reçu la grâce de la part du roi, est laissé dans la ville en rébellion contre le roi. Son cœur ayant été gagné par le roi, il n’avait aucune sympathie pour la scène de rébellion qui l’entourait. Comment agit-il dans de telles circonstances ? Nous lisons que Mephibosheth « n’avait pas soigné ses pieds, et n’avait pas fait sa barbe, et n’avait pas lavé ses vêtements, depuis le jour que le roi s’en était allé, jusqu’au jour où il revint en paix » (2 Sam. 19:24). Pendant le temps de l’absence du roi, il a agi d’une manière qui montrait qu’il se tenait lui-même pour mort à la scène environnante. Il y avait de l’agitation dans la ville. Des conseils se tenaient, une armée se mettait en rang, des officiers étaient nommés ; mais Mephibosheth ne prit aucune part à ces scènes excitantes. Il se tenait pour mort à tout cela, car il dit, « toute la maison de mon père n’était que des hommes morts
». En outre, il se considérait comme vivant à l’égard de David, car il ajoute : « et tu as mis ton serviteur parmi ceux qui mangent à ta table ». Il reconnaît que, par ses liens à la maison de son père, la mort était sur lui ; mais que, par ses liens avec David, il était remis en vie à la table de David (2 Samuel 19:24-28).
Dans la puissance de l’amour pour David, et dans la réalisation que sa vie était liée à David, il agissait d’une manière montrant qu’il se tenait (ou : se comptait) pour mort à la scène autour de lui. S’il avait été effectivement mort, ou s’il avait été effectivement avec David, il n’aurait eu ni le besoin, ni même la possibilité d’agir ainsi.
De même pour les croyants, c’est dans la puissance de la vie que nous sommes capables de nous tenir pour morts à ce monde dominé par le péché.
12 Que le péché donc ne règne point dans votre corps mortel pour que vous obéissiez aux convoitises de celui-ci ;
Les résultats qui découlent du fait de se tenir (ou : se compter) pour morts au péché sont placés devant nous dans le reste du chapitre. Premièrement, « se tenir » ainsi nous libère de la domination du péché dans nos vies pratiques. Cela signifie qu’on n’obéit plus aux convoitises liées au corps mortel.
Trois choses sont considérées au v. 12 : le principe mauvais du péché, ou la volonté propre, le corps mortel, et les convoitises du corps. Le péché est la détermination à faire sa propre volonté en satisfaisant la convoitise ; et le corps est l’instrument pour satisfaire la convoitise. Nous sommes encore dans ces corps mortels, et le principe du péché est encore en nous ; mais, si nous nous tenons pour morts au péché et vivants à Dieu en Jésus Christ, nos corps mortels seront pratiquement délivrés de la domination du péché. Voilà comment prend fin le règne
du péché sur ces corps.
13 et ne livrez pas vos membres au péché comme instruments d’iniquité*, mais livrez-vous vous-mêmes à Dieu, comme d’entre les morts étant [faits] vivants, — et vos membres à Dieu, comme instruments de justice.
— v. 13 : ailleurs : injustice.
Un second résultat de « se tenir » pour mort au péché, est que, étant affranchis du péché, les membres du corps n’ont plus à être livrés au péché, mais à Dieu. Si ces différents membres sont gouvernés par la propre volonté, cela veut dire qu’ils deviennent des instruments pour exercer l’injustice. Étant affranchis de la domination du péché, nous devons nous livrer nous-mêmes à Dieu — nous-mêmes esprit, âme et corps, et nos membres en particulier.
« Garde ton cœur plus que tout ce que l’on garde », dit le sage ; « Écarte de toi la fausseté de la bouche
, et éloigne de toi la perversité des lèvres
. Que tes yeux
regardent droit en avant… Pèse le chemin de tes pieds
» (Prov. 4:23-27). Qu’est-ce que cela, si ce n’est la façon de l’Ancien Testament d’exprimer l’exhortation du Nouveau Testament de se « livrer-vous vous-mêmes à Dieu, comme d’entre les morts étant [faits] vivants, — et vos membres à Dieu, comme instruments de justice ». Nous pouvons bien nous interpeller quant à ce que nous permettons dans nos cœurs. Imaginons-nous le mal contre notre frère ? Qu’en est-il de nos lèvres : les utilisons-nous pour dire du mal des autres ? Qu’en est-il de nos yeux : sont-ils utilisés pour regarder des scènes qui attisent la convoitise et excitent la chair ? Qu’en est-il de nos pieds : leur permettons-nous de nous amener dans des endroits où aucun chrétien ne doit se trouver ? Si ces membres, et d’autres, sont utilisés à de tels usages, ils sont utilisés pour l’injustice sous la puissance du péché — ou de la volonté propre — plutôt que pour la justice et le plaisir de Dieu.
14 Car le péché ne dominera pas sur vous, parce que vous n’êtes pas sous [la] loi, mais sous [la] grâce.
Un troisième résultat de nous tenir pour morts au péché est que nous passons dès lors sous la puissance de la grâce qui soutient. Ce fait de nous livrer nous-mêmes et nos membres n’est pas le résultat d’être sous une loi qui nous impose des exigences, mais c’est le résultat d’être sous la grâce qui non seulement nous apporte la bénédiction, mais qui nous soutient et nous permet de surmonter. Nous sommes gardés par la grâce de Dieu.
Un quatrième résultat est que nous devenons esclaves de la justice pratique (Rom. 6:15-23) :
(1) nous tenant pour morts au péché, nous sommes affranchis de la puissance du péché ;
(2) affranchis de la puissance du péché, nous pouvons nous livrer nous-mêmes, et nos membres, à Dieu ;
(3) nous livrant à Dieu, nous passons sous la grâce de Dieu qui nous soutient ;
(4) passant sous la grâce de Dieu qui nous soutient, nous montrons la justice pratique.
15 Quoi donc ! pécherions-nous, parce que nous ne sommes pas sous [la] loi, mais sous [la] grâce ? — Qu’ainsi n’advienne !
Cette nouvelle vérité de la justice pratique est introduite par la question : « pécherions-nous, parce que nous ne sommes pas sous [la] loi, mais sous [la] grâce ? » L’apôtre anticipe par-là le raisonnement de la chair, toujours prête à abuser de la bonté de Dieu et à pervertir la Parole de Dieu. Si Dieu dit « Là où le péché a abondé, la grâce a surabondé », la chair dit « péchons, afin que la grâce abonde ». Si Dieu dit « vous n’êtes pas sous la loi, mais sous la grâce », la chair dit « alors nous sommes libres de faire ce que nous voulons ».
16 Ne savez-vous pas qu’à quiconque vous vous livrez vous-mêmes comme esclaves pour obéir, vous êtes esclaves de celui à qui vous obéissez, soit du péché pour [la] mort, soit de l’obéissance pour [la] justice.
L’apôtre rejette entièrement cette suggestion charnelle. Il démontre que la question montre une ignorance totale du résultat terrible de se livrer au péché. « Ne savez-vous pas », dit l’apôtre, « qu’à quiconque vous vous livrez vous-mêmes comme esclaves pour obéir, vous êtes esclaves de celui à qui vous obéissez ? » Nous livrant au péché, nous devenons esclaves du péché, et toute nouvelle complaisance à l’égard du péché ne fait que forger un nouveau maillon de la chaîne qui nous tient sous son esclavage. Quelle considération extrêmement solennelle tant pour le pécheur qui vit dans le péché, que pour le saint qui s’écarte pour jouer avec le péché.
En outre, si nous nous livrons au péché ou à la propre volonté, cela entraîne la mort, ou la séparation entre l’âme et Dieu ; d’un autre côté, si nous nous livrons par obéissance à la doctrine concernant la mort avec Christ, cela conduit à la justice pratique.
17 Or grâces à Dieu de ce que vous étiez esclaves du péché, mais de ce que [ensuite] vous avez obéi de cœur à la forme de doctrine dans laquelle vous avez été instruits.
Paul pouvait remercier Dieu de ce que les croyants à Rome, autrefois esclaves du péché, avaient effectivement obéi de cœur à la forme de doctrine qui leur avait été communiquée. Il ne dit pas simplement la doctrine, mais la forme
de doctrine. C’était apparemment le baptême, qu’il a déjà évoqué dans la première partie du chapitre. Ils avaient cru la grande vérité, ou doctrine, que le vieil homme a été crucifié avec Christ. Ils s’étaient soumis à la forme de doctrine en étant baptisés pour la mort de Christ pour avoir part à la position de séparation du péché et du monde dans laquelle la mort met le croyant ici-bas. Et dans leur pratique quotidienne, ils avaient continué à se tenir pour morts au péché et pour vivants [pour] à Dieu dans le Christ Jésus.
Chez ces croyants, il n’y avait pas eu un simple assentiment de l’esprit à certaines vérités sans y porter d’intérêt personnel. C’était l’obéissance de cœurs ayant appris combien ils avaient besoin des vérités qu’ils avaient crues, et combien celles-ci les concernaient.
18 Mais ayant été affranchis du péché, vous avez été asservis à la justice 19 (je parle à la façon des hommes, à cause de l’infirmité de votre chair). Car ainsi que vous avez livré vos membres comme esclaves à l’impureté et à l’iniquité* pour l’iniquité*, ainsi livrez maintenant vos membres comme esclaves à la justice pour la sainteté.
— v. 19 : état ou marche sans loi, sans frein.
Ayant obtenu ainsi leur affranchissement du péché, ils étaient devenus esclaves de la justice [= ils avaient été asservis à la justice].
Cette expression « asservis à la justice » pourrait, toutefois, être prise comme impliquant un certain joug blessant avec la perte de toute liberté. L’apôtre prend donc soin d’expliquer qu’il parle simplement à la manière des hommes. Être asservi à la justice n’est pas un esclavage misérable, mais une heureuse liberté. Cependant, à cause de l’infirmité de la chair qui fait que nous avons de la peine à saisir la vérité, il utilise l’expression « asservis à (ou : esclaves de) la justice » pour faire ressortir le contraste entre d’une part le résultat heureux d’être sous l’empire de la justice pratique, et d’autre part le terrible esclavage que le péché impose à ses esclaves.
Livrer les membres au péché, c’est pratiquement devenir esclaves de l’impureté, et développer ainsi un caractère d’iniquité qui augmente dans l’iniquité. Il mène d’iniquité en iniquité [= à l’iniquité pour l’iniquité]. En revanche, si nous livrons nos membres au service de [pour être asservis à] la justice pratique, cela développera un caractère et une condition de sainteté. C’est ici la première fois depuis les versets d’introduction de l’épître, que l’apôtre parle de sainteté. Livrer nos membres comme esclaves à la justice conduit non seulement à la justice, mais aussi à la sainteté. La justice parle davantage d’actes extérieurement justes par rapport aux autres ; la sainteté fait plutôt référence à la nouvelle nature, et donc à ce qui est intérieur. Nous arrivons ainsi à un autre résultat de nous tenir pour morts au péché : c’est le développement de la nouvelle nature qui est sainte en pensée, et donc séparée de l’esprit du monde environnant. Non seulement la justice est pratiquée, mais l’injustice est haïe.
20 Car lorsque vous étiez esclaves du péché, vous étiez libres à l’égard de la justice. 21 Quel fruit donc aviez-vous alors des choses dont maintenant vous avez honte ? car la fin de ces choses est la mort. 22 — Mais maintenant, ayant été affranchis du péché et asservis à Dieu, vous avez votre fruit dans la sainteté et pour fin la vie éternelle. 23 Car les gages du péché, c’est la mort ; mais le don de grâce de Dieu, c’est la vie éternelle dans le Christ Jésus, notre Seigneur.
L’apôtre conclut son instruction en soulignant le contraste entre leur état passé comme esclaves du péché, et leur part présente comme esclaves de Dieu [= asservis à Dieu]. Esclaves du péché, ils suivaient leurs propres volontés sans jamais penser aux exigences de justice. Une telle vie ne produit aucun fruit durable et agréable, mais seulement la honte et finalement la mort. C’était un gaspillage stérile de leur vie et des membres de leur corps, dans une propre volonté qui les couvrait de honte et aboutissait à la mort.
Maintenant, ayant été affranchis du péché et étant asservis à Dieu, ils produisaient le fruit de la justice pratique qui conduit à la sainteté, cette condition de cœur dans laquelle le mal est haï et Dieu est connu et goûté.
Vivre pour [à] Dieu conduit à un fruit présent
de justice et de sainteté, et à un fruit futur
de jouissance de la vie éternelle dans toute sa plénitude en gloire où non seulement la puissance
du péché ne peut jamais se faire sentir, mais où la présence
du péché ne peut jamais s’immiscer.
Ici, la vie éternelle est placée devant nous comme l’aboutissement d’une vie vécue pour [à] Dieu dans ce monde. Mais même ainsi, elle n’est pas assurée par le dévouement de la vie ici-bas. Elle est le don de Dieu dans le Christ Jésus notre Seigneur. Le péché paie un salaire ; mais Dieu donne des dons. Ainsi la grâce de Dieu qui donne la bénédiction est maintenue ; il est donné un encouragement à vivre une vie agréable à Dieu, tandis que la pensée légale d’obtenir la vie éternelle comme la récompense d’un service est exclue.
Dans le ch. 6, nous avons été instruits sur la manière dont a lieu la délivrance de la puissance du péché ; au ch. 7 est placée devant nous la manière dont a lieu la délivrance du joug de la loi.
Il y a évidemment une grande différence entre le « péché » et la « loi ». Le péché est entré dans le monde par l’homme ; la loi a été donnée par Dieu. L’un est absolument mauvais, l’autre est « sainte, juste et bonne ». Il est facile de voir que nous avons besoin d’être délivrés de ce qui est mauvais ; il n’est pas si simple d’apprendre que, comme croyants, nous avons également besoin d’être délivrés du principe de la loi.
Toutefois l’examen de la nature de la loi et de ses effets, devrait nous convaincre de la nécessité de la délivrance de sa domination.
Résumons brièvement le principe de la loi telle qu’appliquée à l’homme : Elle exige de moi ce que je n’ai pas la force de faire ; elle ne me donne aucune force pour répondre à ses exigences ; et quand je manque à satisfaire ses exigences, elle me condamne entièrement.
Ainsi, bien que la loi soit en elle-même sainte et ordonnée pour procurer la vie et la bénédiction si on la garde, elle devient un moyen de montrer à la fois la sainteté de Dieu, ma faiblesse et, en conséquence, ma condamnation.
Il devient alors clair que le croyant a besoin d’être délivré de la loi ; et de plus, il a besoin d’un autre soutien pour porter du fruit pour Dieu. Le v. 4 (ch.7) dit très clairement que c’est le désir de Dieu que les Siens portent du fruit pour Lui-même, et soient donc une source de plaisir pour Lui. Pour qu’il en soit ainsi, il nous faut connaitre la délivrance du péché, de la loi, et de la chair.
Cela nous amène au grand sujet du ch. 7, où nous apprenons comment Dieu délivre de l’esclavage de la loi, et qu’un nouveau lien a été formé entre le croyant et Christ ressuscité, pour que nous puissions porter du fruit pour Dieu. Le chapitre se termine par les expériences que nous traversons pour nous faire apprendre le besoin qui est le nôtre d’accepter la manière dont Dieu délivre.
Le chapitre peut se diviser comme suit :
1 Ignorez-vous, frères, (car je parle à gens qui entendent ce que c’est que [la] loi,) que la loi a autorité sur l’homme aussi longtemps qu’il vit ? 2 Car la femme qui est soumise à un mari, est liée à son mari par [la] loi, tant qu’il vit ; mais si le mari meurt, elle est déliée de la loi du mari. 3 Ainsi donc, le mari étant vivant, elle sera appelée adultère si elle est à un autre homme ; mais si le mari meurt, elle est libre de la loi, de sorte qu’elle n’est pas adultère en étant à un autre homme.
Le grand principe qui sous-tend la doctrine des ch. 6 et 7 est que nous ne pouvons pas être en vie dans ce à quoi nous sommes morts
. Au ch. 6, ce principe est appliqué au péché ; si nous sommes morts au péché, nous ne pouvons pas vivre dans le péché. Au ch. 7, ce principe est appliqué à la loi ; si nous sommes morts à la loi, nous ne sommes plus sous la loi.
L’apôtre s’adresse à ceux qui savent ce qu’est la loi. Cela semble inclure aussi bien les Juifs que les non-Juifs. Les Juifs étaient « sous » la loi ; les non-Juifs, y compris ceux de la chrétienté, n’étaient pas sous la loi au sens strict, mais ils « entendaient » très bien ce qui en était. L’apôtre leur rappelle le principe bien connu « que la loi a autorité sur l’homme aussi longtemps qu’il vit ».
Ce principe est illustré par le cas de la femme mariée. Le lien inviolable du mariage est utilisé pour illustrer l’inviolabilité de la loi. Tant que le mari vit, la femme est liée par la loi à son mari. Si le mari meurt, elle est affranchie de la loi de son mari ; il n’a plus de domination sur elle. La mort rompt le lien
. Elle est libre de se marier à un autre. Ainsi, le grand principe est établi que, si Dieu donne une loi à un homme, un lien divinement formé est établi entre la loi et ceux qui sont sous elle, et seule la mort peut annuler ce lien.
4 C’est pourquoi, mes frères, vous aussi, vous avez été mis à mort à la loi par le corps du Christ, pour être à un autre (*), à celui qui est ressuscité d’entre les morts, afin que nous portions du fruit pour Dieu.
(*) note bibliquest : La version autorisée anglaise (KJV) dit « pour être marié
à un autre ». Le commentaire de l’auteur, ci-après, suit cette formulation.
Ayant établi et illustré le principe que la mort met fin à l’autorité de la loi, l’apôtre applique maintenant ce principe aux croyants. Dans l’illustration, le mari meurt ; dans l’application, la femme meurt. Mais cela ne fait aucune différence quant au principe affirmé, à savoir que la mort rompt le lien
. Pour utiliser le langage de l’illustration, nous mourons à un mari afin d’être marié à un autre. Le grand sujet de ces deux ch. 6 et 7, est que nous sommes morts ; mais c’est dans la mort de Christ que nous sommes morts. Cette mort est présentée par l’expression « le corps du Christ ». Dans la mort de Christ, nous avons été affranchis de l’autorité de la loi pour être mis sous la domination de Christ ressuscité d’entre les morts. Au lieu que nos vies soient contrôlées par une loi écrite qui nous est contraire, nous sommes maintenant sous le contrôle d’une Personne vivante qui nous aime.
Il y a deux choses dans l’illustration : la dissociation
d’avec le premier mari par la mort, et l’association
avec le second mari en vie. Dans l’application, le croyant est vu comme dissocié de la loi par la mort de Christ, et associé avec Christ vivant et ressuscité. Mais la dissociation d’avec la loi et l’association avec Christ ressuscité ne sont pas simplement des privilèges qui nous sont offerts, mais des faits vrais quant aux croyants par l’opération de Dieu
. Dieu, Lui-même, a rompu pour le croyant le lien avec la loi, par la mort de Christ : « vous avez été mis à mort à la loi par le corps du Christ » (7:4).
Nous ne sommes pas mis à morts à la loi par quelque expérience personnelle, mais par le corps du Christ. Lorsque le corps mort de Christ pendait sur la croix, il est évident qu’Il avait quitté la condition de vie à laquelle la loi s’appliquait. Ce qui est vrai de Christ aux yeux de Dieu, est vrai du croyant à la place duquel Christ est mort.
Il est donc de la première importance de voir que, par l’opération de Dieu Lui-même, nous ne sommes « pas sous la loi mais sous la grâce » (6:14).
Je peux pratiquement me mettre sous la loi de deux manières. Premièrement, en pensant que Dieu est contre moi à cause de mes péchés et du péché ; ou, deuxièmement, en pensant que Dieu est pour moi à cause de ma bonté que je m’imagine. Dans les deux cas, je fais dépendre l’attitude de Dieu envers moi de ce que je suis pour Dieu, ce qui est le principe de la loi. La grâce me montre que Dieu n’est pas contre moi à cause de mon mal, et qu’Il n’est pas pour moi à cause de ma bonté ; mais que Dieu est pour moi à cause de ce qu’Il est en Lui-même, et qu’Il peut avec justice se montrer pour moi à cause de ce que Christ a fait.
Voilà donc la première grande vérité qu’il nous faut apprendre : par la mort de Christ, Dieu a libéré [affranchi] les croyants du principe de la loi et nous a placés sous la grâce.
Cependant, pour la délivrance pratique du légalisme, il ne suffit pas de voir que l’ancien lien a été dissous dans la mort de Christ, mais nous devons aussi saisir qu’un nouveau lien a été formé avec Christ ressuscité. C’est dans la mesure où nous vivons dans la puissance de ce nouveau lien que nos âmes seront mises en liberté, et que nous porterons du fruit pour Dieu. L’image du mariage est très belle pour présenter le nouveau lien que Dieu a formé pour le croyant avec Christ ressuscité. Il a été souligné que, dans la relation conjugale, la femme peut compter sur trois choses : la compagnie, l’amour et le soutien de son mari. Être associé avec Christ ressuscité, c’est avoir Sa compagnie, jouir de Son amour et obtenir Son soutien.
Ces trois choses apparaissent très heureusement quand le Seigneur était ici-bas sur la terre avec Ses disciples. Ils avaient la compagnie, l’amour et le soutien de Jésus. Ils étaient des hommes ayant les mêmes passions que nous — extrêmement faibles, souvent défaillants, ignorants et égoïstes. Ils avaient à faire face à des tempêtes, à rencontrer des privations, et l’ennemi était contre eux ; mais Christ était avec eux, Christ les a aimés jusqu’à la fin, et Christ les a soutenus à chaque pas du chemin.
Maintenant qu’Il est ressuscité, c’est encore notre privilège d’avoir Sa compagnie, car Il a dit : « je ne te laisserai pas, et je ne t’abandonnerai point » (Héb.13:5). Nous pouvons aussi jouir de Son amour d’une manière plus profonde que ce que les disciples ont connu, car c’est un amour qui a été démontré et trouvé plus fort que la mort. En outre, nous avons Son soutien d’une manière que les disciples ne pouvaient guère réaliser ; car c’est le soutien de Celui qui a triomphé de tous les ennemis et qui a brisé la puissance de la mort et du tombeau. Pourrions-nous nous sentir seuls en compagnie de Celui qui est si plein d’amour ? Pourrions-nous être mécontents si nos cœurs sont remplis d’un amour que la mort ne peut pas briser, que le temps ne peut changer et que l’éternité ne peut épuiser ? Pourrions-nous parler de notre faiblesse si nous réalisons que nous avons la toute-puissance de Christ ressuscité pour nous soutenir ?
C’est donc dans la réalisation de notre association avec Christ ressuscité que nous trouverons la délivrance pratique. Quand l’âme crie « je rends grâce à Dieu par notre Seigneur Jésus Christ » (7:25), c’est qu’elle a été amenée à saisir ces deux choses : la dissociation d’avec la loi et l’association avec Christ ressuscité. Elle trouve ainsi la délivrance de la loi et porte du fruit pour Dieu.
5 Car, quand nous étions dans la chair, les passions des péchés, lesquelles sont par la loi, agissaient dans nos membres pour porter du fruit pour la mort ; 6 mais maintenant nous avons été déliés de la loi, étant morts dans ce en quoi nous étions tenus, en sorte que nous servions* en nouveauté d’esprit, et non pas en vieillesse de lettre.
— v. 6 : servir, ici
: être esclave, servir comme tel ; comme
en
6:6 et
7:25.
En outre, il est important de voir que nous ne pouvons pas être simultanément sous l’autorité de la loi et sous celle de Christ. Le contraste entre être sous la loi et être sous Christ est présenté de façon vivante dans les v. 5 et 6. Au v. 5, l’apôtre décrit l’effet d’être sous la loi quand nous étions dans la chair. Il peut dire « quand nous étions dans la chair » parce qu’il parle du point de vue chrétien. Comme chrétiens, nous ne sommes plus dans la chair, c’est-à-dire l’ancien état d’Adam avec toutes ses responsabilités. En regardant en arrière à cet ancien état, il décrit l’effet d’être sous la loi. Celle-ci excitait les convoitises de péché en les interdisant. Ensuite, les passions étant éveillées, les membres de notre corps les mettaient en pratique, avec comme résultat que la mort, ou la séparation, s’interposaient entre nos âmes et Dieu.
Mais maintenant (en contraste avec le passé, lorsque nous étions dans la chair), tout est changé ; et ce changement est dû à ce que nous sommes morts avec Christ. Ce n’est pas que la « loi » soit morte, selon la traduction fautive de la version autorisée anglaise, mais nous, nous sommes morts. Il faut lire « étant morts dans ce en quoi nous étions tenus ». Le résultat est que nous ne servons plus Dieu avec le sentiment d’être sous une obligation légale — à savoir de devoir faire ceci ou cela pour nous rendre Dieu favorable. Ce serait servir « en vieillesse de lettre » (7:6), laquelle dit : « Fais ceci et tu vivras ». Mais étant libérés du principe de la loi, nous servons comme étant en esprit, trouvant plaisir à faire la volonté de Dieu. Voilà la « nouveauté d’esprit ».
7 Que dirons-nous donc ? La loi est-elle péché ? — Qu’ainsi n’advienne ! Mais je n’eusse pas connu le péché, si ce n’eût été par [la] loi ; car je n’eusse pas eu conscience de la convoitise, si la loi n’eût dit : « Tu ne convoiteras point » [Exode 20:17]
. 8 Mais le péché, ayant trouvé une occasion par le commandement, a produit en moi toutes les convoitises, car sans [la] loi [le] péché est mort. 9 Or moi, étant autrefois sans loi, je vivais ; mais le commandement étant venu, le péché a repris vie, et moi je mourus ; 10 et le commandement qui était pour la vie, a été trouvé lui-même pour moi pour la mort. 11 Car le péché, ayant trouvé une occasion par le commandement, me séduisit, et par lui me tua.
Ayant établi et appliqué le principe que la mort délivre de la servitude de la loi, l’apôtre montre maintenant l’usage de la loi en décrivant son effet sur l’homme dans la chair. L’apôtre a insisté sur la vérité que le croyant est délivré de la loi. Cette nécessité d’être délivré de la loi implique-t-elle que la loi est mauvaise ? Il demande même : « la loi est-elle péché ? » La réponse immédiate est : « qu’ainsi n’advienne ». L’apôtre se met alors à montrer son usage et à déclarer son excellence.
Le principal usage de la loi est de prouver que nous avons en nous un principe mauvais appelé « péché ». L’apôtre dit : « je n’aurais pas connu le péché, si ce n’avait été par [la] loi ». Il ne dit pas « les péchés », mais « le péché ». Il aurait été conscient de péchés, même s’il n’avait jamais connu la loi. Nous n’avons pas besoin d’une loi pour nous dire qu’il est mauvais de voler ou tuer. La conscience naturelle donne à un homme la conviction de sa mauvaise conduite. Mais la conscience ne révélera jamais à un homme son état intérieur de péché. La loi dit : « Tu ne convoiteras point ». C’est le seul commandement qui s’applique à l’homme intérieur, mais tandis que les neuf autres commandements s’appliquent à la conduite extérieure. La conduite extérieure peut être irréprochable, et par conséquent laisser la conscience tranquille sans avoir aucun sentiment de jugement ou de mort. Mais du fait que le péché est en nous, l’effet immédiat de la loi lorsqu’elle dit « Tu ne convoiteras point pas », c’est d’attiser la convoitise, et tout de suite la conscience sait que la loi est violée, et elle réalise que la mort en est le résultat. « Le péché a repris vie, et moi je mourus » (7:9). La loi qui a été ordonnée pour qu’on ait la vie si on lui obéit, voilà qu’elle apporte la mort à la conscience quand elle est violée.
12 La loi donc est sainte, et le commandement est saint, et juste, et bon. 13 Ce qui est bon est-il donc devenu pour moi [la] mort ? — Qu’ainsi n’advienne ! Mais le péché, afin qu’il parût péché, m’a causé la mort par ce qui est bon, afin que le péché devînt par le commandement excessivement pécheur.
Si l’effet de la loi est de provoquer la convoitise et de faire peser la mort sur la conscience, la loi est-elle mauvaise ? Loin d’être mauvaise, la loi est sainte, et le commandement particulier « Tu ne convoiteras point » est saint, juste et bon.
Ceci étant, ce qui est bon cause-t-il la mort ? Pas du tout. C’est le péché qui est la cause de la mort, non pas la loi. Tout ce que la loi fait est de rendre manifeste la présence et le caractère du péché. Le péché est en effet si mauvais, qu’il prend occasion de ce qui est bon pour amener la mort sur la conscience. Ainsi, l’effet de la loi sur l’homme, du fait de ses convoitises, est de lui faire découvrir non seulement l’existence du péché, mais le caractère excessivement pécheur du péché.
Les derniers versets de ce ch. 7 présentent l’expérience d’un homme sous la loi, qui est pourtant né de nouveau et a par conséquent des désirs renouvelés dans son esprit.
Les expériences sont présentées telles qu’elles apparaissent à celui qui est affranchi [ou : libéré] de la domination de la loi. Ainsi l’apôtre commence en disant : « Nous savons que la loi est spirituelle » (7:14). Ce « nous » représente ceux qui sont dans la pleine position chrétienne. C’est ce que savent ceux qui sont libres. Ensuite, se mettant à présenter les expériences de quelqu’un sous la loi, l’apôtre passe du « nous » au « je » parce que les expériences énoncées ne reflètent pas une véritable expérience chrétienne. Néanmoins, c’est l’expérience que traversent la plupart des chrétiens, quoique dans des mesures différentes.
Il est profondément nécessaire d’apprendre le vrai caractère de notre vieille nature — la chair, et d’en arriver à dire comme Job, non seulement « je suis mauvais », mais « j’ai horreur de moi ». Nous pouvons atteindre cette connaissance de soi de trois façons :
Nous pouvons être tout à fait au clair sur l’impossibilité d’obtenir le salut en gardant les dix commandements ; et pourtant, en même temps, on peut chercher à surmonter la chair et à bien agir sur le principe de la loi. Autrement dit, je peux chercher à contenir la chair en m’efforçant de garder certaines règles et maximes, au lieu de regarder à Christ pour me soutenir.
Le principe de la loi est que j’obtiens la bénédiction désirée en assumant mes responsabilités. Je peux prétendre ne pas être sous la loi, et pourtant me dire : « je ne dois pas
permettre cette convoitise mauvaise ; je dois
obtenir la victoire sur le vieil homme, et le péché qui habite en moi ». En disant cela, je me mets en principe moi-même sous une loi ; car ce genre de pensées signifie simplement que la victoire sur le péché, la délivrance de la puissance du péché, dépendent de l’exercice de mes responsabilités, autrement dit de mes propres efforts. Si la victoire sur le péché dépend de quelque chose que je fais, alors j’ai de quoi me glorifier. Nous sommes toutefois si lents à accepter la vérité de la méchanceté de la chair, et de notre incapacité à surmonter son mal, que ces vérités doivent être apprises par l’expérience, et des expériences souvent amères. Nous pouvons passer de longues années à faire des efforts pour vaincre le péché et nous libérer de sa puissance ; mais tant que ces efforts se poursuivent, notre histoire ne sera qu’une succession de défaites constantes et de déceptions.
De telles expériences, si utiles et même nécessaires qu’elles soient, n’apportent jamais la délivrance du péché. L’expérience ne fait que prouver que nous ne pouvons pas nous délivrer de la puissance du péché
. C’est ce qui est nécessaire d’apprendre avant de pouvoir être vraiment libres ; l’expérience ne pouvant pas apporter la délivrance, il faut dans une certaine mesure qu’elle précède la délivrance. À travers ces expériences, si douloureuses soient-elles, nous apprenons des leçons nécessaires, comme l’apôtre le montre.
14 Car nous savons que la loi est spirituelle : mais moi je suis charnel*, vendu au péché** ;
— v. 14* : ailleurs
: de chair. — v. 14** : litt.
: vendu sous le péché.
Premièrement, dans le cas supposé, l’homme apprend qu’il est dans la servitude sous la puissance du péché
. Il réalise que la loi par laquelle il tente de régler sa conduite, est spirituelle, mais que, quant à lui, il est « charnel, vendu au péché ».
15 car ce que je fais*, je ne le reconnais pas, car ce n’est pas ce que je veux, que je fais, mais ce que je hais, je le pratique.
— v. 15, 17 : faire, ici
, opérer, effectuer ; au verset
8 : produire, et au verset
13 : causer.
Il l’apprend expérimentalement, « car », dit-il, « ce que je fais, je ne le reconnais pas, car ce n’est pas ce que je veux, que je fais, mais ce que je hais, je le pratique ». Il est évident que si je ne peux pas faire ce que je voudrais, et que je suis amené à faire ce que je hais, je ne suis pas un homme libre : je suis un captif.
16 Or si c’est ce que je ne veux pas que je pratique, j’approuve la loi, [reconnaissant] qu’elle est bonne.
En outre, s’il faisait ce qu’il ne voulait pas, cela démontrait clairement qu’il approuvait la loi, qu’elle était bonne, et qu’il ne voulait pas faire le mal, mais qu’il était poussé par une force adverse.
17 Or maintenant, ce n’est plus moi qui fais* cela, mais c’est le péché qui habite en moi.
— v. 15, 17 : faire, ici
, opérer, effectuer ; au verset
8 : produire, et au verset
13 : causer.
Il découvre que cette puissance est le principe mauvais du péché. Donc, conclut-il, « ce n’est plus moi qui fais cela, mais c’est le péché qui habite en moi ». Ainsi, la tentative de contrôler et surmonter le mal de son propre cœur par des efforts légaux conduit à la découverte que l’âme est captive sous la puissance du péché.
18 Car je sais qu’en moi, c’est-à-dire en ma chair, il n’habite point de bien ;
Deuxièmement, dans cette lutte pour faire le bien et surmonter le péché par des efforts légaux, une autre vérité importante est apprise. Je découvre le mal incorrigible de la chair. Comme le dit l’apôtre, « je sais qu’en moi, c’est-à-dire en ma chair, il n’habite point de bien ». Il ne dit pas : « Je ne fais
pas le bien », mais « en moi… il n’habite
point de bien ». Il est ici question de ce que je suis
, non pas de ce que je fais
. En fait, la chair peut faire beaucoup de choses moralement justes. Sans doute que dans le cas supposé la vie était sans reproche. L’échec était la convoitise, et cela est à l’intérieur.
« Dans la chair » est une expression utilisée dans l’Écriture pour décrire notre condition déchue où nous sommes gouvernés par la vieille nature rattachée à Adam. Adam innocent était dans la chair, mais sans péché. Le Seigneur Jésus aussi était dans la chair, mais sans péché. Par la chute, la chair, ou la nature de l’homme, a passé sous la domination du péché, et ainsi la chair est devenue la chair de péché (Rom. 8:3).
Dans cette lutte pour faire le bien, nous découvrons qu’en dépit de tous nos efforts, la chair ne change pas. La convoitise jaillit de manière toujours répétée dans le cœur, montrant que la vieille nature est là, incorrigible. Nous découvrons que non seulement il y a beaucoup de mal dans la chair, mais que dans la chair il n’y a aucun bien. Nous sommes amenés au point où nous avons horreur de nous-mêmes (Job 42:6).
car le vouloir est avec moi, mais accomplir le bien, [cela] je ne le trouve pas. 19 Car le bien que je veux, je ne le pratique pas ; mais le mal que je ne veux pas, je le fais.
Troisièmement, une autre vérité solennelle est apprise dans cette lutte : c’est le fait que nous n’avons aucune force. C’est peut-être la vérité la plus difficile et la plus humiliante à apprendre. Quelqu’un a dit que c’est là « une leçon bien plus humiliante à apprendre que celle d’avoir commis certains péchés dans ma vie passée. Cela soulève la question, non pas de ce que j’étais avant de connaitre Christ, mais de ce que je suis maintenant que je Le connais ».
La leçon que nous n’avons en nous-mêmes aucune force contre la chair est apprise par le fait que nos efforts pour surmonter la chair sont vains. Réalisant que cette convoitise, cet orgueil, cette vanité, sont un tort et doivent être surmontés, nous nous mettons à l’œuvre par la prière, par l’étude de la Parole et d’autres exercices religieux, pour surmonter ces choses mauvaises. Le résultat est que nous nous fatiguons sans succès, jusqu’à ce qu’enfin nous soyons obligés de dire : « accomplir le bien, [cela] je ne le trouve pas. Car le bien que je veux, je ne le pratique pas ; mais le mal que je ne veux pas, je le fais ». Nous apprenons ainsi que si la victoire dépend de nos propres efforts, nous ne pouvons qu’être entièrement vaincus, car nous n’avons pas de force. Non seulement il n’y a pas de bien dans la chair, mais nous n’avons pas de force contre elle. Laissés à nous-mêmes et à nos efforts, nous sommes des hommes misérables, et notre cas est désespéré.
20 Or si ce que je ne veux pas, moi, je le pratique, ce n’est plus moi qui l’accomplis, mais c’est le péché qui habite en moi. 21 Je trouve donc cette loi pour moi qui veux pratiquer le bien, que le mal est avec moi. 22 Car je prends plaisir à la loi de Dieu selon l’homme intérieur ; 23 mais je vois dans mes membres une autre loi qui combat contre la loi de mon entendement et qui me rend captif de la loi du péché qui existe dans mes membres.
Quatrièmement, dans cette lutte pour surmonter les convoitises de la chair, nous apprenons à distinguer entre nous et le principe du mal au-dedans de nous. « Si ce que je ne veux pas, moi, je le pratique, ce n’est plus moi qui l’accomplis, mais c’est le péché qui habite en moi ». Il y a en nous un nouvel homme qui est appelé « l’homme intérieur », et ce nouvel homme se plaît à faire le bien. Mais il y a aussi un principe mauvais qui a pouvoir sur les membres du corps et qui combat contre les désirs de bien qui gouvernent l’homme intérieur. Il s’ensuit que toutes ces luttes pour surmonter la chair par nos propres efforts nous laissent captifs du principe de péché qui opère dans nos membres.
24 Misérable homme que je suis, qui me délivrera de ce corps de mort* ?
— v. 24 : ou
: du corps de cette mort.
Ayant découvert que nous sommes enchaînés à un corps dominé par le péché et qui mène à la mort, nous sommes amenés à détourner les regards de nous-mêmes et à crier pour faire appel à un libérateur : « Qui me délivrera de ce corps de mort ? »
Ce que l’âme cherche, n’est pas simplement une délivrance, mais un Libérateur. Nous pouvons en effet en arriver au point de réaliser le besoin de délivrance du péché, mais sans y parvenir, car nous recherchons une délivrance plutôt qu’un Libérateur. La question n’est pas « Comment être délivré ? », mais « Qui
me délivrera ? ».
25 Je rends grâces à Dieu par Jésus Christ notre Seigneur. Ainsi donc moi-même, de l’entendement je sers* la loi de Dieu ; mais de la chair, la loi du péché.
— v. 25 : servir, ici
: être esclave, servir comme tel, comme
en
6:6 et
7:6.
La réponse vient immédiatement : « Je rends grâces à Dieu par Jésus Christ notre Seigneur ». Le secret de la délivrance se trouve en vivant « par la foi, la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé, et qui s’est livré lui-même pour moi » (Gal.2:20). La délivrance ne se trouve pas en s’appuyant sur nos prières, sur notre connaissance de l’Écriture ou sur notre dévouement, mais en regardant au Fils de Dieu. En présence de la chair, du monde et du diable — des ennemis qui sont beaucoup plus forts que nous, nous nous tournons vers Celui qui est plus fort que tous nos ennemis. La chair est trop forte pour nous, mais le Fils peut nous affranchir (Jean 8:36) ; le monde est trop fort pour nous, mais le Fils a vaincu le monde (Jean 16:33) ; Satan est trop fort pour nous, mais le Fils de Dieu a été manifesté pour détruire les œuvres du diable (1 Jean 3:8). En regardant à Lui, nous regardons à Celui qui est avec nous, qui nous aime et qui peut nous soutenir. Nous arrivons, du point de vue gouvernemental, à la vérité expérimentale décrite doctrinalement au début du chapitre, — la vérité que nous sommes [mariés] « à un autre, à celui qui est ressuscité d’entre les morts, afin que nous portions du fruit pour Dieu » (7:4).
Ainsi la délivrance est atteinte, mais par le moyen du Libérateur. Néanmoins cette délivrance n’est pas de la présence
du péché, mais de la puissance
du péché. Dans le ciel, nous serons délivrés entièrement de la présence du péché. Mais sur la terre, la chair est encore dans le croyant, quoiqu’il soit délivré de sa puissance. La dernière phrase du verset 25 le décrit clairement. « Ainsi donc moi-même, de l’entendement je sers la loi de Dieu ; mais de la chair, la loi du péché ». C’est une constatation du caractère et de la disposition à la fois de la nouvelle et de la vieille nature. La délivrance de la loi ne modifie pas la disposition de l’esprit renouvelé vis-à-vis de la loi, ni ne modifie la chair. Que nous soyons délivrés ou pas, la tendance de l’esprit renouvelé est d’obéir justement à la loi de Dieu, et celle de la chair est de résister à Dieu et obéir au péché.
Au ch. 6, nous apprenons comment le croyant est délivré de la puissance du péché, par la mort avec Christ, afin de vivre pour [à] Dieu dans le Christ Jésus. Au ch. 7, nous apprenons que le lien avec la loi a été rompu par la mort de Christ, afin que le croyant bénéficie désormais du soutien de Christ ressuscité d’entre les morts.
Au ch. 8, sont listées les bénédictions du croyant placé dans la pleine position chrétienne et libéré du péché et de la loi.
1 Il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont dans le Christ Jésus ; 2 car la loi de l’Esprit de vie dans le Christ Jésus, m’a affranchi de la loi du péché et de la mort ;
Trois grandes vérités sont présentées dans ces versets :
positiondu croyant devant Dieu « dans le Christ Jésus » ;
viedu croyant, la « vie dans le Christ Jésus » ;
puissancede cette vie, « l’Esprit de vie dans le Christ Jésus ».
1. Nous apprenons que Dieu a placé le croyant devant Lui dans une position entièrement nouvelle « dans le Christ Jésus », en contraste avec notre ancienne position devant Dieu comme incroyants, « en Adam ». En 1 Corinthiens 15:22, les deux expressions sont mises en contraste l’une de l’autre : « car, comme dans l’Adam
tous meurent, de même aussi dans le Christ
tous seront rendus vivants ». Être en Adam, c’est être devant Dieu dans la même position qu’Adam déchu, c’est-à-dire être objets du déplaisir de Dieu à cause de notre désobéissance, et objets de Son jugement à cause du péché ; c’est être rejetés et chassés de la présence de Dieu. Être en Christ ou dans le Christ, c’est être devant Dieu dans la même position que celle de Christ ressuscité ; c’est être dans la faveur de Dieu, exempté du jugement, et agréable.
C’est donc le privilège du croyant de regarder à Christ, et de dire, « ma position devant Dieu est montrée en Christ ressuscité, à la droite de Dieu. Il est dans la faveur éternelle de Dieu, et je suis dans la même faveur (Rom. 5:2) ; Il a subi mon jugement et est pour toujours hors d’atteinte du jugement, et ‘il n’y a donc maintenant aucune condamnation’ pour moi. Il a été reçu dans la gloire, et je suis agréable en Lui, le Bien-aimé (Éph. 1:6) ».
2. Deuxièmement, en tant que croyants nous sommes non seulement dans une nouvelle position devant Dieu, mais nous avons aussi une nouvelle vie dans le Christ Jésus. De même que nous pouvons apprendre la béatitude de la nouvelle position en voyant le contraste avec l’ancienne, de même nous sommes aidés à apprécier la béatitude de la vie nouvelle en Christ, en la mettant en contraste avec l’ancienne vie en Adam. L’ancienne vie vécue en Adam est une vie dominée par le péché, ce qui signifie une vie vécue dans la propre volonté, sans s’occuper de Dieu ; c’est une vie sous la condamnation de Dieu, une vie qui aboutit à la mort. La vie en Christ est une vie nouvelle qui a Christ pour objet, sur laquelle le péché n’a pas de pouvoir, à laquelle aucune condamnation n’est attachée, et que la mort ne peut pas clore. C’est une vie qui a son expression parfaite en Christ, de sorte que les croyants peuvent dire : « Christ est notre vie » (Col. 3:4).
3. Troisièmement, le croyant n’est pas seulement placé devant Dieu dans une nouvelle position et avec une nouvelle vie, mais il lui est donné une nouvelle puissance, l’Esprit Saint, pour lui permettre d’entrer dans la béatitude de sa nouvelle position et de vivre sa nouvelle vie. Cette vie, lorsqu’elle est vécue dans la puissance de l’Esprit, est la reproduction de la belle vie de Christ qui se manifeste dans « l’amour, la joie, la paix, la longanimité, la bonté, la bienveillance, la fidélité, la douceur, la tempérance » (Gal. 5:22).
Il y a une grande différence entre posséder la vie et vivre la vie que nous possédons. Dieu nous a non seulement communiqué la vie de Christ ressuscité, mais Il nous a donné le Saint Esprit pour nous permettre de vivre cette vie et d’en jouir. Il est de la plus grande importance de voir qu’une Personne Divine est venue habiter dans le croyant en connexion avec la vie nouvelle. Le Saint-Esprit n’a rien à faire avec la chair ou avec l’ancienne vie, si ce n’est pour la condamner et la mettre de côté.
En outre, l’Esprit agit toujours selon un principe immuable, car c’est là la signification de l’expression « la loi de l’Esprit ». La loi est un principe inflexible immuable. Ainsi, la loi de l’Esprit est toujours de mettre de côté chez le croyant ce qui a été condamné et mis de côté dans la mort de Christ, afin de manifester dans le croyant la vie de Christ ressuscité. Par l’action de l’Esprit, engageant nos cœurs avec Christ, nous sommes pratiquement affranchis [ou : libérés] de la loi du péché et de la mort.
Il est bon de remarquer que cette liberté [ou : affranchissement] n’est pas par rapport à la présence
du péché et de la mort, mais c’est une liberté [ou : affranchissement] de « la loi
du péché et de la mort ». Tant que nous serons ici-bas, nous ne serons pas libérés de la présence
du péché, mais, par « la loi de l’Esprit de vie dans le Christ Jésus », nous sommes libérés [ou : affranchis] de la puissance
du péché et de la mort.
3 car ce qui était impossible à la loi, en ce qu’elle était faible par la chair, Dieu, ayant envoyé son propre Fils en ressemblance de chair de péché, et pour [le] péché, a condamné le péché dans la chair,
En outre, Dieu ne peut pas conférer la nouvelle vie sans s’occuper de l’ancienne. Si le vieil homme est sous le jugement de Dieu, ce jugement doit être exécuté. C’est pourquoi nous lisons : « Dieu, ayant envoyé son propre Fils en ressemblance de chair de péché, et pour [le] péché, a condamné le péché dans la chair » (8:3b).
Si nous avons appris toute la méchanceté de nos propres cœurs, et qu’en conséquence nous sommes sous la condamnation et la mort, nous ne pouvons pas avoir du repos tant que nous n’avons pas vu que tout ce mal a été traité par Dieu, à Sa propre satisfaction, et que le jugement et la mort qui pesaient sur nous ont été portés par un Autre.
Quel soulagement d’apprendre que Dieu Lui-même s’est occupé de notre état de péché comme enfants d’Adam, et de toutes ses conséquences. C’est Dieu qui s’est chargé de notre cas. Dieu n’a pas négligé ou ignoré notre état de péché. Au contraire, en envoyant Son propre Fils en ressemblance de chair de péché, et comme sacrifice pour le péché, Il a condamné à la croix le péché dans la chair. Lorsque notre Représentant ou Substitut a été fait sacrifice pour le péché, tout notre état de péché est venu devant Dieu dans la Personne de ce Représentant ou Substitut. En tant que tel, tout le saint jugement de Dieu contre le péché est tombé sur Lui. S’il était tombé sur nous, nous aurions été perdus pour toujours ; mais il est tombé sur Celui qui, en raison de la grandeur de Sa Personne (« Son propre Fils ») a pu épuiser le jugement. Lorsque le jugement est tombé sur Christ, Dieu a vu que notre jugement avait été enduré. Quand Il est mort, nous sommes morts aux yeux de Dieu, selon que nous lisons : « notre vieil homme a été crucifié avec Lui » (6:6).
Nous apprenons ainsi que ce que la loi ne pouvait pas faire, a été accompli à la croix. La loi pouvait condamner le pécheur, mais elle ne pouvait pas lui enlever sa condamnation.
Dans cette partie du chapitre, nous sont déployés les résultats pratiques qui découlent de cette nouvelle vie vécue dans la puissance du Saint-Esprit.
4 afin que la juste exigence de la loi fût accomplie en nous, qui ne marchons pas selon [la] chair, mais selon [l’]Esprit.
(1.) Premièrement, si nous marchons selon l’Esprit, les exigences pratiques de la loi sont accomplies
. Quelqu’un a dit : « La loi n’est pas la mesure de la marche chrétienne ; il est seulement dit que celui qui marche selon l’Esprit l’accomplit… L’Esprit ne nous conduira assurément pas à ce qui est contraire à la loi de Dieu. La loi est pratiquement accomplie alors que nous ne sommes pas sous la loi, mais sous la direction de l’Esprit » (JND). Les exigences de la loi sont accomplies, non pas en faisant de la loi une règle de vie, mais en marchant dans cette nouvelle vie selon l’Esprit.
5 Car ceux qui sont selon [la] chair ont leurs pensées aux choses de la chair ; mais ceux qui sont selon [l’]Esprit, aux choses de l’Esprit ;
(2.) Deuxièmement, si nous marchons selon l’Esprit, nous penserons aux choses de l’Esprit
. Cela nous amènera bien au-delà de l’accomplissement des exigences de la loi. La loi ne va pas au-delà du fait de régler notre conduite sur la terre dans les relations variées de la vie. Les « choses de l’Esprit » sont des choses célestes qui se rapportent aux relations célestes qui appartiennent à la vie dans le Christ Jésus. Il nous conduit « dans toute la vérité », « les choses à venir », les choses du Père et les choses qui concernent Christ (Jean 14:26 ; 16:13-15).
Ceux qui marchent selon les désirs de la chair auront leurs pensées aux choses de ce monde que seule la chair peut apprécier. L’Esprit n’a rien à dire sur les choses de ce monde en dehors des intérêts de Christ. Nous pouvons bien poser ce défi à nos cœurs par la question : ‘nos pensées sont-elles aux choses de la chair ou aux choses de l’Esprit’ ?
6 Car la pensée de la chair est [la] mort ; mais la pensée de l'Esprit, vie et paix ;
(3.) Troisièmement, une marche selon l’Esprit conduira à la vie et la paix
. L’Esprit conduit l’âme à la jouissance de la vie, et maintient ainsi l’âme dans le calme et la paix, au milieu de toute l’agitation et la confusion de ce monde. Il est en effet la puissance de cette fontaine de vie au-dedans de nous qui jaillit en vie éternelle. Suivre la pensée de la chair, c’est amener le sentiment de mort dans l’âme en la déconnectant de Dieu. Quelqu’un a dit : « Toutes les œuvres du désir et de la volonté de la chair aboutissent à la mort. Le principe de la mort est en elles, car c’est vivre sans Dieu » (JND). C’est ainsi que nous lisons en 1 Timothée 5:6 : « celle qui vit dans le plaisir (ou « dans les habitudes de l’auto-indulgence ») est morte en vivant
». La mort est la séparation d’avec Dieu. Avoir les pensées aux choses de la chair, non seulement nuit à notre communion, mais amène le sentiment de séparation d’avec Dieu dans l’âme du croyant.
7 — parce que la pensée de la chair est inimitié contre Dieu, car elle ne se soumet pas à la loi de Dieu, car aussi elle ne le peut pas. 8 Et ceux qui sont dans la chair ne peuvent plaire à Dieu.
Cela est inévitable du fait que la chair est entièrement contraire à Dieu. Elle est inimitié contre Dieu. Elle aime les choses que Dieu hait, et déteste les choses que Dieu aime. En outre, elle se rebelle contre l’autorité de Dieu. « Elle ne se soumet pas à la loi de Dieu, car aussi elle ne le peut pas » (8:7b). Il s’ensuit que « ceux qui sont dans la chair », ceux qui se tiennent devant Dieu dans la position d’Adam, « ne peuvent plaire à Dieu » (8:8). Il n’est pas dit qu’ils ne peuvent pas plaire à l’homme, ou faire beaucoup de choses agréables et bénéfiques pour le monde. En plus de faire le mal, la chair peut faire des choses qui sont moralement bonnes ; mais dans toutes ces choses, le moi, sous une forme ou sous une autre, est le mobile. Par conséquent, quoi qu’elle fasse, la chair ne peut pas plaire à Dieu.
9 Or vous n’êtes pas dans [la] chair, mais dans [l’]Esprit*, si du moins [l’]Esprit de Dieu habite en vous ; mais si quelqu’un n’a pas [l’]Esprit de Christ, celui-là n’est pas de lui.
(4.) Quatrièmement, ayant l’Esprit, le croyant est considéré
, quant à cette nouvelle vie, comme étant dans une nouvelle condition : « dans l’Esprit »
. Au début du chapitre, le croyant était vu dans une nouvelle position : « en Christ », en contraste avec l’ancienne position « en Adam ». Ici il est vu dans une nouvelle condition : « dans l’Esprit » ; cette condition est en contraste avec l’ancienne condition « dans la chair ».
Cette nouvelle condition est une autre conséquence du fait d’avoir le Saint-Esprit, car l’apôtre dit : « vous n’êtes pas dans [la] chair, mais dans [l’]Esprit, si du moins [l’]Esprit de Dieu habite en vous » (8:9a).
Ici la condition naturelle de l’homme est mise en contraste avec la pleine condition chrétienne. Aucune condition intermédiaire n’est prise en compte. Il ne s’agit pas d’un contraste entre l’homme naturel et l’homme né de nouveau, mais plutôt du contraste entre l’homme naturel et ce qui est vrai du chrétien : être quelqu’un en qui le Saint Esprit habite. Les saints de l’Ancien Testament étaient nés de nouveau par l’Esprit autant que les saints du Nouveau Testament, mais ils ne sont pas envisagés dans ce passage.
La partie du verset qui déclare que « si quelqu’un n’a pas [l’]Esprit de Christ, celui-là n’est pas de lui » (8:9b), est une parenthèse. Soit vous êtes un chrétien avec l’Esprit, et vous êtes alors de Christ, — soit vous êtes un homme naturel sans l’Esprit, et alors vous n’êtes pas de Christ.
Ce sont les deux conditions que reconnaît ce verset 9. Or dans une âme née de Dieu, il peut y avoir un état en-dessous de la pleine condition chrétienne, où l’âme n’a pas encore été amenée à croire en Christ ressuscité et exalté à la droite de Dieu ; cependant dans ce verset 9, il n’est pas fait allusion à une telle condition. Il serait erroné de déduire de ce verset quant aux saints de l’Ancien Testament, soit qu’ils devaient avoir l’Esprit demeurant en eux, soit qu’ils ne pouvaient pas être de Christ.
10 Mais si Christ est en vous, le corps est bien mort à cause du péché, mais l’Esprit est vie à cause de [la] justice.
(5.) Cinquièmement, un autre résultat béni d’avoir l’Esprit est que Christ peut être considéré comme étant « en nous ». Non seulement le croyant est en Christ devant Dieu, mais Christ est dans le croyant devant les hommes, c’est leur caractéristique
.
Le Saint Esprit est appelé l’Esprit de Christ, parce que c’est dans la puissance de l’Esprit que Christ agissait quand Il était en vie ici-bas (Actes 10:38) ; c’est par l’Esprit qu’Il s’est offert Lui-même à Dieu dans Sa mort (Héb. 9:14), et c’est par l’Esprit qu’Il est ressuscité d’entre les morts (Rom.8:11). On a dit que « toute Sa vie était l’expression de l’opération de l’Esprit — de l’Esprit dans l’homme ».
Si l’Esprit qui a agi si parfaitement en Christ habite dans le croyant, ce doit être pour exprimer ou reproduire le caractère de Christ en lui, de sorte qu’on puisse dire que Christ est en nous. Or si Christ est en nous par l’Esprit, alors l’Esprit doit être l’énergie de cette vie spirituelle pour que la justice pratique y soit présente. Si la chair est l’énergie de la vie, ce ne peut être que pour produire du péché, et le corps est l’instrument par lequel la chair s’exprime. Par conséquent le corps est considéré comme mort, tout au moins en rapport avec le péché ; mais l’Esprit, qui habite maintenant dans le corps, est la source et l’énergie de vie, en vue de la justice pratique.
11 Et si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité le Christ d’entre les morts vivifiera vos corps mortels aussi, à cause de son Esprit qui habite en vous.
Sixièmement, il y a encore une autre grande opération du Saint Esprit, — la délivrance finale de nos corps mortels de la présence du péché et de la mort
. L’Esprit Saint est l’Esprit de Dieu qui a ressuscité Jésus d’entre les morts. Si l’Esprit de Dieu habite en nous, Dieu accomplira en nous ce qu’Il a déjà accompli en Christ.
Nous avons donc, dans les premiers versets 1 à 11 de ce ch.8, la vérité sur ce que Dieu a opéré dans le passé pour le croyant, sur ce que Dieu fait dans le présent avec le croyant, et sur ce que Dieu fera encore à l’avenir pour la délivrance complète des Siens. Dans le passé, il a condamné le péché dans la chair par le moyen du sacrifice du Seigneur Jésus à la croix ; dans le présent, il nous affranchit [ou : libère] de la loi du péché et de la mort par l’Esprit de vie qui est dans le Christ Jésus ; et dans l’avenir, la puissance de Dieu agissant par son Esprit, accomplira la délivrance parfaite et définitive du corps lui-même.
12 Ainsi donc, frères, nous sommes débiteurs, non pas à la chair pour vivre selon [la] chair ; 13 car si vous vivez selon [la] chair, vous mourrez ; mais si par [l’]Esprit vous faites mourir les actions du corps, vous vivrez.
La conclusion pratique pour le croyant est qu’il ne doit rien à la chair. La chair, considérée comme un principe mauvais, n’a plus aucun droit sur nous. Vivre selon la chair n’aboutit qu’à la mort ; mais si, par l’Esprit, nous faisons mourir les actions du corps, nous vivrons. Les actions du corps sont toutes ces choses qui sont le résultat de la chair opérant par le moyen du corps.
L’apôtre dit « nous sommes débiteurs, non pas à la chair », mais il ne dit pas que nous sommes débiteurs à l’Esprit, parce que ce serait nous mettre sous une loi supérieure, dont la mise en pratique serait encore plus impossible que celle de la loi de Moïse. Certes nous sommes responsables de vivre selon l’Esprit, mais cette responsabilité n’est pas assumée par obligation légale, mais par la puissance des nouvelles affections conférées par l’Esprit.
Il est important de voir que, même si nous avons une nouvelle vie avec des facultés spirituelles capables de jouir de Dieu, cette vie reste pourtant une vie dépendante qui a besoin de puissance et doit avoir un but. En Rom. 7, nous voyons un homme ayant cette vie nouvelle qui « prend plaisir dans la loi de Dieu, selon l’homme intérieur », mais qui n’a ni puissance ni but. Dans ces premiers versets du ch. 8, on a la vie nouvelle avec Christ comme le but pour lequel on vit, et l’Esprit comme puissance par laquelle on vit.
Dans les treize premiers versets, l’Esprit, quoiqu’étant vu comme demeurant dans le croyant, est considéré plus particulièrement en relation avec la nouvelle vie. La vérité présentée est plutôt ce que Dieu opère avec nous
comme identifié avec la vie nouvelle. Dans cette deuxième partie de ce ch.8, v. 14 à 27, l’Esprit est considéré comme une Personne distincte opérant en nous
. Dans la dernière partie de ce chapitre, v. 28 à 39, ce n’est pas tellement Dieu avec nous
, ou en nous
, mais Dieu œuvrant pour nous
dans Ses opérations extérieures.
14 Car tous ceux qui sont conduits par [l’]Esprit de Dieu, ceux-là sont fils de Dieu.
Le premier grand effet d’être conduit par l’Esprit de Dieu est de produire chez les croyants le caractère propre aux fils de Dieu, de sorte qu’ils sont fils de Dieu de manière caractéristique.
15 Car vous n’avez pas reçu un esprit de servitude pour être de nouveau dans la crainte, mais vous avez reçu [l’]Esprit* d’adoption, par lequel nous crions : Abba**, Père ! 16 L’Esprit lui-même rend témoignage avec notre esprit, que nous sommes enfants de Dieu ;
— v. 15* : ou : un esprit. — v. 15** : voir Marc 14:36 ; Galates 4:6.
En outre ils ne seront pas seulement des fils selon leur caractéristique, mais ils le seront consciemment. Ils veulent crier « Abba, Père ». Ceci, comme quelqu’un a dit, « est un témoignage net et distinct de l’Esprit qui habite en nous que nous sommes enfants, non pas une démonstration par la parole » (JND). Nous sommes ainsi amenés dans la position de fils, et dans la relation d’enfants.
17 et si [nous sommes] enfants, [nous sommes] aussi héritiers ; héritiers de Dieu, cohéritiers de Christ ; si du moins nous souffrons avec lui, afin que nous soyons aussi glorifiés avec lui. 18 Car j’estime que les souffrances du temps présent ne sont pas dignes [d’être comparées] avec la gloire à venir qui doit nous* être révélée.
— v. 18 : ou : pour nous, ou : à notre profit.
En outre, si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers. Un héritier est quelqu’un qui a un héritage en perspective. De plus, si les croyants sont héritiers de Dieu, ils sont cohéritiers de Christ, et par conséquent, notre héritage n’est rien moins que la gloire avec Christ. Quelle perspective bénie ! Si seulement nous réalisions la béatitude et la réalité de ces grandes vérités, combien nos pensées l’un vis-à-vis de l’autre seraient différentes. Nous pouvons bien être pauvres et ignorants, et le monde peut bien nous considérer comme peu de chose ; mais à la lumière de notre glorieux héritage, combien est maigre la valeur des plus grands honneurs que ce monde peut conférer ! Ce que nous serons n’est pas encore visible.
En attendant, nous sommes appelés à « souffrir avec Lui ». D’autres passages parlent de la souffrance pour Lui
à cause de notre témoignage. Ici, le lot commun de tous les croyants est de souffrir avec Lui
, ce qui implique que nous ressentons avec Lui les douleurs du monde que nous traversons. Lorsqu’étant ici-bas, Il ressentait dans Son esprit les peines et les douleurs, la faim et le besoin, la maladie et la détresse introduites dans le monde par le péché, Il était ému de compassion ; Il soupirait profondément à cause de la dureté des hommes ; Il pleurait sur les pécheurs et pleurait avec les saints. Si nous sommes conduits par l’Esprit, nous ressentirons dans notre petite mesure, comme Lui-même le ressentait, non seulement avec une sympathie humaine, mais avec une compassion divine.
Nous traversons un monde où Christ a été rejeté, un monde de vanité, de péché et de douleur. La connaissance de Dieu comme notre Père, et la béatitude de la scène de gloire vers laquelle nous allons, ne font que nous donner un sentiment plus profond des douleurs et des misères du monde que nous traversons. Mais les souffrances du temps présent ne sont pas dignes d’être comparées avec la gloire à venir. Les souffrances passent, la gloire est éternelle.
19 Car la vive* attente de la création attend la révélation des fils de Dieu. 20 Car la création a été assujettie à la vanité (non de sa volonté, mais à cause de celui qui l’a assujettie), 21 dans l’espérance que la création elle-même aussi sera affranchie de la servitude de la corruption, pour [jouir de] la liberté de la gloire des enfants de Dieu.
— v. 19 : constante.
La création est dans un état de misère et de corruption résultant de la chute, et il en sera ainsi jusqu’à ce que les fils de Dieu soient manifestés dans des corps de gloire. Pour la création, il n’est pas question d’âmes qui doivent être rachetés, mais de corps soumis à la corruption. Les fils sont les objets de la grâce qui a racheté leurs âmes et leur a donné un héritage dans la gloire. La création ne peut pas être objet de la grâce, mais elle peut avoir part à la gloire qui apportera la bénédiction extérieure à ce monde de douleur. Pour cette délivrance de la corruption, la création attend la manifestation de la gloire des fils de Dieu.
Ce n’a pas été par sa volonté que la création a été assujettie à la vanité, mais par la folie de l’homme. Mais la gloire vient, en sorte que, si la création est assujettie à la vanité, c’est dans l’espérance de la délivrance de la servitude de la corruption. Si elle ne peut pas participer à la liberté de la grâce
qui libère [ou : affranchit] du péché et du jugement, elle aura part à la liberté de la gloire
qui dissipera toute pression exercée sur ces corps.
22 Car nous savons que toute la création ensemble soupire et est en travail jusqu’à maintenant ;
Ainsi le chrétien n’ignore pas la misère de la création qui soupire. Conduits par l’Esprit, les croyants ont la pensée de Christ et peuvent dire : « Nous savons
que la création ensemble soupire et est en travail jusqu’à maintenant ». Ceux qui rejettent la chute, imputent toute la misère de la création qui soupire à des causes naturelles, et, dans leur folie, ils imaginent pouvoir chasser la misère par leurs propres efforts. Nous savons que depuis la chute jusqu’à maintenant, la création soupire et est en travail, et il en sera ainsi jusqu’à la manifestation des fils de Dieu.
23 et non seulement [elle], mais nous-mêmes aussi qui avons les prémices de l’Esprit, nous aussi, nous soupirons en nous-mêmes, attendant l’adoption, la délivrance* de notre corps.
— v. 23 : avec l’idée qu’un prix a été payé ; ailleurs : rédemption.
En outre, non seulement nous connaissons le vrai caractère de la création qui soupire, mais nous pouvons aussi sympathiser avec les soupirs de la création. Ayant à la fois l’intelligence divine par l’Esprit et les affections divines de la vie nouvelle, et ayant d’autre part un corps qui nous lie à cette création déchue, nous sommes en mesure d’entrer dans les peines et les misères d’une création qui soupire. Soupirer, c’est sentir la misère selon Dieu. Notre sentiment de douleur ne provient pas seulement du fait d’être spectateurs, mais nous sommes aussi unis à la création qui soupire par nos corps qui sont soumis à la vanité, à la maladie, à la douleur et à la mort.
Ces soupirs, ou gémissements, ne sont pas des plaintes, le fruit d’un mécontentement, mais ils sont l’œuvre du Saint-Esprit dans le cœur. Dieu permet un soupir, mais jamais un grognement. En même temps, nous attendons l’adoption, — la pleine bénédiction quand le corps sera délivré.
24 Car nous avons été sauvés en espérance : or une espérance qu’on voit n’est pas une espérance ; car ce que quelqu’un voit, pourquoi aussi l’espère-t-il ?
La rédemption du corps est une question d’espérance, et dans ce sens, nous sommes « sauvés en espérance ». L’espérance n’implique aucune incertitude, mais seulement le fait que la bénédiction n’est pas encore manifestée. « Une espérance qu’on voit n’est pas une espérance ; car ce que quelqu’un voit, pourquoi aussi l’espère-t-il ? »
25 Mais si ce que nous ne voyons pas, nous l’espérons, nous l’attendons avec patience.
Avec cette espérance brillante devant nous, nous pouvons attendre avec patience la certitude de la gloire qui ne manquera pas d’être révélée en temps voulu. Si nous considérons les douleurs autour de nous dans un esprit égoïste, ou comme de simples spectateurs moralisateurs, nous nous lasserons et nous impatienterons à cause de la puissance du mal. Si nous considérons tout cela dans la puissance de l’Esprit, nous « attendrons avec patience ».
Pour résumer la vérité de ces versets :
nous connaissonsle vrai caractère de cette scène,
nous soupironsen sympathie divine avec sa misère,
nous attendonsla délivrance du corps,
en espérance, et
avec patience.
26 De même aussi l’Esprit nous est en aide dans notre infirmité* ; car nous ne savons pas ce qu’il faut demander comme il convient ; mais l’Esprit lui-même intercède par des soupirs inexprimables ; 27 — et celui qui sonde les cœurs sait quelle est la pensée de l’Esprit, car il intercède pour les saints, selon Dieu ;
— v. 26 : ou : faiblesse.
En examinant l’accumulation des peines de cette création qui soupire, et en réalisant notre besoin, nous pouvons en effet trouver du soulagement dans la prière ; mais même ainsi nous ne savons pas prier comme il convient. Bien que nous sachions beaucoup de Christ, de nous-mêmes, et des douleurs de la création qui soupire autour de nous, il sera toujours vrai que, tant que nous sommes ici-bas, nous ne connaissons qu’en partie. Nous ne sommes pas compétents pour sonder à fond la grandeur et la gloire de Christ, ni la faiblesse et les infirmités de la chair, ni les douleurs de la création qui soupire.
Mais Celui qui est venu habiter en nous, est d’une part compétent pour faire connaître l’amour de Dieu et prendre de ce qui est à Christ et nous le communiquer, et d’autre part Il connait toute la profondeur de nos besoins et Il est capable de les présenter à Dieu. À nous, le Saint-Esprit peut présenter les gloires de Christ, et à Dieu nos besoins et notre faiblesse.
En outre, l’Esprit de Dieu fait que nos besoins sont présentés avec une ferveur inexprimable par des mots humains. Un soupir présuppose toujours une profondeur de sentiment au-delà de ce que les mots peuvent dire. Pour cette raison, seul Dieu peut interpréter un soupir. Par conséquent, il est dit « celui qui sonde les cœurs sait quelle est la pensée de l’Esprit », même si la pensée de l’Esprit est exprimée en nous par un soupir.
De plus, l’Esprit étant une Personne divine, Il intercède en faveur des saints selon la volonté de Dieu. Il peut y avoir beaucoup de faiblesses et de défauts dans nos intercessions. Nous pouvons intercéder l’un pour l’autre selon ce que nous pensons être le mieux pour l’autre, ou selon la suite que nous voudrions voir donnée à la réponse, et ainsi nos demandes peuvent souvent ne pas être au niveau de « la volonté de Dieu ».
Si nos infirmités nous empêchent de savoir prier comme il faudrait, l’Esprit vient à notre secours. Premièrement, Il intercède pour nous ; deuxièmement, Il intercède par des soupirs ; troisièmement, Il intercède selon la volonté de Dieu.
Christ, le Ministre du sanctuaire, intercède dans le ciel pour nous maintenir en accord avec la gloire de cette scène-là. Le Saint Esprit qui habite dans les saints sur la terre, intercède selon la parfaite connaissance de nos besoins ici dans le désert.
28 — mais nous savons* que toutes choses travaillent ensemble pour le bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon [son] propos.
— v. 28 : se rattache au « ne savons pas » du verset 26.
L’apôtre a montré la manière bénie dont le Saint-Esprit travaille en nous par la vie nouvelle en Christ, et par la génération d’expériences spirituelles par l’habitation du Saint-Esprit. Nous apprenons maintenant que non seulement Dieu le Saint-Esprit est en nous, mais que Dieu est pour nous
dans tout (« toutes choses ») ce qui nous environne. Quant à toutes les circonstances de la vie, les épreuves, les douleurs, les conflits et les difficultés, nous pouvons ne pas savoir prier comme il le faudrait ; mais nous savons « que toutes choses travaillent ensemble pour le bien de ceux qui aiment Dieu ». Nous ne pouvons pas toujours voir comment telle perte ou telle épreuve travaille pour notre bien, mais la foi sait que du bien en résultera dans le temps et l’éternité. Pour comprendre la façon dont toutes choses travaillent pour le bien, nous pouvons avoir à attendre, comme le Seigneur disait à Pierre : « ce que je fais, tu ne le sais pas maintenant, mais tu le sauras dans la suite ». Un autre a dit : « La peine peut ne pas être soulagée, mais la peine est bénie ».
Pour assurer nos cœurs que tout travaille pour le bien, il nous est rappelé que nous sommes les « appelés » de Dieu ; et, si nous sommes appelés, c’est que Dieu a un propos pour nous. Dieu nous sauve parce que nous avons besoin de salut ; Dieu nous appelle parce qu’Il nous veut. Toutes les voies de Dieu avec nous dans le présent ont en vue l’accomplissement de Son dessein pour nous dans l’avenir.
29 Car ceux qu’il a préconnus, il les a aussi prédestinés à être conformes à l’image de son Fils, pour qu’il soit premier-né entre plusieurs frères. 30 Et ceux qu’il a prédestinés, il les a aussi appelés ; et ceux qu’il a appelés, il les a aussi justifiés ; et ceux qu’il a justifiés, il les a aussi glorifiés.
Nous ne sommes pas laissés dans le doute quant à la bénédiction du propos de Dieu à notre égard. Ce propos est centré sur Son Fils. Dieu s’est proposé d’avoir une vaste armée conforme à l’image de Son Fils, et en relation avec Christ comme Ses frères, parmi lesquels Christ, le Premier-né, aura la suprématie.
L’appel suppose la préconnaissance de Dieu. Personne ne peut nier une telle préconnaissance à Dieu ; mais s’Il préconnait, il Lui est tout aussi facile de prédestiner notre avenir. La prédestination semble toujours avoir en vue une certaine bénédiction spéciale et distinctive à laquelle nous sommes appelés. En outre, en vue de la bénédiction prédestinée, nous avons été justifiés. La justification a en vue la gloire. Nous ne sommes pas justifiés pour être exaltés dans ce monde, mais pour être glorifiés avec Christ dans le monde à venir. Néanmoins, bien que nous attendions la gloire, celle-ci est présentée comme si elle était déjà accomplie, comme la justification. N’est-ce pas parce que tout est présenté ici comme du côté de Dieu ? et Dieu peut appeler les choses qui ne sont point comme si elles étaient (4:17). Nous avons la chair en nous ; nous avons un corps assujetti à l’infirmité et à la faiblesse ; nous sommes environnés d’une création qui soupire ; nous avons à affronter des épreuves et des difficultés, de la douleur et de la souffrance ; mais la foi réalise que Dieu est pour nous. Avant que la création soupire, Dieu était déjà pour nous ; dans et à travers tout cela, Dieu est pour nous ; au-dessus de tout cela, Dieu est pour nous ; et au-delà de tout cela, Dieu est pour nous. Dans ce grand passage, il ne s’agit pas de ce que nous pouvons être pour Dieu, mais de ce que Dieu est pour nous, et du fait merveilleux que le péché même par lequel nous nous sommes ruinés, est devenu l’occasion pour Dieu de Se montrer comme étant pour nous.
31 Que dirons-nous donc à ces choses ? Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? 32 Celui même qui n’a pas épargné son propre Fils, mais qui l’a livré pour nous tous, comment ne nous fera-t-il pas don aussi, librement, de toutes choses avec lui ?
La conclusion est que « si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? » L’incrédulité peut regarder aux épreuves, aux peines et aux difficultés du chemin, et la question peut se poser dans l’âme : « après tout, Dieu peut-Il être vraiment pour moi ? » La foi sait que le témoignage éternel que Dieu est pour nous ne se trouve pas dans les circonstances que nous traversons, mais dans le don du Fils. S’Il « n’a pas épargné son propre Fils, mais l’a livré pour nous tous », Dieu doit en effet être « pour nous ». S’Il a déjà donné le plus grand de tous les dons, inutile de nous interroger sur les bénédictions qu’Il nous a données et qu’Il s’est proposé pour nous. N’ayant pas épargné son Fils à la croix, mais L’ayant livré pour nous tous, Il peut maintenant justement et librement nous donner « toutes choses ».
33 Qui intentera accusation contre des élus de Dieu ?
— C’est Dieu qui justifie ;
À la suite de la grande vérité que Dieu est pour nous, il y a un triple défi. Premièrement, « Qui intentera accusation contre des élus de Dieu ? » La réponse simple et bénie qui répond à toute accusation est : « c’est Dieu qui justifie ».
34 qui est celui qui condamne ?
— C’est Christ qui est mort, mais plutôt qui est aussi ressuscité, qui est aussi à la droite de Dieu, qui aussi intercède pour nous ;
Deuxièmement, « Qui est celui qui condamne ? ». Si Dieu justifie, qui peut condamner ? Pour répondre à cette question l’apôtre réunit en un seul verset la mort, la résurrection et l’ascension du Christ. L’épître a déjà montré que Dieu justifie le croyant par la mort de Christ, et elle fait voir la perfection de cette justification dans la résurrection de Christ. Maintenant dans la gloire, Il intercède en faveur de ceux qu’Il a justifiés. S’il y a un ennemi actif toujours prêt à accuser les saints, il y a inversement une Personne vivante qui intercède pour eux.
(35) qui est-ce qui nous séparera de l’amour du Christ ? Tribulation, ou détresse, ou persécution, ou famine, ou nudité, ou péril, ou épée ?
Cela conduit au troisième défi : « Qui nous séparera de l’amour du Christ ? » L’apôtre énumère sept formes d’épreuve. Toute forme de mal que nous avons à rencontrer en traversant ce monde peut être classée dans l’une ou l’autre de ces genres d’épreuves. Dans des mesures variées et à des moments différents, nous pouvons avoir à faire face à quelques-unes de ces épreuves, mais aucune de ces choses ne peut nous séparer de l’amour du Christ.
36 Selon qu’il est écrit : « Pour l’amour de toi, nous sommes mis à mort tout le jour ; nous avons été estimés comme des brebis de tuerie » [Psaume 44:22]. 37 Au contraire, dans toutes ces choses, nous sommes plus que vainqueurs par celui qui nous a aimés.
La Parole est citée pour montrer que les saints d’autrefois étaient aussi exposés à ces épreuves, et souvent dans une forme si extrême qu’on pouvait dire que, tout le jour, ils étaient en danger de mort et étaient considérés par le monde comme des brebis de tuerie. Mais cela ne les a pas séparés de l’amour du Christ. Ils étaient plus que vainqueurs ; non seulement ils sont restés fermes dans les épreuves, mais ils ont été bénis dans ces épreuves « par celui qui nous a aimés ».
38 Car je suis assuré que ni mort, ni vie, ni anges, ni principautés, ni choses présentes, ni choses à venir, ni puissances, 39 ni hauteur, ni profondeur, ni aucune autre créature, ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu, qui est dans le Christ Jésus, notre Seigneur.
L’apôtre a parlé des dangers visibles de la vie présente et aussi de l’amour de Christ. Il termine en faisant référence aux dangers invisibles, et à l’amour de Dieu. Il énumère une liste de difficultés bien plus profondes que celles liées à la vie temporelle. Il parle de la mort avec ses terreurs, de la vie avec ses mystères, des puissances invisibles et spirituelles qui peuvent se dresser contre nous, des choses à venir ainsi que des choses présentes. Nous sommes conscients de notre insuffisance pour affronter les dangers temporels auxquels nous sommes exposés. Combien notre impuissance est plus grande encore en présence de puissances invisibles et spirituelles. Néanmoins, dit l’apôtre, pour notre consolation, « je suis assuré » qu’aucune de ces choses « ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu » — cet amour qui a trouvé son expression parfaite « dans le Christ Jésus, notre Seigneur ».
Dans la première partie de l’épître, tous les hommes, qu’ils soient Juifs ou des nations, ont été convaincus par la parole de Dieu, d’être sur un même niveau, celui de pécheurs méritant le jugement devant Dieu, et sans force pour se sauver eux-mêmes du jugement.
Ensuite, il nous a été montré comment Dieu a opéré en justice pour la bénédiction de l’homme par la mort et la résurrection du Seigneur Jésus. La bénédiction ainsi assurée, pour ceux qui croient, est résumée pleinement dans le ch. 8.
Une difficulté surgit toutefois dans l’esprit des Juifs. Cette grâce souveraine qui place tous les hommes à égalité sous le jugement, et qui offre la bénédiction à tous, peut paraître mettre de côté les promesses spéciales faites à Israël. Il est clair, d’après Genèse 15, 17, et 18, que Dieu avait des propos de bénédiction pour Israël, et à travers Israël. Ces propos de bénédiction pour Israël et le monde, étaient contenus dans les promesses inconditionnelles faites à Abraham. La question se pose alors : comment est-il possible de concilier la grâce souveraine de Dieu envers tous, avec les promesses spéciales faites aux pères en faveur d’Israël ? Cette difficulté est résolue dans la troisième division de l’épître, ch. 9, 10 et 11. Ces chapitres nous présentent les voies de Dieu envers Israël et envers le monde au cours des périodes successives, ou dispensations, de l’histoire du monde. Ils mettent en évidence la cohérence parfaite de la grâce souveraine de Dieu avec Ses promesses spéciales à Israël.
Le ch. 9 prouve que la grâce souveraine de Dieu est la seule base de toute bénédiction, que ce soit pour Israël ou pour les nations.
Le ch. 10 montre que la chute d’Israël ouvre la voie à la grâce souveraine pour bénir les nations.
Le ch. 11 prédit que le rejet de la grâce de Dieu par les nations préparera le chemin pour la restauration d’Israël.
Les Juifs non seulement faisaient des objections contre les doctrines de la grâce enseignées par l’apôtre, mais s’opposaient à l’apôtre lui-même. Ils disaient que l’apôtre enseignait à tous et partout contre le peuple, contre la loi, et contre le temple (Actes 21:28).
Au ch. 9, l’apôtre répond à ces objections. Il aborde d’abord la question du point de vue personnel dans les v. 1 à 5. Ensuite, dans le reste du chapitre, il fait face à l’objection selon laquelle la grâce de Dieu envers tous rendrait nulles les promesses spéciales faites à Israël. Il prouve clairement que, si chaque promesse sera accomplie, ce sera sur la base de la grâce.
Quant à lui, loin d’être contre ses parents selon la chair, il avait une grande tristesse et un chagrin continuel à leur égard (9:2). En effet, le souhait avait traversé son esprit, que lui-même soit séparé par anathème du Christ (9:3), s’il était possible par ce moyen d’apporter la bénédiction à Israël. Par ailleurs, comment pourrait-il considérer légèrement ceux à qui appartiennent l’adoption, la gloire, les alliances, le don de la loi, les services, les promesses (9:4), et surtout, ceux de qui, selon la chair, provient Christ, qui est sur toutes choses Dieu béni éternellement (9:5) ?
Ce n’était pas Paul qui faisait peu cas des privilèges d’Israël, mais plutôt les accusateurs de Paul, car n’avaient-ils pas rejeté leur Messie ? Comme il le dit à la fin du chapitre « ils ont heurté contre la pierre d’achoppement », en rejetant Christ comme n’étant qu’un simple charpentier. Paul, au contraire, maintenait Sa gloire, affirmant qu’Il est Dieu sur toutes choses béni éternellement.
Après avoir répondu aux attaques personnelles, l’apôtre fait la démonstration que la grâce souveraine de Dieu, en s’occupant des nations, ne rend pas sans effet la parole de Dieu, qui avait donné des promesses spéciales à Israël.
Paul avait enseigné que tous, Juifs ou Gentils, reçoivent la bénédiction sur la base de la grâce souveraine. Immédiatement les Juifs objectaient que cet enseignement niait les promesses qui leur sont destinées sur la base de la descendance naturelle
. À cette objection, l’apôtre répond que ce ne sont pas tous ceux qui sont d’Israël par descendance naturelle qui sont le vrai Israël de Dieu à qui les promesses ont été faites. Il se tourne alors vers l’Écriture pour prouver son affirmation.
Il en appelle d’abord à l’histoire d’Abraham. Dans ce cas, il était clair que, si les Juifs insistaient sur la descendance naturelle, ils devaient admettre les Arabes dans la bénédiction, car ils étaient les descendants d’Abraham par Ismaël (Genèse 25:12-18). Dès lors le principe de la descendance naturelle était exclu. Avec Isaac nous voyons donc la bénédiction assurée sur le principe de l’élection de la grâce souveraine, car la parole dit : « En Isaac te sera appelée une semence ». Ismaël était l’enfant de la chair, mais Isaac l’enfant de la promesse. Que cette promesse ait été selon la grâce souveraine, cela est rendu tout à fait manifeste par la parole : « En cette saison-ci, je viendrai
, et Sara aura un fils ».
L’apôtre passe ensuite à l’histoire d’Isaac et prouve le même principe par ses deux fils. En rapport avec Abraham, un Juif pouvait objecter que les fils étaient de mères différentes ; mais aucune objection de ce genre ne pouvait être soulevée dans le cas des fils d’Isaac. Jacob et Ésaü étaient tous deux fils de Rebecca. Si donc la bénédiction était par descendance naturelle, la semence des deux fils devait hériter des promesses, et dans ce cas les Juifs devraient inclure les Édomites, — ce qu’aucun Juif ne voudrait faire. Ici encore, la descendance naturelle est exclue, et la bénédiction est sur la base du choix souverain, qui a dit : « le plus grand sera asservi au plus petit ». En outre cela avait été dit avant leur naissance, et donc avant qu’ils n’aient rien « fait de bon ou de mauvais », prouvant que l’appel souverain de Dieu ne dépend pas des œuvres de celui qui est appelé, mais de la grâce de Celui qui appelle.
De plus, de longs siècles après leur temps de vie, et après que leur caractère se soit développé, Dieu avait dit « J’ai aimé Jacob, et j’ai haï Ésaü ». Jacob, avec ses nombreuses fautes, était un homme de foi, et il fut béni sur la base de la grâce. Ésaü, avec de nombreuses qualités naturelles, n’eut aucune crainte de Dieu, et manqua la bénédiction, quoiqu’il fût le fils aîné par descendance naturelle.
À ces arguments la chair pourrait objecter que choisir l’un et pas l’autre, est injuste. Y a-t-il, alors, de l’injustice en Dieu ? Absolument pas, dit l’apôtre. Pour répondre à cette objection l’apôtre fait référence à un épisode particulier de l’histoire d’Israël où il est clair que Dieu a agi dans Sa grâce souveraine, et ne pouvait pourtant pas être accusé d’injustice. Il rappelle le terrible péché d’Israël quand ils firent un veau d’or et l’adorèrent. L’injustice de cet acte est indiscutable. Ils avaient violé le premier commandement, et la punition était la mort. La justice aurait pu les faire tous périr. Mais que fit Dieu ? Il eut recours à Sa souveraineté, et a dit : « Je ferai miséricorde à qui je ferai miséricorde, et j’aurai compassion de qui j’aurai compassion ». Dieu a eu recours au principe même contre lequel les Juifs s’insurgeaient, mais sans lequel tout Israël aurait été détruit. Il est dès lors impossible pour les Juifs de dire qu’il était injuste de la part de Dieu d’agir en grâce souveraine.
L’apôtre montre ainsi que la bénédiction n’est pas en rapport avec la volonté de l’homme, ou avec son activité, mais elle dépend entièrement de la grâce souveraine de Dieu qui fait miséricorde.
Une autre objection pourrait toutefois être soulevée. Certains pourraient dire : « Nous pouvons voir qu’il n’y avait pas d’injustice dans l’épisode d’Israël et du veau d’or, quand Dieu a utilisé Sa souveraineté pour bénir, mais qu’en est-il quand Dieu agit en jugement ? » Pour répondre à cette objection, l’apôtre prend le cas du Pharaon pour montrer que Dieu n’est pas injuste dans le jugement.
En mettant en place le veau d’or, Israël avait agi méchamment, et Dieu avait exercé la miséricorde dans Sa souveraineté. Le Pharaon a également agi méchamment, et Dieu l’a jugé. Où est la souveraineté de Dieu dans ce cas ? N’est-elle pas dans le fait qu’à de multiples reprises Dieu a agi en miséricorde souveraine en arrêtant les plaies. Mais cette miséricorde est devenue l’occasion pour le Pharaon d’endurcir son cœur (cf. Ex 7:13,22 ; 8:15,19,32 ; 9:7). Finalement, le Pharaon ayant endurci son cœur, nous lisons que « l’Éternel endurcit le cœur du Pharaon » (Ex. 9:12).
Dieu n’a pas créé le Pharaon méchant. Dieu ne conduit personne à pécher ; mais quand le Pharaon s’est avéré méchant et obstiné, Dieu a judiciairement endurci son cœur. Cet endurcissement, cependant, n’a jamais eu lieu tant que l’homme ne s’est pas avéré méchant. L’homme naturel déchu, tel que décrit en Rom. 1, se détourne premièrement de Dieu avant que Dieu ne se détourne de lui. De même avec Israël, la nation avait entendu « ce que l’Éternel avait fait entendre » et avait vu « le bras de l’Éternel » (És. 53:1 ; Jean 12:38), et avait rejeté à la fois Ses paroles et Ses œuvres avant que la parole ne leur soit appliquée : « Il a aveuglé leurs yeux et endurci leurs cœurs » (Jean 12:37-41).
Il en sera de même avec la chrétienté : « parce qu’ils n’ont pas reçu l’amour de la vérité pour être sauvés. Et à cause de cela, Dieu leur envoie une énergie d’erreur pour qu’ils croient au mensonge » (2 Thess. 2:10-11).
Il est donc vrai que, soit qu’Il agisse en miséricorde souveraine, soit qu’Il agisse en jugement, Dieu agit selon Sa volonté. Ainsi, il fait miséricorde à qui Il veut
et Il endurcit qui Il veut
», mais dans les deux cas il agit avec justice.
Quelqu’un dira alors : « Si tel est le cas, pourquoi se plaint-il encore ? car qui est-ce qui a résisté à sa volonté ? » Si Dieu endurcit un homme, comment l’homme peut-il lui-même s’en sortir, et comment Dieu peut-il se plaindre de l’homme ? La première réponse de l’apôtre à cette objection est très péremptoire. Il demande : « Qui es-tu pour contester avec Dieu ? » En supposant même que tu ne comprennes pas, Dieu a-t-Il des comptes à te rendre ? Nous devons nous souvenir que nous ne sommes que des hommes, et que Dieu est Dieu, et nous faisons bien de Lui donner Sa place comme Dieu. Dieu est Celui qui forme. L’homme est la chose formée, et la chose formée se plaindra-t-elle à Celui qui forme : « Pourquoi m’as-tu ainsi faite ? »
Le potier n’a-t-il pas un pouvoir absolu sur l’argile, soit pour en faire un vase à honneur, ou, s’il le veut, pour en faire un vase à déshonneur ? L’apôtre établit ainsi le droit absolu de Dieu d’agir comme Il veut, sans avoir à rendre compte de Ses actions à l’homme. Néanmoins, alors que l’illustration du potier affirme de la manière la plus forte le droit absolu de Dieu de faire ce qu’Il veut, cette illustration n’enseigne pas que Dieu ait fait aucun vase à déshonneur
. L’illustration affirme simplement les prérogatives de Dieu, et les maintient.
La manière dont Dieu utilise ce pouvoir absolu se voit dans Ses actions envers les vases de colère et les vases de miséricorde. Quant aux vases de colère, il est dit en vérité qu’ils sont « tout préparés pour la destruction », mais il n’est dit pas que Dieu les a préparés pour la destruction. Il a fait connaître Sa puissance, non pas en les préparant pour la destruction, mais, en les supportant avec une grande patience. En ce qui concerne les vases de miséricorde, il est dit qu’Il les « a préparés d’avance pour la gloire ». Dieu a supporté les Amoréens d’autrefois avec beaucoup de patience jusqu’à ce qu’ils se soient préparés eux-mêmes pour la destruction par leurs iniquités parvenues « à leur comble ». Alors seulement le jugement est tombé (Gen. 15:16).
Les vases de miséricorde sont vus dans ceux qui sont appelés en grâce souveraine par l’évangile, non seulement d’entre les Juifs, mais aussi d’entre les nations. Une fois qu’on admet que toute bénédiction repose sur la souveraineté de Dieu, les nations doivent être admises à la bénédiction aussi bien que les Juifs.
L’apôtre prouve son argumentation en se tournant vers les propres écritures des Juifs. Au verset 25, il cite Osée 2:23, pour montrer l’appel des Juifs, alors qu’au verset 26, il cite Osée 1:10, pour montrer l’appel des nations.
Ensuite l’apôtre cite le prophète Ésaïe pour montrer que, aussi nombreux que le peuple d’Israël ait pu être, seul un résidu est [a été ou sera] sauvé. Que ce résidu ait été épargné est [a été ou sera] entièrement dû à la grâce souveraine de l’Éternel, car le prophète dit : « Si le Seigneur Sabaoth ne nous avait laissé [quelque] semence, nous serions devenus comme Sodome et nous aurions été semblables à Gomorrhe ». Sans la grâce ils auraient été totalement détruits.
L’apôtre résume son argument en montrant que les nations ont obtenu la bénédiction sur le principe de la foi, tandis qu’Israël a manqué la bénédiction en la recherchant sur le principe de la loi. Se confiant dans leur propre justice, ils ont refusé la grâce et rejeté Celui qui est venu en grâce et en humilité. Ils ont heurté contre la pierre d’achoppement, à savoir Christ dans l’humilité.
L’enseignement du ch. 9 prouve non seulement que les voies de Dieu en grâce souveraine envers tous concordent parfaitement avec Ses promesses spéciales à Israël, mais que les promesses faites à Israël ne peuvent être accomplies que sur le principe de la grâce.
Le ch. 10 montre qu’Israël, après avoir été testé par l’évangile de la grâce souveraine de Dieu, a trébuché et est tombé ; et que la chute d’Israël a ouvert la porte de la bénédiction aux nations.
L’apôtre commence cette partie de son épître en affirmant de nouveau son amour pour Israël. Le désir de son cœur et sa prière à Dieu étaient qu’Israël soit sauvé. Il peut rendre témoignage qu’ils ont du zèle pour Dieu, mais pas selon la connaissance de Dieu tel que révélé en Christ par l’Évangile.
L’apôtre montre alors comment Israël a manqué la bénédiction. Ignorant la justice de Dieu révélée dans l’évangile, ils ont cherché à établir leur propre justice conformément à la loi. S’accrochant à leur propre justice, ils ne se sont pas soumis à la justice de Dieu. L’Évangile montre clairement que Christ est la fin de la loi pour justice à tous ceux qui croient. Hélas ! Israël n’a pas cru en Christ. Ils ont trébuché contre Christ.
L’apôtre oppose alors la justice qui vient de la loi, et la justice qui vient de la foi. Curieusement, pourrions-nous penser, c’est dans les écrits de Moïse qu’il trouve une preuve de ce que la bénédiction est assurée par la foi. Le principe de la loi est clairement que « L’homme qui aura pratiqué ces choses vivra par elles ». S’il garde la loi, il obtiendra la vie par sa propre justice. Le croyant, cependant, se rend compte qu’il n’a pas gardé la loi, et ne peut pas la garder, et ayant échoué à faire ce qui est juste, il ne peut pas s’assurer la bénédiction sur cette base. Puis suit une citation remarquable du Deutéronome pour montrer le chemin que prend la foi.
Dans ce passage de Deutéronome 30:11-14, Moïse regarde vers le moment où Israël aura complètement failli sur le terrain de ses propres œuvres, et aura été chassé du pays et sera dispersé « parmi toutes les nations ». Alors, dans leur misère, s’ils se tournent vers le Seigneur de tout leur cœur, ils prendront le langage de la foi. Lorsque tout sera fini sur le terrain de la loi, ils se tourneront vers Dieu simplement par la foi.
La foi ne dit pas : « Qui montera au ciel ? » Nous n’avons pas à monter au ciel pour demander à Dieu de venir à notre aide ; ce serait nier que Christ est venu du ciel. La foi ne dit pas non plus « Qui descendra dans l’abîme ? » Ce serait nier que Christ a été dans la mort et est ressuscité d’entre les morts. Israël, s’accrochant à ses propres œuvres, ignorait les faits puissants de l’Évangile, à savoir que Christ est venu, qu’Il a été dans la mort, et est ressuscité d’entre les morts.
Que dit donc la foi ? La foi réalise que la bénédiction ne peut pas être obtenue par nos œuvres, mais seulement par Christ, et donc pour recevoir la bénédiction, il s’agit de confesser Christ de la bouche comme exutoire de la foi qui est dans le cœur. La parole est près de toi dans ta bouche
et dans ton cœur
.
Appliquant le principe de la citation, l’apôtre montre que notre bénédiction est assurée par la foi en Christ, la réalité de celle-ci étant prouvée par la confession des lèvres. Christ est présenté à l’âme comme Celui qui a fait une œuvre répondant à la gloire de Dieu et au besoin de l’homme. L’âme dans le besoin croit la bonne nouvelle dans son cœur. Croire dans le cœur, c’est croire comme ayant un intérêt personnel à ce qui est cru. Je crois comme voyant l’importance personnelle de ce que Christ a fait pour moi. Je vois que j’ai besoin de Christ et de Son œuvre pour mon salut, et que sans Christ, je suis perdu pour toujours. Comme quelqu’un l’a dit, « La foi du cœur produit la confession de la bouche ; ainsi la confession de la bouche devient la preuve de la sincérité de la foi ».
En outre, celui qui confesse le Nom de Jésus trouvera qu’il a le soutien de Dieu en réponse à ce Nom, comme le dit Ésaïe : « Quiconque croit en lui ne sera pas confus » (És. 28:16). Dieu ne permettra pas que celui qui confesse le Nom de Christ soit confus (voir Actes 4:9-22).
Si donc la bénédiction est disponible pour « quiconque croit », comme le prouve la citation d’Ésaïe, ce doit être pour les nations aussi bien que pour les Juifs. L’apôtre a déjà montré qu’il n’y a « aucune différence » de notre côté — tous sont sous le péché devant Dieu (Rom. 3:22,23) ; maintenant, il montre qu’il n’y a « aucune différence » du côté de Dieu. Dieu agit en grâce envers tous, Il est riche envers tous ceux qui l’invoquent. Les Écritures juives sont d’accord avec cela, car Joël dit : « Quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé » (Joël 2:32).
Mais avant qu’on puisse invoquer le Seigneur, on doit nécessairement avoir entendu parler de Lui, et cela fait appel à un prédicateur envoyé par Dieu pour annoncer la bonne nouvelle. C’est ainsi que l’apôtre se justifie de ce qu’il allait vers les nations avec la bonne nouvelle. Leurs propres Écritures prouvent justement la nécessité de ce à quoi les Juifs s’opposaient (1 Thess. 2:16). Les Juifs se sont constamment opposés à Paul et l’ont persécuté parce qu’il prêchait aux nations, et pourtant leur grand prophète, Ésaïe, avait dit que la chose même qu’ils condamnaient, était magnifique. « Combien sont beaux les pieds de ceux qui annoncent l’évangile [sic litt.] de la paix ».
Hélas ! les Juifs ont non seulement résisté à l’annonce de la bonne nouvelle [évangile] aux nations, mais ils ne l’ont pas crue eux-mêmes, comme le dit Ésaïe : « Seigneur, qui est-ce qui a cru à ce qu’il a entendu de nous ? » (Ésa. 53:1).
L’apôtre conclut alors que la bénédiction vient par la foi, et la foi vient de ce que l’on entend, et de ce que l’on entend par la parole de Dieu. La parole de Dieu est l’autorité infaillible pour ce que l’on entend, et pour croire ce que l’on entend. D’où le grand effort de Satan aujourd’hui pour saper la parole de Dieu, par une remise en cause de son inspiration littérale.
De plus, le témoignage de la création condamnait l’attitude des Juifs, leur propre Écriture étant témoin du fait que, dans la création, Dieu envoie un témoignage aux bouts de la terre habitée (Ps. 19:4).
Et encore, comment Israël peut-il plaider qu’ils ne savaient pas que Dieu avait une bénédiction pour les nations, car Moïse dit, en parlant des voies de Dieu avec la nation : « Je vous exciterai à la jalousie par ce qui n’est pas une nation ; je vous provoquerai à la colère par une nation sans intelligence ». Ceci impliquait que Dieu couvrirait Israël de honte en bénissant les nations.
Ésaïe, aussi, est très clair car il dit non seulement que la Parole de Dieu [évangile] doit sortir vers les nations, mais que l’Éternel serait trouvé par les nations qui ne L’avaient pas cherché, alors qu’Israël rejetait la bonne nouvelle en dépit de Dieu qui étendait vers eux Ses mains en grâce.
Le ch. 9 prouve non seulement que les voies de Dieu en grâce souveraine sont parfaitement compatibles avec les promesses spéciales faites à Israël, mais, que l’accomplissement même des promesses dépend de la grâce.
Le ch. 10 montre qu’Israël a non seulement enfreint la loi, mais a aussi rejeté l’évangile de la grâce de Dieu, avec pour résultat que Dieu s’est tourné vers les nations et a mis de côté, pour le moment, la nation d’Israël qui a trébuché et est tombée.
Le ch. 11 montre que si Israël a trébuché et est tombé, la nation n’est pas rejetée pour toujours. En outre, il indique que les nations vers qui Dieu est en train d’agir en grâce, rejetteront finalement la grâce de Dieu, et que leur chute de la grâce sera l’occasion pour Israël d’être restauré à la bénédiction.
L’apôtre a montré que la nation d’Israël avait, non seulement enfreint la loi, mais, selon la prophétie, avait rejeté la bonne nouvelle de la grâce et, par conséquent, en tant que nation, était tombée. La chute et la dispersion de la nation soulève immédiatement la question : « Dieu a-t-Il rejeté son peuple ? » Les premiers versets de ce chapitre mettent en avant différentes raisons pour montrer que c’est loin d’être le cas.
Tout d’abord, l’apôtre était lui-même une preuve que cette faillite de la nation n’impliquait pas nécessairement qu’ils soient rejetés pour toujours. Il est indiscutable que Paul était Israélite de naissance, de la semence d’Abraham, et qu’il n’y avait pas eu de plus grand adversaire de l’Évangile que lui ; il a néanmoins été choisi pour la bénédiction.
Deuxièmement, Dieu ne rejette pas des gens dont le mal était préconnu avant qu’Il s’occupe d’eux.
Troisièmement, l’apôtre montre que Dieu s’était réservé pour Lui-même un résidu, même dans le jour le plus sombre de l’histoire de la nation. Dans les jours d’Élie, lorsque la nation avait rejeté le message de Dieu à travers le prophète, la condition du peuple était si basse que le prophète plaide avec Dieu contre la nation. Élie était si découragé, qu’il pensait être seul à tenir pour Dieu, et il semble qu’il désirait effectivement que Dieu retranche la nation. Il a dû apprendre qu’aussi terrible que fût leur état, Dieu s’était réservé pour Lui-même sept mille hommes qui n’avaient pas fléchi le genou devant Baal.
Quatrièmement, il en était à l’heure actuelle comme il en était au jour d’Élie, la nation étant dans son ensemble dispersée en raison de son rejet de Christ : Dieu a encore « un résidu, selon l’élection de la grâce ». Et si c’est par la grâce, ce n’est « plus sur le principe des œuvres ». Sur la base des œuvres, ils avaient complètement failli et avaient été rejetés. Sur le terrain de la grâce Dieu s’était réservé un résidu en qui la nation serait restaurée.
Rejetant Christ, et la grâce de Dieu étant proclamée par le Saint Esprit par le moyen de Ses serviteurs, la nation tombe dans l’aveuglement spirituel prédit par le prophète Ésaïe. Rejetant Christ volontairement, ils ne peuvent plus voir leur besoin, ni la grâce de Dieu qui peut répondre à ce besoin.
Alors David prédit que leurs privilèges mêmes deviendraient pour eux un piège. Se vantant de leurs privilèges extérieurs, ils méprisent la grâce de Dieu. Il en résulte que leurs yeux sont obscurcis de sorte qu’ils ne peuvent pas voir la bonté de Dieu, et leur dos est courbé dans la servitude à leurs ennemis.
Si Israël a rejeté son Messie et a trébuché sur la pierre d’achoppement, était-ce simplement qu’ils devaient tomber ? Loin de là, car Dieu a des propos de bénédiction pour la nation qui seront encore accomplis ; dans l’intervalle, Dieu utilise leur chute comme occasion pour proclamer le salut aux nations. En outre, si Dieu proclame le salut aux nations, c’est non seulement pour que les nations soient bénies, mais aussi pour que, par leur bénédiction, Israël soit excité à la jalousie et qu’ils se tournent de nouveau vers Dieu.
De plus, si la chute d’Israël conduit à la bénédiction du monde Gentil [des nations], combien plus, quand Dieu restaurera Israël, leur plénitude de bénédiction apportera la bénédiction dans le monde entier. Si la mise de côté de la nation conduit à la diffusion, dans le monde, de l’évangile de la réconciliation, alors, en effet, quand ils seront reçus de nouveau dans la bénédiction en tant que nation, ce sera la vie pour le monde. Toutes les prophéties concernant la bénédiction millénaire pour un monde sous la malédiction, attendent la restauration d’Israël comme centre de la bénédiction pour la terre.
Le résidu pieux d’Israël à l’heure actuelle est le premier fruit de la nation restaurée. Si les prémices [premiers fruits] sont saintes, la masse le sera aussi, c’est à dire la nation dans son ensemble. Si le fruit de l’arbre est saint, les branches le sont aussi. Israël est donc assimilé à un olivier planté pour produire des fruits. Abraham était la racine, celui à qui les promesses de bénédiction terrestre ont été faites. Les Juifs incrédules, tout en se vantant de leur relation avec l’arbre de la promesse, n’étaient que des branches mortes, et, en tant que tels, ont été retranchés.
Mais, comme nous l’avons vu, le rejet d’Israël devient l’occasion pour apporter la bénédiction aux nations. Le retranchement des branches naturelles devient l’occasion de greffer des branches de l’olivier sauvage, afin qu’elles puissent prendre part à la bénédiction terrestre liée à la racine.
Néanmoins, que les nations prennent garde de se vanter par rapport aux Juifs. La bénédiction à laquelle les nations participent a sa racine en Abraham, le père de tous ceux qui croient. Les branches greffées dans l’arbre ne peuvent pas se vanter par rapport aux branches naturelles, sous prétexte que certaines ont été retranchées.
Que les nations prennent donc garde. C’était à cause de l’incrédulité
qu’Israël a été retranché, et c’est seulement par la foi
en Dieu que les nations entrent dans la bénédiction. Dieu est tout pour la foi ; que les nations prennent garde à la vantardise qui fait grand cas de soi, de peur qu’elles aussi ne tombent dans l’incrédulité. Si Dieu n’a pas épargné les branches naturelles à cause de leur incrédulité, nous pouvons être sûrs qu’il n’épargnera pas non plus les nations si elles tombent dans l’incrédulité.
Ainsi, dans les voies de Dieu envers Israël et les nations, nous voyons la bonté et la sévérité de Dieu. Dieu a agi en sévérité envers Israël incrédule, et en bonté envers les nations. Mais Sa « bonté » cessera envers les nations si elles tombent dans l’incrédulité ; et la sévérité de Dieu envers Israël pourra cesser s’ils se repentent de leur incrédulité. Dans ce cas, la chute des nations sera l’occasion de la restauration d’Israël. Si les branches de l’olivier sauvage peuvent être greffées sur l’olivier, les branches naturelles peuvent bien l’être aussi. C’est en effet ce qui va se passer, car l’aveuglement qui est arrivé à Israël n’est qu’un aveuglement partiel. La nation n’est pas aveuglée au point de ne plus jamais voir, ni n’est tombée pour ne plus jamais être restaurée, ni n’est rejetée pour ne plus jamais être reçue. Le temps de leur rejet se terminera lorsque la plénitude des nations aura été introduite dans la bénédiction.
Le temps viendra donc où Israël, dans son ensemble, sera sauvé de ses ennemis. Le temps de leur délivrance attend la venue de Christ de Sion comme Libérateur. Ensuite, la nation se détournera de ses iniquités et Dieu ôtera ses péchés.
Pour ce qui concerne l’Évangile, ils sont ennemis en ce moment, afin que les nations soient bénies. Mais malgré toute leur faillite, ils restent la nation élue, aimée à cause des pères à qui les promesses ont été faites ; et les dons et l’appel de Dieu sont sans repentir.
La manière de Dieu d’accorder Ses dons et d’accomplir Son appel, consiste à se servir de l’incrédulité de l’homme pour montrer Sa miséricorde. Il renferme tous dans l’incrédulité afin de faire miséricorde à tous. Ainsi, la grande vérité est établie que nous devons toute bénédiction à la grâce souveraine de Dieu.
Si les propos souverains de Dieu en bénédiction sont accomplis, non seulement en dépit de la faillite de l’homme, mais par le moyen même de la faillite des hommes, nous ne pouvons que dire : « Ô profondeur des richesses et de la sagesse et de la connaissance de Dieu ! » Tant les jugements de Dieu à l’égard de la faillite de l’homme, que Ses voies dans l’accomplissement de Ses propos de bénédiction pour les hommes, rendent manifeste qu’il y a des profondeurs de richesses dans Sa sagesse et Sa connaissance qui sont insondables, et donc introuvables [autrement dit : au-delà de ce que l’homme peut découvrir]. Si elles doivent être connues en quelque mesure, ce ne peut être que par révélation, et dans la réalisation pratique de Ses jugements et de Ses voies envers les hommes.
Toute la sagesse et la connaissance de Dieu ont leur source en Dieu Lui-même. Personne n’a été son conseiller. Toute bénédiction pour l’univers a sa source en Dieu : c’est « de Lui » ; tout doit être réalisé « par Lui », et tout retournera « pour Lui » pour Sa gloire. Par conséquent, l’apôtre conclut « À lui soit la gloire éternellement. »
Pour comprendre l’enseignement de ce chapitre, il est important de voir que l’assemblée n’en est pas le sujet. Le chapitre s’occupe des voies de Dieu envers Israël et envers les nations. L’assemblée est composée de croyants issus d’Israël et des nations, et n’a donc rien à voir avec les Juifs ou les nations en tant que tels [, vus séparément]. Les bénédictions de l’assemblée sont célestes ; les bénédictions d’Israël et des nations sont terrestres.
Il y a une difficulté si nous ne voyons pas que, tout à fait en dehors de l’appel de l’assemblée, Dieu a Ses voies envers Israël et les nations, et que, dans le gouvernement de Dieu, nous vivons dans le temps des nations, c’est-à-dire la période pendant laquelle Israël est mis de côté en tant que nation, et que le gouvernement du monde est donné aux nations. Dans ce gouvernement les nations ont failli et ont utilisé le pouvoir que Dieu leur a confié sans référence à Dieu. Aujourd’hui, nous voyons les nations rejetant rapidement toute crainte de Dieu, avec comme résultat qu’à leur tour elles seront mises de côté, et qu’Israël sera restauré à sa place prééminente dans le gouvernement du monde.
Après avoir présenté très complètement, dans la première partie de l’épître, les vérités qui établissent le croyant dans des relations justes avec Dieu, l’apôtre nous présente dans cette nouvelle division la conduite qui est convenable par rapport à ces relations. Il est évident que la doctrine doit précéder la pratique. En d’autres termes, la vérité de la relation doit être connue, avant qu’on puisse agir d’une manière conforme à la relation.
Le ch. 11 se termine avec un éclat de louange à l’égard de la grâce souveraine de Dieu qui agit en grâce envers tous, Juifs et nations (Gentils) pareillement. Les exhortations pratiques qui suivent sont adressées à ceux qui ont été bénis par cette grâce souveraine. Nous ne sommes pas exhortés à une bonne conduite pour obtenir la bénédiction, mais parce que nous sommes bénis. Nous exhortons nos enfants à l’obéissance, et à la conduite qui convient aux enfants, non pas pour les rendre enfants, mais parce qu’ils sont enfants.
On remarquera que ces exhortations pratiques se répartissent en trois classes distinctes. Tout d’abord, au ch. 12, les exhortations présentent la conduite en accord avec la vérité que les croyants forment un seul corps en Christ. Deuxièmement, au ch. 13, les exhortations présentent le comportement approprié des croyants en relation avec le royaume de l’homme par lequel ils passent. Troisièmement, dans les ch. 14 à 15:13, la conduite convenable aux croyants comme appartenant au royaume de Dieu.
Les exhortations quant à notre conduite pratique commencent nécessairement par le cercle intérieur, le cercle chrétien. Si notre manière de vivre n’est pas bonne dans ce cercle, nous ne comprendrons pas la conduite convenant au chrétien quand il est en contact avec le monde qu’il traverse.
Dans les versets 1 à 5, nous sommes exhortés à une pratique en accord avec nos relations avec Dieu et les uns avec les autres. Puis, dans les versets 6 à 8, il nous est présenté différentes formes de service, et à partir du verset 9 jusqu’à la fin du chapitre, les caractéristiques morales qui devraient marquer ceux qui servent le Seigneur.
L’apôtre interpelle les croyants sur la base des compassions de Dieu par lesquelles ils ont été tellement bénis : ces compassions ont été déployées devant nous dans les onze premiers chapitres. Ayant été si richement bénis, il nous convient de présenter nos corps comme sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu. Ceci est notre seul service intelligent. En insistant sur la nécessité profonde de gouverner nos esprits et de contrôler nos affections, nous pouvons être en danger de penser que cela est tout, et que nous pouvons être négligents quant à la façon dont nous utilisons notre corps. Ici, donc, ce sont nos corps qui doivent être livrés à Dieu — nos pieds pour marcher dans le chemin de l’obéissance, nos mains pour faire Son service, nos langues pour parler comme témoins de Dieu. Ceci implique des sacrifices, car la tendance naturelle est d’utiliser le corps pour accomplir la volonté de la chair. Retenir la chair implique le sacrifice de beaucoup de choses que la nature désire. Le corps présenté à Dieu est non seulement un sacrifice, mais c’est un sacrifice vivant
. Nous pouvons présenter notre argent et nos biens, mais ces dons, aussi justes qu’ils soient à leur place, ne sont pas « vivants ». Ces dons peuvent être accompagnés de beaucoup d’auto-indulgence quant au corps. En outre, le corps doit être présenté comme un sacrifice « saint ». Car le service de Dieu ne requiert pas seulement un corps vivant, mais un corps « saint ». Le sacrifice ne sera agréable que si le corps est maintenu dans la sainteté.
Après avoir présenté nos corps à Dieu, nous sommes avertis contre le danger du monde, un danger toujours présent. Le monde est ennemi de Dieu et gît dans le méchant. Nous devons prendre garde à ne pas adopter ses manières et ses paroles impies. Mais, de plus, il faut que nous soyons transformés. Nous ne devons pas seulement prendre garde à ne pas lui être conformes, mais nous devons être entièrement différents. Cette transformation ne peut avoir lieu que par le renouvellement de l’entendement, de la manière de pensée. Ce n’est pas une simple transformation extérieure par l’adoption d’un habillement religieux particulier, comme ceux d’un moine ou d’une nonne, qui ne fait qu’attirer l’attention sur soi. La différence entre le monde et le croyant doit être manifestée, non pas simplement dans l’habillement, mais dans notre comportement, notre parler, nos voies, du fait que nous avons des pensées différentes. Le changement extérieur est le résultat d’un changement intérieur de la pensée. Nous pouvons soulever des questions sans fin quant à ce qui est juste en termes d’habillement et de mode de vie, mais le changement intérieur, — le renouvellement de l’entendement, de la manière de penser — réglera mille questions sur ce qui est la volonté de Dieu, bonne, agréable et parfaite.
Nous sommes ensuite exhortés à avoir des pensées justes et sobres quant à nous-mêmes. Nous sommes mis en garde contre le fait d’avoir une haute pensée de nous-mêmes, au-dessus de ce qui convient. L’apôtre, dans une autre épître, parle de ceux qui sont « enflés d’un vain orgueil par les pensées de [leur] chair », indiquant que derrière les hautes pensées de soi se cache la vanité de la chair (Col. 2:18). Les saints de Corinthe avaient évidemment une trop haute opinion d’eux-mêmes. Ils s’étaient « enflés pour l’un contre un autre » (1 Cor. 4:6). La vanité qui nous fait avoir une haute pensée de nous-mêmes, nous conduira à déprécier les autres dans notre effort de nous faire valoir.
Nous devons penser sobrement, en reconnaissant nos limites et le fait que Dieu seul donne la mesure de foi nécessaire pour effectuer le service auquel nous sommes appelés. Si nous essayons de faire le travail d’autrui, nous verrons bientôt que nous n’avons ni la grâce ni la foi nécessaires.
Pour agir correctement, nous devons d’abord comprendre notre relation l’un avec l’autre. Pour cette raison, l’apôtre touche la vérité de l’Église composée de nombreux membres, mais formant un seul corps. Étant formés en un seul corps, nous sommes membres les uns des autres, et ne pouvons pas agir correctement indépendamment l’un de l’autre. Tout bon service et toute bonne conduite, dont l’apôtre va parler, proviennent, non pas du fait que nous sommes membres d’une certaine église ou membres d’une société religieuse, ce que l’Écriture ne connait pas, mais du fait que nous sommes membres les uns des autres comme formant un seul corps en Christ. Pour accomplir le service du Seigneur, nous ne devons pas nous grouper dans une association sous un commandement humain, mais reconnaître que nous avons déjà été formés en un seul corps dont Christ est la Tête.
Pour résumer les exhortations des premiers versets : nous sommes d’abord exhortés à livrer nos corps à Dieu ; ensuite à refuser le monde ; troisièmement, à avoir des pensées sobres sur nous-mêmes ; enfin, à avoir une juste appréciation de nos relations les uns avec les autres.
Il est évident que les exhortations des versets 1 à 5 présentent la préparation nécessaire aux différentes formes de service dont l’apôtre se met à parler. Sept caractères de service sont placés devant nous. Ils sont appelés des dons, mais il est clair qu’ils ne comprennent pas seulement les dons publics pour l’Église, mais aussi des formes de service plus privées. Quel que soit le service, il ne peut être correctement exercé que selon la grâce donnée. Il s’ensuit que pour l’exercice d’un don nous dépendons du Donateur.
(1) La prophétie
. Nous savons d’après 1 Corinthiens 14:1-3 que, parmi tous les dons spirituels, le don de prophétiser est celui qui est le plus à désirer, et en outre, que ce don produit « l’édification, et l’exhortation, et la consolation ». Ici il nous est rappelé que le don doit être exercé par la foi. Nous devons veiller à ne pas nous attribuer du mérite pour nous-mêmes, comme si le simple exercice du don pouvait [automatiquement] produire du bien chez celui qui écoute. Il doit être exercé avec la foi qui compte sur Dieu pour appliquer la parole.
(2) Le service (ou : ministère)
. Le mot implique un service d’amour pour les saints qui peut prendre de nombreuses formes autres que la prédication en public. Mais, quel que soit le service qui lui est confié, que le serviteur voit bien qu’il s’en occupe, et qu’il n’essaie pas d’en faire un pour lequel il n’a été ni appelé ni qualifié de la part de Dieu.
(3) L’enseignement
. L’enseignement semble avoir plutôt en vue l’exposé en ordre de l’Écriture et de ses doctrines.
(4) L’exhortation
. Exhorter paraît être le fait d’insister sur quelque grande vérité pour la faire ressentir d’une manière pratique. Encore une fois, ceux qui ont ces dons (enseignement et exhortation) doivent s’y adonner, et ne pas essayer une forme de service pour lequel ils n’ont pas de don.
(5) Distribuer
. Celui qui est dans une position de servir en donnant ou distribuant, quelle que soit la forme du don, doit faire attention à donner sans ostentation ni parade.
(6) Conduire
. Il est assez frappant que le fait de conduire soit placé parmi les services donnés aux saints. Celui qui conduit n’est pas nécessairement doué pour enseigner ou prêcher, et d’autre part celui qui enseigne ou prêche n’est pas nécessairement un conducteur. Le conducteur est quelqu’un qui, par sa sagesse et son expérience, est propre à guider le peuple de Dieu. Il doit exercer son don avec la diligence qui fait les choses avec réflexion et précautions pour guider.
(7) Exercer la miséricorde
. C’est le service heureux qui se traduit par des actes de bonté et de considération pour ceux qui ont un besoin spécial. Il ne doit pas être exercé à contrecœur, mais avec la joie qui ne peut venir que de l’amour sans égoïsme qui trouve son plaisir à servir les autres.
Après avoir considéré quelques-unes des nombreuses formes de service que nous pouvons avoir le privilège d’exercer par la grâce qui nous a été divinement donnée, nous sommes maintenant exhortés quant à la conduite et à l’esprit qui devraient marquer le peuple du Seigneur, et sans lesquels toute forme de service serait gâchée.
Les trois premières exhortations font clairement référence à nous-mêmes, personnellement. Nous avons chacun à voir si notre amour est sincère, si nous traitons le mal avec horreur, et si nous nous consacrons à ce qui est bon. Hélas ! Il est facile de feindre l’amour, et de cacher la malice en professant agir par amour. Joab embrassait l’homme qu’il était sur le point d’assassiner (2 Sam. 20:9-10), et Judas embrassa son maître pour Le trahir. La chair peut agir comme Israël autrefois, quand il est écrit : « de leur bouche ils disent des choses agréables, [mais] leur cœur va après leur gain déshonnête » (Éz. 33:31). L’amour sincère, est un amour sans égoïsme qui pense au bien des autres.
L’amour et l’horreur du mal iront toujours ensemble. Le psalmiste dit : « Vous qui aimez l’Éternel, haïssez le mal » (Ps. 97:10). Une fausse charité peut ignorer le mal sous prétexte d’amour, et même traiter une mauvaise doctrine au sujet du Seigneur comme étant peu de chose. L’amour sincère nous conduira à avoir en horreur le mal sans ignorer le bien. Dans notre horreur du mal, nous pouvons négliger beaucoup de bien ; ou inversement, en cherchant à nous attacher au bien, nous pouvons faire des compromis avec le mal.
Les deux exhortations suivantes concernent nos relations les uns avec les autres. Nous avons à être « pleins d’affection les uns pour les autres » quant à l’amour fraternel ; « quant à l’honneur, étant les premiers à le rendre aux autres ». Notre affection les uns pour les autres doit découler de notre relation de « frères », et non pas simplement de qualités que nous pouvons trouver attrayantes ou avantageuses. L’amour fraternel nous rendra prêts à laisser l’honneur aux autres plutôt que de nous y accrocher pour nous-mêmes.
Les trois exhortations suivantes ont plus directement le Seigneur en vue. Dans notre service pour le Seigneur, nous avons à faire preuve de diligence avec un saint zèle qui résiste à la paresse. Le zèle peut toutefois dégénérer en une simple activité extérieure ; nous sommes donc exhortés à être fervents en esprit en ayant le Seigneur devant nous comme motif du service.
Les trois exhortations suivantes se rapportent aux épreuves du chemin. L’espérance de la gloire à venir nous soutiendra dans l’épreuve, et nous rendra capable d’être patients dans la tribulation ; la prière qui rejette tout sur le Seigneur sera pour nous un soutien dans l’épreuve.
Nous avons ensuite deux exhortations quant aux besoins du peuple du Seigneur. Nous sommes exhortés à répondre aux « nécessités » des pauvres, et à être prêts à montrer l’hospitalité.
En rapport avec la persécution que nous pouvons rencontrer, le christianisme nous apprend à bénir, là où la nature voudrait riposter en rendant mal pour mal.
Quant aux circonstances changeantes de la vie, nous devrions être prêts à nous réjouir avec ceux qui se réjouissent à juste titre, et à pleurer avec ceux qui sont dans la peine.
Quant aux questions sociales, nous devons prendre garde à ne pas laisser l’esprit du monde s’introduire dans le cercle chrétien, — cet esprit qui estime les gens en fonction de leur naissance, de leur richesse ou de leur position sociale. Nous avons à avoir autant de respect pour le frère pauvre que pour le riche, et à refuser la vanité naturelle de la chair qui estime beaucoup les choses « élevées ». C’est notre privilège et notre honneur, en tant que chrétiens, de nous associer aux humbles. Mais s’associer avec les humbles n’est pas suffisant ; nous avons aussi besoin d’avoir l’esprit humble ; par conséquent, l’apôtre ajoute : « Ne soyez pas sage à vos propres yeux. »
En ce qui concerne nos relations avec les hommes du monde, et en rapport avec notre vocation terrestre, nous avons à prendre garde à ne pas apporter d’opprobre sur notre profession de chrétien en rendant le mal pour le mal. Nous avons à exercer la prévoyance nécessaire pour subvenir à nos besoins d’une manière honnête à la vue de tous les hommes. Pour autant que cela dépende de nous, nous avons à vivre en paix avec tous.
Enfin, nous sommes exhortés à montrer un esprit chrétien droit à l’égard des torts auxquels nous pouvons avoir à faire face. Dans un monde comme le nôtre, nous pouvons avoir à souffrir des torts, à subir des insultes et de l’opposition, et cela même de la part de chrétiens professants ; mais d’où que cela vienne, nous n’avons pas à essayer de nous venger nous-mêmes, mais à laisser tranquillement agir la colère. Nous chercherions naturellement à nous venger d’un tort qui nous est fait, mais cela, le Seigneur ne nous le confie pas. Il garde la vengeance dans Ses propres mains, car Il a dit : « À moi la vengeance, moi je rendrai dit le Seigneur » (Deut. 32:35 ; Ps 94:1). Notre part est de maintenir en toutes circonstances l’esprit chrétien, et de chercher à gagner nos ennemis en montrant de la bonté envers ceux qui ont mal agi envers nous. En agissant ainsi nous ne serons pas surmontés par le mal, mais nous surmonterons le mal par le bien.
Les exhortations du ch. 12 ont en vue la conduite qui convient aux croyants dans le cadre du cercle chrétien. Les exhortations du ch. 13 nous instruisent sur la bonne attitude et la bonne conduite des chrétiens vis-à-vis du monde qu’ils traversent.
Premièrement, nous sommes instruits quant à notre attitude envers ceux établis dans une position d’autorité dans le monde (13:1-7).
Deuxièmement, il nous est montré l’esprit dans lequel nous devons agir envers tous les hommes (13:8-10).
Troisièmement, l’apôtre présente la marche pratique qui convient aux enfants de lumière au milieu d’un monde de ténèbres (13:11-14).
Il nous a déjà été dit ne pas nous conformer au monde, car il est marqué par la convoitise et l’orgueil, mais d’avoir l’entendement (les pensées et la manière de pensées) renouvelé, et par-là de montrer un caractère faisant un contraste complet avec l’homme du monde. Néanmoins le chrétien doit reconnaître que des gouvernements ont été établis dans ce monde, et qu’il est selon Dieu qu’il y ait une autorité pour gouverner. Ce principe du gouvernement a été institué après le déluge, quand il a été expressément dit à Noé : « Qui aura versé le sang de l’homme, par l’homme son sang sera versé » (Gen. 9:6).
Il est important de voir la portée de ce passage de l’Écriture. Il affirme expressément que l’autorité pour gouverner
a été donnée par Dieu. Il ne dit pas que les individus particuliers qui exercent l’autorité sont de Dieu, ni que la manière dont ils font usage de leur autorité soit de Dieu. Ceux qui exercent l’autorité peuvent être, et sont souvent, des hommes foncièrement méchants qui abusent du pouvoir à leurs propres fins. Le fait demeure cependant que l’autorité qu’ils exercent a été instituée par Dieu.
Reconnaissant que l’autorité de gouverner est une ordonnance de Dieu, le croyant n’a pas d’autre voie correcte à suivre que de se soumettre à l’autorité.
En tant qu’étrangers et pèlerins, les croyants ne font que passer à travers ce monde, et comme tels, il serait tout à fait inconséquent pour eux de se mêler à son gouvernement. Ils sont appelés hors du monde ; ils ne sont pas appelés à redresser un monde qui a chassé Christ. Ce n’est pas leur affaire de s’opposer au gouvernement qui existe, ni de participer à l’élection de ce qu’ils pourraient juger à juste titre être une meilleure forme de gouvernement. Leur seule affaire est de se soumettre.
S’opposer à quelque gouverneur que ce soit revient en fait à s’opposer à l’autorité établie par Dieu. Résister à ce qui est de Dieu revient à se mettre sous une condamnation.
Dieu a donné aux hommes l’autorité afin de retenir le mal et de protéger le bien. Il en résulte que les personnes ayant autorité ne sont pas une terreur pour des bonnes œuvres, mais pour des mauvaises. Si nous voulons donc marcher sans peur de l’autorité, retenons-nous de faire le mal. Qu’il en soit conscient ou non, celui qui est dans la position d’autorité est un serviteur de Dieu pour exercer un jugement sur celui qui commet le mal ; et malgré que les hommes pervertissent souvent le gouvernement à leurs propres fins, on trouvera globalement que, dans la miséricorde de Dieu, les pires gouvernements cherchent quand même à refréner le mal.
Connaissant donc la pensée de Dieu sur les rapports du chrétien avec le monde, nous devons être soumis, non seulement pour échapper au châtiment à l’égard du mal, mais aussi pour maintenir une bonne conscience vis-à-vis de Dieu. Obéissant à la Parole de Dieu, et marchant dans la soumission, nous verrons que celui qui détient l’autorité est ministre de Dieu pour le chrétien pour le bien, et ministre de Dieu pour venger le mal et s’en occuper.
Ceux qui ont autorité étant officiers de Dieu pour exercer le gouvernement, nous devons payer le tribut à qui le tribut est dû, et le péage à qui le péage est dû, et rendre la crainte et l’honneur à qui ils sont dus. Mais ce n’est pas au croyant de soulever des questions sur la manière dont le montant des impôts est dépensé. L’utilisation de l’impôt et du péage ne fait pas partie de notre responsabilité. D’autres passages montrent que si le gouvernement impose au croyant d’agir contrairement à la parole de Dieu, celui-ci doit alors obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes ; mais même ainsi, ce sera en souffrant plutôt qu’en résistant.
Nous sommes exhortés dans ces versets quant à la bonne conduite du croyant à l’égard de tous les hommes, qu’ils soient croyants ou incroyants. S’agissant de notre conduite envers tous, la loi est introduite, plutôt que le niveau plus élevé du christianisme. Il faut que nous ne devions rien à personne, sauf d’aimer. C’est en montrant l’amour que nous accomplirons la loi, car l’ensemble de la loi est résumé dans cette parole : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». L’amour ne fait pas de mal. L’amour ne tuera pas, ni ne volera, ni ne donnera de faux témoignage. Il est vrai qu’en dehors de tout amour, un homme peut s’abstenir de tuer ou de voler par peur des conséquences, et pourtant facilement il se laissera aller à porter un faux témoignage. Seul l’amour s’abstiendra de porter un faux témoignage contre notre frère. Sans l’amour, nous pouvons garder contre un frère quelque chose que nous savons avoir été jugé, reconnu, et abandonné, et donc, par une simple parole légère détruire sa réputation. Dans le cercle chrétien la réputation de chacun devrait être à l’abri de la calomnie. « L’amour ne fait point de mal à son prochain », mais la malice en fait, et cédant à la malice, nous tombons en dessous de la loi, sans même parler des exigences plus élevées du christianisme.
Les croyants doivent reconnaître les autorités et s’y soumettre sachant que les autorités « qui existent sont établies par Dieu » (13:1). Nous devons également marcher justement envers tous les hommes (13:8-10). Cependant nous devons nous rappeler que le monde est dans les ténèbres, ou dans l’ignorance de Dieu, et qu’en tant que croyants, nous avons été amenés dans la lumière de la connaissance de Dieu, et nous avons à marcher selon la lumière.
L’apôtre fait appel aux croyants comme « connaissant le temps ». Le monde peut être plein d’inquiétudes, leurs cœurs défaillant de peur par l’attente des choses qui viennent sur la terre (Luc 21:26) ; cela ne fait que prouver que le monde ne connaît pas le temps. Nous savons que toute la confusion et l’agitation dans le monde nous disent seulement que le jour de gloire n’est pas loin. Nous sommes appelés à la gloire. « Nous nous glorifions dans l’espérance de la gloire de Dieu ». « Nous sommes sauvés en espérance » (Rom 8:30 ; 5:2 ; 8:24) ; et nous savons que le plein salut que nous attendons est plus près de nous que lorsque nous avons cru. Connaissant le temps que l’aube se lève, il est grand temps de se réveiller du sommeil.
« La nuit est fort avancée, et le jour s’est approché » (13:12a). Quand Christ était présent dans le monde, Il pouvait dire : « Pendant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde » (Jean 9:5). Dans ces jours merveilleux, il a prouvé qu’Il était seul à pouvoir dissiper les ténèbres en faisant connaître l’amour du Père. Il a prouvé, aussi, qu’Il avait le pouvoir et la grâce pour éliminer tout le mal que les ténèbres avaient apporté. Il a soulagé l’homme de toutes les pressions, Il a répondu à tous les besoins, et a délivré de la puissance du prince des ténèbres. La faim et la misère, la souffrance et la maladie, la douleur et la mort, ont tous fui en Sa présence. Hélas ! les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière. Ils aimaient les péchés qui, en présence de la lumière, troublaient leur conscience. Étant incapables de poursuivre leurs péchés et de satisfaire leurs convoitises en présence de la lumière, ils chassèrent la lumière du monde. Christ est parti, et son absence laisse le monde dans les ténèbres. Puisqu’ils ne pouvaient pas s’accommoder de la lumière de Sa présence, ils doivent maintenant s’accommoder des guerres, de la misère, de la douleur et de la détresse qui résultent du péché, durant la nuit de Son absence.
Mais le jour est proche — le jour où Il reviendra en gloire pour régner sur la terre, quand tout le mal sera mis sous ses pieds et la puissance de Satan subjuguée. En ce jour, « ceux que l’Éternel a délivrés retourneront et viendront à Sion avec des chants de triomphe ; et une joie éternelle sera sur leur tête ; ils obtiendront l’allégresse et la joie, et le chagrin et le gémissement s’enfuiront » (Ésaïe 35:10).
L’apôtre nous adresse quatre exhortations en vue de ce jour glorieux :
Premièrement (13:12b), « rejetons donc les œuvres des ténèbres ». Toutes les œuvres qui caractérisent les hommes marchant dans l’ignorance de Dieu doivent être mises de côté. Dans une autre épître, l’apôtre décrit ceux qui vivent dans les ténèbres comme « asservis à diverses convoitises et voluptés, vivant dans la malice et dans l’envie, haïssables, [se] haïssant l’un l’autre » (Tite 3:3).
Deuxièmement (13:12c), l’apôtre dit : « revêtons les armes de la lumière ». Tout ce qui marque le jour à venir, le jour où Christ règnera, le croyant doit le revêtir comme une armure de protection contre les ténèbres : la soumission et l’obéissance au Seigneur (13:1-7), la justice qui ne doit rien à personne (13:8), l’amour qui ne fait point de mal à son prochain (13:10).
Troisièmement (13:13), l’apôtre dit : « conduisons-nous honnêtement, comme de jour ». Dans le jour où nous sommes, en esprit nous sommes de fait encore dans la nuit. Le monde dans les ténèbres peut se livrer à « des orgies et à l’ivrognerie », « aux impudicités et à la débauche », « aux querelles et l’envie » ; mais le chrétien ne doit y avoir aucune part. Cela devrait produire en nous de très profonds exercices, car nous pouvons en effet nous tenir à l’écart des maux les plus grossiers des ténèbres, l’ivrognerie et les orgies, et tomber pourtant dans les querelles et les jalousies. Ne nous sommes-nous pas trop souvent laissés entraîner dans les querelles et avons laissé cours à l’envie ! L’apôtre Jacques ne nous a-t-il pas averti qu’une « jalousie amère et un esprit de querelle » dans nos cœurs est à la racine de tout désordre parmi le peuple de Dieu ? « Car » dit-il, « où il y a de la jalousie et un esprit de querelle, là il y a du désordre et toute espèce de mauvaises actions » (Jacques 3:14-16).
Quatrièmement, nous sommes (13:14) exhortés à « revêtir le Seigneur Jésus-Christ » et « à ne pas prendre soin de la chair pour satisfaire à ses convoitises ». Non seulement nous devons en avoir fini avec les choses des ténèbres, mais nous devons revêtir le caractère de Christ, et être ainsi vêtus de la beauté de Celui qui vient régner : il deviendra évident que nous marchons dans la soumission au Seigneur, et que nous sommes caractérisés par les grâces de Jésus-Christ. Nous deviendrons ainsi des témoins durant la nuit de l’absence de Celui qui va introduire le jour. Au lieu de prendre soin de la chair, et de satisfaire à ses convoitises, nous devons avoir nos pensées occupées de Jésus, et chercher à faire luire Sa beauté.
Seigneur Jésus ! Ta gloire et ta beauté
Ont captivé nos cœurs en haut ;
Que les vêtements qui te conviennent
Soient les seuls que nous portions.
Nous avons vu qu’au ch. 12 les exhortations aux croyants sont principalement en vue de leurs relations les uns avec les autres comme membres d’un seul corps. Au ch. 13, les exhortations ont en vue notre conduite en rapport avec le monde que nous traversons. Dans le ch. 14 jusqu’au ch. 15 v.13, les exhortations sont en relation avec le Seigneur, et se rapportent à notre conduite en tant que sujets de Son royaume.
Cette section de l’épître commence par parler de l’esprit dans lequel nous devrions nous recevoir l’un l’autre, et se termine avec des exhortations qui, si elles étaient suivies, nous lieraient ensemble dans la joie et la paix. L’apôtre ne parle pas de la réception dans l’assemblée, mais de se recevoir l’un l’autre — un individu recevant un autre individu dans les relations chrétiennes ordinaires (15:7). Il est important de voir la vraie portée de ce passage, car il a été très souvent utilisé à tort pour soutenir l’idée fausse que, du fait qu’une personne est chrétienne, et dans ce sens a été reçue par Dieu, nous sommes tenus de la recevoir dans la communion de l’assemblée sans tenir compte de ses associations et de son état spirituel.
Dans nos relations les uns avec les autres, nous avons à nous rappeler que nous sommes des sujets dans le royaume de Dieu (14:17), et que chacun est responsable vis-à-vis du Seigneur qui gouverne dans Son royaume. Dans ce royaume, certains peuvent être faibles dans la foi et d’autres forts (14:1 ; 15:1) ; mais tant les « faibles » que les « forts », tous sont responsables vis-à-vis du Seigneur. Par conséquent, dans les affaires où aucune question morale n’est en jeu, ou dans lesquelles il n’y a pas de désobéissance directe à la parole de Dieu, chacun doit être laissé libre d’agir devant le Seigneur, sans que les uns aillent interférer chez les autres.
L’apôtre fait référence à deux questions ayant ce caractère, celle de manger ou de s’abstenir de manger certaines viandes, et celle du respect ou du non-respect de certains jours. Ces questions avaient tout naturellement une place majeure dans les jours de l’apôtre où de nombreux convertis étaient d’origine juive, et avaient du mal à débarrasser leurs esprits des préjugés formés par leur ancienne religion qui faisait grand cas des viandes et du respect de certains jours. Les croyants d’origine païenne étaient plus facilement disposés à laisser de côté de telles choses, voyant que les systèmes idolâtres auxquels ils avaient été rattachés étaient totalement faux.
Or de telles questions ne devaient pas interférer dans les relations chrétiennes, mais devaient plutôt faire l’objet du support chrétien.
Les faibles ne sont pas ceux qui tolèrent le mal, ou qui marchent dans la désobéissance à la Parole, mais plutôt ceux qui ne sont pas dans la pleine liberté du christianisme — ceux qui peuvent être très légaux sur des points mineurs, et qui donc ont une conscience non seulement délicate, mais même maladive.
Les faibles en foi, donc, ne doivent pas être mis de côté ; ils doivent être reçus. Néanmoins leur réception ne doit pas être utilisée pour simplement trancher ce genre de questions. Celui qui est reçu ne doit pas penser que sa réception implique l’acceptation de ses vues particulières sur les viandes ou sur les jours. En outre, la réception de ceux qui sont exercés sur ces sujets ne doit pas être une occasion, pour ceux qui les reçoivent, d’interférer dans leurs convictions de conscience devant le Seigneur. L’un croit qu’il peut manger de tout ; l’autre, que l’apôtre décrit comme faible, croit qu’il est juste de ne manger que des herbes.
L’apôtre nous enseigne que, sur ces sujets, il doit y avoir du support mutuel. Il donne trois raisons pour cela : d’abord, Dieu a reçu à la fois le faible et le fort. Le fait qu’Il nous ait reçus ne dépend pas de ce que nous mangeons, ou pas, certaines viandes. Deuxièmement, dans de tels sujets, nous nous tenons debout ou nous tombons pour notre Maître, et nous n’avons pas à juger les serviteurs d’autrui. Troisièmement, le Seigneur est capable de nous soutenir et de nous faire tenir debout, même si, en la matière, nous sommes faibles en foi.
L’apôtre inclut aussi la question de respecter, ou pas, des jours particuliers. Son argument implique que, quel que soit le point de vue adopté, qu’il s’agisse de jours ou de viandes, chacun agit comme se tenant devant le Seigneur. Aucun de nous ne vit ayant égard à lui-même, mais ayant égard au Seigneur. Il est bon de voir que l’apôtre ne parle pas ici du jour du Seigneur. L’observation du premier jour de la semaine en tant que jour du Seigneur, a la sanction de l’Écriture, et n’est pas laissée comme une question ouverte (Jean 20:19 ; Actes 20:7 ; 1 Cor. 16:2 ; Apoc. 1:10).
Christ a établi Ses droits sur nous en mourant et ressuscitant, de sorte que, comme Seigneur vivant, Il domine à la fois sur les morts et sur les vivants. Le Seigneur est le Juge, et c’est devant Son trône de jugement que nous nous tiendrons tous. Chacun est responsable de rendre compte pour lui-même à Dieu.
Ainsi, dans les douze premiers versets, nous sommes avertis de ne pas méconnaitre la conscience d’un autre devant le Seigneur, en ignorant les droits du Seigneur sur chacun, ou en interférant avec nos responsabilités individuelles vis-à-vis du Seigneur.
Jusque-là, l’apôtre nous a montré le devoir clair de ne pas interférer avec autrui sur des questions de viandes ou de jours. Maintenant, il montre un autre motif qui doit nous garder de nous juger les uns les autres sur ces sujets : nous devons marcher selon l’amour
(14:15). Animés par des considérations d’amour pour notre frère, nous veillerons à ne pas mettre de pierre d’achoppement sur son chemin (14:13).
Paul était pleinement persuadé qu’aucune viande était impure en elle-même (14:14), mais si manger de la viande donnait mauvaise conscience à un frère, cela allait devenir une occasion de souillure pour lui. Nous devons veiller alors à ne pas utiliser notre liberté pour nous efforcer de persuader un frère de faire quelque chose contre sa conscience. Nous le persuaderions alors d’agir au-delà de sa foi, et quant à la portée de notre action envers lui, nous l’amènerions à violer sa conscience et donc à l’éloigner de Christ.
La liberté du christianisme, dont nous pouvons jouir à juste titre, peut ainsi devenir une occasion de chute pour d’autres, et ainsi être blâmée (14:16).
Le royaume de Dieu n’est pas caractérisé par ce que nous mangeons ou buvons, mais par la justice, la paix et la joie dans l’Esprit Saint (14:17). Voilà les caractéristiques morales du royaume dont le croyant peut jouir aujourd’hui dans la puissance de l’Esprit. Tous en jouiront universellement quand le royaume sera établi en puissance. Ce sont les qualités à poursuivre tant par les « faibles » que par les « forts ». Ces choses sont agréables à Dieu et approuvées par les hommes (14:18). L’effort d’imposer ma liberté à autrui, si elle choque sa conscience faible, est condamné à la fois par Dieu et par l’homme.
L’apôtre nous a exhortés à marcher selon l’amour, et à ne pas faire chuter notre frère. Maintenant, il nous exhorte à poursuivre la paix, et les choses qui permettent de s’édifier les uns les autres. Chercher à persuader un frère faible de faire ce qui peut lui donner une mauvaise conscience risque de détruire l’œuvre de Dieu dans son âme et de devenir une occasion de chute pour lui. Il est préférable de ne pas manger de viande ni de boire de vin, si en le faisant, nous offensons notre frère et lui causons du tort.
Si nous avons de la foi pour faire certaines choses, nous devons l’avoir devant Dieu. Être forts en foi est bien, mais nous n’avons pas à chercher à conduire un autre à faire quelque chose sur quoi il hésite. Cela pourrait le conduire dans une voie qui ne soit pas un chemin de foi ; et tout ce qui n’est pas fait sur le principe de la foi est péché.
Les treize premiers versets du ch. 15 servent de conclusion au sujet du ch. 14, à savoir la conduite qui convient aux croyants comme étant dans le royaume de Dieu. On remarquera que les quatre exhortations principales de cette partie sont des impératifs. L’apôtre dit premièrement, sous forme d’un impératif : « que celui qui mange ne méprise pas celui qui ne mange pas » (14:3), et nous sommes ainsi exhortés au support mutuel dans les domaines qui n’impliquent ni association avec le mal ni désobéissance à la parole. La deuxième grande exhortation est aussi un impératif : « Ne nous jugeons donc plus l’un l’autre » (14:13), et il insiste pour que nous marchions « selon l’amour
». Troisièmement, il dit encore à l’impératif « poursuivons les choses qui tendent à la paix
et celles qui tendent à l’édification mutuelle » (14:19). Enfin, dans le v.2 du ch. 15, l’apôtre dit encore impérativement : « Que chacun de nous cherche à plaire à son prochain, en vue du bien
, pour l’édification ».
Ainsi, comme sujets dans le royaume de Dieu, nous avons à être marqués par le support mutuel, l’amour, la paix et l’absence d’égoïsme qui perd de vue le Moi afin de plaire aux autres pour leur bien.
Pour notre encouragement, l’apôtre place Christ devant nous comme l’exemple parfait de Celui qui ne cherchait pas à se plaire à lui-même. Ceci était tellement différent de la manière du monde que cela L’a mis dans l’opprobre (15:3).
Nous avons non seulement l’exemple de Christ, mais aussi l’encouragement de l’Écriture. Car toutes les choses qui ont été écrites auparavant, l’ont été pour notre instruction afin que, par la patience et la consolation, nous ayons espérance (15:4).
Et nous avons non seulement la consolation de l’Écriture, mais aussi le soutien de Dieu Lui-même, le Dieu de patience et de consolation (15:5a) pour nous soutenir d’une manière qui convienne au royaume.
Toutes ces exhortations ont pour grand but final que nous ayons « entre nous un même sentiment selon le christ Jésus » (15:5b), afin que nous puissions « d’un commun accord, d’une même bouche, glorifier le Dieu et Père de notre seigneur Jésus Christ » (15:6). L’apôtre fait voir clairement que pour glorifier Dieu d’un commun accord, il est absolument essentiel que nous ayons « entre nous un même sentiment » (15:5b). Nous voyons que ces deux choses caractérisaient les saints dans les jours suivant la Pentecôte. Nous lisons qu’« ils élevèrent leur voix d’un commun accord à Dieu ». Ensuite, il nous est dit que ces croyants, qui glorifiaient Dieu « d’un même accord », étaient « un cœur et une âme ». Ils étaient d’un commun accord vis-à-vis de Dieu parce qu’ils étaient d’un commun accord les uns envers les autres (Actes 4:24,32). L’unité de ces premiers jours est malheureusement passée. Nous vivons dans un temps de ruine où la plus grande confusion prévaut dans la chrétienté. Même parmi ceux qui ont cherché à marcher dans l’obéissance à la parole de Dieu dans un jour de ruine, nous voyons comment le diable a constamment réussi à introduire ce que l’apôtre Jacques appelle « des jalousies et des querelles », conduisant « au désordre et à toute sorte de mal ». Si même nous ne pouvons pas rassembler tous les saints, n’est-il pas possible pour quelques-uns d’être trouvés entre eux « d’un même sentiment », et ainsi de glorifier Dieu d’un commun accord ? Ces passages de l’Écriture montrent comment cela est encore possible.
Notons que lorsque l’apôtre parle « d’avoir entre vous un même sentiment », il ajoute aussitôt les mots « selon le christ Jésus ». Il est possible d’avoir les mêmes sentiments selon la nature, ou selon la chair, et de manquer entièrement la pensée de Christ.
Pour avoir le même sentiment selon Christ, nous devons être marqués par les caractéristiques que l’apôtre a placées devant nous, à savoir le support mutuel, l’amour, la paix et l’absence d’égoïsme qui s’oublie en cherchant à plaire aux autres pour leur bien (15:3,2). Alors, en effet, nous pourrons « d’un commun accord, d’une même bouche, glorifier le Dieu et Père de notre seigneur Jésus Christ » (15:6). Combien nos vies seraient différentes, et quels moments merveilleux de culte nous aurions lorsque nous sommes réunis pour nous souvenir du Seigneur, si, par grâce, nous avions tous « entre nous un même sentiment ».
L’apôtre conclut ces exhortations pratiques en se référant au ministère de Christ qui a en vue le propos de Dieu d’unir les Juifs et les Gentils (nations) par le moyen de Christ, afin qu’ils glorifient Dieu d’un commun accord. L’assemblée à Rome était probablement composée à la fois de croyants Juifs et Gentils, et le danger était que chacun apporte ses préjugés nationaux dans l’Assemblée, et perturbe ainsi l’harmonie de l’ensemble.
La portée pratique des ch. 14 à 15v.13 est de montrer que les croyants ne peuvent marcher ensemble que si chacun est soumis au Seigneur. Il y avait des questions de conscience quant au manger et au boire et aux jours à respecter ; et nous ne devons pas passer par-dessus les consciences. Simplement raisonner et persuader ne suffisent pas à résoudre ces questions ni à rendre capables de marcher ensemble ceux qui diffèrent à leur sujet. Ce n’est que si chacun est individuellement près du Seigneur et s’y maintient, que nous serons en mesure de marcher en paix les uns avec les autres. Combien il est facile pour un seul d’entre nous, s’il n’est pas en contact avec le Seigneur, de briser l’harmonie d’une assemblée.
Le grand but du ministère du Seigneur est de lier ensemble Juifs et Gentils dans l’adoration et la louange de Dieu, alors qu’ils sont par nature complètement antagonistes. Cela sera réalisé lors du règne millénaire, nous le savons. En attendant, des croyants d’entre les Juifs et d’entre les Gentils, sont réunis en un seul Corps sur une base céleste, où toute distinction nationale disparait. Il est évident que nous ne trouvons rien sur l’Église dans l’Ancien Testament ; il y a toutefois de nombreuses prophéties qui annoncent le jour glorieux où Juifs et Gentils seront unis ensemble dans la reconnaissance et la louange de Dieu.
Afin de montrer que l’un des grands buts du ministère du Seigneur était de confirmer les promesses de bénédiction universelle faite aux pères, l’apôtre cite les Psaumes, la loi et les prophètes.
La première citation est tirée du Psaume 18 v.49. La promesse avait été faite à Abraham que « en toi seront bénies toutes les familles de la terre ». Pour le confirmer, ainsi que des promesses semblables faites aux pères, le Seigneur montre de la miséricorde et rend témoignage à Dieu parmi les nations (les Gentils).
La deuxième citation est tirée de la loi, Deut. 32:43, et elle nous dit que les nations non seulement chanteront à Dieu, mais qu’elles le feront « avec Son peuple », Israël.
La troisième citation, tirée du Psaume 117 v.1, est un appel aux Juif et aux nations à s’unir dans la louange du Seigneur.
La dernière citation, tirée des prophètes (Ésaïe 11 v.10) démontre que Christ Lui-même, est le lien qui unira ensemble Juifs et nations. Il sort d’entre les Juifs, la racine de Jessé, pour régner sur les nations, et « c’est en Lui que les nations espéreront ».
Sur la base de cette miséricorde et de cette grâce qui se répandent vers les nations, et qui uniront encore les Juifs et les nations dans le royaume à venir, l’apôtre recommande les croyants au Dieu d’espérance, afin qu’ils soient remplis de joie et de paix en croyant, et qu’ils abondent en espérance par la puissance de l’Esprit Saint, qui est les arrhes de la gloire à venir.
Avec la perspective de la gloire à venir devant nous, nous devrions nous élever au-dessus de toutes les questions de manger et de boire, et de respect de jours, et dans la joie de la perspective de la gloire à venir, nous devrions jouir de la paix entre nous.
Dans cette division finale de l’épître, l’apôtre fait un appel personnel aux saints à Rome en se référant au ministère spécial qui lui a été confié, afin d’expliquer pourquoi il a pris sur lui de leur écrire alors qu’il ne les avait jamais vus. Puis, après avoir demandé leurs prières, il finit par des salutations.
Il introduit le sujet de son ministère avec cet amour et cette humilité du chrétien qui se plaît à reconnaître la bonté et la connaissance chez les autres. S’il les avait exhortés et avertis dans son épître, ils ne devaient pas penser qu’ils étaient incapables de le faire les uns à l’égard des autres.
Il avait plutôt écrit pour leur rappeler des vérités qu’ils connaissaient déjà. Le ministère n’est donc pas seulement pour nous éclairer quant à la vérité, mais aussi en grande partie pour faire sentir à fond dans nos âmes les vérités que nous avons déjà reçues, et les appliquer à nos circonstances particulières.
En outre, en écrivant à des croyants d’entre les nations, l’apôtre déployait la grâce spéciale qui lui avait été donnée, afin d’exercer, comme serviteur de Jésus-Christ, le ministère de l’évangile envers les nations. Le but de ce ministère était, que ceux des nations qui croyaient, étant mis à part du monde par le Saint-Esprit, soient un sacrifice agréable à Dieu.
L’apôtre avait de quoi se glorifier en Jésus Christ partout où ce résultat béni était opéré par son moyen. Mais il s’agissait de se glorifier dans les choses qui concernent Dieu, non pas dans les choses qui auraient pu être pour lui un gain dans la chair.
Après avoir parlé de la grâce spéciale qui lui avait été donnée, et du but de cette grâce, l’apôtre, avec la modestie qui convient, fait brièvement référence à la manière dont il avait cherché à exercer ce ministère. Christ avait d’autres serviteurs qu’Il avait utilisés pour la bénédiction des âmes, mais l’apôtre ne voulait pas juger leur travail. Il se réfère uniquement à ce que Christ avait opéré par lui-même, sa prédication étant accompagnée par de grands signes et prodiges dans la puissance du Saint-Esprit. L’apôtre avait cherché à éviter les endroits où Christ était déjà confessé, de peur de bâtir sur le fondement d’autrui. Son but était de prêcher à ceux qui n’avaient pas entendu, selon la parole d’Ésaïe 52 : « Ceux à qui il n’a pas été annoncé, verront, et ceux qui n’ont pas entendu, comprendront ».
Ce travail d’évangélisation avait empêché Paul de venir à Rome, mais maintenant, ayant fini son travail dans la région allant de Jérusalem à l’Illyrie, et ayant un grand désir de voir les saints à Rome, il se proposait de venir à eux sur le chemin de l’Espagne.
En attendant, il avait une autre forme de ministère à accomplir. Les saints à Jérusalem vivaient dans la pauvreté, et il avait plu aux frères de Macédoine et d’Achaïe de faire une certaine contribution en leur faveur, et Paul tenait à l’amener à Jérusalem. Les saints de Macédoine, tout en contribuant volontairement au besoin de leurs frères à Jérusalem, étaient néanmoins leurs débiteurs étant donné qu’ils avaient reçu une bénédiction spirituelle de la part des saints de Jérusalem. Paul se proposait de visiter les saints à Rome, une fois que ce service serait achevé.
L’apôtre était confiant qu’il viendrait à Rome dans la plénitude de Christ. C’est justement la raison pour laquelle il désirait les prières de ces saints, et non seulement en tant qu’individus, mais comme « combattant [ensemble] » dans la prière (15:30). L’apôtre semble sentir qu’il rencontrerait à Jérusalem l’hostilité des Juifs incrédules. En outre, il pensait apparemment possible que les Juifs croyants, avec leurs forts préjugés, puissent refuser l’aide envoyée par des croyants d’entre les nations. Il désire donc que son service à cet égard puisse être agréable aux saints (15:31).
Enfin, il désire pouvoir, par la volonté de Dieu, venir à eux avec joie, et que sa venue soit un rafraîchissement mutuel (15:32). En attendant, il les recommande à Dieu. Il les avait déjà remis au Dieu de patience et de consolation (15:5) ; puis au Dieu d’espérance (15:13) ; il prie maintenant pour que le Dieu de paix soit avec eux tous (15:33).
Bien que l’apôtre n’ait jamais visité les saints à Rome, de nombreuses personnes lui étaient connues, et il se plaît à s’en souvenir. L’amour brille dans toutes ces salutations, mais c’est un amour discriminant. Bien que si doué en tant qu’apôtre, il se plaît, dans sa largeur de cœur, à reconnaître les autres occupés au service du Seigneur. Il n’y avait chez l’apôtre aucune mesquinerie indigne qui, dans un esprit de jalousie, aurait cherché à s’élever soi-même en rabaissant les autres. Il n’est pas non plus imbu de lui-même au point d’estimer toute bonté à son égard comme un dû. Au contraire, il se souvient avec gratitude de chaque petit service envers lui (16:2, 3, 4).
Il recommande d’abord Phoebe, qu’il décrit, non pas simplement comme une
sœur, mais comme « notre
sœur ». Elle avait servi l’assemblée à Cenchrée, étant en secours à plusieurs, et l’apôtre ajoute « à moi-même ». Il leur demande de la recevoir et de l’aider, en rappelant spécialement qu’elle avait aidé les autres. Dans tout cela, ils devaient agir au nom du Seigneur comme il convient à des saints.
Des salutations étaient adressées à Priscilla et à son mari Aquilas. Leur métier était de faire des tentes, comme l’apôtre, et ils l’avaient aidé en cela (Actes 18:3). Mais il s’attarde ici sur le fait qu’ils l’avaient aidé dans le Christ Jésus. En outre, ils avaient risqué leur cou pour sauver sa vie, ce pour quoi il leur était reconnaissant ; et non seulement lui, mais aussi toutes les assemblées des nations, en rendaient grâce. Il y avait à l’évidence une réunion de l’assemblée dans leur maison ; il la saluait.
Paul décrit Épaïnète comme son bien-aimé, et nous voyons dans ce cas, comme dans beaucoup d’autres, que l’apôtre n’a pas attendu qu’un frère soit endormi pour lui exprimer son affection. S’il aime un frère, il le lui dit :
Si vous avez un ami digne d’amour,
Aimez-le. Oui, et faites-lui savoir
Que vous l’aimez, avant que le soir de la vie
Ne teinte son front de la lueur du coucher du soleil.
Pourquoi de bonnes paroles ne devraient-elles jamais être dites
D’un ami avant qu’il soit mort ?!
Des salutations sont adressées à Marie, qui avait « beaucoup travaillé pour vous », selon ce que l’apôtre leur rappelle.
Si les liens de famille ne sont pas oubliés, la raison la plus élevée pour se souvenir d’Andronique et Junias, est qu’ils avaient souffert avec l’apôtre comme « compagnons de captivité ». L’apôtre met en application sa propre exhortation : « Quant à l’honneur, étant les premiers à le rendre aux autres » (12:10), car il dit qu’ils « sont distingués parmi les apôtres », et qu’ils « ont été en Christ » avant lui.
Amplias et Stachys sont salués non seulement comme bien-aimés, mais comme « mon bien-aimé ». Urbain est mentionné comme un compagnon d’œuvre en Christ.
Appellès était peut-être passé par des expériences spécialement éprouvantes, et c’est peut-être la raison pour laquelle il est présenté comme « approuvé en Christ ». Ceux de chez Aristobule et de chez Narcisse sont salués, mais dans le cas de ce dernier, les mots ajoutés « qui sont dans le Seigneur » suggèrent que la famille n’était pas toute au Seigneur. Hérodion est mentionné comme un autre de ses parents.
Deux sœurs sont saluées qui « travaillent dans le Seigneur », et l’une « a beaucoup travaillé dans le Seigneur » ; ses travaux étaient apparemment du passé.
Nous pouvons conclure de Marc 15:21 que le père de Rufus avait porté la croix de Christ sur le chemin de Golgotha, un service qui a eu sa récompense, car le fils est « l’élu dans le Seigneur ». Sa mère, aussi, est mentionnée, car elle avait en une certaine occasion agi comme une mère pour l’apôtre.
Plusieurs frères à qui des salutations sont adressées, sont simplement mentionnés par leur nom, de même que d’autres frères avec eux. Cela peut indiquer qu’il y avait plusieurs rassemblements de saints dans les différentes parties de la ville.
Tous sont exhortés à manifester leur amour les uns envers les autres en se saluant « par un saint baiser ». Les coutumes ordinaires du pays pour manifester l’affection, peuvent être utilisées, mais, dans le cas des chrétiens, cela doit être sincère et « saint ».
L’apôtre a exprimé son plaisir dans tout ce qui est beau chez les saints, mais avant de finir, il prononce un mot d’avertissement au sujet de ceux qui, au milieu d’eux, étaient une cause de tristesse. Il y en avait, même dans ces premiers temps, qui, au lieu d’unir les saints ensemble dans l’amour, et de les édifier dans la vérité, étaient une cause de division et une occasion de chute. Le critère pour les tester et les démasquer, était et est « la doctrine que vous avez apprise ». Aussi bien l’enseignement que la pratique de telles personnes étaient contraires à la saine doctrine. Malgré leurs prétentions, ils ne servaient pas le Seigneur Jésus-Christ. Ils servent, dit l’apôtre, « leur propre ventre », une image volontairement grossière utilisée pour jeter du mépris sur l’importance qu’ils se donnaient à eux et à leurs propres intérêts. Remplis d’eux-mêmes, ils n’étaient pas soumis au Seigneur. Ils pouvaient se présenter avec des paroles douces et un beau langage, car l’homme qui est important à ses propres yeux, est toujours flatteur en cherchant à se faire bien voir des autres. Un beau langage peut tromper les cœurs de ceux qui ne se méfient pas, mais la fidélité au Seigneur et l’amour pour les Siens nous conduiront à « nous éloigner de » ces gens, à les « éviter ». Combien de fois l’expérience a-t-elle montré que de telles personnes sont hermétiques aux explications et aux remontrances, et que tout ce qui peut donc être fait est de s’en éloigner. Ce n’est pas de l’amour vrai que d’approuver, par la communion pratique, ceux dont la propre importance, l’indépendance vis-à-vis de leurs frères, et l’insoumission vis-à-vis du Seigneur, causent des divisions parmi le peuple de Dieu.
Le meilleur moyen d’être préservé efficacement du mal que ceux-ci peuvent causer, est d’appliquer la simple injonction de « s’éloigner d’eux », les éviter. Beaucoup seront complètement incapables de leur répondre par des explications ou par la doctrine, mais tous, même les plus simples, peuvent « s’éloigner d’eux », les « éviter ». Le fauteur de trouble qui est fidèlement évité par ceux qui appartiennent au Seigneur, ne restera pas bien longtemps avec eux.
En contraste avec ceux qui « ne servent pas notre seigneur Jésus Christ », l’apôtre peut rendre témoignage des saints à Rome, que leur « obéissance est venue à la connaissance de tous ». S’il y avait des personnes insoumises, l’ensemble du peuple du Seigneur continuait à marcher dans la soumission les uns envers les autres et dans l’obéissance au Seigneur. L’apôtre pouvait s’en réjouir (16:19a), mais comme direction à l’égard du mal, il dit : « je désire que vous soyez sages quant au bien, et simples quant au mal » (16:19b). Quelqu’un a bien dit que « la sagesse humaine cherche à se prémunir par une connaissance approfondie du monde et de toutes ses mauvaises voies ». La sagesse d’en haut n’a pas besoin de cultiver la connaissance du mal pour y échapper. « Par la parole de tes lèvres, je me suis gardé des voies du destructeurs [de l’homme violent] » (Ps. 17:4). Ce n’est que par la connaissance de la vérité que nous échappons au mal. Les brebis suivent le berger « car elles connaissent sa voix
, mais elles ne suivront point un étranger… parce qu’elles ne connaissent pas
la voix des étrangers » (Jean 10:5). Elles fuient l’étranger, non pas parce qu’elles connaissent son mauvais enseignement, mais, parce qu’elles « ne connaissent pas ». Si nous connaissons le chemin de Dieu pour les Siens, nous n’avons pas besoin d’aller à côté pour nous familiariser avec le mal de chaque voie détournée du destructeur. Combien ont perdu leur chemin en cherchant à investiguer quelque sentier écarté qu’ils savaient être mauvais.
S’occuper du mal ne fait que plonger l’âme dans des controverses et de l’agitation sans fin. Marcher dans la simple obéissance sera un chemin de paix, et on trouvera bien vite, que tout le mal sera résolu quand le Dieu de paix brisera Satan sous nos pieds. En attendant, l’apôtre remet les saints à la toute-puissante « grâce de notre Seigneur Jésus-Christ ».
L’apôtre non seulement envoie ses salutations personnelles, mais, dans la communion de l’amour, il se plaît à transmettre les salutations de ses compagnons d’œuvre.
L’amour donne aussi à son secrétaire l’occasion de saluer les frères. Gaius, dont l’hospitalité a été grande envers l’apôtre, adresse ses salutations. Toute l’assemblée à Corinthe saluait les saints à Rome. Éraste, qui occupait une haute position dans l’administration de la ville, adressait des salutations, ainsi que Quartus, un frère.
L’apôtre exprime encore une fois son désir en répétant la bénédiction « que la grâce de notre Seigneur Jésus Christ soit avec vous tous ».
Enfin, l’épître se termine en attribuant la gloire à Dieu. Au début de l’épître, l’apôtre nous dit qu’il écrit pour affermir les saints dans leurs relations avec Dieu (1:11). Maintenant à la fin, il reconnait que la puissance pour affermir les saints réside, non pas dans son épître, mais dans le Dieu qui seul peut appliquer les vérités de l’Évangile à l’âme. Ainsi, il ne s’attribue aucune gloire comme auteur de l’épître, mais il attribue toute la gloire à « Celui qui est puissant pour affermir
» selon son évangile.
Ensuite Dieu peut nous conduire dans les vérités les plus profondes du christianisme dont l’évangile est le fondement nécessaire. Par conséquent, il dit non seulement « selon mon évangile », mais aussi « et la prédication de Jésus-Christ, selon la révélation du mystère à l’égard duquel le silence a été gardé dès les temps éternels ».
Il est seulement fait allusion à ces privilèges célestes des saints, comme faisant partie du corps de Christ, afin de donner une base aux exhortations (12:4-5), mais ils ne sont pas exposés dans l’épître. Pour le développement du mystère de Christ, nous devons nous tourner vers l’épître aux Éphésiens. Gardé secret depuis que le monde a commencé, ce mystère est maintenant révélé par les prophètes des jours du Nouveau Testament. Cette présentation de Christ qui fait connaître le mystère est pour toutes les nations pour l’obéissance de la foi. Au Dieu qui seul est sage, — qui peut donner efficace à cette prédication, — à Lui soit la gloire éternellement par Jésus Christ ! Amen.